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Croquant
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Le nouvel esprit du service public
Romain Pudal, Jérémy Sinigaglia
- Croquant
- Champ Social
- 6 Juin 2024
- 9782365123785
Au cours des dernières décennies, les multiples réformes des services publics ont transformé le travail des agents de la fonction publique. Présentés sous la forme d'entretiens, une succession de portraits sociologiques de fonctionnaires titulaires ou non, permettent d'éclairer les transformations saillantes du travail dans la fonction publique d'aujourd'hui : dégradation des conditions de travail et d'emploi, dilution des identités professionnelles, altération du « sens » du métier, perte d'autonomie et confrontation à des logiques hétéronomes, etc. Ces portraits permettent d'expliquer en quoi consiste le « nouvel esprit du service public » que véhiculent ces réformes et que les agents sont sommés, plus ou moins directement, de mettre en oeuvre. Qu'ils adhèrent, qu'ils résistent ou qu'ils « fassent avec », ces logiques qui transforment les fonctionnaires en prestataires et les usagers en clients, font que le sens même du service public et des métiers correspondants est bouleversé.
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Pour une écologie de rupture
Martine Billard, Pascal Gassiot, Jean-Marie Harribey
- Croquant
- Les Partis Pris De La Fondation Copernic
- 7 Mars 2024
- 9782365124140
Pour une écologie de rupture Cet ouvrage de la collection « Les partis pris de la fondation Copernic » regroupe différents textes qui, à l'image de la diversité des engagements des militant·es de la fondation, multiplient les points d'entrée sur le thème de l'écologie :
1. réchauffement et dérèglement climatiques, destruction de la biodiversité, extractivisme ;
2. besoins et biens communs, rapports nature/culture ;
3. marchandisation généralisée des échanges, économie, finance ;
4. décroissance, démondialisation, libre échange, néocolonialisme, migrations ;
5. rapports de domination, démocratie, auto-organisation, souveraineté populaire, écoféminisme .
Derrière les textes, un fil-à-plomb se fait jour. C'est l'analyse du capitalisme (sous toutes ses formes), du productivisme et de l'extractivisme comme moteurs essentiels de l'ère géologique dans laquelle nous sommes aujourd'hui : l'anthropocène ; que beaucoup préfèrent d'ailleurs qualifier de capitalocène.
Mais, un autre constat se dessine aussi : la nécessaire, l'urgente bifurcation écologique, obligatoire pour garder une Terre habitable pour tou·tes, va demander, générer de facto des basculements, d'ordre anthropologique, qui vont impacter toutes nos manières de faire Monde.
Pour le meilleur comme pour le pire. -
Les grands discours à l'ONU. De Harry Truman à Greta Thunberg
Chloé Maurel
- Croquant
- 9 Avril 2024
- 9782365124300
L'ONU est souvent vue comme une grande bureaucratie inefficace, un « machin » ainsi que la qualifiait le général de Gaulle en 1960... Mais ce livre entend montrer que l'ONU, c'est aussi la plus grande tribune mondiale, la « voix du monde », avec son Assemblée générale où les 193 Etats membres sont représentés, et où les grands leaders politique du monde peuvent s'exprimer devant tous les représentants des Etats membres. C'est la plus grande enceinte internationale, la porte-voix des peuples. Cette Assemblée générale, l'enceinte mondiale la plus démocratique puisque chaque Etat, riche ou pauvre, y est doté d'une voix, constitue un formidable forum pour les grands dirigeants, et elle a, au fil de l'histoire, permis à des personnages historiques de prononcer des discours marquants, qui ont eu un impact déterminant sur les relations internationales : guerre froide, conflit israélo-palestinien, attentats du 11 septembre 2001...
Ce livre mettra en lumière l'importance de ce forum mondial, en présentant pour la première fois une sélection des grands discours prononcés dans l'enceinte de l'ONU. En effet, cette organisation internationale, universelle, a accueilli des hommes et femmes politiques et personnalités célèbres, du dirigeant soviétique Khrouchtchev qui, lors de son discours en 1960, n'a pas hésité à taper sur la table avec ses chaussures, à Dominique de Villepin en 2003 dans son flamboyant plaidoyer contre la guerre en Irak, ou encore de Fidel Castro qui a fait en 1960 le plus long discours de l'histoire de l'ONU (d'une durée de 4h30 sans pause!) au leader palestinien Yasser Arafat en 1974, ou encore au pape François prononçant un émouvant discours à l'ONU en 2015, et jusqu'à la jeune Greta Thunberg, égérie des militants pro-climat, en 2019.
Les discours seront sélectionnés en fonction de l'importance internationale des orateurs, et de l'impact qu'ils ont exercé dans les médias et sur les relations internationales.
Ce ne sera pas un simple recueil de discours : chaque discours sera précédé d'un paragraphe introductif, présentant le contexte historique, le personnage, analysant des passages précis de chaque discours, et sera suivi d'un ou deux paragraphes d'analyse, examinant la portée, les répercussions de ces mots prononcés dans l'enceinte onusienne.
Caractère novateur du livre :
Un tel recueil commenté des discours prononcés à l'ONU n'a jamais été fait, et cette manière originale d'aborder l'histoire des Nations unies intéressera le public, car elle est vivante et centrée sur des personnages, elle a donc une dimension humaine, elle humanise cette institution internationale.
Public visé :
Ce livre intéressera tout d'abord le grand public amateur d'histoire et de relations internationales, car il permettra de revisiter toute l'histoire du XXe siècle, en rappelant les grands discours qui ont marqué la mémoire collective.
De plus, il pourra être très utile aux professeurs et étudiants d'histoire, de science politique, aux élèves de lycée, des classes préparatoires littéraires aussi bien que commerciales, ainsi qu'aux étudiants et enseignants de Sciences Po. -
Le désir d'autorité émerge sur fond de « crises érosion » qui caractérisent le monde contemporain : la conjonction des diverses crises qui se suivent, qui se recoupent et qui se conjuguent depuis des décennies. Les sujets ont l'impression d'être emportés par le mouvement de la société comme par une érosion de terrain ; ils sont les objets impuissants de ces mouvements qui s'imposent à eux pour des raisons inconnues, incompréhensibles et de ce fait non-maîtrisables. Plus rien n'est fiable et sûr ; on est impuissant face aux crises qui s'abattent sur nous. La normalité de la société s'effrite dans le tourbillon des crises érosion. Les références normatives vacillent ; l'existence devient incertaine, imprévisible et angoissante. Elle est d'autant plus angoissante que cette situation est incompréhensible et, pour cette raison, elle est également non-maîtrisable. Le manque de (capacité de) compréhension et de maîtrise de la réalité est un autre facteur qui produit le désir d'autorité. Ce désir ne connait pas de raisons et pas d'arguments. Il est le souhait, en général irrationnel et obsessionnel, de vivre heureux grâce à la subordination à l'autorité. Cette relation est plus fantasmagorique que réelle mais elle peut porter un projet de société autoritaire. « C'est le désir qui crée le désirable, et le projet qui pose la fin » (Simone de Beauvoir). Néanmoins, le vécu de l'effritement des liens et des contraintes est aussi le vécu d'être « condamné à être libre » (Jean-Paul Sartre), entre autres, de prendre ses responsabilités et de créer l'avenir dans une situation qui s'est imposée aux acteurs, qu'ils ne comprennent pas et, par conséquent, qu'ils ne peuvent pas maîtriser. Cette liberté est trop lourde à porter et elle est angoissante. La « peur de la liberté » (Erich Fromm) pousse les sujets vers des fuites, entre autres, des fuites vers la subordination à une nouvelle autorité qu'ils désirent car elle leur promet de la certitude, de la sécurité, le calme et un avenir assuré. Il existe cependant également des critiques radicales selon lesquelles la normalité représentée par l'autorité établie est impossible et indésirable. On doit changer la réalité afin d'établir une normalité désirable. Ces critiques ne sont pas à confondre avec les multiples dénonciations de l'autorité et la demande anti-autoritaire de l'effacer dans un geste de négativité abstraite. L'expérience de la non-identité peut mener à la découverte du potentiel d'une autre réalité, un potentiel qui existe dans le monde « faux » (Adorno) et qui permet d'imaginer une normalité de la liberté à réaliser : un nouveau projet de société où l'autorité serait raisonnable, critiquable et modifiable. Ces critiques peuvent développer le potentiel pour créer une autre normalité grâce aux expériences des acteurs et à leur imagination mais elle est peu développée dans la société actuelle. Afin de mieux comprendre le cercle vicieux de la vie dans une société profondément marquée par des crises érosion et les avenirs possibles portés par le désir d'autorité, nous reprenons le fil des théories critiques. Ce sont elles qui dégagent, à partir de la réalité, le potentiel de dépassement du cercle vicieux mais également les forces qui entravent ce possible dépassement.
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Israël, le Hamas et la question de Palestine
Jacques Fath
- Croquant
- Actualite Politique Et Sociale
- 16 Mars 2024
- 9782365124324
Dans l'histoire du conflit israélo-palestinien, c'est la première fois qu'une confrontation armée entre Israël et le Hamas à Gaza prend une telle dimension de violence meurtrière et destructrice.
Ce choc majeur aura des suites inédites. Il change la donne internationale. La question de l'après se pose avec une grande complexité. Les objectifs des uns et des autres, les conséquences prévisibles, les antagonismes ancrés dans l'histoire ne permettent pas d'entrevoir la nature d'une issue à construire.
Cet ouvrage cherche à répondre à ces interrogations, à analyser les causes et les responsabilités, à expliciter des enjeux déterminants. Il formule des options politiques souhaitables pour que la gravité de ce moment de guerre puisse au moins contribuer à une démarche éthique et politique positive, et à penser une solution de justice et de paix durable.Grand format 15.00 €Indisponible
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L'extrême droite nourrit une obsession souvent méconnue pour la question scolaire. C'est là, selon Éric Zemmour, que « la bataille culturelle et politique se joue avant tout ».
Retour à l'ordre, roman national, élitisme, haine de l'égalité, rééducation de la jeunesse, mise au pas des personnels... au fil des polémiques sur le « grand endoctrinement » et des campagnes de délation des enseignant·es « déviant·es », la droite de la droite impose sa rhétorique et déroule son programme pour l'école : Autorité, Inégalité, Identité.
En remontant le fil de l'histoire, en allant voir du côté de l'étranger (Brésil, États-Unis, Hongrie, Turquie) ou en étudiant les villes laboratoires de l'extrême droite française, se lisent les dynamiques et les enjeux de cette contre-révolution scolaire conservatrice qui accompagne et inspire également l'agenda éducatif d'un néolibéralisme de plus en plus autoritaire.
Au-delà de la simple posture dénonciatrice, l'ambition de cet ouvrage est de doter d'outils historiques, pédagogiques et politiques celles et ceux qui n'entendent pas abandonner la critique du système éducatif aux seuls discours réactionnaires ni surtout laisser l'extrême droite faire école. -
Vivre sans produire : L'insoutenable légèreté des penseurs du vivant
Alexandra Bidet, Vincent Rigoulet
- Croquant
- Detox
- 24 Août 2023
- 9782365124003
Comment sauver le vivant ? Face aux défis actuels, l'espace médiatique a fait la part belle à de nombreux auteurs nous enjoignant de nous reconnecter au vivant. À suivre cette riche veine de publications, il nous faudrait d'urgence nous rendre davantage sensibles à d'autres formes de vie, qu'elles soient végétales, animales, ou humaines, mais portées par des cosmologies étrangères à la science moderne. En nous dotant ainsi d'autres mots, de récits renouvelés, de formes d'attention inédites, nous aurions enfin une chance de rompre avec le mode de vie qui sape aujourd'hui les conditions même de notre vie terrestre.
Or ces appels à renouer avec la nature, rebaptisée « vivant », pour mieux marquer ce qui nous unit à elle, puisent dans un fond ancien, qui porte à stigmatiser, et à placer hors champ, nos activités de production - qui pèsent pourtant de tout leur poids sur le vivant.
L'ouvrage se propose de disséquer cette mise à l'écart contre-productive de la production. En l'examinant dans trois cas, nous montrons la nécessité d'en prendre le contrepied pour exercer notre responsabilité d'humain.
Au lieu de la fausse alternative entre vivre et produire, la question devient d'établir collectivement quoi et comment produire pour le vivant. Car cultiver le vivant ne peut se suffire d'une attitude générale d'amour à son égard. Pour engager la matérialité de nos vies, nos modes de subsistance et nos organisations de travail, la sensibilité et l'attention, sans cesse convoquées, doivent se traduire dans une capacité à redéfinir ce que nous produisons, ou pas, donc aussi ce que nous espérons de nos vies dans l'Anthropocène.
Les auteurs :
Alexandra Bidet, ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de sciences économiques et sociales, est chargée de recherche en sociologie au CNRS. Elle s'intéresse aux façons dont nos activités quotidiennes, notamment de travail, nous amènent à explorer ce qui vaut, compte ou mérite d'être fait. Elle est l'auteur de L'engagement dans le travail. Qu'est-ce que le vrai boulot ? (PUF, Le lien social, 2011).
Vincent Rigoulet est professeur des écoles et doctorant en sciences de l'éducation à l'Université de Lorraine. Ancien journaliste, Â philosophe de formation et agronome par passion, il mène une réflexion et des expérimentations sur les manières de développer une culture du vivant à l'école primaire, et faire ainsi de l'éducation un levier stratégique pour répondre à la catastrophe écologique. -
La faute à Lénine ?
Le 24 janvier s'éteignait Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine. Pratiquement inconnu sept ans auparavant, il fut en 1917 le grand artisan du basculement de la Russie vers un système sociopolitique inédit, qui marqua toute l'histoire du XXe siècle.
Il fut un « magicien » pour ses partisans, un monstre pour les plus acharnés de ses détracteurs, une énigme pour le plus grand nombre. Un géant de la révolution ? Le précurseur du « totalitarisme »Â ? L'initiateur de Staline ou son contraire ? Un siècle plus tard, les polémiques battent toujours leur plein.
Ce livre essaie de faire le point sur un homme clé de toute notre histoire contemporaine. Mais son parti pris est de considérer que réfléchir sur Lénine, c'est prendre la mesure de 75 ans de soviétisme et, sans doute, de 77 ans d'un « court XXe siècle » (1914-1991).
Historien du communisme, Roger Martelli a longtemps exploré les effets du « moment Lénine » sur l'histoire mondiale. Il offre ici un nouveau regard global. -
Le marché des idées : Les sciences humaines et leurs lecteurs
Louis Pinto
- Croquant
- 21 Mars 2024
- 9782365124218
Le marché des idées Les sciences humaines et leurs lecteurs Louis Pinto Les sciences humaines (philosophie, histoire, sociologie, ethnologie, économie, géographie, etc.) sont d'abord des disciplines savantes, matière à enseignement et recherche. Hors des circuits universitaires, elles sont en général abordées à travers des auteurs, des figures illustres célébrées dans les médias.
Mais elles n'ont guère été envisagées en fonction de leurs lecteurs. Qui sont ces gens ? Que lisent-ils et comment lisent-ils ?
Pour répondre à ces questions, une enquête a été nécessaire qui repose sur des questionnaires et surtout sur des entretiens approfondis. Elle vise d'abord à comprendre les différences entre lecteurs savants et lecteurs profanes, leurs choix et leurs critères de jugement.
Alors que les premiers sont redevables de la discipline qui les a formés et qui guide leurs pratiques professionnelles, les seconds sont disponibles pour des lectures qu'on peut appeler libres, dans la mesure où elles sont déliées des règles scolaires. Les lecteurs profanes apprécient des livres qui ne sont ni trop commerciaux (ceux des « intellectuels médiatiques ») ni trop « universitaires » et qui sont censés apporter une « rupture », un « ébranlement » dans les façons de penser : c'est précisément ce que proposent ou promettent éditeurs, libraires et critiques de livres. Les lectures libres permettent à la plupart des lecteurs d'accéder, hors du cadre des disciplines, à ce qui constitue, à leurs yeux, les marques de la condition d'intellectuel : la « pensée » (attribut, par excellence, du philosophe) et les causes intellectuelles (des thèmes de débats politico-idéologiques ayant accédé au statut d'objet intellectuel).
L'enquête sur les lecteurs est l'un des moyens de mettre en lumière le fonctionnement d'un marché des idées soumis au poids croissant d'autres univers, ceux de l'édition, de la presse et de la politique.Grand format 20.00 €Indisponible
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Presque rien : Une ethnographie carcérale des inégalités, des injustices et de la radicalisation
Bartolomeo Conti
- Croquant
- 7 Mai 2024
- 9782365124102
Pourquoi et comment des jeunes se radicalisent, tandis que d'autres, exposés aux mêmes conditions sociales et partageant un sentiment d'injustice, ne se radicalisent pas ? Pourquoi et comment certaines trajectoires aboutissent à l'extrémisme violent, alors que d'autres ne franchissent pas le seuil de la violence ? Cet ouvrage tente de répondre à ces questions à partir d'une recherche ethnographique réalisée durant trois ans dans une prison française. Évitant de porter une attention exclusive à des jeunes dits radicalisés, cette recherche prend en compte une ample variété de profils et de trajectoires de détenus, et ce afin de décrire et d'analyser également des trajectoires de « non-radicalisation ». C'est notamment en raison de cette focalisation conjointe sur ces diverses trajectoires et leur articulation avec les inégalités et le sentiment d'injustice que ce livre se distingue des nombreuses études sur la radicalisation et l'extrémisme violent, réalisées en France depuis la série d'attentats djihadistes de 2015. Par la voix des personnes détenues, ce livre propose ainsi un autre regard sur l'espace carcéral et nous invite à penser autrement la radicalisation et le basculement dans l'action violente.
Présentation de l'auteur
Bartolomeo Conti est sociologue, chercheur associé à l'École des Hautes Etudes en Sciences
Sociales. Il a été aussi chercheur à l'Institut Universitaire Européen et à l'Université de Berkeley, avant de faire partie du Panel international sur la sortie de la violence à la Fondation Maison des Sciences de l'Homme. Ses recherches portent sur l'Islam dans l'espace public et sur les processus d'entrée et sortie de la violence. Auteur du livre « L'islam en Italie : les leaders musulmans entre intégration et séparation », il a participé au projet européen Dialogue about Radicalisation and Equality, un des projets phares sur la question de la radicalisation en Europe. -
Gouverner les exilés aux frontières : Pouvoir discrétionnaire et résistances
Annalisa Lendaro
- Croquant
- 29 Février 2024
- 9782365124263
Coordinatrice de l'ouvrage :
Annalisa Lendaro, sociologue, chargée de recherches au CNRS (Certop) ; E-mail : annalisa.lendaro@univ-tlse2.fr Titre de l'ouvrage :
Gouverner les exilé.e.s aux frontières. Pouvoir discrétionnaire, résistances, controverses Calais, frontière franco-britannique, octobre 2016 ©.
Présentation et argumentaire La frontière contemporaine tue, blesse, enferme, et éloigne une partie des candidat.e.s à la migration. Qu'elle soit maritime, terrestre, ou alpine, elle est un outil déstiné à trier les personnes migrantes selon leur (in)désirabilité. La condition d'indérisable, en dépit de critères juridiques inscrits dans le droit national et international, est le produit de pratiques discrétionnaires d'agents de police, de fonctionnaires préfectoraux, et autres « faiseurs de frontières ». De ce fait, la frontière contemporaine est à la fois un territoire, et un dispositif de gouvernement des populations, où l'effectivité des droits fondamentaux (à une vie digne, à l'éducation, à la justice, à la santé, etc. ) est quotidiennement mise à mal.
Sur la base d'enquêtes qualitatives menées à trois frontières françaises (la frontière franco- britannique, la frontière franco-italienne, et la frontière basque) dans le cadre d'un projet financé par l'ANR (DisPow 2019-2022), cet ouvrage collectif se propose d'apporter un éclairage résolument pluridisciplinaire (sociologie, géographie, philosophie, droit, science politique) sur les différentes facettes du gouvernement des exilé.e.s en France et sur ses effets socio-politiques. Pour cela, il s'intéressera tout d'abord à la densité des normes et consignes, parfois contradictoires, qui régissent les territoires frontaliers (partie I), puis aux marges de manoeuvre, dilemmes moraux, et contraintes organisationnelles de groupes d'acteurs qui disposent d'un pouvoir décisionnaire sur ces mêmes territoires (policiers, cheminots...) (partie II).
L'ouvrage entend enfin éclairer les formes de contestation et de résistance à ce pouvoir discrétionnaire (III), considéré par certains acteurs et groupes comme étant proche de l'arbitraire et de l'abus : avec quelles attentes, de quelles façons, et avec quels résultats l'arme du droit peut-elle être mobilisée par les bénévoles pro-migrants et par les exilé.e.s eux-mêmes contre l'Etat ou les pouvoirs locaux ? Comment les associations et les collectifs, mais aussi les professionnels du droit tels que les avocat.e.s, tentent-iels de sensibiliser, d'alerter, de contester les décisions ou d'obtenir justice au nom des exilé.e.s, et pourquoi certains « cas judiciaires » deviennent emblématiques et font débat dans l'espace public à un moment donné (et d'autres non)? En cela, les contributions de l'ouvrage fournissent des pistes pour analyser les controverses socio-juridiques en lien avec le gouvernement des exilé.e.s, et pour comprendre leurs origines, les différentes conceptions de la justice qu'elles symbolisent, la façon dont elles questionnent les politiques migratoires contemporaines et les principes qui les sous-tendent et justifient.
La problématique et l'originalité du projet D'un point de vue juridique, le pouvoir discrétionnaire relève d'une action entreprise à l'appréciation d'une administration et/ou d'un agent public, sans que sa conduite ou décision ne lui soit dictée clairement ou de manière univoque par le droit (Spire 2008, Dubois 2009). En principe, ce pouvoir est donc exercé par les détenteur·rice·s d'une autorité publique (centrale ou décentralisée, de maintien de l'ordre ou administrative) et se manifeste par leur liberté d'action lorsque les décisions qu'iels ont à prendre ne sont pas encadrées de façon stricte par des règles de droit et/ou des procédures détaillées (Van der Woude et Van der Leun 2017). Cette « compétence discrétionnaire » est alors accordée par la loi aux agents de l'Etat, tels que les fonctionnaires administratif·ve·s (Laurens 2008, Miaz 2019). Elle permet, du moins en théorie, de distinguer « pouvoir discrétionnaire » et « mesures arbitraires », les dernières renvoyant à des pratiques abusives car prises manifestement en décalage par rapport aux textes juridiques, aux procédures, ou aux compétences attribuées aux agents concernés (Chauvet cit.). Néanmoins, les textes peuvent se prêter à des interprétations tellement différentes (ou rentrer en conflit entre eux) que la frontière entre discrétionnaire et arbitraire est parfois difficile à tracer (Fassin 2014, Campbell 1999, Laurens cit.).
Aussi, il serait réducteur de concevoir ce pouvoir comme uniquement le fait d'acteurs publics : dans le cadre du projet DisPow, auquel ont participé les auteur.e.s de cet ouvrage, les enquêtes menées ont exploré les multiples facettes du pouvoir discrétionnaire en pratique(s) en se focalisant à la fois sur des territoires spécifiques, les frontières, et sur un champ juridique particulier, le droit des étranger·e·s ; en effet, ces deux focales permettent de montrer à quel point l'imprécision des critères législatifs ou règlementaires laisse la possibilité - ou impose la responsabilité - aux acteurs publics mais aussi privés de choisir comment interpréter les règles ou consignes et donc comment agir face à une situation concrète, avec comme conséquences principales, d'une part, des pratiques très disparates selon le territoire, l'organisation du service, les enjeux réputationnels au sein du groupe, etc., et d'autre part, un accès des étranger·e·s à leurs droits très aléatoire. Ainsi, nous avons étudié les formes et les effets d'un pouvoir discrétionnaire qui désigne la sphère d'autonomie à l'intérieur de laquelle les agents de l'administration (Spire 2008, Dubois 2009), mais aussi les « faiseurs de frontière » (transporteurs, contrôleurs, agents de sécurité etc.) (Guenebeaud 2019) et les accompagnant·e·s (juristes bénévoles, avocat·e·s, activistes) (Lendaro 2021) peuvent prendre différentes décisions au sujet des personnes en situation de migration, et ce, pas forcément en l'absence d'une règle mais plus souvent en présence d'une multiplicité d'injonctions ou de suggestions dont le degré de contrainte varie (Parrot 2019).
L'ambition de cet ouvrage est de contribuer à la compréhension des origines socio-juridiques, morales, et organisationnelles, et des effets sociaux et politiques, de cette porosité entre discrétionnaire et arbitraire aux frontières.
Son originalité est de vouloir le faire à la lumière, d'une part, des pratiques des acteurs aux prises avec la mise en oeuvre des politiques migratoires en France, et d'autre part, des actions et stratégies entreprises par les individus et groupes qui essayent de les contester, de déjouer leurs contraintes, de dénoncer leurs effets, voire d'attaquer en justice les responsables de violences et/ou violations de droits. L'ensemble des contributions partent du principe que le droit, loin de constituer une matière figée dont l'application serait homogène et capable d'orienter dans un seul et même sens les pratiques individuelles et collectives, est d'une part le produit de phénomènes sociaux et de rapports de forces en évolution, et d'autre part, contribue évidemment aussi à cette même évolution des rapports sociaux (Calavita 2016, Ewick et Silbey 1998, Bourdieu 1990).
Pensées pour se faire écho et s'articuler à la problématique générale de l'ouvrage, les contributions se proposent de répondre aux questions suivantes : quelles sont les manifestations de ce pouvoir discrétionnaire aux frontières et que nous disent-elles de phénomènes sociaux plus globaux tels que l'évolution des inégalités entre groupes sociaux, l'effectivité des libertés publiques, ou encore la place du droit dans les mouvements sociaux ? En quoi les formes et les effets du pouvoir discrétionnaire en pratique(s) nous renseignent-ils sur les rapports au droit et à la légalité des acteur·rice·s qui l'exercent (Ewick et Silbey 1998, Pélisse 2005) ? Quels apprentissages du politique (Soss 1999) apparaissent via la rencontre avec le droit et ses marges d'interprétation ? Quels sont les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les acteur·rice·s pouvant exercer un certain pouvoir discrétionnaire (Fassin et Eideliman 2012)? Quels usages stratégiques et/ou militants du droit sont mis en oeuvre en réaction à l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire considéré comme arbitraire et donc injuste (Israël 2009, Lendaro 2021)? Quelles luttes sont davantage investies par la judiciarisation (Commaille 2008) et à quelles conditions le droit peut-il être considéré par les acteur·rice·s comme un outil de changement social (McCann 2006, Galanter 1974) ?
Bibliographie Bourdieu, P. (1990) « Droit et passe-droit. Le champ des pouvoirs territoriaux et la mise en oeuvre des règlements », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 81-82 86-96.
Calavita, K. (2016) Invitation to Law and society. An introduction to the study of real Law. Chicago University Press.
Campbell, E. (1999) « Towards a sociological Theory of discretion », International Journal of the Sociology of Law 27, PP 79-101.
Chauvet, C. (2009) « Arbitraire et discrétionnaire en droit administratif », Gilles J. Guglielmi éd., La faveur et le droit. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, p. 335-355.
Commaille, J. (2008). 13. La judiciarisation : nouveau régime de régulation politique. Dans : Olivier Giraud éd., Politiques publiques et démocratie (pp. 305-319). Paris: La Découverte.
Dubois, V. (2009), Le paradoxe du contrôleur. Incertitude et contrainte institutionnelle dans le contrôle des assistés sociaux, Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 178, 28-49.
Ewick P., Silbey S. (1998) The Common Place of Law. Stories from Everyday Life, Chicago and London, The University of Chicago Press.
Fassin D. (2014) « Pouvoir discrétionnaire et politiques sécuritaires. Le chèque en gris de l'État à la police », Actes de la recherche en sciences sociales, 201-202(1) 72-86.
Fassin, D. & Eideliman, J. (2012). Economies morales contemporaines. Paris: La Découverte.
Galanter, M. (1974). Why the 'Haves' Come out Ahead : Speculations on the Limits of Legal Change.
Law and society review, 9(1), 95-160.
Guenebeaud, C. (2019), "Nous ne sommes pas des passeurs de migrants": le rôle des transporteurs routiers et maritimes dans la mise en oeuvre des contrôles à la frontière franco-britannique. Lien social et Politiques, 83, 103-122.
Israël, L. (2009). L'arme du droit. Presses de SciencesPo.
Laurens S. (2008) « Les agents de l'État face à leur propre pouvoir. Éléments pour une micro-analyse des mots griffonnés en marge des décisions officielles », Genèses, 72(3) 26-41.
Lendaro, A. (2021). Défendre les « délinquant·e·s solidaires ». Quelles sont les limites de l'engagement des avocat·e·s de la cause des étranger·e·s ?. Droit et société, 107, 67-82.
McCann M. (Ed.) (2006), Law and Social Movements, Ashgate.
Miaz J. (2019). Le Droit et ses médiations : Pratiques d'instruction des demandes d'asile et encadrement institutionnel des décisions, Politique et Sociétés, 38 (1) 71-98.
Parrot, K. (2019). Carte blanche. L'Etat contre les étrangers, Paris, La Fabrique.
Pélisse, J. (2005). A-t-on conscience du droit ? Autour des Legal Consciousness Studies. Genèses, n° 59(2), 114-130.
Soss, J. (1999), « Lessons of Welfare : Policy Design, Political Learning, and Political Action », American Political Science Review, 93 (2), p. 363-380.
Spire, A. (2008). Accueillir ou reconduire - Enquête sur les guichets de l'immigration, Éditeur Raisons d'agir.
Van der Woude M., Van der Leun J. (2017), « Crimmigration Checks in the Internal Border Areas of the EU: Finding the Discretion that Matters », European Journal of Criminology, 14 (1), 27-45.
Titre (provisoire) Gouverner les exilé.e.s aux frontières. Pouvoir discrétionnaire, résistances, controverses.
Avant-propos : Iker Barbero, juriste et philosophe, Professeur à Université de Bilbao (ES). (environ 10 000 signes) Introduction (environ 25 000 signes) La frontière comme dispositif de gouvernement des exilé.e.s : enjeux et méthodes, Annalisa Lendaro, CR CNRS, Certop Partie 1 Que fait le droit à la frontiere (et viceversa)? (chapeau d'environ 6 000 signes) 1.La condition migrante: gouverner les corps par l'ineffectivité des droits (environ 45 000 signes/chaque chapitre).
Hourya Bentouhami, MCF Philosophie 2.Des solidarités et dé-solidarité dans l'Union européenne en matière de migration. Mehdi Mezaguer, MCF Droit Partie 2 Tous 'faiseurs de frontiere'? Policiers et transporteurs face au contrôle des mobilités (chapeau d'environ 6 000 signes) 1.Ethos professionnels et dilemmes moraux des forces de l'ordre à la frontière franco-britannique. Camille Guenebeaud, MCF Géographie 2.Les cheminots à la frontière basque : dynamiques organisationnelles et pratiques individuelles de résistance.
Bénédicte Michalon (DR CNRS Géographie) et Thomas Sommer-Houdeville (post-doc Sociologie) 3.La frontière brûle. Résistances et mal-être des cheminots dans les Alpes Maritimes. Annalisa Lendaro, CR CNRS Sociologie 4.'Je ne suis pas un collabo' : marges de manoeuvre et contraintes des conducteurs de bus dans le briançonnais.
Annalisa Lendaro (CR CNRS Sociologie) et Oriana Philippe (Doctorante Droit et Géographie) Partie 3 Mobiliser le droit en faveur des exilé.e.s (chapeau d'environ 6 000 signes) 1.L'arme du droit et ses coûts : experts et profanes à Calais.
Karine Lamarche (CR CNRS Sociologie), Annalisa Lendaro (CR CNRS Sociologie) 2.Dénoncer, faire du plaidoyer, monter un recours. Les registres de la résistance par le droit à la frontière franco-italienne (Vintimille et Briancon).
Oriana Philippe (Doctorante Droit et Géographie) et Daniela Trucco (Post-doc Science Politique) 3.Face au pouvoir discrétionnaire de l'Etat aux frontières, adaptations et stratégies des mineurs non accompagné (MNA) et de leurs soutiens.
Soline Laplanche-Servigne (MCF Science Politique), Bastien Roland (Doctorant Sociologie) et Thomas Sommer-Houdeville (post-doc Sociologie).
Conclusion (environ 25 000 signes) Mobiliser le droit et après ? Faire circuler les expériences de lutte aux frontières, Annalisa Lendaro Postface (environ 15 000 signes), Alexis Spire, DR CNRS.
Information sur les auteur.e.s et sur la coordinatrice Coordinatrice : Annalisa Lendaro est chargée de recherches en sociologie politique au CNRS (France). Ses principaux intérêts portent sur les politiques migratoires, leurs applications sur les territoires frontaliers et leurs effets sur les demandeurs d'asile, sur les mineurs non accompagnés, et sur les groupes d'accompagnement à l'accès aux droits (avocats de la cause, juristes bénévoles). En utilisant des méthodes ethnographiques et en s'inspirant des travaux du courant Law and society, ses études essaient de mettre en lumière les processus et les justifications qui transforment le contournement du droit en une pratique ordinaire. Annalisa est la coordinatrice de l'ANR DisPow (2018-2022 https://dispow.hypotheses.org/). Elle est également la responsable pour la France du projet MiCREATE - Migrant Children and Communities in a Transforming Europe (programme Recherche et Innovation H2020, volet Migration et Intégration, jan. 2019-juin 2022 => http://www.micreate.eu/).
Auteur.e.s :
Les courtes biographies des contributeur.e.s sont consultables via le carnet Hypothèses du projet DisPow => https://dispow.hypotheses.org/category/lequipe-de-recherche Pages personnelles :
•Bénédicte Michalon : https://www.passages.cnrs.fr/membres/nom/benedicte- michalon/ •Camille Guenebeaud : https://ladyss.com/guenebeaud-camille •Hourya Bentouhami : https://transmis.hypotheses.org/hourya-bentouhami •Karine Lamarche : https://www.univ-nantes.fr/karine-lamarche-1 •Soline Laplanche-Servigne : http://www.ermes-unice.fr/?q=node/291 •Daniela Trucco : https://www.efrome.it/les-personnes/membres-et-personnel- scientifique/personne/daniela-trucco •Mehdi Mezaguer : https://unice.fr/medias/fichier/cv-mehdi-mars- 2022_1647250358354-pdf •Thomas Sommer-Houdeville : https://certop.cnrs.fr/sommer-houdeville-thomas/ •Oriana Philippe : https://migrinter.cnrs.fr/membres/oriana-philippe/ •Bastien Roland : https://dispow.hypotheses.org/357. -
Quand la frontière devient une prison : L'enfermement des migrants aux portes de l'Europe
Giulia Gelot
- Croquant
- 7 Novembre 2023
- 9782365124010
Dans un contexte de criminalisation des migrants, cet ouvrage propose une analyse critique de la politique migratoire mise en oeuvre aux frontières de l'Union européenne depuis 2015 jusqu'à nos jours. Ancré dans l'actualité, il permet de comprendre les soubassements juridique, politique et anthropologique d'évènements contemporains tels que la « crise migratoire », la mise en place de « hotspots », ou encore la tragédie des « boat people ».
Ainsi, très récemment, en juin 2023, un navire transportant près de 750 migrants a coulé au large du Péloponnèse faisant plusieurs centaines de morts, alors même que quelques jours plus tôt, le Conseil des ministres de l'Union européenne s'accordait sur les principaux volets du nouveau Pacte sur la migration et l'asile, s'inspirant des dispositifs testés dans les îles de la mer Egée, considérées ici comme de véritables laboratoires.
Par son approche critique, l'ouvrage vise à dépasser la rhétorique officielle des autorités européennes qui masque la vocation réelle d'une politique sécuritaire de contrôle et d'exclusion des étrangers. Il met en lumière le changement de paradigme qui a conduit à une institutionnalisation de l'enfermement des migrants aux frontières de l'Union.
À partir d'exemples tirés de l'actualité juridique, une série d'encadrés pointent également les convergences entre les politiques européenne et française.
Par son analyse juridique rigoureuse et son éclairage militant, il s'adresse à la fois aux experts, désireux d'approfondir la thématique de l'enfermement des migrants, mais aussi aux non-spécialistes intéressés par les enjeux actuels des politiques migratoires. Le glossaire en fin d'ouvrage leur permettra d'avoir accès à des définitions claires et concises de concepts et D'acteurs essentiels dans ce domaine.
Giulia Gelot : Juriste et militante engagée pour la défense des droits humains. -
Ce que l'école devrait apprendre à tous : Se connaître s'ouvrir se relier
Denis Paget
- Croquant
- 6 Juin 2024
- 9782365124379
Partant de son expérience d'enseignant, de syndicaliste, d'expert, l'auteur revient sur l'histoire récente de notre système éducatif. Il formule des critiques de notre école et propose de nouvelles voies pour qu'elle s'ouvre enfin à la prise en considération de tous les élèves qui ne se retrouvent pas dans les contenus qu'on leur enseigne. Il propose des pistes pour que notre école tienne compte des bouleversements de la société française et du monde. Il aborde la nécessité de mener un travail sur les finalités éducatives, sur la sélection des savoirs et sur l'exigence d'une éducation plus attentive aux processus de formation de la personne. Devant l'ampleur des problèmes que nous devons affronter, l'école ne peut se contenter d'enseigner ce qu'elle enseigne depuis un siècle. Ces analyses et propositions se résument dans le titre : se connaître répond au processus d'individuation qui permet à la personne de grandir en comprenant qu'elle n'est rien sans les autres et donc sans construire en chaque jeune un processus inséparable de socialisation qui s'incarne dans l'ouverture aux autres et au monde. S'ouvrir et se relier, c'est répondre aux défis nouveaux qui inquiètent les jeunes générations à juste titre : l'état de la nature, de la planète terre, le retour des nationalismes qui engendrent la guerre, les défis d'un développement moins fondé sur l'exploitation de la planète et des hommes. Présentation de l'auteur Denis Paget a enseigné pendant plus de 40 ans. Il a assumé en parallèle diverses fonctions au sein du SNES-FSU comme responsable des contenus d'enseignement et de la pédagogie et a déjà écrit plusieurs ouvrages sur ce que l'école française enseigne et/ou devrait enseigner. En 2013 le ministre de l'éducation nationale de l'époque l'a nommé membre qualifié au Conseil Supérieur des Programmes pour cinq ans. Il a également travaillé comme expert en curriculum, dans divers pays d'Afrique, pour France Education International (FEI). Confronté au travail même d'écriture des programmes scolaires et du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, chargé ensuite de mettre en oeuvre divers programmes pilotés par l'UNICEF de rénovation des curricula à l'étranger, sa pensée sur l'école s'est progressivement enrichie. Ce livre en est le témoignage.
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La famille, la cité, l'école et la mosquée : Sociogenèse de la religiosité d'un jeune musulman d'aujourd'hui
Frédéric Gautier
- Croquant
- Champ Social
- 7 Mars 2024
- 9782365124133
La famille, la cité, l'école et la mosquée
Sociogenèse de la religiosité d'un jeune musulman d'aujourd'hui
Frédéric Gautier
L'islam - l'« islam des quartiers » en particulier - interroge et inquiète. Attentats et assassinats terroristes, violences d'État (Iran, Afghanistan...), « radicalisation », ou encore « atteintes à la laïcité » entretiennent ces interrogations et inquiétudes. Une partie du champ politico-médiatique y trouve prétexte pour affirmer son existence en relançant régulièrement une parodie de « débat public ». Mobilisant le plus souvent des représentations caricaturales, des « diagnostics » hâtifs et des « explications » dérisoires, sommant les interlocuteurs de « choisir leur camp » - celui des « islamophobes » ou celui des « islamo-gauchistes » - ce genre de « débat » interdit toute approche rationnelle de l'islam. Ce livre fait, a contrario, le pari de l'enquête sociologique, refusant délibérément de s'ériger en juge, ne cherchant ni à condamner, ni à réhabiliter, justifier ou excuser, mais à expliquer et comprendre. Il brosse le portrait d'un individu singulier. Tarik, né en France dans une famille originaire du Maghreb, a grandi dans une cité d'une banlieue populaire de la région parisienne. Il se réclame d'un islam « authentique », qu'on pourrait associer aux figures-repoussoirs de l'islam « radical », de l'« intégrisme » ou du « fondamentalisme ». Pourtant, diplômé de l'Université, aujourd'hui enseignant, il se reconnaît dans les « Valeurs de la République » et dans le principe de laïcité. En cherchant à rendre compte des logiques sociales qui ont produit cet individu singulier, cette enquête mobilise une démarche et des schèmes d'interprétation qui, au-delà du cas particulier, peuvent contribuer à une meilleure intelligibilité du regain de religiosité observable chez les jeunes de culture musulmane. -
La protection, la sécurité et la prévoyance sociales, l'encadrement du travail par la loi et les politiques patronales, les consensus et les rapports de forces entre les organisations professionnelles, sociétales ou territoriales et les politiques d'Etat, l'action des communes et des associations locales et nationales délimitent un espace essentiel des sociétés issues de la grande transition démographique, économique et urbaine. La globalisation fait entrer de nouveaux états dans cet univers, mais il est de longue date pensé à l'échelle de la planète. Délimité par des normes et des besoins jugés majeurs à chaque époque, travaillé par des professions spécifiques, ce champ du social est celui d'une politique parmi d'autres, mais aussi la terre nourricière de la légitimité des pouvoirs en place : c'est là que se construit la vie et que la société est rendue possible. Au coeur d'une époque, cet édifice est aujourd'hui face à une nouvelle mutation de l'essentiel humain : effritement du patriarcat et crise environnementale, remise en jeu des consensus sociaux au nom d'une liberté économique qui creuse de nouvelles discriminations. Souvent, le monde militant voit ces bouleversements comme le mouvement d'un curseur sur le chemin d'un progrès linéaire vers un avenir dont on se rapproche ou s'éloigne au gré des luttes, tandis qu'une littérature universitaire récente mais foisonnante décrit avec minutie l'histoire de chacune des composantes de ce terrain de recherche. Parmi les plus jeunes, le monde est souvent perçu comme fractionné entre hier et demain. Les professionnels du social, pour leur part, tentent de renouer le lien entre l'effort quotidien et un projet collectif parfois bien évanescent. L'opinion est engagée par les médias à des démarches comparatives entre nations, ignorant souvent les spécificités de chacune. Par-delà l'image chatoyante et changeante de ce qu'on pourrait désigner selon le mot du précurseur Léon Bourgeois comme l'époque de la «solidarité», ce petit manuel voudrait aider le lecteur à trouver dans l'épaisseur des derniers siècles des cohérences, des repères, le fil synthétique d'une histoire et des raisons d'agir et d'espérer.
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Pierre Bourdieu en Algérie (1956-1961) : témoignages
Tassadit Yacine
- Croquant
- 21 Juin 2022
- 9782365123518
Ce livre retrace, sans se vouloir exhaustif, la période algérienne de Pierre Bourdieu : celle qui va de 1956, date de son arrivée dans le Cheliff, région inhospitalière chaleur torride en été et froid glacial, en hiver, à 1961, date de son départ précipité d'Alger, devenue la proie du terrorisme urbain. Il vise cependant à éclairer le lecteur, fût-ce partiellement, à partir de témoignages oraux, véritables archives vivantes, émanant de collègues et d'étudiants qui l'ont côtoyé et partagé avec lui moult angoisses, espoirs et désespoirs dans un climat de tensions politiques dans un conflit de guerre ayant gagne tant le monde rural que dans le monde urbain, à l'instar de la bataille d'Alger, en 1957.
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La valeur des marchandises et celle de la justice, de la liberté, de la démocratie, d'une oeuvre d'art sont-elles comparables, non pas en termes comptables mais de signifiant d'une société ? Pourquoi le même mot sert-il pour les définir ? Avant que l'économie ne submerge la vie des sociétés, avant que le capitalisme ne réduise toute activité humaine à l'état de marchandise, avant que le vivant lui-même ne soit happé dans un engrenage financier, l'interrogation n'avait pas grand sens. Seuls importaient pour les philosophes de l'Antiquité le beau, le bien, le juste ou le mérite. Ils étaient en quête de ces valeurs-là. Le capitalisme, au contraire, est en quête de valeur sous forme d'argent, toujours croissante pour nourrir une accumulation sans fin. Jean-Marie Harribey mène une enquête à la fois philosophique, anthropologique et économique pour élucider quelques mystères au coeur des crises du monde actuel. Si le travail est le seul producteur de valeur économique, comment la valeur pour l'actionnaire s'est-elle imposée ? Pourquoi cette valeur est-elle érigée en valeur suprême, faisant du calcul économique le critère normatif de la valeur de la nature ou de la valeur de la vie ? Une enquête pour dégager un itinéraire à même de nous faire sortir de cette impasse.
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Pierre Bourdieu. points de vue
Simon Borja, Christian de Montlibert
- Croquant
- Champ Social
- 6 Octobre 2022
- 9782365123587
Si la collection « Champ social » des éditions du Croquant réédite le n°47-48 de février -mars 2015 consacré à Pierre Bourdieu de la revue Regards sociologiques, c'est à la fois parce que ce numéro est devenu introuvable, mais surtout parce qu'il rassemble un dossier d'une grande diversité et d'une exceptionnelle densité. La revue Regards sociologiques avait consacré un numéro à Pierre Bourdieu pour honorer une dette symbolique à un chercheur dans lequel elle se reconnaissait et qui l'avait soutenue dès ses débuts, mais surtout parce qu'elle voyait, comme beaucoup d'autres, dans le travail de Bourdieu une contribution majeure au développement de la sociologie. Les contributions rassemblées dans cet ouvrage, agrémentées de l'oeuvre d'artistes qui se sont intéressés à Bourdieu, multiplient les perspectives sur son oeuvre : étude des conditions de production des enquêtes, des concepts et des modèles, développement des concepts-clés, construction d'un modèle cohérent de l'État, retour sur tel aspect de la domination masculine, explicitation de ce qu'implique un engagement politique réflexif, restitution de la vivacité de ses cours et de la cérémonie de remise de la médaille d'or du CNRS, exploration des rapports de Bourdieu avec l'oeuvre de Mauss, de Wittgenstein et de Marx, etc. Un premier ensemble d'articles montre dans quelles conditions Bourdieu réalise ses premiers travaux en Algérie où il est confronté aux effets du colonialisme, du racisme et de la guerre. La contribution d'Andrea Rapini retrace les déplacements de Bourdieu et de Sayad au cours de leur enquête sur Le Déracinement. Elle est complétée par un entretien de Tassadit Yacine avec Jacques Budin (un étudiant enquêteur de l'équipe de Bourdieu et de Sayad). Christian de Montlibert met en évidence un triple combat dans les travaux « algériens » de Bourdieu : contre la méconnaissance des cultures qui coexistent alors en Algérie, contre le mépris raciste et contre des conceptions politiques dont il pensait qu'elles risquaient d'obérer l'avenir. Dans le contexte des années 1980, Remi Lenoir s'interroge ensuite sur « le dit et l'écrit » dans l'oeuvre de Bourdieu : quel statut accorder aux transcriptions de ses cours et séminaires ? Comment restituer par écrit la vivacité verbale qui caractérisait Bourdieu enseignant ? À propos du discours qu'il prononce à l'occasion de la cérémonie de la remise de la médaille d'or du CNRS, Loïc Wacquant souligne l'accent qu'il met sur les tensions entre science, autorité et pouvoir, la puissance symbolique de l'État et les raisons qui conduisent le sociologue à s'engager dans le débat civique. Rémi Lenoir développe les différents niveaux impliqués dans le concept de capital social et montre l'importance qu'a eue pour Bourdieu l'oeuvre de Mauss. À propos du concept d'habitus Gaspard Fontbonne met en évidence les effets épistémologiques de la lecture de Wittgenstein. Quant à la domination masculine, Rose-Marie Lagrave éclaire les contradictions, paradoxes et malentendus engendrés par ce livre : il faut tenir compte, selon elle, du contexte scientifique et du rapport de Bourdieu aux recherches féministes. Un autre ensemble de travaux présente son modèle d'analyse de l'État et s'interroge sur l'engagement politique de Bourdieu. Patrick Champagne analyse le cheminement de Bourdieu pour penser la construction de l'État au fil d'un double processus de concentration des différentes espèces de capital dans un petit nombre de mains. En grande partie par le système scolaire, l'État unifie, homogénéise, standardise les manières de faire et de penser. À propos d'une intervention de Bourdieu sur la crise de l'État, Rémi Lenoir souligne l'importance qu'il attribuait aux transformations des représentations des agents dominants. Lucien Braun, alors directeur des Presses Universitaires de Strasbourg, questionne Bourdieu sur l'avenir de l'autonomie universitaire dans un contexte où l'édition universitaire est de plus en plus dépendante de groupes financiers. Cet ouvrage se clôture par des analyses de la dimension critique de la sociologie de Pierre Bourdieu qui n'a pas cessé d'insister sur la nécessité d'une démarche réflexive. Après avoir rappelé les prises de position « messianiques » de Marx sur l'avènement d'une société sans classes, Gérard Mauger souligne l'importance accordée par Bourdieu au « travail de représentation » dans toutes mobilisations collectives, à commencer par celle du « peuple », objet de prédilection pour des intellectuels. Après avoir rappelé les confusions autour de l'appellation « sociologie critique », Louis Pinto montre qu'elle n'est ni un accessoire, ni un abus de pouvoir, mais une sorte de nécessité qui conduit à s'interroger premièrement sur les pouvoirs, les limites et les prétentions de la connaissance, deuxièmement sur les capacités à dire le vrai des connaissances « indigènes » , troisièmement sur les effets de dévoilement de l'ordre social. Enfin ce livre est ponctué par le travail de deux artistes, Joëlle Labiche et Yves Carreau, qui offrent leurs interprétations des « regards » de Pierre Bourdieu : de ceux de prédécesseurs, de contemporains et de membres de ses équipes de travail.
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Travailleurs de la résistance : Les classes populaires ukrainiennes face à la guerre
Daria Saburova
- Croquant
- Autonomies
- 20 Juin 2024
- 9782365124225
Présentation :
Contre les attentes de Kremlin, qui espérait que son opération militaire spéciale ne durerait que trois jours, l'Ukraine continue à présent à résister efficacement aux forces d'occupation. Si le rôle de la mobilisation populaire, à travers les innombrables initiatives bénévoles qui ont parsemé le pays, a souvent été souligné, nous ne disposons encore que de peu de travaux sur l'organisation concrète de cette résistance sur le plan local, ainsi que sur les rapports de classe et de genre qui la traversent. En s'appuyant sur une enquête de terrain menée à Kriviy Rih, grand centre d'extraction minière et de métallurgie situé en Ukraine centrale, ce livre s'intéresse à la manière spécifique dont les hommes et les femmes des classes populaires, souvent russophones et anti-Maïdan, s'engagent dans le mouvement de solidarité avec l'armée et les populations civiles touchées par la guerre. Comment s'organisent-ils face à l'agression russe, quelles sont leurs motivations, leurs préoccupations, leurs activités et leurs modes de fonctionnement ? Quel est le degré d'autonomie de leurs initiatives et quels rapports entretiennent-elles avec l'État et les pouvoirs locaux, les partis politiques, les syndicats, les ONGI et les organisations des classes moyennes et supérieures ? Le choix méthodologique d'aborder le bénévolat sous l'angle de la sociologie du travail permet en outre d'interroger l'articulation entre le travail bénévole, le salariat et le travail domestique, et de montrer comment l'État s'appuie sur cet élan spontané de solidarité, qui met à sa disposition des masses colossales de travail gratuit, pour assurer les services publics cruciaux tout en poursuivant les réformes néolibérales entamées en 2014. Le livre s'intéresse enfin plus largement aux points de vue exprimés par les membres des classes populaires sur la situation économique, sociale et politique de leur pays. Que pensent-ils des évènements qui secouent l'Ukraine depuis 2013 ? Comment évaluent-ils les réformes de ces dix dernières années, les batailles autour de la mémoire historique et de la question linguistique ?
Points forts :
S'éloignant des approches géopolitiques de la guerre en Ukraine, l'ouvrage en éclaire les enjeux du point de vue de l'expérience de la résistance.
L'ouvrage s'appuie sur un travail de terrain de trois mois qui a permis de réaliser une quarantaine d'entretiens individuels et collectifs à Kriviy Rih et à Kiev. L'auteure a pu également observer et participer au travail de deux organisations bénévoles, et les accompagner dans plusieurs missions humanitaires.
En se donnant pour objet l'activité bénévole des classes populaires à Kriviy Rih, l'auteure a voulu étudier un cas-limite de la résistance ukrainienne. Les enquêtés étaient en effet en grande partie opposés au soulèvement de l'Euromaidan en 2013-2014 ; ils continuent à parler russe ou un mélange de russe et d'ukrainien, et ont de la famille en Russie ; la référence à l'URSS reste ancrée dans leur mémoire collective. L'ouvrage remet ainsi en question le stéréotype de la division profonde de l'Ukraine entre l'Ouest pro-européen à l'Est pro-russe.
Grâce à l'apport méthodologique de la sociologie du travail bénévole, l'ouvrage aborde la résistance ukrainienne comme un phénomène social hétérogène traversé par des rapports de classe et de genre, ce que les approches en termes d'« engagement citoyen » ignorent généralement.
Biographie : Daria Saburova est née à Kiev en 1989. Elle est doctorante en philosophie au laboratoire Sophiapol (Université Paris Nanterre) et membre du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine. -
Pour l'autogestion socialiste : Charles Piaget. interventions, 1974
Théo Roumier
- Croquant
- 6 Octobre 2022
- 9782365123600
Dessin de couverture : Alain Frappier 1974, six ans après la grève générale de Mai 1968 et ses 10 millions de grévistes, le souffle révolutionnaire est toujours présent.
Une longue grève, celle des ouvrières et des ouvriers de Lip à Besançon, vient de s'achever. Par ses atours autogestionnaires (« on fabrique, on vend, on se paie » clament les grévistes), elle a reçu un important soutien populaire tant elle a pu préfigurer une « nouvelle légalité ouvrière », mettant directement en cause l'ordre capitaliste.
Charles Piaget, syndicaliste CFDT de Lip, militant PSU de Besançon, en a été propulsé porte-parole. Il a le sens et le goût du collectif.
En cette année 1974, au sein du « peuple de gauche », les questions se posent concrètement, taraudant les organisations politiques comme les syndicats : Comment faire basculer la France dans le socialisme ? S'agit-il de passer par la voie des urnes ou celle des luttes ? Faire le choix des réformes ou de la révolution ? Quel chemin emprunter pour arriver à ce fameux « débouché politique » qui se cherche depuis Mai ? Quelle organisation, quel parti, quelles alliances sont nécessaires pour cela ?
Ces questions ne sont pas neuves pour toutes celles et tous ceux qui ont l'émancipation et l'égalité au coeur, qu'anime la volonté de rompre avec un capitalisme mortifère, de changer le monde et la vie. Elles conservent encore aujourd'hui leur pertinence et méritent d'être remises sur le métier, encore et encore.
En 1974, c'est en syndicaliste, en militant politique, que Charles Piaget propose dans les textes de ce recueil des pistes pour répondre aux enjeux qui se posent alors. Les retrouver aujourd'hui permet de remonter le fil du temps pour mieux appréhender l'avenir d'un « socialisme de tous les jours ».
Ce cahier contient :
•Une introduction politique et historique de Théo Roumier, « Le socialisme, tous les jours » •Deux textes de Charles Piaget :
- « Il faut rejeter toute attitude de démission », entretien donné à Politique Hebdo du 3 octobre 1974 - « Que signifie aujourd'hui militer pour le socialisme, être révolutionnaire », texte de son intervention au meeting « Le PSU répond à vos question » du 24 octobre 1974 à la Mutualité •Un cahier iconographique en couleur •Une chronologie détaillée •Des notes biographiques •Une bibliographie Charles Piaget est une figure marquante de la grève des Lip à Besançon en 1973. Militant PSU et CFDT, il incarne nationalement cette lutte ouvrière parmi les plus importantes des « années 68 ». Il est brièvement membre de la Direction politique nationale du PSU sans abandonner son militantisme syndical et de terrain. Dans les années 1990 il anime l'antenne bisontine de l'association Agir ensemble contre le chômage (AC!). Il est aujourd'hui retraité et continue de transmettre la mémoire des Lip.
Théo Roumier a assuré la conception et la présentation de ce cahier de l'ITS. Syndicaliste SUD éducation en lycée professionnel, il est membre du Comité éditorial de la revue de l'Union syndicale Solidaires, Les Utopiques et auteur de plusieurs contributions sur l'histoire récente du syndicalisme et du mouvement libertaire et révolutionnaire. -
L'État social à distance : Dématérialisation et accès aux droits des classes populaires rurales
Clara Deville
- Croquant
- Action Publique
- 22 Juin 2023
- 9782365123877
Cet ouvrage présente les résultats d'une enquête empirique portant sur le rapport aux administrations des classes populaires rurales. Il s'adresse toute personne intéressée par l'analyse des effets de la dématérialisation sur l'accès aux droits sociaux.
L'utilisation des outils numériques est de plus en plus répandue dans les administrations de l'État social. Alors qu'ils sont censés simplifier les démarches d'accès aux droits et lutter contre le non-recours, ils produisent, en pratique, des effets inverses à ceux escomptés. Ceci est d'autant plus problématique en milieu rural, où la dématérialisation s'accompagne de mouvements de retrait de l'État. Or, loin des centres urbains, les classes populaires sont confrontées, plus qu'ailleurs, aux effets des crises économiques et sociales, précarisant leurs conditions de vie et accroissant leurs dépendances vis-à-vis des droits sociaux.
Cet ouvrage donne à voir en quoi les réformes de dématérialisation entravent l'accès aux droits sociaux des classes populaires rurales. Reposant sur une monographie, l'enquête menée retrace leurs parcours d'accès au minimum social (le RSA, Revenu de solidarité active). Observant ce qui se joue en amont des guichets, elle met en évidence qui parvient à accéder à une prise en charge administrative et qui n'y parvient pas. L'un des principaux résultats est de montrer que, à rebours des discours politico-médiatiques portant sur l'assistanat et la fraude sociale, avant de devenir bénéficiaire du RSA, les demandeurs font l'objet de mécanismes de tris et de sélection. Ces mécanismes sont le résultat des normes imposées par les fonctionnements administratifs : normes de déplacements urbains, qui impliquent le franchissement de distances spatiales et sociales ; normes administratives, liées à la division du travail de l'accès aux droits et à la délégation d'une part des tâches aux demandeurs ; ou encore normes de comportement, liées aux représentations de ce qu'est un « bon » ou un « mauvais » pauvre. Dès lors, pour accéder au RSA, il faut suivre des chemins du droit au cours desquels on apprend à devenir un bénéficiaire de l'État social. Ce sont alors les plus précaires qui parviennent le plus difficilement à faire valoir leurs droits. Ainsi, cet ouvrage éclaire la manière dont l'action publique peut se transformer en un mécanisme de renforcement des inégalités sociales. -
Les indispensables : Sociologie des mondes militants
Denis Merklen
- Croquant
- 12 Avril 2023
- 9782365123860
Le livre donne à lire des histoires de militants. Ce sont des récits passionnants sur des engagements pour rendre meilleur le monde et plus légère la vie. Des combats tristement perdus et des victoires arrachées parfois avec les dents qu'un sourire franc laisse briller au milieu de la figure. Ces récits ont été laborieusement et patiemment livrés à l'auteur par des militantes et des militants bataillant dans les domaines les plus divers, de la culture au sport, de la politique au logement, de l'hygiène du linge à la réinsertion après un passage en prison, de la protection de la vie des adolescents face à la violence du narcotrafic à la difficile relation entre religion et politique au sein de notre démocratie. L'auteur a suivi les gens portant une parole et une voix sur l'espace public, il les a accompagnés descendre sur l'arène des luttes sociales défendre leurs intérêts, et surtout, il les a vu enrichir des espaces de vie dans un quotidien que d'autres condamnent à la relégation.
Le livre est composé de récits de vie et d'expériences militantes dans des quartiers populaires d'Aubervilliers, Lille, Roubaix, Toulouse, Montpellier et Strasbourg. Ces expériences s'intègrent dans un réseau de militants soutenu par la Fondation Abbé Pierre dans plusieurs grandes villes de France que l'auteur a accompagnés pendant six dans les rencontres qu'ils organisent. Véritable ethnographie, l'enquête est aussi nourrie que minutieuse. L'auteur a choisi une forme narrative qui plonge le lecteur immédiatement dans la vie de ces espaces sociaux plus souvent décriés que véritablement connus. A travers un échange horizontal avec les habitants et les militants, le sociologue donne un accès direct aux enjeux politiques locaux et nationaux sur les trente dernières années.
Les récits sont accompagnés d'un texte introductif qui fournit les repères analytiques sans lesquels le lecteur risquerait d'entrer sans boussole dans une vaste fresque sociale. La bibliographie académique est à peine suggérée en arrière-plan, distillée au compte-gouttes quand elle est indispensable. En revanche, toutes les données historiques, légales, statistiques, de repères économiques sont intégrées aux textes donnant accès à la lecture critique par une écriture qui ne vise pas l'enchantement.
Denis Merklen est sociologue, professeur à l'Université Sorbonne Nouvelle et chercheur au Centre de recherche et de documentation sur les Amériques (CNRS-USN). Il est l'auteur de nombreux livres dont Quartiers populaires, quartiers politiques (2009), Pourquoi brûle-t-on des bibliothèques (2020), En quête des classes populaires (2017), La diagonale des conflits (2018). -
La Nouvelle Guerre froide. : États-Unis, Russie et Chine, du Kosovo à l'Ukraine
Gilbert Achcar
- Croquant
- 4 Janvier 2024
- 9782365124171
Dans les États-Unis de l'après-guerre, l'utilisation des dépenses militaires publiques pour maintenir le dynamisme économique est devenue un instrument majeur de l'intervention étatique très visible dans la patrie par excellence de la mythique « main invisible » et du « marché libre ». L'accoutumance américaine à l'économie de guerre permanente, et son principal bénéficiaire, le CMI (complexe militaro-industriel), allaient peser lourdement dans la détermination des choix de l'élite américaine du pouvoir après la Guerre froide, examinés dans les chapitres qui suivent.
Le CMI de l'URSS était encore plus important par rapport à l'économie du pays, puisqu'il était contraint de rivaliser en préparatifs de guerre avec son adversaire beaucoup plus riche. Le CMI a rapidement émergé du chaos initial de l'après-guerre froide en Russie comme le principal, sinon le seul, secteur manufacturier hérité de la défunte Union soviétique pour lequel il y avait des acheteurs disponibles et un marché captif à l'exportation. La centralité du CMI est devenue encore plus grande dans l'économie russe post-soviétique qu'elle ne l'avait été dans celle de l'URSS, non seulement parce que la première est considérablement diminuée par rapport à la seconde, mais aussi parce que la puissance militaire est devenue le principal vecteur de l'influence politique de la Russie à l'étranger, et en particulier de son opposition à la domination écrasante des États-Unis. En revanche, l'URSS, comme la Chine aujourd'hui, avait également fait un usage intensif de sa puissance économique, ainsi que de l'attrait idéologique (« soft power ») dont elle a joui jusqu'à sa dernière décennie.
Arrivée tardivement dans la course, la Chine était inévitablement motivée à construire son propre CMI par le sentiment légitime que la suprématie américaine faisait obstacle à son ascension au premier rang des puissances mondiales - comme l'a manifesté, par exemple, son exclusion du G7 malgré la taille de son économie, tandis que la Russie y avait été incluse en 1997 et jusqu'à la crise ukrainienne de 2014, période durant laquelle le groupe fut appelé G8.
Voilà, en quelques mots, les ingrédients de base de la dynamique qui a produit une nouvelle guerre froide mondiale quelques années seulement après la fin de l'ancienne. Les éléments de la Nouvelle Guerre froide se sont mis en place au cours de la première décennie qui a suivi la première Guerre froide. Comme les chapitres qui suivent devraient le montrer - et comme déterminé évidemment par l'énorme fossé qui exista pendant ce « moment unipolaire » fatidique entre la puissance et la richesse des États-Unis et celles de ses deux rivaux potentiels au niveau mondial, la Chine et la Russie - la responsabilité principale, et de loin, du triste état des relations internationales qui allait se développer par la suite au 21e siècle incombe à la seule superpuissance restée en lice à la fin de la Guerre froide, celle qui garda le pouvoir exclusif de « façonner l'environnement de la sécurité internationale » comme s'en vantaient ses documents stratégiques à cette époque. Ce livre explore la transition de la Guerre froide à la Nouvelle Guerre froide, et l'évolution de cette dernière jusqu'à la guerre d'Ukraine de 2022.Grand format 24.00 €Indisponible
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Voyoucratie et travail social : Enquêtes dans les quartiers de la politique de la ville
Thomas Sauvadet
- Croquant
- Champ Social
- 17 Août 2023
- 9782365123907
« On ne peut pas travailler ici comme on travaillerait dans un autre quartier », explique un éducateur dont le local se trouve à quelques mètres d'un spot de deal.
Les éducateurs de la prévention spécialisée et les animateurs sociaux des Quartiers de la Politique de la Ville (QPV) sont-ils des travailleurs sociaux « comme les autres » ? Cette enquête s'intéresse aux spécificités du travail social dans les QPV (1297 en France métropolitaine, 151 en outre-mer), définis par leurs taux de pauvreté, d'échec scolaire et de délinquance. Depuis les années 1980, ils ont été confrontés aux émeutes et, à partir des années 1990, à la professionnalisation du trafic de stupéfiants. Comment la prévention spécialisée et l'animation sociale se sont-elles adaptées à ces évolutions ? Comment éducateurs et animateurs peuvent-ils justifier salaires et subventions quand les jeunes « dont tout le monde parle » (sans les nommer) les ignorent ou les boycottent, lorsqu'ils ne les chassent pas du quartier ?
Telles sont les questions posées au fil des dix-sept études de cas de cette enquête qui commence dans les années 2000 et se termine quinze ans plus tard.