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A lire le nom de Duane Michals sur la couverture du présent ouvrage, on pourrait penser qu'il s'agit d'un livre de photographies. Il n'en est rien. Le titre annonce très justement ce qu'il contient. Car, à ses talents d'imagier, Duane Michals joint ceux de l'écrivain qu'il n'a jamais cessé d'être. Ceux qui reconnaissent en lui, le virtuose de la narration séquentielle, le maître portraitiste de Magritte, de Duchamp et de Warhol, retrouveront dans ses textes le compagnon de route de Whitman et d'Edward Lear, le goût qu'il a pour l'insolence et le non-sens. Les aphorismes du Docteur Duanus ont la cocasserie de ses autoportraits. Mais, par-delà une tendance constante à la dérision, ils traitent aussi le destin de l'homme, des mystères du quotidien, du désir et de la mort, le tout parfois étonnement teinté de mysticisme. Michel Foucault dit de Duane Michals qu'il a entrepris d'annuler la fonction oculaire de la photographie. Les textes présentés ici confirment bien l'interpénétration des deux moyens d'expression, ceux d'une nature prodigieusement inventive, ceux d'un encore d'un moraliste que la loufoquerie rend plus acide encore.
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Si elle n'est pas au service d'une expression particulière, la virtuosité n'a, en soi, pas le moindre intérêt.
Mais la virtuosité de wayne anderson lui permet de créer un monde à la fois totalement inventé et d'un réalisme stupéfiant. ses personnages, les couleurs qu'il leur donne, les matières si présentes dans ses dessins, loin de paraître exagérément travaillés, ont une vérité qui en accroît l'onirisme. et le monde qui est le sien, peuplé de créatures étranges, d'animaux familiers et de dragons furieux, profite de ce goût du détail et en accentue le climat poétique.
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Autant dire qu'il y a dans ses photos de sites connus, et que l'on peut croire usés par le trop d'images, une puissance onirique où s'entremêlent la mosaïque de nos expériences des lieux et le jamais vu. Cette impression physique devant des nuages aux formes souvent sensuelles, une sensation de vertige, je l'ai ressentie la première fois que j'ai vu les photos d'Antoine Gonin, Je ne sais pas vous, mais moi, ça me prend là, à mesure que l'on tourne les pages. Ca me prend au coeur, ou aux tripes, comme vous voulez : un désir de paysage, de reprendre la route à mon tour. Voir enfin ce que je ne voyais pas, là sous mes yeux pourtant, et comprendre pourquoi je ne le voyais pas. Pourquoi suis-je passé tant de fois sur l'autoroute A6 sans voir Châteauneuf-en-Auxois? Pourquoi Antoine Gonin l'a t'il si bien vu et montré et pourquoi désormais je penserai à lui en passant par là? Pourquoi suis-je passé pendant dix ans devant les architectures et les jardins des rocailleurs de Marseille, sans les voir, et pourquoi les ai-je vu soudain? Pourquoi après les deux livres et la grande exposition que je leur ai consacré, la ville toute entière est-elle restée aveugle devant ce qu'elle a de plus original en matière de patrimoine? Peut-être parce qu'au-delà du texte, il manque encore les photos sublimes qui réinventent le lieu? Dans tous les cas, il faut un passeur, quelques mots et des images assez fortes pour faire voir.