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Au début des années 1960, Bruno Barbey, cherchant à dépeindre les Italiens, photographie toutes les couches de la société dans la rue comme dans les intérieurs. Le jeune photographe présente cet ensemble d'images à Robert Delpire qui propose aussitôt de les publier dans la série « Encyclopédie essentielle », une collection de livres juxtaposant textes et images, qui comprenait déjà Les Américains de Robert Frank (1958) et Les Allemands de René Burri (1962). Les circonstances d'alors empêchent la réalisation du livre, mais le portfolio de photographies italiennes convainc les membres de l'agence Magnum Photos du potentiel du jeune Barbey, rapidement accepté dans la coopérative. Après des décennies de travail et de nombreux volumes sur d'autres pays, Barbey a finalement publié une première version de ce travail en 2002, avec une introduction de Tahar Ben Jelloun, depuis longtemps épuisée.
La présente édition est un retour à l'idée originale de Robert Delpire, dans un format réduit coïncidant avec l'édition des Américains et celle à venir des Allemands (2023). -
Publié par Capa en 1938, Death in the Making est dédié à Gerda Taro qui a perdu la vie alors qu'elle suivait un groupe de républicains espagnols à Brunete avec l'écrivain canadien Ted Allan. Outre le journal de Capa, il rassemble ses photos mais aussi celles de Gerda Taro et de David « Chim » Seymour. Tous trois ont suivi pendant un an le combat de ceux qui se battent contre Franco. Les images qui en résultent - photos du front et du quotidien, portraits de soldats et de civils - témoignent des divers aspects du conflit, de l'excitation des débuts aux réalités les plus poignantes de la guerre moderne.
Après la Seconde Guerre mondiale, le livre est complètement oublié. Aujourd'hui, il est presque devenu culte : il reste difficile à trouver et certaines de ses images sont devenues extrêmement rares et recherchées.
Cet ouvrage est une réédition du livre de 1938. Elle reproduit sa mise en page, réalisée par le photographe André Kertész ainsi que la préface de l'écrivain américain Jay Allen. Elle est enrichie d'un nouveau texte de Kristen Lubben qui retrace l'histoire de cette publication.
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Somnyama ngonyama, salut à toi, lionne noire !
Zanele Muholi, Sylvie Schneiter
- delpire & co
- 15 Avril 2021
- 9791095821328
Somnyama Ngonyama - Salut à toi, Lionne noire ! résonne comme une incantation, une prise de parole courageuse, éblouissante, à la fois intime et collective.
Cet ouvrage présente près de 100 photographies en noir et blanc réalisées par l'artiste entre 2012 et 2018. Vingt-quatre textes inédits, imprimés sur du papier noir en regard des images, révèlent les dimensions poétique, artistique et militante de ce travail.
Zanele Muholi met son talent et la force plastique de son art au service d'un propos anthropologique et politique.
Ses images, inspirées de son expérience personnelle, de faits historiques, de crimes actuels ou passés, dénoncent les clichés de notre imaginaire collectif.
Avec dignité, pudeur et parfois humour, Muholi aborde, au fil de ses autoportraits, des questions aussi cruciales que l'injustice, l'homophobie, la représentation du corps noir, constituant ainsi une autobiographie visuelle autant qu'un manifeste de résistance.
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Entre l'érection du mur de Berlin au cours de l'été 1961 et son travail sur les ravages du sida en Afrique australe en 2001, Don McCullin n'a cessé de regarder les souffrances des autres à travers les conflits majeurs de ces quatre décennies. Un regard chargé de colère toujours, de tristesse aussi, de désespérance même, sur les inqualifiables cruautés infligées par les hommes à leurs semblables. Un regard empli d'incompréhension et de compassion tout à la fois, regard de solidarité à l'égard des plus faibles, des démunis, des réprouvés, des victimes de ces inacceptables situations.
Chypre divisée, le Congo meurtri, le Vietnam bombardé et torturé, le Moyen-Orient déchiré, le Biafra affamé, le Bangladesh ravagé, le Cambodge assassiné, le Salvador révolté, l'Irlande tourmentée, l'Irak insurgé.
Ni voyeur, ni chasseur, ni même vraiment chroniqueur ou historien, Don McCullin, autodidacte en photographie comme dans sa lecture du monde, est un homme au visage marqué mais à l'oeil limpide et innocent, incrédule devant la barbarie. A travers ses puissantes images publiées régulièrement durant vingt ans dans l'important Sunday Times Magazine, il se voue à déranger le confort dominical de ses compatriotes en leur présentant ces injustices faites à l'homme par l'homme à travers la planète. Dans sa photographie, il y a et Zola et Goya.
En même temps, il proclame sa propre culpabilité avec ses images impuissantes à changer le cours des choses... comme il n'a pu empêcher la mort de son père lorsqu'il avait quatorze ans, ou plus tard celle de ses proches.
Son regard demeure l'émouvant miroir de celui des sujets qu'il photographie, auxquels il s'identifie. Il est profondément solidaire. Et puis il y a l'Angleterre qu'il photographiera souvent entre les reportages de guerre. Et cette fois il y a du Dickens chez McCullin.
Une Angleterre qu'il continue de photographier aujourd'hui.
Personnage hors du commun, difficile à cerner de façon définitive, ses intérêts sont divers :les bords du Gange ; les paysages du Somerset ; les tribus perdues du Sud éthiopien ; les traces de l'empire romain autour du bassin méditerranéen. Mais toujours avec ce même regard profond et inquiet sur l'homme.
Il aura fallu attendre plus de vingt ans pour que cette autobiographie de Don McCullin, qui se termine en 1982, soit enfin publiée en français.
Elle nous amène à nous demander qui nous racontera le quart de siècle écoulé depuis, celui durant lequel le grand photographe de guerre a choisi de devenir un homme en quête d'une paix impossible.
Robert Pledge
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En cinq temps et un seul mouvement, ce livre va d'une promesse à la consécration.
Un flux qui va d'une aptitude jusqu'à la maturité. de l'évidence d'un talent précoce à l'oeuvre accomplie. en cinq chapitres, il montre comment débute un goût pour une imagerie qui se trouve en phase avec son époque mais qui évolue vite vers l'expression de sentiments variés, jusqu'à l'angoisse du temps qui passe. car sarah sait d'instinct que les pétales tombent trop vite, que le printemps n'a qu'un temps, qu'il ne faut pas se fier aux apparences, et que cet oeil silencieusement complice qu'est l'appareil permet de retenir, de préserver l'instant choisi, et lui donner la forme qu'il exprime à l'acmé de sa rareté.
Rare est le mot qui convient pour tous ces moments fixés au plus fort de l'émotion, ou la mer et les ciels prétendent à l'infini, ou le regard d'une femme, la douceur d'un pelage, l'harmonie d'un accord, sont les bonheurs de la vie, même si sarah moon sait que le ver est dans le fruit. ce qu'elle a toujours su.
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Ralph Steadman, caricaturiste, dessinateur et illustrateur britannique, débute sa carrière dans les années 1950. Artiste provocateur au trait reconnaissable entre mille (tâches d'encre et contours noirs), il est d'abord remarqué pour ses caricatures satiriques dans lesquelles il sert une critique féroce de la société. Il se diversifie à partir des années 1960 en illustrant plusieurs livres, notamment pour enfants.
Dans les années 1970, Ralph Steadman rencontre Hunter S. Thompson, un autre rebelle. Tous deux rendent populaire le concept de « journalisme Gonzo », inventé par Nellie Bly et repris par Bill Cardoso. Cette collaboration décisive débouche sur l'emblématique Fear and Loathing in Las Vegas (Las Vegas Parano), initialement publié en série dans le magazine Rolling Stone. Franc-tireur, il est un pionnier dont l'art inspire et influence les artistes d'aujourd'hui. Ce « Poche illustrateur » se propose de retracer le parcours d'un dessinateur prolifique, qui se réinvente sans cesse, à travers une sélection choisie de quelques-unes de ses oeuvres les plus célèbres.
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A lire le nom de Duane Michals sur la couverture du présent ouvrage, on pourrait penser qu'il s'agit d'un livre de photographies. Il n'en est rien. Le titre annonce très justement ce qu'il contient. Car, à ses talents d'imagier, Duane Michals joint ceux de l'écrivain qu'il n'a jamais cessé d'être. Ceux qui reconnaissent en lui, le virtuose de la narration séquentielle, le maître portraitiste de Magritte, de Duchamp et de Warhol, retrouveront dans ses textes le compagnon de route de Whitman et d'Edward Lear, le goût qu'il a pour l'insolence et le non-sens. Les aphorismes du Docteur Duanus ont la cocasserie de ses autoportraits. Mais, par-delà une tendance constante à la dérision, ils traitent aussi le destin de l'homme, des mystères du quotidien, du désir et de la mort, le tout parfois étonnement teinté de mysticisme. Michel Foucault dit de Duane Michals qu'il a entrepris d'annuler la fonction oculaire de la photographie. Les textes présentés ici confirment bien l'interpénétration des deux moyens d'expression, ceux d'une nature prodigieusement inventive, ceux d'un encore d'un moraliste que la loufoquerie rend plus acide encore.
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Si elle n'est pas au service d'une expression particulière, la virtuosité n'a, en soi, pas le moindre intérêt.
Mais la virtuosité de wayne anderson lui permet de créer un monde à la fois totalement inventé et d'un réalisme stupéfiant. ses personnages, les couleurs qu'il leur donne, les matières si présentes dans ses dessins, loin de paraître exagérément travaillés, ont une vérité qui en accroît l'onirisme. et le monde qui est le sien, peuplé de créatures étranges, d'animaux familiers et de dragons furieux, profite de ce goût du détail et en accentue le climat poétique.
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Nous pouvons tout repenser : penser à partir d'une perspective qui prenne en compte les affects et le désir d'un nouveau partage au sein des relations humaines, des liens symboliques, du rapport avec la nature. Le féminisme est une théorie et une pratique qui aborde également les questions du post-humain, de la création du commun.
Andrea Giunta Pensar todo de nuevo / Puisqu'il fallait tout repenser propose d'explorer et de questionner notre monde actuel à l'aune des combats féministes menés depuis les années 1970 en Amérique Latine.
Prolongement d'une exposition virtuelle imaginée juste avant la pandémie et le confinement mondial de mars 2020 par Andrea Giunta et la galerie Rolf-Art de Buenos Aires (Argentine), le livre propose une sélection de 220 oeuvres (photographies, vidéos, sculptures, performances...) de 25 artistes, créées entre les années 1970 et aujourd'hui, et accompagne une exposition aux Rencontres d'Arles 2021.
Il s'agit de repenser avec un regard neuf les significations latentes d'oeuvres réalisées dans d'autres contextes, de retourner aux archives, de s'arrêter sur les résonances que produit le rapprochement des images, avec pour fil rouge les actions-performances féministes et leurs mutations, depuis les luttes pour le contrôle du corps, à celles plus récentes pour la protection de la nature et des autres formes vivantes.
En forme de carnet d'artiste à spirale, ce livre au format maniable rassemble les oeuvres et séries choisies par la commissaire, ponctuées page après page de ses commentaires et des témoignages des artistes. Six chapitres abordent les questions essentielles du rapport de l'humain à son environnement, son corps, sa mémoire, et des notions universelles comme la solitude, les inégalités, la liberté, les affects. Photographies, dessins, vidéos, installations, performances, restituent l'énergie des combats féministes des années 1970 et leur prolongation et font émerger l'enjeu essentiel de notre époque : dans quel monde voulons-nous vivre ?