L'incommensurable, l'inouï, la vraie vie sont trois concepts, trois outils théoriques au service d'une philosophie du vivre que ne résume que très imparfaitement la formule :
« Vivre sa pensée et penser sa vie », motif de toute philosophie depuis les Grecs. Chacun à leur façon, ces trois concepts renvoient au « vraiment vivre » : à l'inouï de la vie ; à l'incommensurable qui peut changer la vie; à la vraie vie, qui est le refus de la non-vie.
Nous faisons tous le constat au quotidien que notre vie est menacée de se perdre dans la résignation, l'adéquation, la coïncidence. « Il faut décoïncider d'avec une apparence de vie, pour promouvoir la vraie vie ».
L'enjeu est aussi politique car il concerne la vie de la Cité, le « vivre » des citoyens. On ne peut se contenter de prendre acte d'une « défaite de la pensée », regretter les grands récits de jadis et les lendemains qui chantent, évoquer notre passée glorieux ou pleurer nos identités perdues. Le chantier philosophique de François Jullien met à la disposition de chacun des outils conceptuels capables de fissurer les fausses évidences.
On se souvient de Joséphine Baker comme de la flamboyante artiste afroaméricaine qui a connu la gloire à Paris dans les années 1920. Mais elle est bien plus que cela. Pendant la Seconde guerre mondiale, elle a hébergé des Résistants et activement participé à la collecte et à la transmission de renseignements pour les Forces Françaises Libres. Toute sa vie, elle s'est opposée à la ségrégation et à la discrimination, prenant souvent l'initiative de manifestations contre l'injustice raciale.
En 1963, à l'âge de 57 ans, Joséphine Baker prend l'avion depuis la France, sa patrie d'adoption, pour se présenter devant le plus grand public de sa carrière, les 250 000 personnes rassemblées lors de la Marche sur Washington. Arborant ses médailles sur son uniforme de lieutenant de l'Armée de l'air de la Seconde Guerre mondiale, elle prend la parole juste avant que Martin Luther King ne prononce son célèbre discours "I have a dream". Dans ce court discours, Joséphine Baker retrace avec force et émotion son parcours et livre un message d'espoir porté par une vision humaniste du combat antiségrégationniste.
1870. La France est défaite par la Prusse à Sedan. Alors que les rêves impériaux de Napoléon III s'effondrent, la bataille idéologique fait rage. Tandis que les vainqueurs annexent l'Alsace à la Prusse, universitaires, journalistes et écrivains continuent à se déchirer de part et d'autre du Rhin.
Theodor Mommsen, éminent historien allemand spécialiste de la Rome antique, exalté par la récente unification de l'Allemagne, plaide, dans une série d'articles, pour le rattachement de l'Alsace à l'Allemagne. Par sa langue et son histoire, l'Alsace serait allemande. Fustel de Coulanges lui répond dans cet article paru fin 1870 dans la Revue des Deux Mondes. Son éloquence et la puissance de son argumentation témoignent de deux visions irréconciliables de ce qu'est une nation, préfigurant ainsi la célèbre conférence d'Ernest Renan, Qu'est-ce qu'une Nation ? (1882).
Bernard Attali, ancien président d'Air France et expert reconnu dans le monde juridique et financier, a tenu un « blog-note » au cours des dernières années.
On trouvera dans ce recueil ses principales chroniques, souvent abrasives, nourries au contact de nombreux responsables de notre univers économique, politique et intellectuel.
Entre crise financière, pandémie et guerres, tous les évènements récents illustrent le désarroi d'une société qui a perdu son cap. L'auteur ne suit cependant pas la mode et ne se complait pas à annoncer le déclin de la France. Ces réflexions en forme de blog-notes se veulent au contraire une mise en garde contre la tentation du renoncement.
Les études et les mouvements militants souvent résumés par le sigle LGBT (ou plus précisément LGBTQIA+) se multiplient un peu partout dans le monde mais principalement en Occident. Ce livre explore les conditions très générales de ce développement : individualisme, consumérisme et nouvelles possibilités techniques. Il reconnaît l'intérêt et la légitimité de ces études, rappelant que l'intention initiale qui les anime est la libération des femmes du joug archaïque des hommes. Mais il en montre aussi les limites quand elles se transforment en idéologies simplistes et extrêmes. Il en propose donc une critique ouverte qui débouche sur une hypothèse stimulante et qui revalorise le statut du féminin.
Hannah Arendt et Edgar Morin présente deux penseurs qui ont choisi, l'un et l'autre, d'explorer les grandes questions de leur temps sans tenir compte des frontières disciplinaires qui organisent le savoir mais réduisent la portée politique et opératoire de ce savoir. Ils se sont existentiellement et courageusement engagés, tout au long de leurs vies, dans un combat pour l'amélioration de la condition humaine dans les transformations du monde au cours du XXème siècle.
Cet ouvrage montre ce qu'une réflexion historique et philosophique peut apporter à l'action politique et ses finalités. Il permet de mieux comprendre l'actualité comme les élections en France, la division de la société, la guerre en Ukraine, en les situant dans une mondialisation en pleine mutation et en mettant le doigt sur les failles grandissantes de la civilisation européenne.
Régénérer nos façons de penser et d'agir est crucial face aux nouveaux enjeux de la paix et du développement. Notre démocratie est profondément malade, inventer la participation, on en parle mais cela implique une grande transformation du capitalisme en Europe, de l'éducation et des institutions politiques. Au lieu de s'abîmer dans la guerre mondiale des puissances, l'Europe sera plus forte si elle est non alignée et porteuse de coopérations avec toutes les régions du monde pour partager des biens communs.
Au coeur de ce livre, l'ambition d'une conscience commune de l'humanité fait appel à une révolution culturelle pour échapper aux risques de naufrage de la raison et donner corps à une communauté politique.
François Jullien est le philosophe français contemporain le plus traduit dans le monde. Ce qui caractérise son oeuvre est la diversité des concepts qu'il propose (écart, seconde vie, transformations silencieuses, dé-coïncidence, etc...) qui sont utilisés dans de multiples champs (politique, culture, littérature et art).
De ce travail philosophique, si délibérément novateur, le présent ouvrage, l'un des premiers de cette ampleur, s'attache à montrer le mouvement qui l'a porté, de ses débuts sinologiques à ses avancées conceptuelles récentes. Il propose ainsi une lecture d'ensemble d'une oeuvre qui met en évidence un principe : philosopher c'est s'écarter.
C'est aussi une lecture personnelle avant tout sensible au dynamisme d'une pensée dont les résonances dans la culture actuelle sont innombrables.
Entendons que l'inouï doit nommer, non pas l'exceptionnel, le rare ou l'extraordinaire, avec lesquels on est tenté de le confondre, mais bien le plus commun et le plus ordinaire : la couleur du ciel ou qu'on est en vie. Si l'on ne l'entend pas, s'il reste « in-ouï », c'est seulement qu'il déborde les cadres constitués, bornés, de notre appréhension. Ce débordement n'est donc pas celui de notre expérience, mais de ce que nous avons laissé rabattre, à notre insu, en « expérience ». C'est pourquoi, n'y accédant pas, nous le rangeons, pour nous en débarrasser, à l'extrême bout de cette expérience, le casant dans l'extraordinaire, l'exceptionnel ou l'insolite.
Or nous pourrions déborder ces cadres trop étroits bordant - bornant - notre appréhension, aussi bien de l'entendement que de la perception. Sans plus, dès lors, avoir à poser d'en-soi ou d'absolu séparé dans son Au-delà, comme l'a fait la métaphysique.
En quoi l'inouï se révèle un concept vecteur de notre modernité, à la fois philosophique et poétique. En quoi aussi vivre à hauteur d'inouï pourrait devenir le mot d'ordre d'une nouvelle éthique.
Un séminaire s'est tenu à partir de l'essai de François Jullien, L'Inouï (Grasset, 2019), le 29 novembre 29, au Patronage laïque Jules-Vallès, sous la direction de François L'Yvonnet.
Les contributions réunies ici mettent en débat ces premières propositions.
Premier diplomate du Royaume, Mohammed VI est aujourd'hui le souverain des Africains, après une campagne politique sans précédent qui a conduit à un consensus avantageux sur la question du Sahara.
Monarque aussi proche des cours d'Espagne et d'Angleterre qu'à son aise avec Vladimir Poutine, il a également « porte ouverte » à l'Élysée, quel qu'en soit le Président.
Souverain d'un royaume complexe, où la modernité du XXIe siècle côtoie au quotidien le poids des traditions millénaires, Mohammed VI règne sans heurts perceptibles avec un Gouvernement et une majorité politique résolument islamistes.
Homme d'affaires, il fait réaliser de grands investissements (centrales solaires, TGV, autoroutes, etc.) dans un pays sans véritables ressources naturelles.
Diplomate, il impose son propre style, une fusion de modernité avant- gardiste, de goût sincère pour les arts et les lettres, et d'habileté politique. Comment parvient-il à gérer tous ceux qui tentent de faire du Maroc leur terrain de jeu ? Quelles sont ses positions face à l'Algérie à Israël, aux États-Unis, aux Princes arabes, ainsi qu'au fondamentalisme islamiste ?
Les auteurs, indépendants de tout lobby, caste ou milieu, marocain ou étranger, ont choisi de concentrer leur analyse sur la période 2011- 2019. Pour ce faire, ils disposent de nombreux contacts et autres sources, parfois inédites. Il est indispensable que le livre soit édité en France, mais aussi distribué au Maroc.
Les démocraties sont en crise. Après la laïcité, aujourd'hui déchirée entre des visions inconciliables, la liberté se présente de moins en moins comme un bien commun. Qui porte encore une pensée forte et vivante de la liberté ?
Depuis trop longtemps, la gauche n'ose plus interroger ce pilier de la religion humaniste.
Toute l'initiative a été laissée aux cercles d'économistes : néo-libéralisme, ultralibéralisme, libertariens...Le marché a pris le pas sur l'homme et sur la société. Les questions sont tronquées et les débats faussés. Le résultat ? Ce sont les populistes qui revendiquent désormais d'être les défendeurs des libertés ! Et face aux dérèglements écologiques, certains sont tentés par l'efficacité d'un pouvoir fort.
Il y a urgence à repenser la Liberté ! Cette conviction habitait intensément Éric Barchechath, le Secrétaire Général du Forum d'Action Modernités, en hommage auquel ce livre collectif est dédié. À l'ère numérique, il faut réconcilier la liberté avec une conception contemporaine du progrès !
Le 29 mars 2019 marquera pour le Royaume-Uni la fin d'un demi- siècle d'appartenance à l'Union Européenne, et cela quelles que soient les conditions négociées avec l'Union. Il renoncera, en effet, au premier objectif de l'acte fondateur de l'Union à savoir d'établir « une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens ». Il n'aura sauvegardé, de manière transitoire, que son accès à un marché de 500 millions de consommateurs.
Le Brexit est une « erreur historique » pour les anciens premiers ministres, Tony Blair qui rappelle les enjeux géopolitiques de l'union européenne, John Major, Gordon Brown, comme pour nombre de leurs concitoyens.
En réalité, l'Histoire le montre, c'est une péripétie de plus dans la longue histoire passionnelle des rapports du Royaume-Uni avec ses voisins du continent. Une histoire ponctuée par un jeu séculaire de balancier : guerre de 100 ans, rupture d'Henri VIII avec Rome, conquête des océans, « guerres françaises » du 18ème siècle, Congrès de Vienne de 1815, deux conflits mondiaux au XXème siècle, fin de l'Empire, adhésion à l'Europe et, dernier épisode d'une politique héritée du passé, retrait du projet européen.
M. Cameron a commis une double faute : la première a consisté à soumettre, au mépris des traditions britanniques, l'avenir de son pays à un referendum ambigu. La seconde a été d'exiger, au préalable, pour son pays un statut qui, s'il lui avait été accordé, non seulement dénaturait les Traités, mais mettait l'Union en péril.
Le Royaume Uni va faire l'expérience de l'isolement, d'une diminution significative de son influence en Europe et dans le monde. Il reviendra naturellement un jour vers l'Europe car seule une Europe Unie lui permettra d'exister face aux mastodontes qui progressivement domineront la scène mondiale. À quand le retour ?
Pour beaucoup, l'affaire est entendue : d'ici peu, une dizaine d'années tout au plus, le véhicule autonome (VA) aura envahi nos vies, bouleversé nos villes, transformé nos modes de déplacement voire réglé la question du réchauffement climatique. À n'en pas douter, le véhicule autonome sera la première application d'envergure de l'intelligence artificielle.
Faut-il prendre pour argent comptant ces affirmations souvent approximatives ?
Pour la première fois, deux des meilleurs spécialistes de la question passent au crible toutes ces certitudes. Ils ont travaillé un an pour cet essai critique, collecté les études disponibles dans le monde entier, débattu de leurs points d'accord et de désaccord. Ils livrent la première analyse d'envergure sur le véhicule autonome.
La fascination suscitée par l'intelligence artificielle et la compétition entre géants de l'ancien monde (les constructeurs automobiles) et du nouveau (les géants du numérique) ont focalisé l'attention sur les questions technologiques et industrielles. Mais comment un objet aussi disruptif que le VA pourrait-il ne pas bouleverser aussi nos vies, notre expérience de l'espace, de la ville, de la mobilité et ainsi dessiner un nouveau monde, pour le pire ou le meilleur ?* Les auteurs dressent les contours des évolutions sociétales possibles, des plus attendues aux plus surprenantes.
Quelle pourraient être la place des pouvoirs publics et celle des opérateurs des VA ? Quels seront les garants juridiques des déplacements ? Ira-t-on vers l'apparition de tiers de confiance inédits ? Le VA servira-t-il principalement à des usages individuels ou collectifs, personnels, familiaux ou professionnels ? Le VA peut- il contribuer à une décélération du nombre de déplacements individuels, à un bouleversement de l'économie des transports en commun ? Quelles seront ses conséquences sur la transition énergétique et l'évolution d'un marché mondial des transports hautement concurrentiel ?
Il s'agit d'un livre qui sera offert à Alain Beltran (historien de l'électricité, Directeur de recherche au CNRS et professeur à l'Université de Paris depuis plus de trente ans) à l'occasion de son départ à la retraite en juin 2022.
Il comporte trente contributions écrites par des historiens, des chercheurs ou des acteurs dans le champ de l'énergie et surtout de l'électricité. À titre d'exemple :
- Histoire de l'électricité en France, histoire de l'Électricité de France.
- L'électricité fille et mère du chemin de fer en France depuis la fin du XIXème siècle.
- Énergie et entreprises : le chauffage des logements.
- Les réseaux électriques, vecteurs incontournables de la transition énergétique.
- L'épopée du pétrole saharien : la fabrique du mythe de l'or noir français (1956-1962).
- Les défis énergétiques au XXIe siècle.
Comment se déploie aujourd'hui le féminin dans la création artistique ?
Il n'y a pas de réponse unique, le féminin est pluriel et sa richesse d'autant plus grande.
40 ans après les mouvements de libération des femmes Où en sont les combats des femmes et la création féminine ?
Une nouvelle image des femmes émancipées par l'oeuvre qu'elles proposent à la société se dessine t-elle ?
La parité est-elle rentrée dans les faits de l'art ?
Puisqu'il est question de sensibilité, qu'est-ce que le féminin aurait apporté à l'imaginaire de nos sociétés ?
Essentiellement tournée vers des artistes plasticiennes, la revue interrogera des artistes majeures qui ont contribué à modifier les paysages artistiques dans tous les domaines de la création...
Crises financières, krachs boursiers, débâcles bancaires, effondrement des monnaies, assèchement des crédits... A chaque nouvelle catastrophe, le monde semble redécouvrir la fragilité du système financier. A chaque nouvelle crise, les commentateurs imaginent que le phénomène est inédit par son ampleur, sans équivalent par sa gravité. Que les mécanismes qui ont abouti à la faillite sont liés à la complexification croissante des phénomènes économiques, à l'émergence des nouvelles technologies.
Pourtant il y a des siècles, et même des millénaires, que les Etats, les royaumes, les entreprises, les banques empruntent, font faillite, ne remboursent pas leurs dettes.
De la Rome antique à l'Islande moderne en passant par l'Espagne, la France, l'Angleterre, l'Autriche-Hongrie, le Venezuela ou les Etats-Unis, ce livre retrace deux mille ans de crises, d'arnaques, de réussites fulgurantes et de chutes violentes, de montages financiers abracadabrants et de sauvetages tout aussi acrobatiques.
L'histoire commence il y a très longtemps avec un certain Macron et, parce que tous les chemins mènent à Rome, elle s'achève (très provisoirement) dans la capitale italienne le 12 novembre 2011, jour de la démission de Silvio Berlusconi.
Deux millénaires d'histoire pendant lesquels on a tout vu, ou presque, en matière d'erreurs ou de malversations financières, mais aussi de sauvetages héroïques. Tout vu mais, bien sûr, rien retenu.
Jean Baudrillard (1929-2007) sociologue, philosophe, écrivain ?
Il faut se garder de ces découpages réducteurs. Toute l'oeuvre de Jean Baudrillard introduit une liberté et une singularité dans la pensée. Qui la lit avec attention devient un gardien de cette singularité et de cette liberté.
Jean Baudrillard est l'un des penseurs français les plus connus dans le monde. Un classement mondial des intellectuels, au début de ce siècle, le plaçait dans les premiers rangs des personnalités vivantes, à la première place des Français. Bien sûr, ces classements n'ont guère de sens mais ils indiquent l'écart immense existant entre l'image française et l'image mondiale.
Son oeuvre ne présente pas une « vision » du monde, un système philosophique préconçu permettant de le réinterpréter. Sa position plus modeste, plus respectueuse de la réalité (se faire « objet », « objectif » ), vise à saisir le réel à l'aide d'opérateurs mentaux proposés par le langage. Car pour lui, le langage est ce « qui nous précède de loin, et se retourne sur nous pour nous penser », pour nous séduire et nous inviter à jouer avec lui.
Comment apprendre le langage de Baudrillard ? Les accès sont multiples et peuvent être choisis en fonction des intérêts de chacun.
Sociologues et ethnologues liront ou reliront ses premiers livres sur la consommation et la communication. Avec une mention particulière pour Le miroir de la production, critique radicale d'un certain marxisme. Les disciples de Foucault ne doivent pas oublier de lire Oublier Foucault, critique acérée mais respectueuse de la vision foucaldienne d'une société disciplinaire. Il faut citer aussi De la séduction car ce thème est constamment présent, dans une acception profonde et spécifique, dans toute son oeuvre. Et aussi L'échange impossible et Figures de l'altérité où l'on trouve une belle et énigmatique définition de l'intelligence selon Baudrillard : il n'est d'intelligence que de l'autre.
Mentionner aussi Amérique, un voyage dans la fiction subtilement mêlée au réel, à rapprocher des derniers livres évoquant la destruction des Twins Towers.
On peut aussi se reporter aux livres d'entretiens (Mots de passe, Le paroxyste indifférent) qui donnent des clefs très utiles, et, bien sûr, au Cahier de l'Herne qui lui a été consacré. Enfin et surtout aux cinq volumes de Cool memories, un monument fait de fragments qui dessinent à la fois une image discrètement intime de l'auteur, une approche ironiquement philosophique et un jeu poétique avec le langage.
Les six textes qui composent cet ouvrage, construits autour de six mots de passe (disparition, destin, réel, jeu, valeur, altérité), s'inscrivent dans ce souci de protéger la singularité de sa pensée. Ils s'efforcent aussi d'utiliser ces mots comme des clefs pour explorer des voisinages, des affinités ou des oppositions, avec d'autres auteurs ou avec des thèmes d'actualité.
Né le 15 novembre 1896 à Libreville (Gabon), Charles N'Tchoréré est héroïquement « mort pour la France », le 7 juin 1940 à Airaines (France), et avait notamment servi à Kati (Mali) et à Saint-Louis (Sénégal). Ces lieux font singulièrement traces dans son itinéraire de soldat colonial, puis d'officier français particulièrement brillant, que ces différentes contributions tentent de cerner.
Par la diversité d'origine des auteurs et des approches, les textes ici réunis - conjuguant chacun une sensibilité particulière à un art d'écrire singulier - participent à la composition d'une ode à un héros de guerre disparu, mais autrement et significativement présent, et porteur d'un message universel pour l'avenir.
Alors qu'il a été souvent reproché, à tort ou à raison, à l'élite politique gabonaise, depuis le crépuscule de l'aventure coloniale, de préférer le confort du repli nationaliste, les artistes se sont très tôt montrés bien plus ouverts à l'idée africaine. Pourquoi et comment ?
Les différentes contributions à cet ouvrage collectif s'attèlent à y répondre, en analysant la manière dont se traduit, pour chaque chanson étudiée, le rapport de son auteur à l'Afrique.
Que donne-t-elle à voir comme approche de l'Afrique ? Autrement dit, de quelle Afrique s'agit-il ? Est-il question de l'écosystème naturel, social, politique ou démographique ? Y célèbre-t-on des coutumes immémoriales ou dénonce-t-on leurs crises face aux effets de l'ouverture aux flux du monde ? Est-t-il célébré une africanité ouverte ou particularisante, miroir brisé d'un passé glorieux à jamais perdu ou à reconquérir par l'émancipation et l'unité politiques - conditions de l'émergence de l'Afrique sur la scène internationale ?
Il s'agit de cerner l'Afrique chantée par des auteurs gabonais, et donc rendue dans une formidable diversité de tons, d'accents, de sons et de préoccupations.