S'il est un livre auquel s'applique le terme de " carnavalesque ", c'est bien celui-ci.
Car le personnage principal de ce polar délirant est l'âme de la danse/musique noire américaine. Née au début du siècle à la Nouvelle-Orléans, changeant de nom selon les époques - ragtime, blues, jazz, boogie, soul, funk, hip-hop-, elle s'incarne ici sous les traits d'un homme nommé PaPa LaBas. A la fois sorcier et détective, militant et grand initié, agitateur et héritier des traditions magiques de l'Afrique animiste, PaPa LaBas engage la lutte contre les extrémistes blancs de l'Ordre de la Fleur de muraille et les grands maîtres de la Voie atoniste, qui voient dans la musique noire une menace pour la civilisation.
Mêlant constamment réel et surréel, action et érudition, accumulant les digressions - sur Malcom X, le vaudou ou le culte d'Osiris dans l'Egypte pharaonique-, Mumbo Jumbo est un roman étourdissant où la " rage de vivre " éclate à chaque page.
Yeux bleus, cheveux clairs et peau blanche : white folks est un noir.
Grâce à son physique et à un talent certain pour l'entourloupe, il devient un arnaqueur respecté là où seuls les plus forts survivent. avec son partenaire, old blue, il perfectionne son art, et passe à un niveau autrement plus avantageux et lucratif que le petit larcin de rue. ensemble, ils forment la paire d'arnaqueurs la plus efficace de chicago. jusqu'au jour où ils s'attaquent involontairement à la mafia.
Iceberg slim a une manière bien à lui de raconter les choses : il décrit ce qui se passe sans le moindre compromis, et il sait de quoi il parle. mais ce qui fait sa force, c'est avant tout sa langue : crue, colorée, inventive. un " jargon " savoureux, qui évoque immédiatement le monde de la nuit et de la rue, les plaisirs clandestins, les endroits louches.
1976, la veille du bicentenaire de l'Indépendance américaine.
Wilton Cooper, un tueur à gages, regarde dans un drive-in L'Exécuteur noir avec Jim Brown, l'un de ses films de " blaxploitation " favoris. Plusieurs coups de feu retentissent, parfaitement synchronisés avec la dernière scène - celle où le privé noir règle ses comptes avec une bande adverse. Leur auteur, un jeune blanc, pourrait bien être un partenaire idéal pour Cooper. Marcus Clay, un vétéran du Vietnam, et Dimitri Karras, un petit dealer, sont inséparables.
Lors d'un rendez-vous " d'affaires ", ils se retrouvent face à Wilton Cooper et son nouvel acolyte. C'est ainsi que commence King Suckerman, dans le fracas des armes à feu et l'odeur de la poudre, sur fond de soul music et de sirènes hurlantes. Dans ce roman " hard boiled " mené sur un rythme frénétique, c'est tout le climat du ghetto des années 70 qui ressuscite, celui de Shaft et de Coffy, la panthère noire de Harlem, des chansons de Bobby Womack et de George Clinton, ou du roman d'Iceberg Slim, Pimp, la bible de Wilton Cooper.
Bref, un condensé de la culture populaire noire américaine, emblématique de la collection " Soul Fiction ".
John Lee est mort un jour de juillet, à New York.
On a retrouvé son corps dans la 17e Rue. Il avait dix-huit ans. C'était un petit dealer, toujours à l'affût d'un coup, qui " travaillait " après l'école. Alors, qui a tué John Lee ? Quatre hommes possèdent un fragment de la vérité : Spade, Junior Jones, frère Tommy Hall et Q.I. Quatre destins qui incarnent la violence, la ruse, mais aussi l'espoir d'une rédemption, dans un quartier voué à la misère et à la drogue.
Ce " polar " au réalisme impeccable est aussi un grand roman politique sur l'Amérique urbaine de la fin des années 60, qui allait bientôt basculer dans la violence raciale.
La Ferme est une prison fédérale réservée aux junkies.
En réalité, il s'agit d'une réplique moderne de l'Enfer, peuplée de gardiens vicieux, de psychiatres encore plus malades que leurs patients et de cinglés en tout genre. Dans La Ferme, les remèdes sont souvent pires que les maux qu'ils sont censés guérir. John, un ancien héroïnomane qui n'arrive plus à faire la différence entre la prison et le monde extérieur, maîtrise avec une facilité déconcertante les rouages de cette institution où tout marche à l'envers.
Ce qu'il ne contrôle pas, en revanche, c'est son attirance pour Sonja, une putain magnifique détenue dans le quartier des femmes où il est impossible de se rendre et dont il tombe follement amoureux. John va-t-il braver cet interdit ? Ou bien cèdera-t-il à la tentation de régler son compte au détenu qui l'a fait "tomber" ? Chauffés à blanc, les désirs s'exaspèrent dans cette atmosphère morbide, où la violence et le sexe éclatent comme une délivrance.
Comment vivre dans une société gangrenée sans être contaminé par la pourriture ambiante ? C'est la question que pose George Pelecanos.
Comme, avant lui, Dashieii Hammett et Raymond Chandler, ou, plus près de nous, James Ellroy. Aussi violent et sombre que les précédents livres de George Pelecanos, Blanc comme neige est plus radical dans son ambition et son propos : montrer avec un maximum de réalisme la coexistence des " deux Amériques " - celle des riches et celle des pauvres - dans une ville où se côtoient toutes les ethnies.
Après Blanc comme neige, Derek Strange et Terry Quinn sont de retour.
Strange est un détective privé noir, un " dur " de la vieille école. Quinn est un jeune flic blanc exclu de la police, instable et agressif. Une fois de plus ils sont confrontés au quotidien d'une ville en pleine décomposition sociale. Une bande de voyous qui n'hésitent pas à tirer sur un enfant, une petite prostituée en cavale, des maquereaux, des dealers : c'est le Washington de Pelecanos, une métropole brutale, rongée par la drogue et la libre circulation des armes à feu.
Adulé par ses pairs (Michael Connolly, Elmore Leonard, Dennis Lahane), George Pelecanos donne ici toute sa mesure : celle d'un maître du dialogue à l'humour sarcastique. Et d'un moraliste intransigeant, aussi étranger au " politiquement correct " qu'à la poésie faisandée de la pègre.
Willis McDaniel est un des hommes les plus dangereux de Detroit.
Il a le monopole du trafic d'héroïne et les moyens de le conserver. Pour oser s'attaquer à lui, il faut une grande inconscience, un plan minutieusement préparé et des appuis solides. C'est le cas de Lennie Jack, un petit dealer de vingt-six ans, vétéran du Vietnam et bien décidé à prendre la place de McDaniel. Première phase : détourner une importante livraison d'héroïne sans trop de pertes. Deuxième phase : s'emparer du territoire ennemi.
C'est là que les choses se compliquent. Poursuivi à la fois par les hommes de McDaniel et par des flics corrompus, Lennie Jack comprend que sa vie ne vaut plus grand-chose. Le massacre commence.
C'est en se passionnant pour le marché de l'héroïne que Vern E. Smith a eu l'idée de ce roman, parce qu'il avait " découvert toute une microsociété, à la fois effrayante et fascinante - des vies tout simplement extraordinaires ".
Avec leurs vestes en vison blanc, leurs bottines rouges et leurs costumes bleu lavande, les voyous décrits par Smith font penser aux gangsters juifs immortalisés par Isaac Babel.
Dans le ghetto de Newark (New Jersey), il y a une rue dont le nom fait trembler les braves gens : Howard Street.
Prostituées, maquereaux, dealers, voyous, flics ripoux s'y livrent, sans se cacher, à leurs trafics : Hip, un ancien champion de boxe tombé dans la dèche, et Gypsy Pearl, sa " régulière " ; Franchot, le frère de Hip, un type bien, qui inspire à Gypsy Pearl une folle passion ; et bien d'autres encore, qui viennent traîner au M & M, le café où tout le quartier se retrouve. Derrière cette façade, le Destin tisse sa toile, entraînant les protagonistes dans une danse de mort collective.
Comme L'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht, La Rue est aussi une romance où les mauvais garçons et les filles perdues sont poursuivis par la Fatalité. On y retrouve les clichés et la poésie trouble des chansons populaires et des films de Série B, mais comme décapés à l'acide par le naturalisme de Nathan Heard.
Comme tous les gamins de Brooklyn, Harry Odum passe une bonne partie de son temps dans la rue.
Rien n'échappe à Harry et à ses deux compagnons, Arnie et Ding-Dong les trafics louches, les femmes trop maquillées, et surtout ces voyous élégants, au sourire froid comme l'acier, à qui il rêve de ressembler. Harry gravit les échelons de l'organisation et gagne la confiance de Louis Varga, " Le Pacha ". Extorsion de fonds, punition des mauvais payeurs, liquidation des traîtres sont élevées par Harry au rang des beaux arts.
Mais derrière cette assurance, il y a un garçon torturé et solitaire. Harry sera conduit par une fatalité digne de la tragédie antique à commettre le plus atroce et le moins pensable des crimes, le crime inexpiable. Dans ce roman écrit par un Noir, tous les personnages sont des Blancs. Tous, sauf un, qui se fait enterrer vivant.