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Nouvelles notes sur la nature, la cabane et quelques autres choses
Gilles Tiberghien
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 22 Mars 2023
- 9782866459864
Fragiles et singulières, les cabanes sont construites sans plan préconçu. Elles abritent des individus qui n'y habitent jamais véritablement. Aux marges des sociétés elles recomposent une certaine idée de la nature à laquelle nous désirons nous confronter.
Cette ambivalence fondamentale fait de la cabane un lieu de contradictions où coexistent le haut et le bas, l'ouvert et le fermé, le jeu et le sérieux.
Une nouvelle note enrichit cette édition. Entre le désir de solitude qui caractérise bien notre rapport aux cabanes et une aspiration profonde à une vie commune. C'est ainsi qu'ont les retrouve souvent aujourd'hui au coeur des luttes sociales, comme on l'a constaté au moment de la création de la ZAD de Notre-Dame des Landes ou encore de ce que l'on appelé la jungle de Calais. -
Histoire de l'habitat idéal : de l'Orient vers l'Occident
Augustin Berque
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 14 Octobre 2010
- 9782866457396
C'est l'histoire des raisons pour lesquelles la société urbaine des pays riches en est venue à idéaliser le modèle de l'habitation individuelle au plus près de la nature. De ses plus anciennes expressions mythologiques jusqu'à l'urbain diffus contemporain, cette histoire couvre plus de trois millénaires. Elle aboutit aujourd'hui à un paradoxe insoutenable : la quête de " la nature " (en termes de paysage) détruit son objet même : la nature (en termes d'écosystèmes et de biosphère). Associée à l'automobile, la maison individuelle est effectivement devenue le motif directeur d'un genre de vie dont l'empreinte écologique démesurée entraîne une surconsommation insoutenable à long terme des ressources de la nature. Les deux premières parties de l'ouvrage sont historiques. Elles portent principalement sur l'Asie orientale, où est apparue la notion de paysage - décisive en la matière -, tout en opérant de multiples recoupements avec l'Europe, et en montrant la confluence, à partir du XVIIIe siècle, des diverses filiations d'où est issu l'idéal de l'habitation hors de la ville, au sein de " la nature ". La troisième partie porte sur les tendances générales de l'habitat contemporain dans les pays riches (Amérique du Nord, Europe occidentale, Japon...) en soulignant leur double effet sur la nature : externe (sur l'environnement) et interne (sur les fondements ontologiques de l'être humain). Le cadre théorique est celui de la mésologie (l'étude des milieux humains), c'est-à-dire l'approche onto-géographique des questions environnementales. Dépassant le clivage Orient-Occident, ce livre montre les analogies profondes qui, là comme ailleurs, instituent d'un même mouvement la personne et l'écoumène, relation de l'humanité à l'étendue terrestre. IL montre comment le déni moderne de ce déploiement de l'être, aliénant le sujet humain de son milieu concret, a peu à peu découplé notre monde de la base qui lui donne substance : la Terre. Et, hors les murs où le paradigme moderne a enfermé l'être, il propose une piste pour recouvrer cette indispensable assise.
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Une histoire du flou : aux frontières du visible
Michel Makarius
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 18 Février 2016
- 9782866458386
Eu avant sa disparition, Michel Makarius (1948-2009) préparait une histoire du flou dans les arts visuels, en particulier dans la peinture et la photographie, qui prenait son point de départ à la Renaissance et se prolongeait dans le monde contemporain, celui des installations vidéo de Bill Viola et des photographies du tchèque Josef Sudek. Les trois premiers chapitres de cet ouvrage, que son auteur n'aura pas eu le temps de mener à bien, constituent un essai autonome et stimulant où l'on retrouve la plume élégante de Michel Makarius.
Forme souvent déconsidérée - vague ou indécise -, le flou n'est-il pas, suggère Makarius, comparable à la couleur dans le débat qui l'a longtemps opposé au dessin, soit une manière de déstabiliser notre perception pour exprimer ce qui échappe à la vision nette et à l'emprise de la rationalité ? Son propos ressort en particulier de ces quelques lignes de sa « Mise au point » introductive :
« Notre approche de l'art par le biais du flou a pour vocation de dépasser une problématique strictement picturale pour mettre l'accent sur le statut de la représentation. Or la vision floue nous semble placée sur une ligne de crête:
D'un côté, elle avalise la représentation du visible ; d'un autre, elle décrète ce visible irreprésentable ou représentable seulement de manière approximative. État intermédiaire d'une réalité qui se donne et se dérobe à la fois, le flou est le lieu où s'exerce une critique de la représentation par les moyens même de la représentation.
L'altération du lien visuel exprime ainsi un rapport problématique au monde. Cette faille qui ne cesse de grandir au sein de l'histoire de la peinture vise donc, au-delà du visible, le réel représenté. Telle est la fonction critique de l'art enfin retrouvée. »
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Lumineuse comme le cristal et mobile comme le pollen, l'oeuvre protéiforme de Novalis (1772-1801) ne cesse de bousculer les dogmes, de transgresser les cloisonnements, de repousser les limites. Il aura suffi de quelques brèves années à ce jeune poète philosophe pour repenser et rêver l'unité entre les contraires, à travers des manuscrits tels que Le Brouillon général, le poème mystique des Hymnes à la Nuit ou son roman poétique, Henri d'Ofterdingen. Par-delà les clichés sur la sentimentalité romantique et son prétendu catholicisme, cette biographie intellectuelle voudrait rendre justice à l'ambition synthétique et réformatrice de cette oeuvre audacieuse qui se donne pour tâche de romantiser le monde. Cet ouvrage se propose donc d'examiner la part lyrique, théorique, romanesque, religieuse et politique de l'oeuvre de Novalis. Mais avant d'être un rêve philosophique ou littéraire, la romantisation est l'affaire de la biographie. La pensée et l'écriture de Novalis dialoguent avec sa propre vie, qu'elles dépassent ou dont elles réinventent la forme. Le désir d'absolu se brise en mille fragments sur les accidents du monde et se rejoue sur les contingences propres à toute existence. Chez Novalis, celles-ci ont pour nom : amitié, amour, deuil et maladie. Que vaudraient une pensée et un poème qui n'auraient pas traversé l'épaisseur d'un corps ?
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Renaissance dionysiaque ; inspiration bachique, imaginaire du vin et de la vigne dans l'art européen (1430-1630)
Philippe Morel
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 19 Février 2015
- 9782866458188
Sélection d'oeuvres inspirées de la figure de Dionysos, dieu du vin et de la vigne, dans l'art européen de la Renaissance, de Donatello à Giovanni Bellini, de Léonard de Vinci à Caravage. Les illustrations sont enrichies des commentaires contemporains de ces artistes et d'une étude de la suite chrétienne à partir des représentations du Christ au pressoir.
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Corps contraints, postures forcées, attributs ostentatoires, mécanique implacable, débordements pathologiques : autant de symptômes d'une assignation du corps.
Empêchés, limités, ces gestes sont en même temps traversés de désir, car derrière l'oppression, la confrontation à un idéal ou encore l'incorporation des codes, la violence sourde, la résistance s'engage et des subjectivités tendent à s'exprimer. L'art donne à voir les ficelles du corps, interrogeant par là sa prétendue nature et révélant ses identités multiples, sa capacité transformatrice.
Ces corps artificiels répondent à l'idéologie prégnante du corps contraint dans laquelle celui-ci - et particulièrement celui de la femme - se voit bien souvent réifié.
Corps mécanique, automate : ils dialoguent avec de nombreuses figures tant présentes dans le domaine de la littérature, de la danse ou même des arts plastiques. À quels mythes de la grâce, de la contrainte et de l'altérité « ces gestes empruntés » font-ils écho ? En quoi ces mythes hantent-ils les figures contemporaines ? Ne mènent- elles pas, en retour, à interroger le mythe et à entrevoir, derrière son dessein normatif, son potentiel subversif ?
C'est en proposant un savant dialogue entre Aby Warburg et Marcel Mauss qu'Anne Creissels étudie le geste comme un vecteur privilégié d'identité, liés aux attentes sociales, politiques, aux idéologies, au pouvoir, à des mythes et à des fantasmes. Son approche diachronique et transdisciplinaire concilie héritage et contemporanéité, traditions et modernités, à travers des figures parfois grotesques, d'autres fois sublimes, mais toujours poétiques, à l'image du point de départ de cet essai, Der Eintänzer (1978) de Rebecca Horn.
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Anatole France et le nationalisme littéraire ; scepticisme et tradition
Guillaume Metayer
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 13 Janvier 2011
- 9782866457426
Cet ouvrage est une enquête sur un point aveugle de notre histoire littéraire, Anatole France, prix Nobel de littérature presque tombé dans l'oubli.
Avant d'être l'une des plus grandes voix du dreyfusisme et un compagnon de route du socialisme, France a surtout été considéré comme l'écrivain français par excellence, capable de cristalliser et de fixer dans la littérature le prestige de la Nation, au long des décennies de doute culturel qui ont suivi la défaite de 1870.
La réception enthousiaste d'Anatole France dans la mouvance du nationalisme français, Barrès et Maurras en tête, le confirme. Des tendances nostalgiques, une écriture et des idées néo-classiques, une posture sceptique face aux excès de la Révolution française donnent l'image d'un écrivain sinon de la tradition, du moins de l'« évolution », à distance du mythe révolutionnaire.
France apparaît alors comme une sorte de « lieu de mémoire » vivant, capable de concentrer en lui nombre de « lieux de mémoire » nationaux (« la conversation », « la coupole », « la visite au maître ».). Il s'impose comme la figure transitionnelle d'une France inquiète, en quête de pérennité symbolique et le miroir littéraire d'une IIIe République avide de légitimité historique.
Cet ouvrage, qui s'appuie sur une étude circonstanciée de la réception d'Anatole France dans le courant nationaliste, se veut aussi un parcours critique d'une oeuvre qui marque un moment charnière dans les aventures de l'humanisme à la française.
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L'oeil mystique ; peindre l'extase dans l'Espagne du Siècle d'Or
Victor i. Stoïchita
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 4 Novembre 2011
- 9782866457631
La plupart des mystiques sont d'accord sur le fait que la rencontre avec le transcendant est, dans son essence, ineffable, inénarrable, irreprésentable, ce qui n'empêche pas que la culture occidentale dispose d'innombrables textes littéraires et d'autant d'oeuvres d'art qui en parlent. Il s'agit de textes paradoxaux et d'images problématiques puisqu'ils représentent ce qui, a priori, ne peut être ni vu ni représenté. C'est justement le grand défi de la «représentation de l'irreprésentable» que ce livre aborde. La peinture espagnole du XVIe et du XVIIe siècles fournira la plupart des exemples, mais l'enjeu de cette recherche est plus vaste. Il s'agit, en fait, d'aborder un cas extrême de la représentation picturale, dans un espace géographique limité mais sur une toile de fond très ample. Cette toile de fond est constituée, d'un côté, par l'art occidental de la même époque et, de l'autre, par la spiritualité de la Contre-réforme, qui redécouvre le rôle de l'imaginaire dans l'exercice de la foi.
Considéré dans ce contexte, l'exemple de l'Espagne est à plusieurs titres instructif. Les caractéristiques fondamentales de l'imaginaire occidental s'y trouvent, indéniablement, poussées à leurs limites. Marquée d'abord par l'art des «Primitifs flamands» et, dans un second temps, par le maniérisme et le baroque italiens, la peinture espagnole cristallise un langage propre, ouvertement médité, à partir d'une assimilation assez tardive de solutions inventées ailleurs. On pourrait dire, en simplifiant, que la peinture espagnole atteint l'originalité non par ses inventions, mais par ses élaborations. Étant un art d'« élaboration », l'art espagnol sera également un art où toute nouveauté sera soumise à une grille interprétative presque obligatoire. Passionnée et cérébrale en même temps, Ia peinture espagnole offre ainsi un terrain extrêmement riche pour des recherches concernant les données théoriques de la représentation.
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Indovelse i Christendom [Exercice en christianisme] paraît en 1850.
Publié sous le nom d'Anti-Climacus, c'est le dernier grand livre pseudonyme de Kierkegaard et peut-être le moins lu. Rassemblant trois grandes méditations sur la Parole, il constitue pourtant, à de nombreux points de vue, l'achèvement d'une production particulièrement abondante, extraordinairement diversifiée et déroutante. Achèvement, d'abord, d'une longue réflexion sur le " devenir chrétien " qui trouve ici son expression la plus intransigeante, la plus acérée, parfois la plus violente : écrit par un pseudonyme " supérieur ", c'est-à-dire supérieur à Kierkegaard lui-même, " chrétien au plus haut degré " ou représentant de l'idéalité du christianisme, ce livre n'est pourtant rien de théologique et si l'on voulait y voir par ailleurs une apologie du christianisme, c'en serait une forme bien particulière, luttant contre toute défense émolliente qui en affaiblirait la difficulté, stigmatisant la trahison par la religion instituée du scandale essentiel qu'il représente pour l'esprit.
Renvoyant brutalement le croyant au Modèle paradoxal et souffrant et à ta solitude vertigineuse de la décision de croire. Mais c'est aussi l'achèvement d'une philosophie qui s'est inlassablement employée à faire ressurgir le fait, la structure et la tâche de la subjectivité existante contre toute tentative de dilution ou de dépassement dans le " Système ", produisant à vif des catégories, découvrant des structures (contradiction, situation, compréhension, contemporanéité) et une théorie de la vérité qui marquera le XXe siècle.
Enfin, ce livre constitue, et notamment par le dernier état d'une réflexion continue sur la communication, une forme de point final à une stratégie d'écriture philosophique totalement inédite, qui a vu s'entrelacer écriture pseudonyme et écriture autonyme et se bâtir une pratique discursive à la fois multiple et cohérente, bousculant les frontières entre philosophie, littérature et langage religieux, que réclamait un " objet ", le fait d'exister, irréductible au Concept et au discours philosophique traditionnel.
Par le truchement d'Anti-Climacus et de son rapport à tous les auteurs qui se rassemblent sous le nom de Kierkegaard, le philosophe trouvait, définitivement, sa voix
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Le corps redressé, c'est celui que la politesse et la bienséance ont longtemps tenté de dessiner, c'est celui aussi qu'indiquent les prescriptions des hygiènes et des gymnastiques, c'est celui enfin auquel ne manquent pas de faire référence de multiples approches contemporaines des pédagogies corporelles.
Des cambrures corsetées et théâtralisées, des postures classiques au relâchement contrôlé et théorisé des praticiens contemporains, en passant par les poitrines saillantes des pédagogues du xix e siècle, l'investigation historique dévoile une lente dérive des tactiques pédagogiques, ainsi qu'une lente maturation de leurs pouvoirs.
Le corps, dont le redressement s'obtenait, il y a encore trois siècles, par de véritables techniques de manipulations physiques ou des pressions spectaculaires, est de plus en plus soumis à des normes « mieux » intériorisées et affinées. Mais dans un tel processus la subtilité n'est pas toujours sans se mêler à quelque perversité, l'accroissement d'émancipation à un accroissement de contrainte, fût-elle plus indirecte. Les techniques bruyamment libératrices d'aujourd'hui et dénonciatrices des « rigidités » redresseuses les plus variées ne sont-elles pas à leur tour bien loin, pour le moins, d'être dénuées de toute ambiguïté ?
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Un psychanalyste ordinaire
Francis Hofstein
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 22 Janvier 2015
- 9782866458201
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Confucius ou la science des princes
Confucius
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 10 Septembre 2015
- 9782866458294
Le texte dont nous présentons ici la première publication française est un trésor de la bibliothèque de l'Arsenal. Existant sous la forme de deux manuscrits copies conformes, datant de 1687, il est surtout la première traduction en français d'un ensemble considérable de textes dits de Confucius. Pour autant son auteur, François Bernier (1620-1688), élève de Pierre Gassendi et illustre en son temps pour avoir passé plus d'une décennie chez le grand Moghol et en avoir rapporté un ouvrage qui a fait sensation, ne l'a pas établie à partir du chinois, mais de la première traduction latine parue la même année grâce aux bons soins de Louis T, réalisée par les pères jésuites installés en Chine depuis environ un siècle, et très acculturés.
Cette double transposition en fait un texte unique, dans la mesure où les jésuites avaient réalisé leur traduction à la fois pour faire connaître la pensée chinoise aux missionnaires, mais aussi pour justifier en Occident leur stratégie d'évangélisation, gravement contestée par d'autres ordres et bientôt condamnée par Rome, mettant un terme à ce qui est entré dans l'histoire sous le nom de Querelle des rites.
Or Bernier fait partie des philosophes qui, après La Mothe le Vayer, s'emploie à passer au crible les idées religieuses, politiques et morales traditionnelles et qui découvre dans la morale de Confucius les preuves de la "vertu des païens", sans l'éclairage de la révélation, et des éléments d'une science sociale sécularisée, qui se passe donc de la religion et de la théologie, ainsi que dans la Chine un système qui ne recourt à aucune théologie politique.
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Odeurs et parfums en occident ; qui fait l'ange fait la bête
Brigitte Munier
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 2 Mars 2017
- 9782866458553
L'importance des parfums et des odeurs est attestée dès l'âge de bronze en méditerranée orientale, de l'Egypte à la Mésopotamie où l'on trouve trace de l'utilisation d'aromate dans la fumigation pour honorer les dieux. Pourtant l'occident a vite méprisé l'odorat, à commencer par les philosophes grecs : Platon juge les plaisirs olfactifs d' « une qualité hédonique inférieure » et Aristote le qualifie de « sens intermédiaires ». Pendant plus de vingt-cinq siècles les odeurs sont reléguées au second plan alors que Kant fait encore de l'odorat « le dernier des sens de l'intime ». L'odorat était donc inférieur de tous les points de vue, cognitif, hédonique et social. Les sciences humaines, la médecine et les sciences exactes s'accordèrent à leur tour pour le concevoir telle une faculté peu développée et médiocrement utile que le progrès de la culture aurait fait régresser.
Les choses commencèrent pourtant à changer à partir des années 1970, Marcel Detienne avec Les Jardins d'Adonis, bientôt suivi par Alain Corbin et son fameux Le Miasme et la jonquille paru au début des années 80 inspirèrent de très nombreux essais et articles qui redorèrent l'image d'un sens jusque-là injustement ignoré. Des progrès considérable furent accomplis en neurobiologie et c'est finalement le prix Nobel de médecine récompensant le travail des américains Linda Buck et Richard Axel en 2004 qui entrainera l'incroyable essor de l'étude de l'olfaction. Longtemps perçu comme le reliquat de l'évolution, le parent pauvre des recherches scientifiques, l'odorat révèle aujourd'hui une richesse exceptionnelle et se prête désormais à des travaux féconds.
Dans son essai, Brigitte Munier nous propose une histoire occidentale de la sensibilité à l'odeur et aux parfums mêlée à l'intelligence de leur symbolisme. Le premier chapitre sera consacré au statut de l'aromate dans l'antiquité grecque et romaine, le second étudiera la place du parfum dans la Bible et sa place au moyen-âge, le chapitre III s'arrêtera sur les symboles, les images, la mémoire et le langage attaché au parfum jusqu'au chapitre IV et l'invention de la parfumerie de synthèse. Le chapitre V interrogera la façon dont l'imaginaire moderne du parfum puise à des mythes et des contes archaïques notamment à travers la publicité. L'étude du statut social de l'odeur intéressera le chapitre VI, le dernier chapitre sera lui consacré aux rêves et aux usages d'une osmologie pensée à l'ombre du troisième millénaire.
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Histoire de Corse ; le pays de la grandeur
Michel Vergé-Franceschi
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 28 Juin 2007
- 9782866456566
effacer les mensonges et les demi-vérités, réévaluer l'histoire de la corse d'un regard neuf depuis l'origine jusqu'à aujourd'hui, avec la rigueur de l'historien et la passion du chercheur, tel est l'objectif que s'est donné michel vergé-franceschi.
son ouvrage met à mal les idées reçues dressant le portrait d'une île repliée sur elle-même, et montre combien le destin de la corse, et des corses, s'inscrit dans la trame d'une histoire européenne multiséculaire. la longue et passionnante aventure de l'île que relate l'auteur permet de comprendre la situation économique, culturelle et politique de la corse au début du xxie siècle. cette mise au point devrait servir longtemps de référence à tous ceux qui n'oublient pas que le présent est hanté par l'ombre et la lumière des temps anciens, et qu'ils peuvent aussi éclairer l'avenir.
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Les enfants d'Héraclite ; une brève histoire politique de la philosophie des Européens
Gérard Mairet
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 22 Avril 2016
- 9782866458409
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Schelling ; l'avenir de la raison ; rationalisme et empirisme dans sa dernière philosophie
Alexandra Roux
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 24 Mars 2016
- 9782866458416
Au tournant des années 1820-1830, Schelling découvre au sein de la philosophie deux grandes tendances à l'oeuvre : une tendance "négative" à rendre intelligible le réel en fonction de la nécessité des lois de la pensée, une tendance "positive" à y voir au contraire le fait d'un acte libre. Scrutant cette différence, il finit par montrer qu'elle implique de scinder la philosophie même en une philosophie qui fait intervenir uniquement la raison et une philosophie où la raison se laisse instruire par l'expérience.
Le présent livre propose une interprétation nouvelle de ce moment crucial mais méconnu de la pensée moderne où Schelling accomplit, tout en le dépassant, l'idéalisme allemand. On y montre qu'il suspend l'avenir de la raison à un dédoublement de la philosophie qui implique de confier la réalisation des deux philosophies à un rationalisme et à un empirisme totalement inédits. Dans le rationalisme, la raison opère seule jusqu'à produire l'idée d'un principe absolu libre de poser le monde ; dans l'empirisme, elle prouve l'existence du principe par ses oeuvres effectives que sont successivement les faits de la nature et ceux de la conscience comme conscience religieuse.
Ainsi, loin de produire le désespoir de la raison, Schelling montre au contraire que la raison se donne à elle-même un avenir en se différenciant.
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Le souvenir-écran de la psychanalyse ; Freud, Klein, Lacan ; ruptures et filiations
Carlos Maffi
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 15 Mars 2012
- 9782866457570
Le mythe naturaliste que Freud avait mis en place partageait en deux l'histoire de la psychanalyse : d'un coté la première génération et de l'autre la deuxième et troisième.
Cet essai analyse la façon dont les métaphores biologisantes de Freud ont été remplacées par les notions d'archaïsme et du symbole chez Mélanie Klein et par la logique du langage chez Lacan.
Comme en peinture, en musique, en littérature et en mathématiques, la psychanalyse subira, à l'instar de tout mouvement de pensée du XXe siècle, l'écart entre le réel et sa représentation, la rupture entre nature et signe.
Carlos Maffi nous fait, avec brio, le récit de ces débats houleux autour des notions de symbole, de sexualité et d'objet.
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En 1957, Jean-Jacques Lubrina a 15 ans. Il est en apprentissage chez un pâtissier, trois ans plus tard, il est reçu premier à son C.AP. Maigre récompense : 350 francs par mois pour 14 heures de travail par jour, au profit d'un pâtissier de Neuilly.
À 19 ans, délaissant la crème au beurre pour la lance à eau, il s'engage dans le Corps des Pompiers de Paris. Là aussi, il est bien noté mais n'hésite pas pour autant à «jouer avec le feu». Comme il sait prendre la mesure des choses et qu'il a du coeur, il se révolte.
C'est ainsi qu'il en vient à consigner les tares d'un système par le menu détail des injustices et vexations de toutes sortes. C'est le récit de cette expérience qu'il livre ici.
De retour à la vie civile, il devient concierge, surveillant d'externat, cuisinier, veilleur de nuit, crieur de journaux, chef de sécurité incendie dans les grands magasins, tout en s'initiant à la philosophie qu'il enseignera et qui lui ouvrira les portes de plusieurs cabinets ministériels.
Mille métiers qui sont comme mille voyages. avec la vie.
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Babel ; architecture, philosophie et langage d'un délire
Petrosino S
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 18 Mars 2010
- 9782866457228
Longtemps tenue pour la punition d'une révolte orgueilleuse par un Dieu jaloux de l'ombre que pourrait lui faire la grandeur humaine, la légende de Babel est ici soigneusement relue dans une tout autre perspective : " Qu'est-ce que tout cela - la construction de la Tour, la confusion des langues et la dispersion des hommes - a à voir avec te sens de la création ? " À l'ambiguïté d'une entreprise humaine inévitablement guettée par ta perversion idolâtrique ne répond alors qu'une interruption renvoyant l'existence aux risques de sa responsabilité.
Partant de la littéralité même du récit, l'interprétation de Petrosino est particulièrement précieuse en raison du dialogue exigeant qu'elle tend à instaurer entre cette vieille légende et les modernes que nous sommes. Elle s'appuie aussi bien sur la tradition juive (Rachi, le Midrash, Scholem) que sur le meilleur de l'exégèse (von Rad, Beauchamp) ou de la théologie chrétienne (Balthasar, Gisel) ; mais elle sait également faire appel à l'histoire (Zumthor) ou à ta littérature (Kafka), sans oublier les apports de la psychanalyse (Lacan, Balmary) ou ceux de la grande pensée philosophique (Hegel et Heidegger, Levinas et Derrida).
Mouvement sans fin d'aller et de retour qui parvient à nous transmettre dans toute la force surprenante de son inquiétante actualité le cri d'alarme qu'il s'agit de faire résonner en nous et entre nous : prenons garde aux menaces mortifères qui se cachent derrière l'érection prétentieuse de nos tours !
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Entre chiens et loups, dérives politiques dans la pensée allemande du XXe siècle
Edith Fuchs
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 20 Mai 2011
- 9782866457112
Passer de Nietzsche à Rosenberg donne la mesure de la catastrophe dans laquelle a sombré la production philosophique dans l'Allemagne de la «révolution conservatrice». Cette abondante et multiforme littérature aura assurément contribué à faire tenir pour évidences inébranlables des convictions insensées, pour lesquelles le crime devient vertu tandis que le fantasme de la race et du Volk germaniques s'élèvent à la valeur suprême.
C'est à cerner les voies d'une accablante destruction de la philosophie que l'essai s'attache. L'océan des faussaires, loin d'être homogène, fait l'objet d'un travail de distinctions soucieux de ne pas diluer dans la notion vague de « fausse philosophie », l'abîme qui sépare par exemple un Schuler d'un Spengler. C'est que la parodie de philosophie peut venir d'illuminés obsessionnellement antisémites, elle peut venir de francs escrocs, comme elle peut être le fait d'esprits instruits et sans doute sincères. Ceux-là suscitent l'intérêt, d'autant que la réception de leurs inventions connaît un accueil bienveillant fort au-delà du moment de leur apparition. Tel est le cas de Spengler. Examiner son Déclin de l'Occident conduit à introduire une notion neuve: celle d'idéologie philosophique, dont la portée paraît généralisable.
L'ouvrage se meut donc sur deux rives.
Il prend son départ dans une perplexité initiale: par quels chemins de pensée et d'écriture la grande tradition philosophique allemande a-t-elle été massacrée pour s'échouer et rendre l'âme, comme il arrive avec les «visions-du-monde» et Le Mythe du XXe siècle ?
Mais l'examen de cette question fraye un chemin indépendant de la configuration historique en jeu. La notion d'idéologie philosophique éclaire une classe d'écrits désormais continûment présents: les mots par lesquels Hannah Arendt se voit elle-même en formulent la nature paradoxale, puisqu'il s'agit de rédiger en philosophe de l'anti-philosophie.
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Dans l'Histoire du romantisme, son dernier livre inachevé, Théophile Gautier revient sur ses enthousiasmes littéraires, sa fascination pour l'oeuvre de Victor Hugo, son amitié avec Gérard de Nerval et les compagnons du " Petit Cénacle ".
L'auteur de Capitaine Fracasse et du Roman de la momie signe avec ce texte le portrait d'une génération de flamboyants, dont il fut l'un des plus éminents représentants, prêts à en découdre avec les grisâtres du classicisme, comme il le rappelle ici avec l'épisode célèbre de la bataille d'Hernani. À la fois étude littéraire et mémoires de son auteur, l'Histoire du romantisme démontre brillamment que ce mouvement fut l'une des plus intenses aventures de la création littéraire et artistique.
" Tout germait, écrit Gautier, tout bourgeonnait, tout éclatait à la fois. Des parfums vertigineux se dégageaient des fleurs ; l'air grisait, on était fou de lyrisme et d'art.
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Le monde dans un carnet ; Alexander von Humboldt en Italie (1805)
Marie-noëlle Bourguet
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 12 Avril 2017
- 9782866455811
Alexander von Humboldt (1769-1859) est un naturaliste, géographe et explorateur, connu pour son expédition en Amérique du Sud en 1799 de laquelle il revient chargé de notes météorologiques, historiques, anthrologiques et linguistiques.
Le carnet jaune de l'expédition italienne d'Humboldt est un petit volume démembré, raturé, fragmentaire, relié aux journaux américains. Au coeur de l'essai de Marie-Noëlle Bourguet, il représente une archive, trace matérielle d'un voyage et du geste d'écriture qui l'accompagne.
Il part en Italie avec le chimiste Gay-Lussac au moment des premiers voyages initiés par la quête contemplative et esthétique des romantiques. On s'attend à y découvrir des paysages, des impressions, mais il s'en dégage un assemblage original et hétéroclite mêlant sciences et arts, histoire naturelle et culturelle.
Pourquoi faire ce voyage ? Humboldt a conscience de ne rien plus pouvoir « découvrir ». Ce constat semble désenchenté, marqueur d'un âge voué à la répétition.
Or, Humboldt est l'initiateur d'une nouvelle définition du voyage dans laquelle la nouveauté de l'itinéraire importe moins que la qualité scientifique de celui-ci.
La profusion de détails rapportés par l'explorateur scientique est portée par la plume de Marie- Noëlle Bourguet qui allie efficacité et sensibilité, faisant voyager le lecteur aux côtés d'Alexander von Humbold dans une Italie inattendue.
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Billets de théâtre ; ballets russes, Guitry, Mistinguett...
Colette
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 14 Novembre 2008
- 9782866456634
A Paris, dans les années 1905, Colette fait scandale au music-hall. Simultanément elle devient un écrivain reconnu. Elle gagne sa vie grâce au journalisme et les spectacles l'accaparent. Il y a là une frénésie qui la concerne de près, c'est une question de mouvement, de jeu, de rythme, de variations, de gravité aussi. Elle assiste aux succès du vaudeville Guitry, Labiche, Feydeau comme elle est curieuse des Ballets russes, d'Ibsen et d'Artaud (Les Cenci). Elle dessine les portraits de Marguerite Moreno, Mistinguett, Raimu, Michel Simon, sans oublier ses " souvenirs de Pâques ". Intelligence des situations, émotion discrète, acuité du style : telles sont ces chroniques retrouvées.
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Singulière philosophie ; essai sur Kierkegaard
Vincent Delecroix
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 19 Octobre 2006
- 9782866456276
La place généralement attribuée à Kierkegaard dans l'histoire de la philosophie témoigne toujours d'un certain embarras.
Lui qui, ironiquement, prétendait avoir, au moment même où il écrivait, une place déjà réservée dans la grande nécropole des philosophies disparues, il n'a cessé d'importuner ceux qui ont voulu l'enterrer. Qu'était-il ? Philosophe anti-hégélien, incarnant la réaction de la subjectivité concrète contre le système abstrait de la métaphysique à son achèvement ? Père de l'existentialisme ? Chrétien torturé ? Ironiste et " penseur privé " ? Polémiste ? " Poète du religieux " ? Simplement écrivain ? Cet essai voudrait montrer que cette incertitude tient au fait que Kierkegaard ne construit pas seulement des catégories philosophiques qui vont marquer l'histoire de la philosophie au XXe siècle, de Heidegger à Gadamer ou Wittgenstein, mais qu'il invente surtout une nouvelle manière de philosopher.
Car la " pensée existentielle ", une philosophie qui veut penser le fait même de l'existence dans ce qu'il a d'irréductible au Concept, nécessite un autre discours- une autre façon de parler, de bâtir des concepts, mais aussi de s'adresser au lecteur et de se faire comprendre de lui. Et pour remplir cette exigence, la littérature peut venir au secours de la philosophie : elle construit des fictions et installe un philosophe en première personne dans un discours jusqu'alors funestement voué à l'impersonnalité, elle se donne un lecteur singulier et des jeux complexes de représentation qui doivent indiquer ce qui échappe généralement à l'objectivité du discours.
Il faut alors moins examiner le contenu de cette philosophie que la forme qui en rend possible la production, cette singulière façon de philosopher, cette manière de philosopher au singulier et pour le singulier- la réinvention de l'acte de philosopher et d'écrire.