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Littérature traduite
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«Comment Hitler a-t-il été possible ? Comment un désaxé aussi bizarre a-t-il pu prendre le pouvoir en Allemagne, pays moderne, complexe, développé et culturellement avancé ? Comment a-t-il pu, à partir de 1933, s'imposer à des cercles habitués à diriger, bien éloignés des brutes nazies ? Comment a-t-il réussi à entraîner l'Allemagne dans le pari catastrophique visant à établir la domination de son pays en Europe, avec, en son coeur, un programme génocidaire terrible et sans précédent ? La réponse à ces questions, je ne l'ai trouvée qu'en partie dans la personnalité de l'étrange individu qui présida aux destinées de l'Allemagne au cours de douze longues années. Hitler, ceux qui l'admiraient comme ceux qui le dénigraient en convenaient, était une personnalité extraordinaire. Il avait de grands talents de démagogue ainsi qu'un oeil sûr, qui lui permettaient d'exploiter impeccablement la faiblesse de ses adversaires. On peut l'affirmer avec certitude : sans Hitler, l'histoire eût été différente. Cela donne à penser que la clé de l'énigme est à chercher moins dans la personnalité de Hitler que dans les changements vécus par la société allemande elle-même, traumatisée par une guerre perdue, l'instabilité politique, la misère économique et une crise culturelle. À toute autre époque, Hitler serait certainement resté un néant.»Ian Kershaw
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Toussaint Louverture
Sudhir Hazareesingh
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 2 Septembre 2020
- 9782081421905
L'épopée de Toussaint Louverture commence par une révolte d'esclaves à Saint-Domingue en 1791 et culmine avec la proclamation du premier État noir indépendant de l'histoire en 1804. Après l'abolition de l'esclavage par la Révolution française en 1794, Toussaint devient le principal personnage politique et militaire de la colonie et prend le titre de «gouverneur général à vie» en 1801.Profondément attaché aux valeurs républicaines d'égalité et de fraternité, il lutte farouchement contre toute tentative de réimposer l'esclavage à Saint-Domingue. Doté d'un sens politique exceptionnel et d'une endurance à toute épreuve, Toussaint s'appuie aussi bien sur la population noire et l'armée que sur l'élite blanche et l'Église catholique. Jusqu'à sa chute face aux troupes envoyées par Bonaparte, qui saluera les qualités de ce rival hors du commun.Puisant dans de nombreuses archives inédites - et notamment dans la correspondance de Toussaint -, Sudhir Hazareesingh retrace chaque étape de cette vie extraordinaire, des victoires contre les troupes françaises, espagnoles et britanniques à la promulgation d'une Constitution autonome, en passant par des stratégies diplomatiques innovantes. On y découvre un visionnaire intrépide qui s'inspire des idéaux des Lumières et des traditions révolutionnaires et spirituelles de Saint-Domingue.Guerrier, législateur, chef providentiel, martyr : Toussaint est devenu une légende pour des générations entières. Premier «modèle noir», il a inspiré Victor Schoelcher, le militant antiesclavagiste Frederick Douglass et les plus grandes contestations du colonialisme, dont le mouvement de la négritude porté par Aimé Césaire.
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Élevé dans une Irlande rurale dont il aura tôt fait de rejeter le poids des conventions, Francis Bacon trouve dans le Londres puis le Paris des années 1920 les sources d'une inspiration plus conforme à sa démesure. Ses premières oeuvres, animées d'une violence aussi vitale que destructrice, dérangent. L'intransigeance de sa vision ainsi que sa virtuosité picturale l'imposent cependant sur la scène artistique d'après guerre. Consacré comme un des peintres les plus originaux du XXe siècle, Francis Bacon deviendra également une légende vivante des milieux de débauche : son goût revendiqué pour les beuveries, le jeu et les orgies a repoussé chaque fois un peu plus loin les limites de la création chez cet artiste exigeant dont l'oeuvre, devenue exemplaire de notre modernité, exprime avec fureur les soubresauts d'une humanité convulsive.
Michael Peppiatt signe ici une biographie de référence, enrichie dans cette nouvelle édition d'éléments inconnus jusqu'à aujourd'hui. Il fait ainsi apparaître les multiples facettes de cet artiste provocateur et secret et nous livre les grandes clés d'explication de son oeuvre.
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«Dites-leur que j'ai eu une vie merveilleuse. » C'est sur ces mots apaisés que s'éteint le philosophe Ludwig Wittgenstein à Cambridge. La destinée de celui qui fut l'un des penseurs lesplus originaux du XXe siècle fut pourtant traversée de doutes et de combats perpétuels.Il naît à Vienne en 1889, dernier des huit enfants d'une famille richissime. Le père, industriel de grande envergure, et la mère, musicienne d'exception, reçoivent chez eux Brahms, Mahler ou Klimt, et dispensent à leurs rejetons une éducation élitiste, fondée sur le culte de l'excellence.Quant à Ludwig, le questionnement philosophique devient vite la grande affaire de sa vie : ce seront la rencontre avec Bertrand Russell, la découverte de la logique et la rédaction du Tractatus logico-philosophicus ; ce seront également des choix radicaux. En 1914, il s'engage sous les drapeaux austro-hongrois, connaît l'emprisonnement et découvre la foi chrétienne. Au sortir de la guerre, il renonce à la philosophie et devient instituteur, puis jardinier ; il envisage même un temps d'être moine... Avant de renouer avec ses premières recherches durant ses dernières années.Au terme d'une enquête précise, Ray Monk réussit ici le tour de force d'éclairer les contradictions et les zones d'ombre du personnage, sans sacrifier jamais la profondeur de sa philosophie.
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«Il n'y a pas un seul écrivain dont l'oeuvre pourrait nous être d'un usage pratique plus urgent et plus immédiat.» Ainsi Simon Leys parlait-il d'Orwell, qualifiant par ailleurs la biographie que Bernard Crick lui a consacrée de «magistrale et définitive». À ce jour, en effet, aucune étude sur Orwell n'est parvenue à proposer une vision de l'homme et de sa pensée politique plus complète et pénétrante.Cet ouvrage de référence retrace un itinéraire hors du commun, en particulier le contexte historique de son oeuvre et sa difficile réception, à une époque où faire preuve de liberté et de lucidité était impardonnable. La vie courte mais exceptionnellement riche de George Orwell montre qu'il était possible pour un intellectuel de parcourir la première moitié du XXe siècle en s'opposant d'un même mouvement à l'imposture du totalitarisme et aux ravages du capitalisme.
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Cléopâtre n'était pas belle ; son nez, fort et busqué, déparait son visage, et sa légendaire lascivité ne trouva guère à s'exercer qu'avec ses deux uniques amants. Dans ses veines d'«Égyptienne» ne coulait que du sang macédonien. Quant au fameux aspic, il n'exista probablement jamais, sinon dans l'imagination d'Octave. Car l'histoire de Cléopâtre fut entièrement façonnée par ce génie de la propagande qui, pour se fabriquer une légitimité et devenir Auguste, misa sur les haines cardinales de son peuple - celle de la femme et celle de l'Orient. Débarrassée de ses oripeaux misogynes et racistes, la reine que voit surgir le lecteur n'en est que plus troublante. Dans son Alexandrie toute de démesure, où les plus grands esprits de l'époque côtoyaient les plus débauchés, elle sut en quelques années, par sa finesse politique, hisser son royaume en déclin au rang de puissance rivale de Rome. Oratrice d'exception et stratège consommée, elle sut se faire aimer des deux hommes les plus adulés de son temps, César et Marc Antoine, et leur faire épouser son rêve de grandeur. Au risque de choquer les admirateurs de Shakespeare et de Cecil B.DeMille, Stacy Schiff révèle dans cette enquête magistrale par quel tour de passe-passe l'histoire a transformé une grande reine, incarnation même de la femme de pouvoir, en catin malfaisante.
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MILLER
Pour quiconque a lu (ou vu) Mort d'un commis voyageur, il ne fait aucun doute qu'Arthur Miller est l'un des plus grands dramaturges américains du vingtième siècle. Mais sa vie, pourtant extraordinaire, reste pour l'essentiel occultée par quelques événements largement médiatisés.
Né en 1915 et élevé dans le New York de la Grande Dépression, Miller révéla son talent en 1947 avec Tous mes fils. Activiste politique et syndical de longue date, il défia courageusement les fanatismes durant la chasse aux sorcières du sénateur McCorthy. Rarement un artiste mondialement reconnu avait été à ce point stigmatisé dans son propre pays. Puis ce fut son mariage avec Marilyn Monroe qui défraya la chronique...
Plus de quinze ans après la parution de la propre autobiographie de Miller (Au fil du temps, Grasset, 1988), écrite à une époque où il devait encore se défendre contre bien des attaques, le livre de Martin Gottfried prend tout le recul nécessaire pour donner la mesure de l'influence artistique et politique de cet homme hors du commun dont les oeuvres sont jouées sans discontinuer sur les scènes du monde entier. Arthur Miller est décédé le 10 février 2005 à quatre-vingt-dix ans.
« Une excellente biographie. »
New York Post
« Un ouvrage fascinant... qui pour reprendre la fameuse réplique de Mort d'un commis-voyageur, " mérite toute notre attention ". »
New York Observer
« La biographie définitive d'un monument de la littérature américaine. »
Bookreviews
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Pierre Guglielmina.
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Carl Gustav Jung (1875-1961) est l'un des pères fondateurs de la psychanalyse. Et sans aucun doute le plus controversé. Pour deux raisons : sa conception du rapport à l'inconscient et ses choix politiques durant la Seconde Guerre mondiale, que ce livre éclaire d'un tout nouveau jour. Quelle est la spécificité de ce rapport à l'inconscient ?
Pourquoi Jung a-t-il autant dérangé Freud et les freudiens ? Jung était-il antisémite ? A-t-il collaboré avec les nazis ?
Jung est l'auteur d'une oeuvre monumentale, traduite dans plusieurs langues. II a élaboré les concepts d'individuation, de Soi, d'archétype, d'inconscient collectif, d'anima, d'animus. II est célèbre dans le monde entier, avec autant de détracteurs que de partisans.
Deirdre Bair s'appuie sur des documents inédits, notamment les archives de la famille Jung, pour instruire enfin le passionnant « dossier Jung ». Une fresque inattendue des débuts de la psychanalyse.
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Jules cesar - le dictateur democrate
Canfora Luciano
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 15 Mars 2001
- 9782082126007
Héros de nos manuels scolaires, modèle de nos grands hommes - de Charles-Quint à Napoléon Bonaparte, en passant par Louis XIV -, Jules César est un maillon essentiel de l'histoire politique européenne.
Mais quel homme fut-il ? Dictateur, Jules César chercha toujours à asseoir son autorité sur le lien privilégié qui l'unissait au peuple. Propagateur de la culture romaine chez les populations celtes d'Europe, il fut également l'impitoyable guerrier de la campagne des Gaules, dont on relèvera le caractère génocidaire à l'époque moderne. Enfin, au faîte de sa puissance, il fut assassiné dans des circonstances qui comptent parmi les grandes énigmes politiques et psychologiques de l'histoire.
Cette biographie repose sur une connaissance exhaustive des sources historiographiques anciennes, qui permet à Luciano Canfora de brosser le portrait étonnamment précis d'une personnalité complexe, dont l'entreprise de «romanisation» est à l'origine dreprise de «romanisation» est à l'origine de l'Europe moderne.
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Jorge Semprúm, l'écriture et la vie
Soledad Fox
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 11 Janvier 2017
- 9782081341425
La vie de Jorge Semprún reflète presque tous les épisodes de l'histoire de l'Europe au XXe siècle. Depuis sa naissance, en 1923, dans une famille de la grande bourgeoisie madrilène, en passant par le traumatisme de la Guerre civile et de l'exil, jusqu'au maquis et à la déportation au camp de Buchenwald, sans oublier l'aventure communiste, Jorge Semprún a tous les traits des «voyageurs déracinés» des grands intellectuels du siècle, selon l'expression de l'historien Tony Judt.Écrivain, scénariste, Jorge Semprún a construit une oeuvre singulière - Le Grand Voyage, Quel beau dimanche, L'écriture ou la vie, Une tombe au creux des nuages -, qui traite de la mémoire, de l'essor des totalitarismes et du poids de l'Histoire sur les individus. Il est mort à Paris en 2011. Voici la première biographie d'un homme dont la vie ne ressemble à aucune autre.
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Après une vocation contrariée par son père pendant trente-cinq ans (il voulait que son fils soit avoué), Jules Verne connut la célébrité en tant que romancier à partir de 1863 avec«Cinq semaines en ballon». L'univers de progrès et d'exploration décrit par l'écrivain est au centre de cette biographie qui est aussi une enquête sur les dessous de la création.
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Spécialiste d'Hitler et du nazisme, l'auteur montre que les clés qui permettent de comprendre l'avènement du Führer sont moins dans sa personnalité que dans les changements vécus par la société allemande de l'époque.
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Dictateur, Jules César a cherché à asseoir son autorité sur le lien privilégié qui l'unissait au peuple. Propagateur de la culture romaine chez les populations celtes d'Europe, il fut également l'impitoyable guerrier de la campagne des Gaules. Portrait d'une personnalité complexe dont l'entreprise de romanisation est à l'origine de l'Europe moderne.
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Frida ; une biographie de Frida Kahlo
Hayden Herrera
- Flammarion
- Grandes Biographies
- 4 Octobre 2013
- 9782081313071
Frida. L'artiste-peintre qu'on ne nomme que par son prénom est aussi chatoyante, dans ses robes traditionnelles colorées, que son langage est effronté. Mais elle est aussi sensible, abîmée et malade. Un accident de bus à 18 ans la plongea dans une souffrance physique constante. Depuis, Frida Kahlo ne cessa de vivre dans un « conflit entre une Frida morte et une Frida vivante », une dualité excessivement humaine que nous présente Hayden Herrera dans cette biographie intime et documentée.
Jeune élève rebelle de l'École nationale préparatoire de Mexico, puis militante communiste, elle côtoya très tôt les muralistes et les artistes révolutionnaires. Elle créa un art singulier, comme un miroir de sa vie, qui suscita l'admiration de Pablo Picasso, Juan Miró ou encore Wassily Kandinsky.
Nous découvrons aussi à travers de nombreuses lettres et extraits de son journal intime qu'elle fut l'amie de Nelson Rockefeller, de Tina Modotti ou encore d'André Breton et qu'elle vécut ses drames amoureux avec Trotski ou Nickolas Muray sous l'ombre maritale, irremplaçable et mythique de Diego Rivera.
Soixante ans après sa disparition, l'histoire de cette femme à l'humour et à l'imagination débordants reste aussi extraordinaire, aussi bouleversante que sa légende et que son univers pictural.
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« Comment Hitler a-t-il été possible ? Comment un désaxé aussi bizarre a-t-il pu être prendre le pouvoir en Allemagne, pays moderne, complexe, développé et culturellement avancé ? Comment a-t-il pu, à partir de 1933, s'imposer à des cercles habitués à diriger, bien éloignés des brutes nazies ? Comment a-t-il réussi à entraîner l'Allemagne dans le pari catastrophique visant à établir la domination de son pays en Europe, avec, en son coeur, un programme génocidaire terrible et sans précédent ? La réponse à ces questions, je ne l'ai trouvée qu'en partie dans la personnalité de l'étrange individu qui présida aux destinées de l'Allemagne au cours de douze longues années. Hitler, ceux qui l'admiraient comme ceux qui le dénigraient en convenaient, était une personnalité extraordinaire. Il avait de grands talents de démagogue, ainsi qu'un oeil sûr, qui lui permettait d'exploiter implacablement la faiblesse de ses adversaires. On peut l'affirmer avec certitude : sans Hitler, l'histoire eût été différente. Avant 1918, pourtant, rien n'atteste l'exceptionnel magnétisme qu'on lui reconnut par la suite. Les membres de son entourage voyaient en lui un personnage un brin méprisable ou ridicule, certainement pas un homme promettant de devenir le futur chef de la nation. Tout changea à compter de 1919. Il devint l'objet de l'adulation croissante et, peu à peu, presque illimitée des masses, tout en suscitant une haine intense chez ses ennemis. Cela donne à penser que la clé de l'énigme est à chercher moins dans la personnalité de Hitler que dans les changements vécus par la société allemande elle-même, traumatisée par une guerre perdue, l'instabilité politique, la misère économique et une crise culturelle. À toute autre époque, Hitler serait certainement resté un néant. » Ian Kershaw
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" Dites-leur que j'ai eu une vie merveilleuse.
" C'est sur ces mots apaisés que s'éteint le philosophe Ludwig Wittgenstein à Cambridge, au lendemain de son soixante-deuxième anniversaire. Pourtant, la destinée de celui qui fut l'un des penseurs les plus originaux du xxe siècle ne semble guère lumineuse, traversée qu'elle est d'insatisfactions, de doutes, de combats perpétuels. Il naît à Vienne en 1889, dernier des huit enfants d'une famille richissime.
Le père, industriel de grande envergure, la mère, musicienne d'exception, reçoivent chez eux Brahms, Mahler ou Klimt, et dispensent à leurs rejetons une éducation élitiste, fondée sur le culte de l'excellence. La médiocrité n'est pas de mise chez les Wittgenstein - trois fils se suicideront.Ludwig, quant à lui, est saisi très tôt par le besoin de comprendre le monde; le questionnement philosophique deviendra la grande affaire de sa vie : ce seront la rencontre avec Bertrand Russell, la découverte de la logique et l'entreprise considérable du Tractatus Iogico-philosophicus dont la réception suscita querelles et incompréhensions ; ce seront aussi des choix matériels et spirituels radicaux.
En 1914, au milieu de la rédaction de son grand oeuvre, il s'engage sous les drapeaux austro-hongrois ; il connaît le feu, l'emprisonnement et découvre la foi chrétienne. Au sortir de la guerre, il renonce à la philosophie, abandonne sa part d'héritage, et devient instituteur, puis jardinier ; il envisage même un temps d'être moine... Ses dernières années, la reconnaissance venue, il renoue avec ses premières recherches, critiquant les conclusions de son Traité dans des travaux majeurs qui seront publiés de façon posthume.
L'homme, on le voit, est aussi complexe que son oeuvre. Au terme d'une enquête précise, Ray Monk réussit ici le tour de force de nous éclairer les contradictions, les déchirements, les zones d'ombre du personnage, sans sacrifier jamais la profondeur de sa philosophie.
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C'est la seule voie. Et elle est moralement juste et nécessaire.
Et quand nous aurons gagné, qui nous demandera des comptes sur la méthode ?>>
Hitler, juin 1941
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léonard de vinci, ou l'incarnation mythique, presque effrayante, du génie, et du génie universel: " aucun homme ne vint au monde qui en sût autant que léonard ", disait françois ier, guère démenti par la postérité, même si elle a consacré l'artiste avant de découvrir le savant, à la fin du xviiie siècle.
mais le mythe n'a pas tué l'homme, tant léonard a laissé de traces de ses pérégrinations dans l'italie de la renaissance. de cet enfant naturel, natif du village de vinci, devenu un maître auquel les puissants font leur cour, nous découvrons jour après jour les espoirs, les projets, les toquades, mais aussi les contradictions: prodigue avec ses amants, léonard tient la comptabilité de ses dépenses quotidiennes avec la précision d'un usurier.
ardent promoteur de la liberté intellectuelle, il se met pourtant au service de tyrans qu'il abandonne à la hâte lorsqu'ils tombent en disgrâce. et quand il s'attaque à de grandes fresques murales promises à l'éternité, il expérimente des techniques nouvelles qui conduiront ces oeuvres à la ruine. c'est peut-être là le fil rouge de cette vie de léonard : toujours rêver, toujours perfectionner, toujours inventer, au service de la peinture ou des mathématiques, de l'art de l'ingénieur ou de celui du poète.
jusqu'à sa mort, il n'a guère le temps de peaufiner l'inachevé, comme cette ultime démonstration géométrique qui clôt ses carnets, interrompue, écrit le vieil homme, " parce que la soupe refroidit ".