« Femme, réveille-toi; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes! femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles?» Un ton résolument frondeur, une langue énergique, un propos engagé, par l'une des grandes voix féminines de la Révolution française.
«La femme a toujours été, sinon l'esclave de l'homme, du moins sa vassale ; les deux sexes ne se sont jamais partagé le monde à égalité ; et aujourd'hui encore, bien que sa condition soit en train d'évoluer, la femme est lourdement handicapée. En presque aucun pays son statut légal n'est identique à celui de l'homme et souvent il la désavantage considérablement.» Agrégée de philosophie, unie à Jean-Paul Sartre par un long compagnonnage affectif et intellectuel, Simone de Beauvoir (1908-1986) publie son premier roman, L'Invitée, à l'âge de trente-cinq ans. Paru en 1949, Le Deuxième Sexe, dont on trouvera ici quelques pages marquantes, fit d'elle l'une des grandes figures du féminisme du XX? siècle et lui assura une renommée internationale qui marqua durablement sa carrière d'écrivain.
« J'ai retrouvé une lettre de P. dans un dossier de factures datant des années quatre-vingt. Une grande feuille blanche pliée en quatre, avec des taches de sperme qui avait jauni et durci le papier, lui donnant une contexture transparente et granuleuse. Il y avait seulement écrit, en haut, à droite, Paris, 11 mai 1984, 23 heures 20, vendredi. C'est tout ce qu'il me reste de cet homme. »Passion sensuelle, amour maternel heurté, vertiges du transfuge, écriture-révolution, hommage à Pierre Bourdieu... En douze textes, composés entre 1984 et 2006, ce recueil est une invitation à découvrir l'écriture rare d'Annie Ernaux et à s'initier, pas à pas, à ses thèmes les plus obsessionnels et fondateurs.
Refus d'obéissance rassemble le texte « Je ne peux pas oublier », publié en 1934 dans la revue Europe, dans lequel Jean Giono livre un véritable plaidoyer pour la paix, et quatre chapitres inédits du Grand troupeau, où il décrit dans une langue bouleversante de réalisme la vie, l'attente et surtout la peur des soldats de la Grande guerre.
«Il y a à parier que toute idée publique, toute convention reçue, est une sottise, car elle a convenu au plus grand nombre.» Exergue du Dictionnaire des idées reçues - oeuvre inachevée aux multiples manuscrits -, cette maxime de Chamfort en donne le ton incisif. «Actrice», «mélancolie», «pédantisme», «voyageur», «candeur», «duel», «laboureurs», «religion»... Sur des sujets aussi variés, Flaubert y relève en effet pensées figées et lieux communs, traquant la vacuité avec une ironie mordante.
De Djibouti au Yémen, Romain Gary sillonne les terres brûlées et hostiles pour en rapporter un témoignage d'une rare force.
Quoi qu'il puisse arriver, Jonas, peintre au talent reconnu, croit en sa bonne étoile - jamais elle ne cessera de l'aider et de le guider. Pourtant la vie, ses proches, ses amis, ses disciples l'acculent peut à peu à la stérilité artistique...
Un ingénieur français, en mission au Brésil, est confronté aux superstitions et au mysticisme des indigènes. Mais l'amitié qu'il éprouve pour l'un d'entre eux aura raison de son scepticisme.
Deux magnifiques nouvelles à la fin mystérieuse et ambiguë.
En 1874, Émile Zola, qui est déjà l'auteur d'imposantes fresques romanesques, fait paraître un recueil de quinze textes brefs sous le titre de Nouveaux Contes à Ninon. Sans restriction de genre, il y réunit avec une grande liberté fable, portrait, récit de souvenirs... Nous trouverons ici cinq de ces compositions à l'éclectisme délicieux, et où se rencontrent tour à tour un chat vagabond, un forgeron affairé ou encore une jeune héroïne au grand coeur.
« J'avais alors deux ans, et j'étais bien le chat le plus gras et le plus naïf qu'on pût voir. À cet âge tendre, je montrais encore toute la présomption d'un animal qui dédaigne les douceurs du foyer... je n'avais qu'un désir, qu'un rêve, me glisser par la fenêtre entrouverte et me sauver sur les toits. » Textes extraits de Contes à Ninon suivi de Nouveaux Contes à Ninon.
«Je ferai, oui, l'éloge de la poésie. Sans restrictions. Sans états d'âme. Parce que la poésie n'est justement pas le lieu de la demi-mesure. Je le ferai d'une voix pleine, vive s'il le faut. Parce qu'on ne peut admettre plus longtemps, n'est-ce pas, que les poètes, malgré les révérences qu'on leur fait de loin en loin pour se disculper de la désinvolture et de l'indifférence avec lesquelles on les traite ordinairement, soient renvoyés à leur étrange petit commerce particulier qui n'aurait rien à voir avec les affaires du monde. Je veux faire l'éloge de la poésie pour tous, non pas, voyez-vous, comme un agrément, un ornement de l'existence ou le partage de je ne sais quelle distinction supérieure:comme une nécessité vitale.»
" Sans en avoir toujours conscience, nous sommes nous-mêmes le divertissement des autres, comme ils sont le nôtre.
Regarder passer la rue reste un de mes loisirs favoris. Je m'y reconnais. J'y note mes propres ridicules, mes insuffisances, mes prétentions stupides, mes défauts d'apparence, mon inélégance, ma balourdise. Ces gens, dont je souris, témoignent seulement de ce que je suis."
Au coeur des Carpathes, dans le sombre château de Brankovan, les princes Grégoriska et Kostaki, s'affrontent pour conquérir la belle Hedwige. Or Kostaki est un vampire qui revient chaque nuit assouvir sa soif de sang auprès de la jeune femme devenue l'objet d'une lutte sans merci entre les deux frères.
Une étrange histoire pleine de romantisme et de fantastique où l'angoisse le dispute au romanesque...
Qui ne se souvient pas de la première rencontre de Roméo et Juliette, Harold et Maude, d'Artagnan et Constance Bonacieux, Frédéric Moreau et Madame Arnoux, Humbert Humbert et Lolita, Aurélien et Bérénice ?
De Racine à Stendhal, de Giono à Bernhard Schlinck, en passant par Proust et Alessandro Baricco, cet instant magique a inspiré des pages inoubliables.
En août 1944, la Bretagne vient d'être libérée, Guilloux est enrôlé par l'armée américaine en qualité d'interprète. Il participe aux enquêtes puis aux jugements de G.I., accusés le plus souvent d'avoir violé des paysannes.Guilloux nous raconte cette troublante expérience d'auxiliaire de la justice militaire. Car si les procédures semblent formellement observées, si le droit est respecté, peu à peu, un doute, une inquiétude s'installe:on ne juge et on ne condamne que des Noirs.
Rousseau fouillant dans la bibliothèque de sa mère, Emma Bovary soupirant à la lecture de Paul et Virginie, la Petite Tailleuse chinoise et ses compagnons sauvés de l'enfer par Balzac, Nathalie Sarraute dévorant Rocambole, Montag, le pompier prêt à tout pour sauver les livres... Que de héros dont la vie a été bouleversée par la lecture de quelques pages!Écrivains ou héros de romans, tous peuvent témoigner de ces moments de bonheur où plus rien n'existe, hormis les histoires enfouies entre les pages d'un livre.
L n'est pas toujours facile de trouver les bons mots pour avouer son amour. Comment ne pas paraître gauche ou ridicule, importun ou trop pressant ? C'est un moment si important qu'il ne faut pas se fourvoyer.
Avec le Cid et Chimène, Pâris et la belle Hélène, Juliette Drouet et Victor Hugo ou Cyrano et Roxane, apprenez à déclarer votre flamme...
Vous l'aimez. Elle est tout pour vous - il est le Prince charmant, mais vous ne savez pas comment le lui dire ? Ce petit livre est pour vous !
L'eût-on vue, on l'eût à peine reconnue. Tellement elle était changée. Les yeux seuls restaient, non brillants, mais armés d'une très étrange et peu rassurante lueur. Elle-même avait peur de faire peur. Elle ne les baissait pas. Elle regardait de côté; dans l'obliquité du rayon, elle en éludait l'effet. Brunie tout à coup, on eût dit qu'elle avait passé par la flamme. Mais ceux qui observaient mieux sentaient que cette flamme plutôt était en elle, qu'elle portait un impur et brûlant foyer.Jules Michelet, La SorcièreQuatorze portraits de sorcières intrépides, fascinantes et multiples, adulées ou rejetées, par autant de plumes, classiques et contemporaines, de Michelet à Sand, de Shakespeare à Maryse Condé.
Convaincu de l'innocence de Calas exécuté en 1762, Voltaire met sa plume au service de la justice pour demander sa réhabilitation. Le négociant huguenot était accusé du meurtre de son fils qui voulait se convertir au catholicisme.
Avec une ironie mordante et un style inimitable, l'écrivain plaide pour le respect des croyances et l'esprit de tolérance.
Une réflexion très actuelle sur le système judiciaire, la responsabilité des juges et les effets pervers des lois.
« Après avoir fait la mine, marqué une hésitation, Michel m'embaucha pour les foins. Vingt francs par jour, non nourri. Je me récriai, mais il pouvait, dit-il, trouver avec la crise des tas de types en bas qui seraient contents de travailler pour le prix qu'il m'offrait. Avec dix francs en poche et les difficultés que j'avais connues en bas je n'avais pas le choix, j'acceptai. » « En faisant les foins », « L'usine », « Chantier en montagne », « Peinture en bâtiment », « Matin de vendanges », « Les cerises », « Retour à l'usine »... Dix chapitres de l'une des grandes oeuvres de la littérature prolétarienne : Travaux.
Qu'il suive le fil d'Ariane sur les traces du Minotaure pour évoquer Oran et ses alentours, qu'il revisite le mythe de Prométhée à la lumière de la violence du monde moderne, ou qu'il rêve à la beauté d'Hélène et de la Grèce, Albert Camus nous entraîne tout autour de la Méditerranée et de ses légendes. Un court recueil de textes lyriques et passionnés pour voyager de l'Algérie à la Grèce en passant par la Provence.
«Au fil des ans, les deux frères durcis par l'altitude avaient commencé à redouter l'approche du 24 décembre. Fêter la naissance du stoïcien crucifié par une bombance heurtait leur protestantisme. Et ces airs ravis des convives qui vous plantaient des couteaux dans le dos sitôt la porte fermée...
Ce soir, ils aspiraient à l'air sec, au vin clair, à la nuit pure. Ils allaient vivre un réveillon digne de Zarathoustra, sur la corde raide, pendus au câble d'acier.
La cabine du téléphérique serait le lumignon de leur rêve, accroché au plafond de la nuit.» Des quatre coins du globe, les héros agités de ces nouvelles invitent à des voyages lointains ou intérieurs.
Nouvelles extraites du recueil S'abandonner à vivre.
« Mon impressionnante pile de journaux 'L'Illustration', reliés année par année, et acquis chez un brocanteur, me ramènent au temps de mon enfance. Je me revois, accroupi dans le grenier de mes parents, feuilletant des numéros de ce même journal, éparpillés sous la poussière. Mon papa avait dû les ramener de chez son père, bon petit bourgeois et comptable nîmois.
Soixante-dix ans plus tard, mon Petit Éloge de l'aéroplane puise en partie ses sources dans les volumes reliés du même journal qui relate, chaque semaine, les progrès spectaculaires de l'aviation. Mon regard se focalise donc sur le thème mais mes recherches puis mes résultats sont à extraire de quelques quatre mille pages. »
«Reflets, échos, se renvoyant à l'infini : j'ai découvert la douceur d'avoir derrière moi un long passé. Je n'ai pas le temps de me le raconter, mais souvent à l'improviste je l'aperçois en transparence au fond du moment présent ; il lui donne sa couleur, sa lumière comme les roches ou les sables se reflètent dans le chatoiement de la mer. Autrefois je me berçais de projets, de promesses ; maintenant, l'ombre des jours défunts veloute mes émotions, mes plaisirs.» Mémoires d'une jeune fille rangée, La force de l'âge, La force des choses... Simone de Beauvoir ne cessa de transcrire, volume après volume, décennie après décennie, l'effet du passage des années. Dans ce court récit, c'est à un âge «discret» que l'écrivain s'attache : son héroïne a soixante ans.
Depuis sa loge ou avec son unique ami, Gaston, le balayeur du quartier, Madame Dodin, la concierge du numéro 5 de la rue Sainte-Eulalie, ne cesse de maugréer et de manifester son mécontentement aux locataires : «¹Pourquoi faut-il qu'il y en ait qu'une seule qui vide les chiures de cinquante autres ? » Dans ce texte féroce, portrait intime et social, Marguerite Duras déplie un aspect méconnu de son écriture et dévoile une plume toute mordante et caustique.
En Sibérie, dans le Dorset anglais ou au coeur des montagnes de Géorgie, les lois du destin et les forces de la nature sont plus puissantes que les désirs et les espérances : les héros de ces nouvelles ne devraient jamais l'oublier.
Cinq nouvelles, cinq gifles étourdissantes et toniques, cinq invitations à méditer sur l'homme et la nature.