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«Deux siècles de révolte, métaphysique ou historique, s'offrent justement à notre réflexion. Un historien, seul, pourrait prétendre à exposer en détail les doctrines et les mouvements qui s'y succèdent. Du moins, il doit être possible d'y chercher un fil conducteur. Les pages qui suivent proposent seulement quelques repères historiques et une hypothèse de lecture. Cette hypothèse n'est pas la seule possible ; elle est loin, d'ailleurs, de tout éclairer. Mais elle explique, en partie, la direction et, presque entièrement, la démesure de notre temps. L'histoire prodigieuse qui est évoquée ici est l'histoire de l'orgueil européen.»
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Guy Debord (1931-1994) a suivi dans sa vie, jusqu'à la mort qu'il s'est choisie, une seule règle. Celle-là même qu'il résume dans l'Avertissement pour la troisième édition française de son livre La Société du Spectacle : «Il faut lire ce livre en considérant qu'il a été sciemment écrit dans l'intention de nuire à la société spectaculaire. Il n'a jamais rien dit d'outrancier.»
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TQuand l'homme en est réduit ´r l'extreme dénuement du besoin, quand il devient celui qui mange des épluchures, l'on s'aperçoit qu'il est réduit ´r lui-meme, et l'homme se découvre comme celui qui n'a besoin de rien d'autre que le besoin pour, niant ce qui le nie, maintenir le rapport humain dans sa primauté. Il faut ajouter que le besoin alors change, qu'il se radicalise au sens propre, qu'il n'est plus qu'un besoin aride, sans jouissance, sans contenu, qu'il est rapport nu ´r la vie nue et que le pain que l'on mange répond immédiatement ´r l'exigence du besoin, de meme que le besoin est immédiatement le besoin de vivre.t Maurice Blanchot.
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Voici le jardin du philosophe. On y cueillera des fruits m"uris sur le tronc de la sagesse commune et dorés ´r cette autre lumicre des idées. Ils en reprennent leur saveur d'origine, qui est le go"ut de l'existence. Saveur oubliée en nos pensées ; car on voudrait s'assurer que l'existence est bonne et on ne le peut ; on en déçoit donc l'espérance par précaution, prononçant qu'elle est mauvaise. De l´r s'étend l'empire de l'imagination déréglée, en quoi Alain, se confiant ´r la sagesse du corps, restaure la souveraineté claire de l'homme heureux et qui n'attend pas pour l'etre, ici et non ailleurs, que l'événement lui donne raison, acteur enfin et non spectateur de soi-meme.
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Composition française ; retour sur une enfance bretonne
Mona Ozouf
- Gallimard
- Blanche
- 19 Mars 2009
- 9782070124640
La France a toujours vécu d'une tension entre l'esprit national et le génie des pays qui la composent, entre l'universel et le particulier. Mona Ozouf se souvient l'avoir ressentie et intériorisée au cours d'une enfance bretonne. Dans un territoire exigu et clos, entre école, église et maison, il fallait vivre avec trois lots de croyances disparates, souvent antagonistes. À la maison, tout parlait de l'appartenance à la Bretagne. L'école, elle, au nom de l'universelle patrie des droits de l'homme, professait l'indifférence aux identités locales. Quant à l'église, la foi qu'elle enseignait contredisait celle de l'école comme celle de la maison.
En faisant revivre ces croyances désaccordées, Mona Ozouf retrouve des questions qui n'ont rien perdu de leur acuité. Pourquoi la France s'est-elle montrée aussi rétive à accepter une pluralité toujours ressentie comme une menace ? Faut-il nécessairement opposer un républicanisme passionnément attaché à l'universel et des particularismes invariablement jugés rétrogrades ? À quelles conditions combiner les attachements particuliers et l'exigence de l'universel ? En d'autres termes, comment vivre heureusement la « composition française » ?
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Histoire intime de la Ve République Tome 2 : la belle époque
Franz-Olivier Giesbert
- Gallimard
- Blanche
- 20 Octobre 2022
- 9782072969294
C'était le bon temps. Quand la France contemporaine nous accable, il suffit, pour aller mieux, de se ramentevoir celle des années 1970, rythmées par les films de Sautet, les chansons de Dalida, Nino Ferrer, Alain Bashung. Sous le signe - très masculin - de Pompidou, Giscard, Mitterrand, Barre, Rocard, Sartre et Mao, elles furent à la fois insouciantes, bourgeoises et révolutionnaires. Pour écrire cette trilogie, j'ai épluché plus de cinquante ans d'archives personnelles. Ce qui m'a permis de confronter mes regards d'hier et d'aujourd'hui, ceux des acteurs de l'époque aussi, avec mes souvenirs les plus personnels comme avec les grands évènements historiques, dans un mouvement de va-et-vient permanent. Très vite, je me suis rendu compte que ce travail permettrait d'éclairer la question qui nous étreint tous, plus ou moins : que nous est-il arrivé ? Pendant la décennie 1970, sujet de ce deuxième tome, la France a continué de progresser, dans la foulée du «Sursaut» gaullien que je vous ai raconté dans le précédent volume. Portée par une croissance économique incroyable, c'est la Belle Époque de la V?. Mais après avoir été frappée par deux chocs pétroliers très violents, elle a peiné à relever les défis qui se posaient : l'urgence écologique, le début de la désindustrialisation et du chômage, l'immigration, la perte de l'autorité, des repères... Tous les germes étaient à l'oeuvre, à bas bruit, au cours de ces années-là, peut-être moins radieuses qu'elles ne le semblent aujourd'hui, la nostalgie aidant.
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Histoire intime de la Ve République Tome 1 : le sursaut
Franz-Olivier Giesbert
- Gallimard
- Blanche
- 4 Novembre 2021
- 9782072966811
Si je me suis attelé à ce vaste projet - une histoire intime de la V? République en trois époques -, c'était pour essayer de comprendre comment notre cher et vieux pays a pu, en quelques décennies, s'affaisser à ce point, dans un mélange de déni, masochisme et contentement de soi, sur fond de crise existentielle. La décadence n'est jamais écrite. Quand le général de Gaulle a pris le pouvoir en 1958, la France était quasiment par terre, à cause, entre autres, de la guerre d'Algérie et de l'effondrement des «élites». Prophétique, machiavélique et prosaïque, il l'a remise debout en à peine un an, sans négliger les plus infimes détails, ni lésiner sur les roueries et les mensonges. Le personnage que je dépeins est bien plus complexe que celui de la légende. Pourquoi une histoire «intime» ? Parce que l'histoire est toujours écrite par ceux qui l'ont faite ou vécue, et que j'ai voulu ajouter, en m'appuyant sur mes notes de l'époque, mon regard d'alors en le confrontant à celui d'aujourd'hui, dans un va-et-vient permanent. «Intime» encore parce que ce retour sur un passé récent entend inclure aussi le regard que portaient naguère les contemporains sur l'odyssée gaulliste qu'ils étaient en train de vivre : je cherche à décrire un monde et une manière d'être français dont le souvenir commence à s'éteindre. Dans ce premier tome, c'est le stupéfiant redressement du pays par le Général que je raconte, jusqu'à la chute du grand homme, après onze ans de pouvoir. Puisse ce récit personnel permettre de tirer, pour aujourd'hui, les leçons d'une résurrection française qui, sur le moment, semblait impossible. F.-O. G.
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Joseph Kessel possède le calme, l'humour et le lyrisme, trois vertus que l'on trouve de plus en plus rarement liées. Il suffit de lire quatre lignes de lui pour sentir qu'il détient les secrets qui permettent de vivre et de regarder les êtres au plus haut degré de chaleur possible. L'historiographe de Mermoz, le romancier du Lion et des Cavaliers, le journaliste et le poète de l'aventure devait bien, un jour, s'enfoncer dans les lieux les plus sombres et les plus violents de l'Afrique. Le voici chez les Mau-Mau, au sein d'une révolte politique et religieuse où s'affrontent la conception magique et la conception pratique du monde. Le voici parmi les derniers seigneurs de la terre, qu'il s'agisse des grands fauves, des grands sorciers, des grands colons ou des grands chasseurs. Joseph Kessel refuse nos distinctions conventionnelles. Ce qui compte pour lui, c'est l'intensité de la vie qui passe à travers les créatures vivantes : bêtes, hommes blancs ou noirs. Au-delà d'un document et d'un reportage, on trouvera donc dans ce livre une vision poétique d'un monde où la poésie gît encore à l'état brut.
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Le livre de Maurice Blanchot n'est pas seulement un essai d'élucidation de la création littéraire et artistique, mais encore une recherche précise de ce qui est en jeu pour l'homme d'aujourd'hui, par le fait que «quelque chose comme l'art ou la littérature existe» : descente vers la profondeur, approche de l'obscurité, expérience de la solitude et de la mort.
L'auteur interroge les oeuvres de Mallarmé, de Kafka, de Rilke, de Hölderlin et de bien d'autres ; il n'existe peut-être pas de méditation aussi rigoureuse, aussi riche, sur les conduites créatrices dans toute l'histoire de la critique.
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Malaise dans la culture. Car la culture, c'est la vie avec la pensée. Et on constate aujourd'hui qu'il est courant de baptiser culturelles des activités où la pensée n'a aucune part. Des gestes élémentaires aux grandes créations de l'esprit, tout devient ainsi prétendument culturel. Pourquoi alors choisir la vraie culture, au lieu de s'abandonner aux délices de la consommation et de la publicité, ou à tous les automatismes enracinés dans l'histoire.
Certes, nul ne sort plus son revolver quand il entend le mot «culture». Mais, champions de la modernité ou apôtres de la différence, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui, lorsqu'ils entendent le mot «pensée», sortent leur culture.
Une question simple est à l'origine de ce livre : comment en est-on arrivé là ?
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TPeinture.
L'objet de la peinture est indécis.
S'il était net, - comme de produire l'illusion de choses vues, ou d'amuser l'il et l'esprit par une certaine distribution musicale de couleurs et de figures, le problcme serait bien plus simple, et il y aurait sans doute plus de belles uvres (c'est-´r-dire conformes ´r telles exigences définies) - mais point d'uvres inexplicablement belles.
Il n'y aurait point de celles qui ne se peuvent épuiser.t Pendant un quart de siccle Paul Valéry a pris des notes sur tous les problcmes qui le préoccupaient. La philosophie et l'art se détachent particulicrement au cours de ce recherches instantanées.
Chacun de ces textes contient ´r l'état d'aphorismes, de formules, de fragments ou de propos, voire de boutades, mainte remarque ou impression venue ´r l'esprit, ç´r et l´r, le long d'une vie, et qui s'est fait noter en marge de quelque travail ou ´r l'occasion de tel incident dont le choc, tout ´r coup, illumina une vérité instantanée, plus ou moins vraie. De ces pensées et aphorismes se dégage une pensée d'une rigueur exemplaire et qui propose une méthode d'investigation d'une rare acuité.
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Témoignages d'Henri Alleg, Mme Maurice Audin, du Général de Bollardière, R.P. Chenu, du Dr Jean Dalsace, J. Fonlupt-Esperaber, Françoise Mallet-Joris, Daniel Mayer, André Philip, J.-F. Revel, Jules Roy, Françoise Sagan. Portrait original de Picasso. Hommage des peintres Lapoujade et Matta
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Contient 2 cartes
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La stricte observance ; avec Rancé à la Trappe
Michel Onfray
- Gallimard
- Blanche
- 11 Octobre 2018
- 9782072821127
L'abbé de Rancé a vécu un deuil marquant : celui de sa maîtresse, la duchesse de Montbazon, grande libertine morte à l'âge de quarante-cinq ans. Bien des légendes courent autour de cet épisode, rapportées par Chateaubriand et par les chroniqueurs de la Trappe. Ce qui est certain, c'est que l'abbé a rompu brutalement avec ses pratiques hédonistes, s'est dépouillé de tous ses biens et a refondé l'ordre des Trappistes sur une règle d'une dureté inouïe.
Michel Onfray, séjournant à l'abbaye de la Trappe, interroge l'étrange relation à la mort et à Dieu qui motive, encore aujourd'hui, le retrait du monde et l'extrême sévérité de la discipline que s'imposent les moines trappistes. Ce texte, d'une vitalité impressionnante, amène également Michel Onfray à évoquer ses propres deuils, celui de son père et celui de sa compagne, comparant les effets de la perte sur sa vie d'athée convaincu et sur celle d'un croyant forcené comme Rancé
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L'ange et la bête : mémoires provisoires
Bruno Le maire
- Gallimard
- Blanche
- 14 Janvier 2021
- 9782072930430
Depuis mai 2017, Bruno Le Maire est ministre de l'Économie et des Finances auprès d'Emmanuel Macron. Acteur des trois premières années du quinquennat, il offre un éclairage unique sur les décisions économiques, industrielles, financières et fiscales qui ont été prises durant cette période. Il en explique les intentions et la cohérence en les confrontant à notre histoire nationale. Il nous donne un accès privilégié à la pratique du pouvoir comme aux événements et crises qui ont marqué ces années. Il fournit aussi des clés de compréhension de la vie politique des grandes nations occidentales, bousculées par la crise de la Covid-19 et par l'émergence de la Chine.
Dans ce nouveau livre, Bruno Le Maire réaffirme le lien essentiel entre littérature et pouvoir. Il définit les enjeux qui façonneront la France et l'Europe de demain.
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La pensée qui prend feu ; Artaud le Tarahumara
Michel Onfray
- Gallimard
- Blanche
- 11 Octobre 2018
- 9782072821073
Comme il l'avait fait précédemment avec Gauguin et Segalen aux Marquises, Michel Onfray a suivi les traces d'Artaud au pays des Tarahumaras. En 1936, « ethnologue halluciné », Artaud cherche au Mexique - et dans le peyotl - un remède à l'inéluctable décadence de l'Occident et de l'Orient civilisés (en même temps qu'à ses propres souffrances). Mais en vérité c'est en poète et non en scientifique qu'il voit le monde et transporte son corps, supplicié par une syphilis congénitale dont son père était frappé lui aussi. On sait assez peu de choses sur les conditions concrètes du voyage d'Artaud, devenu légendaire. Ce qui intéresse Michel Onfray, c'est de comprendre pourquoi cet esprit libre et souffrant s'intéresse au Popol-Vuh à une époque où seul Le Capital et Freud captivent l'intelligentsia. Artaud, en 1936, veut dépasser le marxisme et le surréalisme : « Je suis venu au Mexique chercher une nouvelle idée de l'homme ». Artaud qui rêvait de trouver dans les rites précolombiens un moyen de rédemption, est rentré chez lui les mains vides et le coeur brûlé au spectacle d'une civilisation anéantie par la chrétienté et la modernité.
Quatre-vingts ans plus tard, Michel Onfray découvre à son tour ce qui reste des Tarahumaras et de leurs rites : un peuple acculturé, détruit par la tuberculose et l'électricité, vidé de sa mémoire, promis à la disparition - comme tant d'autres peuples « premiers » décimés par les conquêtes coloniales et religieuses.
On retrouve ici la méthode de pensée de Michel Onfray, et sa ligne directrice : marcher sur les pas des grands réfractaires (Nietzsche, Segalen, Gauguin, Artaud - artistes, poètes, écrivains, philosophes), dans les lieux de leurs visions fondamentales et prolonger leur réflexion sur la décadence et la mort des civilisations. L'Occident chrétien, dit-il, a commencé par détruire les autres civilisations avant de s'auto-consumer. Nous pouvons contempler les traces de ses crimes, et nous sommes en train d'assister à sa propre fin.
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Cet ouvrage reflète le double intérêt de Jean-Bertrand Pontalis, en tant que psychanalyste et en tant que personne, pour le faits-divers criminel. Depuis la violence ordinaire de la rue, cette façon qu'ontcertains passants d'ignorer, ou plutôt de néantiser, les autres, qui constitue aux yeux de l'auteurle noyau de toute forme de violence, jusqu'à la violence institutionnelle du crime politique, desexécutions légales et du crime collectif qui culmine avec la Shoah, le livre, en une trentaine debrefs chapitres, aborde le crime sous aspects les plus divers, qu'il interroge tour à tour. Qu'il s'agisse du point de vue de Gide (« Ne jugez pas ! ») dans ses dossiers de l'affaire de la séquestrée de Poitiers ou de l'affaire Redureau, de l'énigme du passage à l'acte, du crime passionnel (tantôt jugé avec la plus grande indulgence et tantôt avec la plus extrême sévérité), des héroïnes criminelles ayant suscité des oeuvres littéraires ou cinématographiques (les soeurs Papin, Violette Nozières), du traitement du fait-divers (l'ironie de Félix Fénéon ou la méditation de Jouhandeau sur l'affaire du curé d'Uruffe), Jean-Bertrand Pontalis met en lumière toutes les facettes du fait-divers criminel, qui perturbe et fascine depuis toujours, au point qu'Albert Camus, qui s'était inspiré de faits-divers pour L'Etranger et Le Malentendu, en avait interdit la publication dans son journal Combat. Une contradiction qui exprime bien l'attraction-répulsion que nous éprouvons tous face au crime.
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De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes : Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde ; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois : le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes ; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.
Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice : Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.
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Quelque part dans l'inachevé... Comment mieux saisir que par cette phrase de Rilke, l'insaisissable Jankélévitch. Un philosophe qui ressemble à un poète. Un écrivain qui est un musicien. Stimulé par les questions de Béatrice Berlowitz, il entrouvre enfin son domaine ; celui de l'impalpable, de l'étincelle fugace, du vague à l'âme, de la nostalgie ; il laisse s'épancher le monde secret qui habite au coeur de son oeuvre.On parle d'amour et d'humour, de musique et de silence, de morale et de politique, de réminiscences et d'innocence.Le lecteur s'apercevra vite que ces entretiens, ce dialogue, sont tout le contraire de ce que produit de nos jours le magnétophone, instrument trop précis, trop fidèle et pour tout dire vulgaire. Il s'agit d'un livre écrit, ce qui garantit une plus haute fidélité, et peut-être bien une oeuvre d'art.
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Situations Tome 4 ; avril 1950 - avril 1953
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Blanche
- 11 Juin 2015
- 9782070148875
De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes:Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois:le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue.Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice:Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.
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Qu'apportait Malraux aux enfants de Vichy, de la guerre d'Indochine et de la guerre d'Algérie? La lumière dans la nuit, la poésie dans la prose. Il nous arrachait au souvenir de la défaite, au moment où le général de Gaulle reconstruisait une histoire égale à nos rêves et se proposait, à l'instar de Chateaubriand, de mener les hommes par les songes.Et pourtant, ses romans racontent tous une défaite. Le paradoxe n'est qu'apparent:il s'agit de retrouver la grandeur malgré la défaite, la vie malgré la mort, la gloire malgré l'oubli. «L'artiste n'a pas été trop vaincu. »Quant à l'histoire de l'art, voici que quelqu'un apparaissait, qui nous disait que l'Histoire pouvait se raconter à rebours, à partir de l'art moderne vers le passé, tous les passés. Raconter n'était pas le mot, cette nouvelle histoire était faite d'apparitions, comme celle de Mme Arnoux dans L'Éducation sentimentale. C'était aussi une nouvelle géographie:surgissaient l'Afrique, l'Asie aux mille ateliers, l'Amérique de l'art précolombien, les îles d'Océanie. Mais tout sauf le médiocre, qui n'explique que la prose du monde. L'histoire volait en éclats sous le choc des éclairs.
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Ces cinq enregistrements réalisés par Guy Debord couvrent une période de neuf ans qui s'étend des prémices de l'Internationale lettriste (1952-1957) à la fin de la première époque de l'Internationale situationniste (1957-1961), époque de la recherche d'un terrain artistique véritablement nouveau à partir de la réunification de la création culturelle d'avant-garde et de la critique révolutionnaire de la société.
Ces documents sonores nous font entendre la voix singulière de Guy Debord, et s'il a pu dire plus tard que rien d'important ne s'est communiqué en ménageant un public, en 1953 il constatait : « Bien sûr, les auditeurs n'existent pas, c'est une illusion collective, comme Dieu quand il était à la mode. »
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L'essentiel, qui est un certain style, se niche dans les détails. C'est le ton de l'écrivain, celui qui vivifie les mots et stylise la vie.
Régis Debray joue aux quatre coins avec les accidents de la vie. Entre figures tutélaires (Julien Gracq ou Daniel Cordier), et artistes redécouverts (Andy Warhol ou Marcel Proust), entre cinéma et théâtre, expos et concerts, le médiologue se promcne en roue libre, sans appret ni a priori. Reveries et aphorismes cruels se melent aux exercices d'admiration. Les angles sont vifs, la lumicre crue, mais souvent, ´r la fin, tamisée par l'humour.
Ainsi l'exige la démarche médiologique, tout en zigzags et transgressions, selon la définition un rien farceuse qu'en donne l'auteur : TUn mauvais esprit assez particulier qui consiste, quand un sage montre la lune, ´r regarder son doigt, tel l'idiot du conte.t
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Lettres au Castor et à quelques autres Tome 1 ; 1926-1939
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Blanche
- 22 Septembre 1983
- 9782070260782
Au cours des entretiens qu'il eut avec Simone de Beauvoir pendant l'été 1974, Sartre s'est expliqué sur ce que représentaient pour lui ses lettres : «C'était la transcription de la vie immédiate... C'était un travail spontané. Je pensais à part moi qu'on aurait pu les publier, ces lettres... J'avais la petite arrière-pensée qu'on les publierait après ma mort... Mes lettres ont été en somme l'équivalent d'un témoignage sur ma vie.»Ce recueil qui couvre une période allant de 1926 à 1963 rassemble toutes les lettres retrouvées par Simone de Beauvoir, ainsi que quelques autres qui lui ont été léguées ou confiées par leurs destinataires.