Filtrer
GINKGO
-
De Nouveaux Hommes (Nye Mennesker) est le meilleur ouvrage de Knud Rasmussen. Le grand et célèbre explorateur groenlandais (né en 1879, mort en1933) y dépasse les frontières des genres littéraires : ce livre , rédigé en langue Inuk et en danois, est à la fois un récit de voyage, un recueil de contes et légendes et un essai d'ethnologie. La fameuse « Expédition littéraire », qui a duré trois ans (de 1902 à 1904) comprenait des déplacements incessants pour la plupart périlleux et toujours aventureux, le long de la côte du nord-ouest groenlandais. Rasmussen les décrit avec grande précision, en même temps qu'il expose les inestimables apports de cette exploration extrême, chez les hommes les plus septentrionaux du monde : ces Inuit polaires qu'on ne connaissait pas encore. Il était indispensable, voire urgent, d'expliciter le récit de Knud Rasmussen, d'en dégager le contenu foisonnant et de le resituer dans son contexte géographique et culturel Inuit. C'est ce qu'a fait le traducteur, Marc Chaudeur, philosophe, écrivain et scandinaviste. Les photos de Franti?ek Zvardon restituent admirablement l'ambiance d'un voyage au Groenland au début du 20ème siècle. L'AUTEUR Knud Johan Victor Rasmussen, né à Jakobshavn, aujourd'hui Ilulissat au Groenland le 7 juin 1879 et mort à Copenhague le 21 décembre 1933, est un explorateur et anthropologue danois. Surnommé « le père de l'esquimaulogie », il fut le premier Européen à traverser le passage du Nord-Ouest à l'aide d'un traîneau attelé à des chiens.
-
Aventures de voyage en pays maya Tome 1 ; Copan - 1839
John Lloyd Stephens
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 14 Février 2025
- 9782846795623
« Peut-être le récit de voyage le plus fascinant qui ait jamais été publié », selon Edgar Poe, l'ouvrage qui révéla au monde la civilisation maya en 1841. À la fois livre-fondateur de l'archéologie américaine scientifique et récit d'aventures rocambolesques à la Indiana Jones.
Traduits tardivement en français (en 1991) et depuis longtemps indisponibles en librairie, les fameuses Aventures de voyage en pays maya (Incidents of Travel in Central America, Chiapas & Yucatan) de John Lloyd Stephens révélèrent au monde la civilisation maya et ses fabuleuses cités enfouies dans les forêts du Mexique, du Honduras et du Guatemala. Parfois surnommé le "second découvreur de l'Amérique", Stephens est le premier à avoir pressenti que les civilisations précolombiennes étaient autochtones, ne devant rien à l'Ancien Monde. Livre fondateur de l'archéologie américaine, ces Aventures de voyage se doublent d'une description ethnographique savoureuse du Sud du Mexique et de l'Amérique centrale, qui annonce Le Trésor de la Sierra Madre et les autres livres de Traven, avec qui elles partagent la même tendresse pour ces damnés de la Terre qu'étaient et sont encore aujourd'hui les paysans indiens. Pour parfaire le tout, le lecteur a droit en prime à un reportage haletant sur la guerre civile qui ravageait alors la région : en sa qualité d'émissaire officiel de l'État yankee, Stephens, lui-même pourchassé par brigands et guérilleros, poursuivra en vain à travers tout le pays le fantomatique gouvernement de l'éphémère « Fédération d'Amérique Centrale ». Le livre, enfin, est illustré par le "David Roberts du Nouveau Monde", le compagnon de voyage de Stephens, l'Anglais Frederick Catherwood, dont les célèbres et romantiques gravures - réalisées grâce au daguerréotype, qui venait alors d'être mis au point - sont régulièrement reprises dans les livres sur le Mexique ou les Mayas. -
Journal de Nathan Davidoff
Nathan Davidoff, Benjamin Ben David
- Ginkgo
- Mémoire D'Homme
- 16 Juin 2025
- 9782846795760
Nathan Davidoff (1880-1977), riche homme d'affaires, fut l'un des membres éminents de la dynamique communauté juive originaire de Boukhara, dans l'actuel Ouzbékistan. Famille aisée, véritable dynastie de capitaines d'industrie, les Davidoff jouèrent un rôle déterminant dans le développement économique et industriel de cette région excentrée de l'Asie centrale russe. Pendant une grande partie de sa vie, Nathan Davidoff a tenu un journal en russe, la langue de la bourgeoisie locale. Ce journal, écrit avec la précision mathématique du financier, relate la vie quotidienne en Asie centrale en ce début de XXe siècle et les véritables aventures auxquelles ses activités commerciales le menèrent, avant, pendant et après la tourmente révolutionnaire ; tant auprès des aristocrates que des opposants politiques. Le journal de Nathan Davidoff est un document rare sur la communauté juive de Boukhara. Monde peu connu de l'Occident et disparu aujourd'hui. Communauté aux fortes traditions, dont les membres les plus riches intégraient la société russe à grands pas. Cependant, au-delà du récit anecdotique ou ethnographique, Nathan Davidoff a laissé un incomparable témoignage de l'évolution de l'Empire russe et dont la lucidité laisse entrevoir les dramatiques évènements. En effet, voyant la Russie se diriger inexorablement vers les bouleversements de la révolution bolchevique, Nathan Davidoff, monarchiste sincère, tenta à plusieurs reprises de prévenir le Tsar et de le convaincre de fuir, en vain... Benjamin Ben David, son petit-fils, a retrouvé ce manuscrit et, passionné par la saga de ses ancêtres, s'est lancé dans une enquête qui l'a mené de l'Asie centrale à Jérusalem en passant par Moscou et Paris. Il complète ici le récit de son aïeul par ses commentaires. (Photographies et documents inédits)
-
Au viol s'ajoute, pour l'enfant sous inceste, l'aggravation majeure d'un interdit de dire. Le consentement ambiant à protéger l'ordre établi taxe sa parole de folie, s'il dénonce. Et s'il ne dénonce pas, c'est lui qui devient fou, ayant à métaboliser l'incurable oxymore de devoir révérer, voire aimer, son tourmenteur. Le piège est imparable. En créant Tintin, Hergé s'attaque à ce thème de la folie, dont il déconstruit l'étiologie usuelle et construit les voies du dépassement. Ce faisant, il déploie en creux, sans doute à l'insu de son plein gré,toute la figure du viol incestuel, où s'originent tant d'imputations de folie. Il ne le fait naturellement pas expressément, et n'y songe même pas. Elle s'y étale cependant dans toute son évidence, à travers une sémiologie involontaire mais parlante. En quoi il touche au point nodal du problème : le noeud du trauma étant dans l'indicible, on l'expose correctement en l'explorant par les voies expressives de l'inexprimé que ménage justement l'art de la BD, où le dessin parle sans avoir à dire. En revisitant sous cet angle l'oeuvre capitale que sont les aventures de Tintin, Philippe RATTE approfondit encore la démonstration qu'il avait faite dans Tintin, l'accès à soi (Ginkgo 2015) de ce que le succès universel et durable de ces albums tient à ce qu'ils ont pour trame fondamentale l'expérience et la guérison des blessures du Soi, en ce qu'il avait appelé une « psychanalyse homéopathique » bienfaisante. Il se dégage de cette nouvelle étude une réflexion plus vaste sur les lésions infligées à l'enfance, l'épreuve de leur dépassement, l'ordalie d'échapper aux dérobades comme aux enrobements, mais aussi une contribution acérée à l'étude des pouvoirs du texte et de l'image pour rendre audible et intelligible ce que tant de forces d'élision conspirent à étouffer. Partir ici derechef de Tintin, ouvre à l'intelligence d'enjeux de civilisation aujourd'hui enfin perçus, et à de nouvelles preuves de l'irremplaçable valeur des oeuvres de fiction pour, seules, dire le réel.
-
Paul François Raymond Robert Basset est né en 1894.
Enseignant dans la tradition républicaine, ayant assuré sa vocation dans divers communes de Normandie (Pont- Audemer, Fiquefleur, Routot et Rugle), Robert basset est le directeur de l'école Jules Ferry à Bernay (Eure) lorsque la Seconde guerre mondiale éclate. Ne supportant pas l'occupation allemande, il entre en résistance sous le nom de « Pommier », et son logement de fonction (l'école) devient le lieu de réunions secrètes et source des messages destinés à Londres (grâce à une antenne de dix mètres déployée depuis le grenier de l'école).
Arrêté une première fois par la Gestapo, avec son fils Jean, en novembre 1943 puis libéré fautes de preuves, il est pris en otage en juin 1944, envoyé à Fresnes puis déporté dans le camp de concentration de Buchenwald en Allemagne, après un terrible voyage de cinq jours dans un des derniers convois à bestiaux, le 20 août de la même année. Durant sa détention, malgré les conditions que l'on sait, il participe aux actes de résistances du camp et réussit à faire sortir des informations qui permettront le bombardement des dépôts de munitions.
Il est libéré le 11 avril 1945 mais restera sur place plusieurs jours pour faire visiter les camps aux Alliés.
De retour en France, il reprend son activité d'enseignant et met la dernière main à un récit relatant ses épreuves et les conditions de captivité des déportés.
Cependant, considérablement affaibli par les privations et les mauvais traitements, il décèdera quelques années plus tard, le 20 novembre 1949.
C'est ce manuscrit que son petit-fils, Didier Basset, a retrouvé dans une cantine oubliée dans le grenier de la demeure familiale.
Il relate avec précision le destin d'un homme : son engagement dans la Résistance, avec ses deux fils Jacques et Jean au sein du réseau aujourd'hui célèbre « CND-Castille » (CND pour Confrérie Notre-Dame) jusqu'à son arrestation et sa déportation.
Mais ce document est avant tout le récit des terribles conditions de vie derrière les barbelés du camp de Buchenwald : travaux forcés, violence et déshumanisation, désespoir et mort. Il est aussi le surprenant témoignage d'espoir et de solidarité, associant détenus et intellectuels au sein de « conférences » auxquelles d'ailleurs Robert Basset participera. Ses « Coutumes de Normandie » en sont un bel exemple.
Présenté par Didier Basset, le présent ouvrage rédigé par ce grand résistant est enrichi de photos issues d'archives, de témoignages écrits, mais aussi de nombreux dessins réalisés par l'auteur pendant sa détention.
En somme, un récit poignant et une très belle leçon de vie...
Une centaine d'illustrations > clichés d'archives, portraits, dessins de l'auteur, plans et cartes. -
Récit d'un voyage à pied à travers la Russie
John Dundas Cochrane
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 14 Février 2024
- 9782846795432
Parti de Londres en 1820, John Dundas Cochrane, capitaine de la marine britannique, entreprend seul un voyage à pied à travers l'Empire russe, jusqu'aux frontières de Chine.
L'expédition prendra trois ans au bout desquels il retournera au pays en compagnie d'une épouse, une jeune Kamtchadale. Les difficultés, les incidents sont innombrables.
Notre singulier marcheur ne tient aucun compte des conditions météorologiques et prétend en plein hiver sibérien ne pas se vêtir autrement qu'en Ecosse.
Pourvu d'un équipement rudimentaire, il lui faut une certaine dose de courage et d'inconscience pour parcourir ces contrées glaciales par des chemins, quand il en existe, impraticables.
Mais, Cochrane est avant tout un amoureux du voyage, un fin observateur et son journal nous fait découvrir ce que fut la vie dans ces immensités encore sauvages.
C'est aussi le récit de la fantastique expérience vécue par un homme qui outre la fatigue, le froid et la faim, va découvrir chez ces peuplades un accueil et une générosité auxquels il ne s'attendait pas du tout avant son départ d'Angleterre.
Au fil des pages, le regard de Cochrane sur ceux qu'il croyait être des sauvages, des brutes ignares, change au point qu'il reconnaîtra n'avoir jamais été aussi heureux que perdu au milieu de la Sibérie. -
« La nuit, je fais encore quelquefois d'horribles cauchemars. Ils sont toujours les mêmes... Je me retrouve dans la tranchée avec Théodore au milieu d'un bruit épouvantable d'éclats d'obus et de mitraille... C'est l'enfer de feu et de terreur. Soudain, je me retourne et je vois Théodore plein de sang qui disparaît comme une ombre qui s'enfuie... » C'est dans le grenier de la maison familiale, au fond d'un coffre fermé depuis longtemps que Miguel Haler et les siens ont découvert, il y a quelques années, cinq carnets manuscrits. Ils avaient été rédigés par le grand-père paternel, sur le front et précieusement gardés, puis oubliés... Retrouvant ainsi son aïeul, disparu depuis longtemps, Miguel Haler a décidé de le faire revivre par l'écriture. Ces phrases et ces mots, simples et forts, écrits par le simple ajusteur devenu soldat et malgré lui chroniqueur de l'indicible, ont été ici repris par l'écrivain, son descendant. Miguel ne réécrit pas mais accompagne ce qui est déjà écrit, précisant les lieux et les situations, se glissant ainsi dans la peau de celui qui combat et souffre. Moi, Joseph l'Alsacien est ainsi devenu la chronique journalière, remaniée et enrichie, humaine et humaniste, de celui qui, au soir de sa vie, était appelé affectueusement "Pépé piquant"...
-
"Quand Dieu ferme une porte, il ouvre une fenêtre". ' Après la mort de son père, emporté par l'effroyable vague de choléra qui toucha le Piémont en 1854, l'adolescent Michel Bovio, dit Miclin, se retrouva seul et sans ressources. Toutes les portes semblaient se fermer et son pays n'offrait plus à la jeunesse de perspectives d'avenir. En revanche, de l'autre côté des Alpes, la France vibrante et lumineuse de la révolution industrielle paraissait riche de promesses. Ainsi la vie ouvrit-elle une fenêtre à ce jeune apprenti-charpentier quand, un matin du printemps 1856, il se mit en route pour Toulon dans l'espoir d'être embauché sur les chantiers de cette ville en plein essor. Il avait affronté l'inconnu, soutenu par le souvenir de ses racines qui lui mettait du baume au coeur. Si autrefois le choléra lui avait enlevé son père, le retour de ce fléau dix ans plus tard lui apporta sans l'avoir demandée la nationalité française, pour saluer le courage et l'humanité dont il fit preuve lors de cette épreuve. Avant cela, Miclin avait épousé une orpheline venue de la même région que lui, et qui mourut en mettant au monde une fille qu'il appela Marie-Antonia. Pris au dépourvu, il la confia à une nourrice piémontaise qui se chargea de l'amener dans son village d'origine où elle resta treize ans. Ayant trouvé un emploi stable à l'arsenal de Toulon, son père fut tout heureux d'aller la reprendre. Entre temps, l'enfant était devenu une sage demoiselle. A l'occasion du bal annuel de la colonie piémontaise de Toulon, Marie-Antonia rencontrera Barthélemy Bonifacino, fils d'émigrés lui aussi, avec qui elle partagera amour, nuits blanches et réussite. Ensemble, marchant sur les traces de leurs aînés, ils donneront naissance à une génération dont les talents divers, la culture et l'ambition leur permettront de progresser dans la société française et de mieux vivre, honorant ainsi les pionniers qui leur avaient ouvert la voie. En effet, du modeste commerce de cuir à l'un des restaurants les plus fréquentés de Toulon, l'aventure de Marie-Antonia succèdera à celle de son père et sera racontée dans cette saga toulonnaise sur fond d'histoire du XIXe et du XXe siècle.
-
Joseph J. Fuller (1839-1920) fut un capitaine baleinier américain célèbre en son temps qui navigua au départ de New London (côte Est des Etats-Unis) pendant plus de 35 ans durant la seconde moitié du XIXe siècle. Simple mousse à ses débuts, il consacra sa vie entière à la chasse à l'éléphant de mer (que l'on tuait pour l'huile), dans les mers australes et principalement dans l'Océan Indien, aux îles Heard et Kerguelen.
C'est dans cette dernière, appelée à l'époque « La Désolation » qu'il fit naufrage en 1880 et y passa un an avec un équipage en révolte dans des conditions dramatiques. Les périls affrontés courageusement et avec succès firent du capitaine Fuller le « Maître de la Désolation », titre donné aux mémoires qu'il écrira à la fin de sa vie.
Ce récit fut retrouvé en 1971 et publié une première fois aux Etats-Unis. Il est composé de deux parties successives :
« L'expédition du Roswell King » retrace les premières années du marin et les campagnes baleinières.
« Le Naufrage de la Pilot's Bride » est plus particulièrement consacré à l'expédition malheureuse de 1880 et sa funeste destinée.
Ce texte, pourtant écrit par un homme qui avait quitté fort jeune les bancs de l'école pour naviguer, présente d'indéniables qualités littéraires. Il est cependant et surtout un remarquable témoignage sur une profession mythique. Peignant avec réalisme la vie quotidienne et dure des marins baleiniers, il porte un éclairage direct (par l'un de ses principaux acteurs) sur une industrie, sur ses enjeux, ses dangers et indirectement sur le désastre écologique qu'elle provoqua.
La présente édition, traduite de l'américain, est précédée d'une introduction par Jean Claude Bousquet, ancien chercheur à l'IRD, qui longtemps travailla sur les îles Kerguelen et leur faune sauvage. Elle rassemble d'importantes informations sur la vie du capitaine Fuller et sur le monde de la chasse baleinière.
Un appareillage de notes et appendices, en partie d'époque (certaines rédigées par Fuller luimême), nous apporte de nombreuses et utiles informations sur les îles Kerguelen et leur environnement. Cartes, illustrations d'animaux et photographies anciennes complètent l'ensemble. -
Au Yémen avec Théodore Monod ; carnets d'expédition (1995)
José-Marie Bel, Théodore Monod
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 25 Mars 2019
- 9782846794220
Voici une aventure singulière : l'histoire de la dernière expédition botanique de Théodore Monod, alors âgé de 93 ans, au Yémen et dans le désert d'Arabie en compagnie de José-Marie Bel, son ami et expert de cette région.
C'est en évoquant les déserts avec Théodore Monod dont le Sahara, qu'il affectionnait tant et qui est aussi celui de son enfance que José-Marie Bel s'est lié d'une l'amitié sincère avec le savant, amitié enrichie avec le temps d'une singulière complicité.
C'est également à travers leurs fréquentes discutions au sein du Muséum national d'Histoire naturelle, abordant aussi bien la philosophie, les religions et l'environnement qu'un projet de mission botanique au Yémen a germé en 1990. Théodore était fort tenté d'y retourner et accordait à José-Marie la confiance d'un véritable ami. Alors pourquoi ne pas se lancer dans une nouvelle aventure ?
Forts de leurs expériences dans des lieux reculés, ils ont préparé durant plusieurs mois cette expédition. Pourtant, tant de circonstances l'ont fait repousser, au risque même de l'annuler : leurs occupations diverses, comme la restauration de la Maison de Rimbaud à Aden dont Bel avait la charge, ou le voyage de Monod dans le Tibesti ; la guerre du Golfe ou le grave conflit yéménite de 1994... À ce sujet, l'auteur ses souviens des propos de Théodore qui venait d'avoir 92 ans : « ... en ce moment, c'est le Yémen qui ne va pas bien, moi, je vais très bien... » Heureusement, cette mission eut bien lieu l'année suivante, et quelle mission !
Longues et périlleuses marches sur des sentiers impraticables et sous un implacable soleil, escalades ardues et descentes au fond de cratères en quête de l'Euphorbia adenesis, à la sève irritante, ou du Boswellia sacra, le fameux arbre à encens : l'objectif des deux « explorateurs » étant de rassembler un herbier, le plus complet possible, à l'instar de celui rassemblé en 1977 et disparu depuis.
C'est en somme un périple de près de 3500 km qui fut mené dans ce pays : régions humides des hauts plateaux, basses plaines du Golfe d'Aden, secteurs volcaniques et désertiques, vallées du Hadramawt, et bien sûr la région d'Aden, la capitale. Certains lieux ont été privilégiés, suivant ainsi la volonté d'un vieux monsieur qui certes souffrait sur le terrain, mais dont la volonté, l'obstination même était inébranlable : vestiges des villes antiques et mythiques de Shibâm, Shabwa, Maareb, et surtout la « botanisation » sur le plus haut sommet du Yémen avec en prime - pour la première fois - la vérification de son altitude. De ce voyage (le dernier de Théodore Monod) un film fut produit, et aujourd'hui ce recueil. Rédigé par José-Marie Bel, il prend la forme d'un carnet de voyage, relatant le quotidien de l'aventure vécue par l'auteur et le vieux savant ; aventure au sens propre du terme, certes située à la fin du XXe siècle mais qui garde tout l'esprit des expéditions d'antan, celles des premiers explorateurs.
Tant d'années après cette mission et après sa disparition (en 2000), voici une humble manière de faire revivre aux admirateurs de Théodore Monod des journées de ce grand monsieur.
-
Gagarine : ou le rêve russe de l'espace
Yves Gauthier
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 9 Octobre 2021
- 9782846794831
Le 12 avril 1961, un inconnu de vingt-sept ans, Youri Gagarine, réalise l'un des rêves les plus fous de l'humanité. Pour la première fois, un homme voyage dans l'espace. Tel un héros de conte russe, cet ancien petit paysan devenu aviateur côtoie les tsars de son temps en exhibant son éternel sourire. Pourtant, il n'ignore rien des souffrances endurées par les protagonistes de la conquête russe de l'espace, et surtout par Sergueï Korolev (1907-1966), son mentor et père symbolique. Mis au secret jusqu'à sa mort, le concepteur du premier vaisseau spatial habité dut subir les affres du goulag, tenir tête à Staline, manipuler Khrouchtchev et prendre Kennedy de vitesse pour que Gagarine puisse enfin ouvrir le chemin du cosmos.
Une première mouvementée, comme le prouvent aujourd'hui nombre de documents déclassés auxquels se mêlent des témoignages inédits. Il n'est qu'à lire dans ces pages le rapport secret du cosmonaute pour revivre son aventure. D'abord bienveillant envers ce « Colomb de l'espace », le destin se retournera finalement contre lui. Encensé par son peuple, statufié et instrumentalisé à son corps défendant par les dirigeants de son pays, Gagarine périra dans des circonstances dramatiques où se mêleront le mystère, la fatalité et la coupable négligence de ses pairs.
Restent les archives et les témoins, qui parlent. Gagarine, ou le rêve russe de l'espace s'abreuve aux sources russes originales et réunit en un récit épique des pièces inconnues, introuvables ou dispersées.
-
Près de vingt ans après la fin de l'Union soviétique, il reste encore des dissidents. Condamnée à mort en 1983 pour "haute trahison d'État", Renata Lesnik en est le vivant exemple. Ses crimes ? Être passée à l'Ouest en bernant le KGB et avoir révélé dans Ici Moscou, son premier livre, le vrai visage du régime. Avec Mariée au KGB, en femme libre, elle nous livre enfin ses mémoires et dévoile un pan largement méconnu de l'histoire récente. Avec sa verve sans égale, son humour ravageur - sans idéologie ni pathos - elle évoque sa résistance au sein d'un système totalitaire et son quotidien à travers une URSS digne de Kafka. Passionnant thriller politique, la vie de Renata - toujours sur le fil du rasoir - prend littéralement le lecteur aux tripes. Intransigeante, courageuse et authentique, elle s'est affirmée comme l'un des plus brillants experts de la Russie post-soviétique, sans jamais accepter le compromis. Toujours traquée, cette réfugiée politique en France est devenue, aux yeux de certains, un témoin gênant.
-
évasion de France ; souvenirs d'un prisonnier allemand pendant la Grande Guerre
Carl Kersting
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 4 Décembre 2019
- 9782846794305
Le récit débute par la capture de l'auteur, le 8 juillet 1916, au nord de la Somme. Pris sous le feu croisé de troupes françaises et anglaises, il est contraint à la reddition et décide de se livrer aux Français.
Transféré d'abord à Toulouse, sous les lazzis d'une foule déchaînée, il entreprend une première tentative d'évasion en direction de l'Espagne. Repris avec son compagnon, l'auteur décrit longuement ses nouveaux compagnons de cellule, hauts en couleurs (Annamites, Zouaves, Turcos, « Nègres », tous accusés de désertion, mais aussi des Belges, des Américains, des Serbes et des contrebandiers français). Après des mois d'enquête préalable, il est déféré devant le conseil de guerre pendant lequel ses compagnons et lui sont défendus par un avocat français qui prend fait et cause pour eux. Ils sont condamnés à 4 mois de forteresse à Avignon.
Puis Kersting tente pour la deuxième fois de s'évader. Lors du transfert dans un autre camp, il fausse compagnie à ses gardiens en sautant du train à hauteur de Lyon. Au bout de quelques jours, il est repris et conduit à Cholet puis à Carcassonne, Barcelonnette, puis Uzès. L'auteur détaille toutes les erreurs qu'un candidat à une évasion ne doit pas commettre et donne des conseils pour contourner les dispositifs mis en place par les autorités françaises. C'est à Annecy qu'il peut les mettre en pratique.
Le dernier tiers du livre est en effet consacré à cette ultime évasion ; préparatifs, traversée de nuit de la campagne française, arrestation de son compagnon, contournement des habitations, franchissement de ruisseaux glacés, nuits dans des fermes abandonnées, ruses pour échapper à la vigilance des douaniers et gendarmes près de la frontière, passage par la montagne enneigée du Salève, défi que, selon lui, personne n'avait encore relevé, jusqu'à l'arrivée en Suisse. À Genève, il passera une dernière nuit dans un cachot du commissariat de police avant de rejoindre l'ambassade allemande et de regagner son pays.
Ce récit permet au lecteur français de sortir de son point de vue tricolore en adoptant celui d'un prisonnier allemand, de voir ainsi les geôles françaises de la Grande Guerre et de partager le regard « ennemi » sur la société française et les événements en cours.
Le livre est à replacer dans son contexte : lorsqu'il parait, des milliers de prisonniers allemands sont encore détenus en France, employés pour certains dans des conditions très difficiles, à des travaux de reconstruction dans le nord de la France.
Le livre de Carl Kersting est représentatif de toute une littérature publiée en Allemagne dès le début de l'année 1919. Le but de cette quantité assez phénoménale de parutions demeurant le même pour tous les livres : prouver que l'armée allemande s'est bien battue, que ses officiers ont tous été d'excellents combattants et de haute tenue contre des adversaires, piètres soldats immoraux. De l'écrasante majorité de ces livres, ressort le sentiment d'étonnement devant une défaite « inexistante ». Cette littérature se veut dans l'esprit de la fameuse déclaration du maréchal Hindenburg devant la commission parlementaire allemande sur les responsabilités de la guerre : « Die deutsche Armee ist von hinten erdolcht worden » (« L'armée allemande a été poignardée dans le dos »).
L'historien Didier Dutailly, fin connaisseur, non seulement de la Grande Guerre, mais également de la Savoie où se déroule l'évasion finale, a enrichi le livre de ses notes et commentaires critiques.
-
Le docteur Michel-Gabriel Paccard (1757-1827) fut le premier à gravir le mont Blanc en 1786, accompagné par le cristallier Jacques Balmat. La mémoire retint ce dernier comme le leader de la cordée, quitte à assigner au médecin de Chamonix le rôle de simple comparse - sinon de piètre second. La statue érigée au centre-ville en 1887 (cent un an après la première) en atteste. Elle représente Balmat en compagnie d'Horace-Bénédict de Saussure pour célébrer l'ascension du célèbre naturaliste qui fut conduit au sommet par le cristallier - devenu guide - en 1787. Pourquoi Paccard fut-il oublié par la postérité avant que les Anglais, véritables inventeurs de l'alpiniste à la fin du dix-neuvième siècle, rétablissent la place éminente qui fut la sienne dans la conception et la réalisation du projet ?
L'auteur s'attache à reprendre le fil de l'histoire. Il s'avère que les deux compagnons ne poursuivaient pas le même objectif. Le tourisme commençait à se développer à l'époque. Une bourgeoisie venue de toute l'Europe se pressait à Chamonix pour y admirer les glacières. Les plus audacieux pour gravir les montagnes, voire le mont Blanc. Une rente pour la vallée, le commerce, l'hôtellerie. La gloire de Balmat y contribuait, anticipant la compagnie des guides créée en 1821. Il convenait de reléguer le docteur du village au rang de simple client, pataud, mené par un Balmat conquérant capable de conduire des amateurs au sommet, et de les en ramener. Les dénégations du médecin firent long feu. La réalité est toute autre. Paccard était un fort montagnard. Il avait gravi moult glaciers aiguilles et autres dômes. Passionné de botanique, de géologie, de physique, il fut sans doute l'initiateur du projet. Son but était de mesurer la pression atmosphérique au sommet du mont Blanc (il y emporta un baromètre) afin d'en déterminer l'altitude par une méthode plus simple que la triangulation.
Le docteur Paccard était un esprit du siècle des lumières. Son journal, détenu par l'Alpine Club à Londres, en témoigne. Ses connaissances en botanique sont impressionnantes. Il fut l'élève du célèbre Carlo Allioni quand il étudiait la médecine à Turin. Il parcourait déjà la montagne en quête de trouvailles fleuries qu'il rapportait au botaniste qui donna son nom au genre Allionia. Les nomenclatures de Von Haller et de Linnée n'avaient pas de secret pour Paccard. Il devint correspondant de l'académie des sciences de Turin. Il communiquait avec les plus éminents naturalistes de l'époque, dont Saussure, puis juge de paix, maire de Chamonix, affichant des idées jacobines pendant la révolution, ce qui ne lui valut guère de popularité auprès d'édiles appelées à être mises en place sous l'empire et la restauration. Tout contribuait à faire oublier le docteur Michel-Gabriel Paccard.
Une époque revit au travers de sa biographie, celle du temps où Chamonix faisait partie du royaume de Piémont-Sardaigne. Quand, peu à peu, un ancien régime commençait à s'écrouler. Quand le système métrique allait remplacer toises, aunes et boisseaux et que les sans culotte défileront à Chamonix pour planter des arbres de la liberté. Quand on détruisait les statues de la Vierge, quand un dénommé Grenadier écrivait : « Ministres italiens, vous ruinez la Savoie par les principes de votre maître Machiavel. Songez aux suites qu'aura votre infernale combinazione ! Elle allumera la rage dans l'âme paisible du Savoisien et je vous prédis que vous serez les premières victimes. »Joseph de Maistre, père de la philosophie contre-révolutionnaire, écrira : « Il existait quatre maisons gangrénées à Chamonix, dont celle du médecin Paccard. »
-
Récit des aventures de Pierre David, consul général de France à Smyrne dans les années 1820, dont le séjour dans ce grand port ottoman fut parsemé d'embûches. Il dut faire face aux troubles provoqués par la guerre d'indépendance grecque.
En plongeant, littéralement, dans la vie de ce diplomate, le livre nous entraîne dans une aventure hors du commun.
En accordant toute sa place à l'Orient et sa complexité (Guerre d'indépendance de la Grèce), il trouve un bel écho dans le cadre du bicentenaire de l'insurrection grecque qui a menée à l'émancipation de ce pays (1821-29), ainsi qu'en référence aux commémorations des massacres de Scio (avril 1822) et plus récemment de la tragique prise de la ville par les Turcs (septembre 1922).
C'est en 1819 de Pierre David débarque à Smyrne, plein d'espoir après un séjour agité en Bosnie. Il espère trouver dans cette ville cosmopolite et animée, entourée de l'aura des cités orientales, une vie de repos, de « sucre et de miel ». Il ignore encore les épreuves qui l'attendent dans sa mission.
En mauvais rapport avec la communauté européenne de la ville, il se replie dans un palais ottoman avec ses proches et tente d'y mener une vie « orientale » profitant des douceurs de l'Asie mineure. Mais les événements politiques le rattrapent - les troubles provoqués par les guerres d'indépendance en Grèce - et le forcent à se replonger dans la mêlée.
Progressivement, les autorités ottomanes de Smyrne se délitent et l'anarchie s'installe. Jour après jour, les Grecs sont massacrés et Pierre David entreprend alors de les sauver, quitte à mettre sa vie et sa carrière en danger.
Il sera aussi confronté aux massacres de Scio, peints par Delacroix, et à l'arrivée d'un puissant pacha, pendant que son fils s'éprend d'une jeune Grecque...
Tous les événements présents dans l'ouvrage sont authentiques et attestés par des témoignages de l'époque.
Illustrations d'époque, portraits, cartes et plusieurs documents d'archives enrichissent le texte que l'auteur a voulu riche, simple et alerte. -
Le tour du monde d'un Barcelonnette, 1882-1883
Emile Chabrand
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 28 Novembre 2013
- 9782846790635
Emile chabrand [1843-1893) est un barcelonnette, originaire de cette petite ville des alpes-de-haute-provence qui, entre 1850 et 1950 fut le creuset d'une forte émigration vers le mexique.
Les descendants des barcelonnettes forment aujourd'hui la partie la plus importante des mexicains d'origine française. revenu au pays, en 1881, après vingt ans d'absence, emile chabrand devient un notable. c'est un homme cultivé, naturaliste et ethnographe, collectionneur et fondateur du premier musée de barcelonnette. en 1882 et 1883, il fait un long voyage de près d'un an autour du monde qui le conduit en mer rouge, en inde, en extrême-orient, aux etats-unis puis enfin au mexique qu'il aime et connaît si bien.
Publié en 1892, ce récit s'inscrit dans le moule des chroniques des français voyageurs. les caractéristiques en sont bien présentes : curiosité sincère de l'autre ; remarques amusées sur les coutumes " étranges " ; nationalisme ardent face aux progrès des puissances rivales. son style alerte et fluide, teinté à maintes reprises de savoureuses notes d'humour et de fausse ingénuité, en fait un récit attachant et vivant, témoin de la vision des mondes lointains par la vieille europe.
Le présent ouvrage est enrichi de présentations et de notes réalisées par hélène homps-brousse, conservatrice du musée de la vallée à barcelonnette, et de pascal mongne, historien d'art américaniste et enseignant à l'ecole du louvre.
-
La relève de l'escadre de Perse ; journal de bord d'un vaisseau français aux Indes Orientales sous Louis XIV
Philippe Fabry
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 25 Novembre 2004
- 9782846790260
Le 16 mars 1671, le navire du roi le "Breton" appareille de La Rochelle pour apporter à l'Escadre de Perse qui se trouve aux Indes, la plus importante flotte jamais vue dans cette partie du monde et envoyée par Louis XIV, un coffre plein de 100 000 livres, des hommes en renfort et les lettres du roi.
"La relève de l'Escadre de Perse" n'est autre que le journal de bord de ce vaisseau qui, après avoir rejoint la flotte à Goa, va participer à tous les combats, soutenir tous les sièges, affronter les moussons... alors même que son équipage est décimé par la faim, le scorbut et les combats sanglants livrés aux Maures et aux Hollandais. C'est finalement sur le "Breton", dernier vaisseau en état de marche, que va monter l'Amiral.
Avant qu'une tempête ne le fasse sombrer non loin de Pondichéry, le célèbre comptoir français sur la côte indienne établi grâce à cette expédition.
-
" Trois-mâts et goélettes, généraux emplumés, intrigues de cabinet, pièces de six, avocats sans cause, ruée vers l'or, whisky frelaté, combats pitoyables, armateurs impitoyables, récifs de corail, procès bouffons, amours mortes. Des pelotons d'exécution à chaque carrefour, des épidémies de choléra en toute saison. De vrais pourris, de faux naïfs. Bien peu de dames... " Patrick Boman nous plonge au sein d'un monde à la fois mythique et mal connu, celui des flibustiers du XIXe siècle. Tout aussi aventureux et assoiffés d'or que leurs ancêtres, manipulés discrètement par les grandes puissances du moment, ils tenteront de conquérir pouvoir et renommée, sur les terres d'une Amérique centrale en proie aux affres de l'anarchie. C'est en ces lieux que se distinguent trois personnages dont ce livre plein de verve raconte la vie, " remarquable " et... fort agitée. C'est tout d'abord Gaston de Raousset-Boulbon, aristocrate provençal, ruiné et renié par les siens, qui tentera de conquérir pour son compte l'Etat mexicain de la Sonora. C'est ensuite William Walker, à la fois médecin, avocat et journaliste, qui, après une première tentative en Basse-Californie (Mexique), jettera son dévolu sur le Nicaragua. C'est encore au Nicaragua que Félix Belly, Parisien, journaliste et homme d'affaires sans beaucoup de scrupule tentera l'aventure. Passionnant récit historique, Boulevard de la flibuste dévoile avec humour une période mal connue de l'histoire du continent américain.
-
Amériques intimes ; et autres récits
Christine Frérot
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 16 Avril 2021
- 9782846794732
Avec Amériques intimes, son septième ouvrage, Christine Frérot aborde une fois de plus cette Amérique latine qui lui est si chère, mais en délaissant cette fois l'histoire de l'art pour aborder les rivages de l'intime et du souvenir. La mise à nu de ses sentiments, de ses découvertes ou de ses attachements irrigue son récit autobiographique, où l'on découvre des éclats sensibles ou mélancoliques, les évocations de moments plus ou moins privilégiés, la matière vivante de tous ses enracinements.
Le Mexique, fil conducteur de ce livre, où affleure néanmoins l'ancrage profond de sa première vie (la rude et solitaire Lozère) la conduit - en des « aller-retour » incessants - depuis Mexico, la capitale-mondes bruyante, fascinante et épuisante, à Oaxaca la baroque, vibrante, lumineusement ocre ; depuis La Havane, encore socialiste et endormie, à Sao Paulo et Rio de Janeiro, cités d'un Brésil intense, langoureux et musical ; depuis le Pacifique jusqu'aux Caraïbes et à l'Océan atlantique.
Ce livre n'a pas pour objet de tracer une chronologie. Il dessine en rhizomes des fragments d'histoire et assemble dans une mélancolie joyeuse les divagations et les certitudes d'un parcours esthétique et sensible, d'une renaissance de soi.
C'est l'amour et ses liens avec tout un continent, la seule Amérique, l'America latina à la fois espagnole et portugaise, mais aussi aztèque, maya et inca ; celle de cultures millénaires dont le passé est toujours vivant, mais aussi celle des modernités architecturales les plus extravagantes, et surtout, celle de l'affect ; enfin, unique, celle d'un réel-merveilleux intrinsèquement latino-américain, autrefois chanté par l'écrivain cubain Alejo Carpentier.
-
à l'ombre de Kmers rouges : souvenir d'une ambassade peu ordinaire (1991-1993)
Philippe Coste
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 14 Novembre 2022
- 9782846795111
En 1970, le coup d'État qui a renversé le Prince Sihanouk a plongé le Cambodge dans plus de vingt ans de chaos. Au bout de ce long calvaire, à la faveur de la fin de la Guerre Froide un plan de paix a été imaginé, inspiré par une poignée de diplomates français. Un plan de paix ambitieux qui consistait en rien moins que départager par le suffrage universel les quatre factions qui ne cessaient de s'entre déchirer. Cette oeuvre de réconciliation à haut risque ne pouvait être conduite que par une autorité extérieure : d'où l'idée d'impliquer dans l'opération les Nations Unies. Tel était l'objet des Accords de Paris sur le Cambodge, signés le 23 octobre 1991 C'est l'histoire de cette expérience hors du commun que raconte Philippe Coste, l'Ambassadeur de France à Phnom-Penh pendant ces deux années décisives.
Avec le recul de trente ans et la liberté de plume qu'un tel délai autorise, son récit, très enlevé, sa plume incisive nous donne à voir sur le vif le fonctionnement des Nations-Unies à travers une galerie de tableaux hauts en couleur des protagonistes du drame et des milles péripéties qui ont marqué le processus de paix. Récit aussi précis que parfaitement documenté mais aussi une histoire très personnelle, riche d'anecdotes tantôt émouvantes, tantôt piquantes qui toujours mettent en lumière les particularités inattendues d'un pays ô combien attachant. -
Journal de Nathan Davidoff ; le juif qui voulait sauver le Tsar
Nathan Davidoff, Benjamin Ben David
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 1 Décembre 2002
- 9782846790116
Document unique sur les communautés juives d'Asie centrale. Au-delà du récit anecdotique et de la description ethnographique, Davidoff nous a laissé un incomparable témoignage illustrant les bouleversements de la Révolution russe.
Le journal de Nathan Davidoff est un très riche document sur la communauté juive d'Asie centrale : monde peu connu de l'Occident et disparu aujourd'hui. Communauté aux fortes traditions, dont les membres les plus riches intégraient la société russe à grands pas.
Davidoff a également laissé un incomparable témoignage sur l'évolution de l'Empire russe et dont la lucidité laisse entrevoir les dramatiques événements. En effet, voyant la Russie se diriger inexorablement vers les bouleversements de la Révolution bolchevique, Nathan Davidoff, monarchiste sincère, tenta à plusieurs reprises de prévenir le Tsar et de le convaincre de fuir, en vain...
Oublié pendant plusieurs décennies, ce manuscrit fut tardivement retrouvé par son petit-fils, Benjamin Ben David qui, passionné, se lança dans une longue et difficile enquête à la recherche de ses racines. Elle le mènera de Paris en Asie centrale, à Moscou et à Jérusalem.
Traduit en français, ce journal est accompagné de précieux commentaires et de spectaculaires photographies.
-
Journal d'un voyage en Amérique 1820 ; depuis la côte de Virgine jusqu'au territoire de l'Illinois
Morris Birkbeck
- Ginkgo
- Mémoire D'Homme
- 4 Octobre 2007
- 9782846790413
Journal d'un voyage en amérique est le récit étonnant d'un homme épris de liberté, qui voulait croire au rêve américain.
Devenu comme tant d'autres un aventurier par la force des choses, morris birkbeck va s'expatrier avec sa famille et traverser successivement les états de la virginie, de la pennsylvanie, de l'ohio avant de s'établir près de princeton, en illinois, au terme d'un long voyage. ce fermier, issu d'une famille quaker, homme cultivé et humaniste, avait décidé de donner à ses amis restés en europe un récit de sa découverte du nouveau monde.
Cette vision de la jeune amérique, à l'aube de la conquête de l'ouest, est probablement l'une des plus pertinentes et sincères, mêlant anecdotes de la vie quotidienne, descriptions de paysages et de lieux, et réflexions personnelles à la fois politiques et sociales. la question de l'esclavage qui allait déchirer les états-unis quarante ans plus tard y tient une grande place. son texte s'en fait l'écho, avec émotion...
Abolitionniste convaincu, morris birkbeck luttera de toute son énergie contre l'" institution particulière " comme on l'appelait à l'époque, n'hésitant pas à entrer en politique pour réaliser son idéal.
-
«... À peine débarqué, je rencontrai un ami qui me prit pour un revenant. Je passais pour mort depuis trois mois ; on me disait assassiné dans les environs de Mitla et le récit du combat que j'avais soutenu, les détails horribles du meurtre étaient parvenus je ne sais comment à Mexico.
Un artiste de l'endroit en avait fait un dessin fort exact et s'apprêtait à l'envoyer à L'Illustration. Je lui écrivis immédiatement de suspendre l'envoi, ou du moins de modifier le tableau...».
Archéologue, photographe et écrivain, Désiré Charnay (1828-1915) est aujourd'hui injustement ignoré. Ce bourguignon haut en couleur fut pourtant l'un des grands explorateurs français du XIX° siècle. Passionné par le Mexique et son passé précolombien, il fut célèbre pour les récits d'exploration et les nombreuses photographies qu'il en rapporta ; et que l'on redécouvre aujourd'hui.
Voyage au Mexique (1858-1860) est la réédition de son premier voyage et relate son expédition photographique à la recherche des ruines précolombiennes (la première du genre).
Publié en 1863, ce texte n'est pas seulement le récit d'aventures rocambolesques et pourtant authentiques dans un pays alors déchiré par la guerre civile. C'est aussi le regard acéré et plein humour d'un jeune Européen sur la société mexicaine du milieu du XIXe siècle.
-
Un ouvrage témoignage sur le squat Maurice-Scève, un ancien collège désaffecté construit sur l'emblématique plateau de la Croix-Rousse à Lyon (à l'emplacement de la maison natale de l'abbé Pierre !). Ce squat, ouvert par un collectif à l'automne 2018 pour mettre à l'abri des mineurs isolés à la rue, était prévu pour accueillir une cinquantaine de réfugiés.
Au plus fort, ils seront 450 à l'été 2020 !
Outre les questions de gestion quotidienne (remise en état des locaux, approvisionnement, cuisine, suivi sanitaire, accompagnement administratif...), le livre aborde les rapports avec la Métropole de Lyon - de l'opposition franche à l'« ère Collomb » à un dialogue tendu mais constructif avec ses successeurs ; la gestion remarquable du confinement du printemps 2020 et les nombreux débats qui animèrent les lieux.
Le plus important, peut-être, fut la mise en place d'un fonctionnement autogestionnaire par ses habitants, avec des référents, tentant de rendre vivable un lieu à vocation transitoire, et peuplé de personnes d'origines et de cultures contrastées.
De nombreux témoignages d'habitants du squat, de soutiens citoyens, d'habitants du quartier, ainsi que des documents illustrent les différents chapitres.
+ Cahier de 16 pages quadri.