Gallimard
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L'être et le néant ; essai d'ontologie phénoménologique
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 11 Août 1943
- 9782070257577
«L'être ne saurait engendrer que l'être et, si l'homme est englobé dans ce processus de génération, il ne sortira de lui que de l'être. S'il doit pouvoir interroger sur ce processus, c'est-à-dire le mettre en question, il faut qu'il puisse le tenir sous sa vue comme un ensemble, c'est-à-dire se mettre lui-même en dehors de l'être et du même coup affaiblir la structure d'être de l'être. Toutefois il n'est pas donné à la "réalité humaine" d'anéantir, même provisoirement, la masse d'être qui est posée en face d'elle. Ce qu'elle peut modifier, c'est son rapport avec cet être. Pour elle, mettre hors de circuit un existant particulier, c'est se mettre elle-même hors de circuit par rapport à cet existant. En ce cas elle lui échappe, elle est hors d'atteinte, il ne saurait agir sur elle, elle s'est retirée par-delà un néant. Cette possibilité pour la réalité humaine de sécréter un néant qui l'isole, Descartes, après les Stoïciens, lui a donné un nom : c'est la liberté.» Jean-Paul Sartre.
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Le visible et l'invisible ; notes de travail
Maurice Merleau-Ponty
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 12 Février 1964
- 9782070244287
'Du grand ouvrage dont revait Merleau-Ponty ne restent que cent cinquante pages manuscrites. Quelle est leur fonction : introduire. Il s'agit de diriger le lecteur vers un domaine que ses habitudes de pensée ne lui rendent pas immédiatement accessible. Il s'agit, notamment, de le persuader que les concepts fondamentaux de la philosophie moderne - par exemple, les distinctions du sujet et de l'objet, de l'essence et du fait, de l'etre et du néant, les notions de conscience, d'image, de chose - dont il est fait constamment usage impliquent déj´r une interprétation singulicre du monde et ne peuvent prétendre ´r une dignité spéciale quand notre propos est justement de nous remettre en face de notre expérience, pour chercher en elle la naissance du sens.' Claude Lefort.
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Vivre de paysage : ou l'impensé de la raison
François Jullien
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 13 Mars 2014
- 9782070145157
"En définissant le paysage comme "la partie d'un pays que la nature présente à un observateur", qu'avons-nous oublié ?
Car l'espace ouvert par le paysage est-il bien cette portion d'étendue qu'y découpe l'horizon? Car sommes-nous devant le paysage comme devant un "spectacle"? Et d'abord est-ce seulement par la vue qu'on peut y accéder - ou que signifie "regarder"?
En nommant le paysage "montagne(s)-eau(x)", la Chine, qui est la première civilisation à avoir pensé le paysage, nous sort puissamment de tels partis pris. Elle dit la corrélation du Haut et du Bas, de l'immobile et du mouvant, de ce qui a forme et de ce qui est sans forme, ou encore de ce qu'on voit et de ce qu'on entend... Dans ce champ tensionnel instauré par le paysage, le perceptif devient en même temps affectif ; et de ces formes qui sont aussi des flux se dégage une dimension d'"esprit" qui fait entrer en connivence.
Le paysage n'est plus affaire de "vue", mais du vivre.
Une invitation à remonter dans les choix impensés de la Raison ; ainsi qu'à reconsidérer notre implication plus originaire dans le monde." François Jullien.
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L'imaginaire ; psychologie phénoménologique de l'imagination
Jean-Paul Sartre
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 25 Janvier 1940
- 9782070257553
Dans L'imagination (1936), Sartre avait mené une analyse critique des théories de l'image mentale depuis Descartes.
L'imaginaire, qu'il écrivit ´r la suite, tente d'abord ce qu'il appelle une Tphénoménologiet de l'image, c'est-´r-dire qu'il inventorie et conceptualise tout ce qu'une réflexion directe, voire subjective, peut apprendre de certain sur la conscience imageante ; il écarte donc les théories de ses prédécesseurs tout en se servant, souvent contre eux, de leurs observations concrctes, aussi bien que de sa propre subjectivité. Puis il en vient au probable, ´r savoir ´r ses propres hypothcses sur la nature de l'image mentale, ce qui l'amcne ´r se poser des questions qui débordent la psychologie phénoménologique : Cette possibilité qu'a la conscience de se donner un objet absent est-elle contingente ? Quel est son rapport avec la pensée ? avec le symbole ? Que représente l'imaginaire dans la vie de la conscience, dans notre position du réel ? Et enfin quelle est la réalité de l'uvre d'art, cet irréel ?
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Montaigne en mouvement
Jean Starobinski
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 17 Novembre 1982
- 9782070224791
Au départ, il y a cette question posée à Montaigne - cette question que Montaigne pose lui-même : une fois que l'individu, dans un accès d'humeur mélancolique, a récusé l'illusion du paraître, quelles exériences lui sont-elles réservées ? Que va découvrir celui qui a dénoncé autour de lui l'artifice et le déguisement ? Lui est-il permis de faire retour à soi, d'accéder à l'être, à la vérité, à l'identité intérieure, au nom desquels il jugeait insatisfaisant le monde dont il s'est écarté ? Montaigne met à l'épreuve cet espoir en composant les Essais. Mais «la prise et la serre» seont-elles possibles ? Si les mots et le langage sont, au dire de Montaigne, «une marchandise si vulgaire et si vile», quel paradoxe que de composer un livre et de s'essayer soi-même au fil des pages écrites ! L'on ne sort de l'apparence que pour s'engager dans une nouvelle apparence. Montaigne voit le doute s'étendre jusqu'au point où nulle opinion n'offre une garantie supérieure à celle de la vie sensible. Par le détour de la réflexion sceptique, il réhabilite le paraître, rétablit la «relation à autruy», reconnaît les droits de la coutume et de la finitude. Ce mouvement réconcilie la pensée avec ce qu'elle avait d'abord rejeté ; la condition humaine, malgré toute sa faiblesse, peut être le lieu de la plénitude.
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Cours de poétique Tome 1 : le corps et l'esprit (1937-1940)
Paul Valéry
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 5 Janvier 2023
- 9782072907067
Paul Valéry occupa de 1937 à sa mort en 1945 la chaire de Poétique créée pour lui au Collège de France. Connu jusqu'à présent par de rares témoignages d'auditeurs, cet enseignement a pris dans l'histoire de la critique littéraire la dimension d'un mythe. Sous le nom de poétique, l'écrivain élabore en effet pour la première fois la synthèse du «Système» total de l'acte créateur dont il rêvait depuis sa jeunesse. Son originalité : situer la genèse de l'oeuvre littéraire et artistique non seulement dans l'ordre de la création individuelle, mais également dans un vaste horizon social. Véritable laboratoire de pensée, ce cours expérimental contient en germe une psychologie de la création, une sociologie de l'art et une esthétique de la réception, tout en croisant les interrogations actuelles de la phénoménologie, de la philosophie du langage et des neurosciences. Avec une curiosité sans limites, cet essai d'une anthropologie de la vie de l'esprit se révèle un monument de la pensée du XX? siècle.Dans ce premier tome, qui couvre les trois premières années du cours, Valéry insiste sur le rôle fondamental que jouent le corps et l'esprit dans la poétique, entendue de façon large comme étude de tous les processus de création. Rien n'échappe à l'analyse : les illusions de la philosophie sont dénoncées, l'utilité de l'art questionnée, l'existence psychique mise à nu. L'entrée dans la Seconde Guerre mondiale donne lieu à des réflexions bouleversantes sur l'avenir de l'Europe et des intellectuels.Paul Valéry et Gaston Gallimard avaient souhaité publier le cours de poétique. Près de quatre-vingts ans après la mort de l'écrivain, voici son voeu exaucé et sa dernière grande oeuvre dévoilée.
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Paul Bénichou examine dans ce livre les rapports qui ont uni, au cours du «grand siècle», les conditions sociales de la vie et ses conditions morales. Corneille, le jansénisme, Racine et Molière se trouvent au coeur de cette étude. L'auteur, tout en reconnaissant dans le XVIIe siècle le dernier champ de bataille entre la féodalité et 1e monde moderne, précise et développe cette vue en analysant toute la complexité des doctrines qui s'affrontent à cette époque.
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Les antimodernes ; de Joseph de Maistre à Roland Barthes
Antoine Compagnon
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 3 Mars 2005
- 9782070772230
Qui sont les antimodernes ? Non pas les conservateurs, les académiques, les frileux, les pompiers, les réactionnaires, mais les modernes à contre-coeur, malgré eux, à leur corps défendant, ceux qui avancent en regardant dans le rétroviseur, comme Sartre disait de Baudelaire. Ce livre poursuit le filon de la résistance à la modernité qui traverse toute la modernité et qui en quelque manière la définit, en la distinguant d'un modernisme naïf, zélateur du progrès. Une première partie explore quelques grands thèmes caractéristiques du courant antimoderne aux XIX? et XX? siècles. Ces idées fixes sont au nombre de six : historique, la contre-révolution ; philosophique, les anti-Lumières ; morale, le pessimisme ; religieuse, le péché originel ; esthétique, le sublime ; et stylistique, la vitupération. Joseph de Maistre, Chateaubriand, Baudelaire, Flaubert d'un côté, de l'autre Proust, Caillois ou Cioran servent à dégager ces traits idéaux. Une seconde partie examine quelques grandes figures antimodernes aux XIX? et XX? siècles ou, plutôt, quelques configurations antimodernes majeures : Lacordaire, Léon Bloy, Péguy, Albert Thibaudet et Julien Benda, Julien Gracq et, enfin, Roland Barthes, «à l'arrière-garde de l'avant-garde», comme il aimait se situer. Entre les thèmes et les figures, des variations apparaissent, mais les antimodernes ont été le sel de la modernité, son revers ou son repli, sa réserve et sa ressource. Sans l'antimoderne, le moderne courait à sa perte, car les antimodernes ont donné la liberté aux modernes, ils ont été les modernes plus la liberté.
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Cours de poétique Tome 2 : le langage, la société, l'histoire (1940-1945)
Paul Valéry
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 5 Janvier 2023
- 9782073000156
Paul Valéry occupa de 1937 à sa mort en 1945 la chaire de Poétique créée pour lui au Collège de France. Connu jusqu'à présent par de rares témoignages d'auditeurs, cet enseignement a pris dans l'histoire de la critique littéraire la dimension d'un mythe. Sous le nom de poétique, l'écrivain élabore en effet pour la première fois la synthèse du «Système» total de l'acte créateur dont il rêvait depuis sa jeunesse. Son originalité : situer la genèse de l'oeuvre littéraire et artistique non seulement dans l'ordre de la création individuelle, mais également dans un vaste horizon social. Véritable laboratoire de pensée, ce cours expérimental contient en germe une psychologie de la création, une sociologie de l'art et une esthétique de la réception, tout en croisant les interrogations actuelles de la phénoménologie, de la philosophie du langage et des neurosciences. Avec une curiosité sans limites, cet essai d'une anthropologie de la vie de l'esprit se révèle un monument de la pensée du XX? siècle.Paul Valéry et Gaston Gallimard avaient souhaité publier le cours de poétique. Près de quatre-vingts ans après la mort de l'écrivain, voici son voeu exaucé et sa dernière grande oeuvre dévoilée.Dans ce second tome, couvrant les années d'Occupation et la Libération, la réflexion s'élargit aux «oeuvres collectives de l'esprit». Comment le langage organise-t-il la vie psychique ? Comment fonde-t-il aussi l'existence sociale ? Tandis que les méditations sur la société et sur l'histoire prennent une importance croissante, Valéry livre, la dernière année, son testament intellectuel sur la responsabilité de l'écrivain et sur l'idéal de la littérature.
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Née des oeuvres incestueuses d'OEdipe et de Jocaste, Antigone bravera les ordres de Créon pour inhumer son frère, Polynice. Elle sera enterrée vive. Pamphlet contre la loi humaine et pour la loi divine ou, au contraire, apologie de la raison d'Etat : les générations se sont succédé, incapables de trancher. Au fil des pages, l'on découvre, cependant, que la loi divine invoquée par Antigone - enterrer les morts - n'est pas moins humaine, et que défendre l'Etat est aussi une loi divine, tandis que la pièce met en scène l'affrontement de deux amours : celui d'une soeur pour son frère et celui d'un homme pour la cité et son pouvoir.
Les hésitations du choeur sont là pour souligner les incertitudes ou les ambiguïtés du devoir que dictent et l'amour et le droit. Cette pluralité des sens et cette irréductibilité des interprétations - d'Eschyle et Sophocle à Anouilh et Cocteau, en passant par Garnier, Racine, Alfieri, Marmontel, Hegel, Hölderlin - sont partie intégrante de la culture occidentale. Le conflit Antigone-Créon est désormais, semble-t-il, une dimension a priori de la conscience intellectuelle et politique de nos démocraties.
Comment expliquer autrement que ces légendes grecques antiques continuent à inspirer et à déterminer tant de nos réflexes culturels les plus fondamentaux ?
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La notion de l'autorité
Alexandre Kojève
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 1 Avril 2004
- 9782070770441
La notion de l'Autorité a été écrit en 1942, peu avant l'Esquisse d'une phénoménologie du droit, avec lequel il entretient d'étroits rapports. «Chose curieuse, le problème et la notion de l'autorité ont été très peu étudiés», note Kojève en ouverture de ce qu'il appelle lui-même un «exposé sommaire». «L'essence même de ce phénomène a rarement attiré l'attention.» Soixante ans après le constat garde sa validité, en dépit de quelques contributions notables. C'est ce qui fait le prix de cet essai d'élucidation philosophique. Kojève procède à la décomposition du phénomène, en dégageant quatre types purs d'autorité humaine qu'il met chacun en correspondance avec une théorie : le Père (la scolastique), le Maître (Hegel), le Chef (Aristote), le Juge (Platon). Les formes concrètes de l'autorité représentent des combinaisons de ces types purs. Loin des circonstances qui ont présidé à son élaboration, et que François Terré rappelle dans sa présentation, ce petit livre arrive à point nommé dans le débat d'aujourd'hui autour de la disparition de l'autorité dont la nature reste toujours aussi énigmatique.
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L'usage du vide ; essai sur l'intelligence de l'action, de l'Europe à la Chine
Romain Graziani
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 19 Septembre 2019
- 9782072855146
Il semble que les états les plus désirables, à l'image du sommeil, ne puissent survenir qu'à condition de n'être pas recherchés, le simple fait de les convoiter pouvant suffire à les mettre en déroute. Or ce paradoxe de l'action volontaire, mal élucidé et jamais résolu dans la philosophie occidentale, est au centre de la pensée taoïste. L'auteur explore dans cette double lumière, à partir de diverses sphères d'expérience, de la pratique d'un sport à la création artistique, de la recherche du sommeil à la remémoration d'un nom oublié, ou encore de la séduction amoureuse à l'invention mathématique, les mécanismes de ces états qui se dérobent à toute tentative de les faire advenir de façon délibérée. Une telle approche, qui requiert une observation patiente des dynamiques du corps et des différents registres de conscience, permet de comprendre pour quelles raisons, et au terme de quelles expériences, les penseurs taoïstes de l'antiquité chinoise ont formulé les concepts si déroutants de non-agir ou de vide. Elle permet par la même occasion de démonter les erreurs et les leurres sur le pouvoir et la volonté qui sont à la base des représentations occidentales de l'action efficace. Mobilisant, sans les opposer, les ressources de la pensée chinoise et de la pensée européenne, l'ouvrage apporte ainsi une contribution originale à l'intelligence de l'action.
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Introduction à la lecture de Hegel
Alexandre Kojève
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 12 Juin 1947
- 9782070236213
Le noyau de cet ouvrage est formé par les notes prises de janvier 1933 ´r mai 1939 au cours que fit Alexandre Kojcve ´r l'École pratique des Hautes Études, sous le titre La philosophie religieuse de Hegel, et qui était en réalité une lecture commentée de la Phénoménologie de l'Esprit. Chaque année de cours est complétée par le résumé publié dans l'Annuaire de l'École des Hautes Ctudes. De plus, les trois premicres leçons de l'année 1937-1938 et toute l'année 1938-1939 sont données dans leur texte intégral. Enfin, en guise d'introduction, on trouvera la traduction commentée de la section A du chapitre IV de la Phénoménologie de l'Esprit, parue dans Mesures (14 janvier 1939).
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Vivre nous tend entre l'un et l'autre : il dit à la fois l'élémentaire de notre condition - être en vie - et l'absolu de notre aspiration : "Vivre enfin!" Car que pourrions-nous désirer d'autre que vivre? Vivre est en quoi nous nous trouvons toujours déjà engagés en même temps que nous ne parvenons jamais - pleinement - à y accéder.
Aussi la tentation de la philosophie, depuis les Grecs, a-t-elle été de le dédoubler : d'opposer au vivre répétitif, cantonné au biologique, ce qu'elle appellera, le projetant dans l'Etre, la " vraie vie". Refusant ce report et circulant entre pensée extrême-orientale et philosophie, j'envisagerai ici quels concepts peuvent faire entrer dans une philosophie du vivre : le moment, l'essor opposé à l'étalement, l'entre et l'ambiguïté; ou ce que j'appellerai enfin, prenant l'expression en Chine, la "transparence du matin ".
Je me demanderai, plus généralement, comment chaque concept, pour se saisir du vivre, doit s'ouvrir à son opposé. Car comment s'élever à l'ici et maintenant sans se laisser absorber dans cet immédiat, ni non plus le délaisser? Ce qui impliquera de développer une stratégie du vivre en lieu et place de la morale. Le risque est sinon d'abandonner ce vivre aux truismes de la sagesse; ou bien au grand marché du développement personnel comme au bazar de l'exotisme.
Car cet entre-deux, entre santé et spiritualité, la philosophie ne l'a-t-elle pas - hélas! - imprudemment laissé en friche?
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Esthétique et théorie du roman
Mikhaïl Bakhtine
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 3 Novembre 1978
- 9782070299331
Dans son premier écrit (1924), Bakhtine prend position vis-à-vis du formalisme russe dans une réflexion sur le contenu, le matériau, la forme. Les études suivantes visent à établir que le roman, seul genre littéraire constitué en contact avec la réalité, avec le devenir, est un microcosme de langages divers. Au surplus, l'espace et le temps s'organisent de façon particulière, en une structure (un «chronotope») examinée ici dans le roman grec et latin, la biographie antique, le roman de chevalerie, le folklore, le roman-idylle et chez Rabelais. Les deux grands facteurs de l'apparition du roman paraissent être la culture du rire, antique et médiévale, et le cosmopolitisme de l'Antiquité tardive. Au rire est consacrée l'étude sur «Rabelais et Gogol» complétant le grand Rabelais.
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Le droit de choisir ses frères ? une histoire de la fraternité
Alexandre de Vitry
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 23 Février 2023
- 9782073008084
La notion de fraternité est familière aux Français puisqu'elle figure dans la devise républicaine, au fronton de tous les édifices publics. Malgré tout, on ne sait pas grand-chose sur ses sources, ses développements, l'évolution de ses usages, à la différence de la liberté et de l'égalité, ses compagnes. C'est cette lacune que l'ouvrage se propose de combler en retraçant l'histoire de la métaphore fraternelle dans la culture française depuis la Révolution. Un parcours à la fois historique et littéraire, des socialistes utopiques à Romain Gary, en passant par Baudelaire (auquel il emprunte son titre), Hugo, Péguy et quelques autres. Il sera possible, grâce à cette somme, de plaider sur des bases solides, faisant une place aux ambiguïtés et aux contradictions, une cause qui est au coeur des sensibilités actuelles.
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Remarques philosophiques
Ludwig Wittgenstein
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 25 Avril 1975
- 9782070291748
Ce livre constitue un commentaire critique du Tractatus. Et à travers ce commentaire se dégagent les thèmes de la seconde manière de Wittgenstein dont les Investigations philosophiques sont considérées comme l'expression la plus achevée.
Certes, Wittgenstein n'a pas jugé bon de le publier, peut-être parce qu'il avait conscience que c'était là un état transitoire de l'évolution de sa pensée (1929-1930), peut-être aussi parce que, encore tourné vers le passé de celle-ci, s'il sait ce qu'il ne peut plus affirmer, il ne sait pas encore où conduisent les perspectives nouvelles ainsi libérées. Du moins a-t-il jugé que ces remarques formaient un ensemble assez structuré pour qu'elles fussent dignes d'être remises à G.E. Moore sous forme de texte dactylographié. En tout cas, elles nous apportent les éléments de connaissance qui nous sont indispensables pour apprécier la continuité de la pensée de Wittgenstein et décider, compte tenu des deux périodes que l'on distingue en elle, de l'unicité de son isnpiration philosophique.
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études d'histoire de la pensée scientifique
Alexandre Koyré
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 5 Avril 1973
- 9782070282746
Alexandre Koyré, historien des démarches scientifiques, grand connaisseur des siècles passés, constate que la science, recherche de la vérité, a pu dépasser l'homme: «Aussi surprenant que cela puisse nous paraître, on peut édifier des temples et des palais, et même des cathédrales, creuser des canaux et bâtir des ponts, développer la métallurgie et la céramique, sans posséder de savoir scientifique - ou en n'en possédant que les rudiments.» La science n'est pas nécessaire: n'exagérons pas son rôle historique.
On voit quel intérêt celui qui n'est pas un simple technicien rentable trouve en l'histoire de la science: situer son modernisme à travers les révolutions qui ont secoué et secouent le monde scientifique, le situer dans l'unité de la pensée humaine. Ces Études d'histoire de la pensée scientifique sont donc, elles aussi, des Études de la pensée philosophique.
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Esthétique de la création verbale
Mikhaïl Bakhtine
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 14 Novembre 1984
- 9782070700257
Au fil des publications, la figure de Mikhaïl Bakhtine (1895-1975) apparaît comme l'une des plus fascinantes et des plus énigmatiques de la culture européenne du milieu du XX ? siècle. On peut en effet distinguer, comme Tzvetan Todorov dans sa présentation, plusieurs Bakhtine : après le critique du formalisme régnant, le Bakhtine phénoménologue, auteur d'un tout premier livre sur la relation entre l'auteur et son héros ; le Bakhtine sociologue et marxiste de la fin des années vingt, qui apparaît dans les complexes Problèmes de la poétique de Dostoïevski ; le Bakhtine des années trente, marquées par le Rabelais et les grandes explorations culturelles dans le domaine des fêtes populaires, du carnaval, de l'histoire du rire ; le Bakhtine "synthétique" des derniers écrits, sans parler de bien d'autres possibles.
Les textes ici retenus proviennent de trois moments importants de cette riche carrière et permettent de l'éclairer. Des extraits d'abord d'un livre interrompu en 1922, probablement sa première grande oeuvre, description phénoménologique de l'acte de création. Le texte suivant, écrit entre 1936 et 1938, date du moment où l'auteur travaillait à un livre sur Goethe, qui a disparu. Les derniers enfin jalonnent la période finale, réflexions sur "les genres du discours" , l'état des études littéraires et tous les sujets qui ont intéressé Bakhtine dans son parcours mouvementé.
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Le discours philosophique de la modernité
Jürgen Habermas
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 11 Mai 1988
- 9782070712724
Depuis que Hegel a voulu réconcilier la raison avec le réel (son célèbre «le réel est rationnel»), depuis que le Réel a charrié - voire pour certains, ne se définit que par - les massacres de masse, les génocides et les camps, nombre de philosophes ont dénoncé les Lumières et Hegel, les droits de l'individu et le salut par l'Histoire.
Jürgen Habermas entreprend ici une histoire des discours critiques que l'époque moderne n'a cessé de tenir sur elle-même. Notamment, les trois réactions à l'entreprise hégélienne : celle de gauche (la philosophie de Marx exaltant la praxis), celle de droite (libérale-conservatrice) et la «postmoderne». À Heidegger, Bataille, Foucault, Derrida, tous encore obnubilés par le sujet et la raison instrumentale, Habermas oppose une pensée «postmétaphysique».
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Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l'obstacle ; sept essais sur Rousseau
Jean Starobinski
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 28 Avril 1971
- 9782070277988
«Le domaine propre de la vie intérieure ne se délimite que par l'échec de toute relation satisfaisante avec la réalité externe.
Rousseau désire la communication et la transparence des coeurs ; mais il est frustré dans son attente et, choisissant la voie contraire, il accepte - et suscite - l'obstacle, qui lui permet de se replier dans la résignation passive et dans la certitude de son innocence.» Jean Starobinski.
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Études d'histoire de la pensée philosophique
Alexandre Koyré
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 8 Décembre 1971
- 9782070281688
On retrouve ici la curiosité inlassable de l'auteur des Études newtoniennes, qui nous livre une histoire de la pensée philosophique de Zénon à Martin Heidegger, de Spinoza à Condorcet et à Louis de Bonald.
L'auteur aborde à la fois les questions sur le vide et l'espace infini au XIVe siècle, celle sur le temps d'après la Logique d'Iéna, dont la doctrine inspirera la phénoménologie de Husserl, de Heidegger et de Sartre, et d'autres sur la langue et la terminologie hégéliennes.
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Le style classique : Haydn, Mozart, Beethoven
Charles Rosen
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 21 Avril 1978
- 9782070297443
Dans ce livre devenu un classique, Charles Rosen, pianiste américain de renommée internationale et de culture européenne, s'est proposé de repenser entièrement la notion controversée de style musical classique, qui naît avec Haydn et Mozart vers 1775 et s'achève pour lui avec Beethoven ; et il en analyse toutes les caractéristiques musicales et culturelles.
À partir d'un examen détaillé des symphonies et quatuors à cordes de Haydn, des concertos, quintettes et opéras de Mozart, enfin des sonates pour piano de Beethoven, il montre qu'une même tension dramatique est au coeur de toutes ces oeuvres et en vient à définir le style classique comme «la résolution symétrique de forces opposées». Une grande sensibilité aux hommes double l'analyse formelle. En Haydn se mêlent l'innocence pastorale, l'humour, la lucidité et une joyeuse énergie ; tandis que Mozart nous apparaît dans cette séduction qui relie subversivement la pensée révolutionnaire et l'érotisme.
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John Stuart Mill, libéral utopique : actualité d'une pensée visionnaire
Camille Dejardin
- Gallimard
- Bibliotheque Des Idees
- 3 Février 2022
- 9782072966767
John Stuart Mill reste un inconnu pour le public français, en dépit de la traduction de ses livres majeurs. La mesure de sa pensée n'est pas prise. Il est pourtant l'un des auteurs du XIX? siècle les plus susceptibles de nourrir la réflexion sur les problèmes politiques et sociaux du présent. Économiste, philosophe, membre du Parlement britannique et intellectuel engagé avant la lettre, il fut l'un des observateurs les plus acérés de la naissance de nos démocraties. Le plus clairvoyant, aussi, quant aux défis qu'il leur faudrait relever. De la défense de l'individualité à celle des conditions sociales d'une égale liberté, de la représentativité du pouvoir à l'organisation du pluralisme, de l'émancipation féminine à la remise en question de la croissance économique et à l'écologie politique, sa réflexion foisonnante et pionnière anticipe nos préoccupations les plus brûlantes.Au-delà des préjugés et des étiquettes, l'étude renouvelée de son oeuvre dévoile toutes les objections que son libéralisme exigeant adresse à notre néolibéralisme aujourd'hui sous le feu des critiques. Mais elle indique surtout comment ce dernier pourrait être refondé pour mieux défendre, pour chaque individu, une liberté authentique et durable. Et si revenir aux sources du libéralisme nous permettait de renouer avec le projet humaniste dont les mutations du dernier siècle et demi ont fini par nous faire douter ?