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Religion & Esotérisme
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Le rêveur méthodique ; Francesco Zorzi, un franciscain kabbaliste à Venise
Verena Von der heyden-rynsch
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 17 Janvier 2019
- 9782072742453
On pourrait se croire dans une pièce de Shakespeare, Le franciscain de Venise. On y croiserait aux aurores de la Renaissance le roi d'Angleterre Henry VIII qui sollicite par l'envoi auprès du pape d'une délégation le droit de divorcer d'avec sa première femme, Catherine d'Aragon, les légats du pape accompagnés de théologiens, et non plus un juif mais le judaïsme sous la forme de son texte quintessentiel, la Kabbale.
Petit à petit sortirait de l'ombre le personnage-titre, Francesco Zorzi (1466-1540) ou Francesco Giorgio Veneto, moine franciscain italien, théologien de renom, philosophe de haut vol et kabbaliste par passion. Parlant le latin, le grec et l'hébreu, familier des Saintes Écritures autant que des écrits néoplatoniciens et pythagoriciens, il se passionna pour les écrits rabbiniques au point de posséder l'une des plus impressionnantes bibliothèques de textes hébraïques.
Il entretint une correspondance avec Pic de la Mirandole, un des fondateurs de la Kabbale chrétienne, lu de près Marsile Ficin et disputa les doctrines de Nicolas de Cues. Fasciné par l'architecture et la possibilité, exposée dans son grand livre Harmonia Mundi, de concevoir un bâtiment à l'image du corps humain tel que pensé par la Kabbale, il collabora avec l'architecte Jacopo Sansovino à la conception de l'église de San Francesco della Vigna.
À travers cette figure énigmatique, Verena von der Heyden-Rynsch nous restitue tout l'univers de l'humanisme renaissant.
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Moses Mendelssohn ; la naissance du judaïsme moderne
Dominique Bourel
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 13 Mai 2004
- 9782070729982
Il est des vies qui ne valent que par leurs oeuvres. Telle est bien l'existence de Moses Mendelssohn (1729-1786). Issu d'un milieu pauvre et pieux, il se fit très tôt remarquer par ses dons intellectuels, salués par les plus grands de ses contemporains - Kant, Goethe, les frères Humboldt, sans oublier Lessing qui en fit le héros éponyme de sa pièce sur l'amour du genre humain, Nathan le Sage. Père fondateur d'une dynastie d'une quarantaine d'aristocrates, de banquiers, d'industriels, de juristes, d'officiers, de politiciens, de professeurs d'université, de religieuses et d'un compositeur - Felix Mendelssohn -, Moses fut un pivot des Lumières allemandes et européennes : soucieux de réconcilier la foi et la raison, il n'eut de cesse de souligner l'immortalité de l'âme ; de prouver que, par la raison, l'homme pouvait, tout autant que par l'observance des rites et la récitation des prières, accéder à la Révélation divine ; de défendre enfin la singularité du judaïsme, seule religion dont la Loi a été révélée. De là, sa défense et illustration de la foi de ses ancêtres et son engagement dans la bataille en faveur de l'émancipation civique de ses coreligionnaires, pour lesquels il traduit le Pentateuque en allemand mais en caractères hébraïques, afin que la culture juive puisse innerver la culture allemande. Il entend célébrer les noces des Lumières allemandes (Aufklärung) et des Lumières juives (Haskala). La vie réelle de Moses Mendelssohn, c'est la postérité de son oeuvre essentielle : la «symbiose judéo-allemande».
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Esprit, église et monde ; de la foi critique a la foi qui agit
Joseph Moingt
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 24 Mars 2016
- 9782070178667
Le second tome de Croire au Dieu qui vient se propose de vérifier ce qu'il est advenu de la nouveauté évangélique en comparant l'existence des communautés dans les temps apostoliques à ce qu'elle est de nos jours sous le rapport de l'essentiel de la vie chrétienne:entrée dans l'Église par la profession de foi baptismale, célébration de la mort de Jésus par le partage du pain eucharistique, vie fraternelle selon les enseignements de l'Évangile, unité de l'Église sous la conduite des successeurs des apôtres. Tout cela est maintenu, mais compris et vécu très différemment. Ces changements sont significatifs du tournant vers l'Ancien Testament amorcé par l'Église au III? siècle pour échapper aux dérives hérétiques. Alors qu'elle vivait du souvenir de Jésus dans l'attente de son retour, la foi est devenue religion, ceinte de rites purificateurs et d'interdits, le sacré a envahi la communion à l'Esprit, la tradition a refoulé le libre essor de la parole, la démarcation du sacerdoce et du laïcat a renforcé la clôture de l'Église sur le monde. La nouveauté évangélique n'en continuait pas moins à inspirer le goût de la liberté, mais plus la société se sécularisait et plus le monde se vidait de l'esprit du christianisme, au point que des mots tels Dieu, salut ou péché ont perdu tout sens pour un grand nombre de gens. Ainsi le second parcours s'attache-t-il à repenser les visées essentielles de la foi chrétienne, en Dieu, au Christ, au salut, à l'Évangile, celles sur lesquelles tout chrétien est interrogé sous l'horizon de l'incroyance généralisée de notre temps, non pour «convertir» son interlocuteur, ni pour justifier (excuser!) les chrétiens d'être croyants, mais sur la base de la rationalité commune aux hommes d'aujourd'hui, à leurs critères de véracité et de vérité, dans le but de témoigner du sens de l'homme et de l'humain qu'inspire la foi chrétienne, de répondre à leurs interrogations sur l'avenir de l'humanité, et de leur proposer une action commune pour sauver l'homme de la déshumanisation qui le menace. Ce livre est tourné vers le futur que Jésus a ouvert au Dieu de l'homme et à son projet créateur, dégagé des liens et des ombres du passé, et l'Église est invitée à se présenter au monde dans la nouveauté, tissée de folie et de sagesse, préparée par l'Évangile depuis toujours.
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Jésus le bon et Christ le vaurien
Philip Pullman
- Gallimard
- Hors Serie Connaissance
- 23 Février 2012
- 9782070131914
L'ouvrage se donne comme une nouvelle version de la vie de Jésus - version peu orthodoxe puisque l'auteur met en doute l'autorité des Evangiles et soutient que dans le Nouveau Testament, la vie de Jésus est en fait une interprétation de l'apôtre Paul.
Il entend revisiter ici les célèbres passages de la Bible dans lesquels Jésus joue un rôle clé, à travers une suite de vignettes facilement identifiables (sermon sur la montagne, tentation dans le désert, multiplication des pains, épisode de la femme adultère.). Mais c'est pour mieux les détourner, à commencer par la naissance même du protagoniste. D'après Philip Pullman, la vierge Marie aurait mis au monde des jumeaux, l'un bien portant (Jésus), l'autre malingre (Christ).
L'un serait le fils de Dieu, l'autre celui de Joseph. Tandis que Jésus devient le prédicateur que l'on connaît, dont s'emparent les rumeurs les plus folles, Christ entreprend de suivre son frère comme une ombre. Il prend en note tous ses discours pour en livrer l'interprétation qui lui semble la plus proche de la Vérité. L'auteur s'interroge au fil du texte sur les rapports entre Histoire (vécue) et Vérité (écrite).
Mais Christ est bientôt persuadé par un ange anonyme de reprendre les choses en main afin de créer une Eglise, car la parole seule ne saurait suffire à faire advenir le royaume de Dieu. La mort dans l'âme, Christ trahit son frère Jésus, qui sera livré aux Romains et crucifié. Par un détournement ironique, Christ sera pris pour son frère Jésus trois jours après la mort de ce dernier, et il n'aura de cesse de se repentir et de vouloir enjoliver la vie de son frère tout en restant dans l'ombre.
Au-delà de l'aspect " révisionniste " et provocateur de son récit, Philip Pullman, grâce à son talent de conteur, réussit à surprendre le lecteur, à l'amuser, à le tenir en haleine avec une histoire dont chacun croyait pourtant connaître le dénouement.