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Hermann
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Physiologie du goût
Jean Anthelme Brillat-Savarin
- Hermann
- Savoir Lettres
- 1 Octobre 1981
- 9782705659424
Le plus célèbre traité de gastronomie français est en même temps un manuel de savoir-vivre et une description de la société riche et heureuse du temps de Louis-Philippe.
Près de deux siècles après la mort de Brillat-Savarin, on reste confondu par la diversité des talents et des lumières de ce haut magistrat, aussi féru de belles-lettres que de bonne cuisine. Oeuvre de toute une vie, la Physiologie du goût, publiée en 1825, est une véritable somme de réflexions sur les sens en général, sur le goût en particulier. Brillat-Savarin a agrémenté le tout d'un bouquet d'anecdotes qui composent le plus savoureux des tableaux de moeurs.
La longue introduction de Roland Barthes en révèle les aspects inconnus et dresse un tableau nouveau des désirs et des joies des sens. Le plaisir de manger exige, sinon la faim, au moins l'appétit.
« Le plaisir de la table est le plus souvent indépendant de l'un et de l'autre. Celui qui reçoit ses amis et ne donne aucun soin personnel au repas qui leur est préparé n'est pas digne d'avoir des amis. » Brillat-Savarin -
La diplomatie de l'esprit ; de Montaigne à La Fontaine
Marc Fumaroli
- Hermann
- Savoir Lettres
- 18 Novembre 1998
- 9782705663803
Consacrés aux figures les plus éloquentes du premier Parnasse français, les quatorze essais regroupés dans ce livre témoignent de cette fonction originale de la littérature dans un contexte particulier : la prose devient affaire d'Etat et lien social, elle irrigue le tissu conjonctif de la nation française.
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Texte consacré au salon de 1767 dans lequel l'écrivain identifie les chemins qui mènent des beaux-arts aux problèmes politiques et à l'interprétation de la nature.
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La main à plume (1940-1944) : le communisme des esprits surréalistes à l'épreuve de l'Occupation
Léa Nicolas-Teboul
- Hermann
- Savoir Lettres
- 27 Septembre 2023
- 9791037031549
La Main à plume est le groupe surréaliste qui prend la relève pendant l'Occupation, alors que Breton et la plupart des surréalistes historiques ont pris le chemin de l'exil. De jeunes peintres, poètes et militants se regroupent sous ce nom rimbaldien et lancent une série de publications et d'activités collectives dans le Paris occupé. Ce groupe particulièrement politisé, qui comprenait beaucoup d'étrangers et de Juifs, réinvente l'aventure surréaliste dans un champ littéraire et artistique sous contrainte. Cet ouvrage vient réviser l'Histoire du surréalisme sous l'Occupation de Michel Fauré et apporte un éclairage nouveau sur l'intrication entre poésie et politique, qui engage le devenir des avant-gardes après 1945.
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Jean Echenoz a conquis un large public, obtenant le prix Médicis en 1983 pour Cherokee qui atteint 30 000 exemplaires, puis le prix Goncourt en 1999 pour Je m'en vais, vendu à 400 000 exemplaires. En 1979, il envoie son premier roman par la poste à nombre d'éditeurs sans résultat, jusqu'au moment où, en désespoir de cause, il le dépose au secrétariat des éditions de Minuit. Ce premier livre n'est pourtant pas un succès et, malgré le prix Fénéon, ne se vend qu'à 500 exemplaires. Après deux ans et demi de latence, il remet de nouveau un manuscrit rue de Palissy, auquel cette fois Lindon réagit favorablement, l'invitant dès le lendemain au Sybarite. La presse s'emballe, le livre est sur la liste du Médicis de 1983 et, alors que Lindon dit à son auteur qu'il n'a aucune chance, il décroche le prix pour Cherokee.De la même manière que l'historien contemporain met de plus en plus souvent en visibilité son chantier de fabrication, ses archives, ses hypothèses, ses instruments, son implication personnelle, contrairement à une tradition qui consistait à retirer les éléments du chantier au moment de la parution des travaux pour donner l'impression que le réel s'exprimait sans médiation, l'écrivain des éditions de Minuit déploie devant son lecteur le mécano qui lui a permis de construire sa fiction.
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Héros et martyrs Tome 4 ; salons de 1769,1771,1775,1781 ; pensées détachées sur la peinture
Denis Diderot
- Hermann
- Savoir Lettres
- 6 Mars 2009
- 9782705668273
Tous les deux ans, dans la Grande Galerie du Louvre, se tenait, au milieu du XVIIIe siècle, une exposition de peintures et de sculptures. Diderot rendit compte de ces salons et inaugura de ce fait le genre de la critique d'art. Il évoque ici notamment Chardin, Van Loo, Saint-Aubin, Caffieri, Houdon, Vernet, Dejoux...
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Surplombant l'oeuvre entière, Dans la solitude des champs de coton brille des feux de la rhétorique et retrace le cheminement des corps et des discours à l'orée du lien social, du désir et du rapport à la Cité. Koltès redécouvre le modèle antique de la sophistique pour en tester l'efficacité tragique.
Le présent essai s'interroge sur le sens et la portée d'un tel retour. En croisant anthropologie, philosophie, psychanalyse et sociologie, l'analyse opère un salutaire coup de force, car elle délocalise le regard porté sur l'oeuvre et montre comment la torsion de l'écriture s'empare de cette forme supposée désuète pour la hisser sur la crête de la contemporanéité.
La contrefaçon des procédures de discours empruntées au marché fait ainsi bon ménage avec une rhétorique érotisée qui manque son but mais élève les esprits et les coeurs. Partage difficile entre la « blague » et le sérieux, qui témoigne d'une très actuelle manipulation des valeurs. -
Christian Dotremont, la parole-écrite
Peggy Archer
- Hermann
- Savoir Lettres
- 11 Juin 2015
- 9782705688448
Christian Dotremont, poète belge d'expression française, est une figure incontournable de l'avant-garde européenne. Du surréalisme aux expérimentations de Cobra et à la découverte des logogrammes se dessine un itinéraire poétique original qui est une échappée sans cesse reconduite hors des chemins balisés. Son oeuvre est essentiellement trajet, donnant à voir les tâtonnements d'une écriture qui tente de restaurer la relation du langage à son dehors. Une démarche qui voit l'émergence d'une question sur le signe dans sa figure sensible, tant sonore que graphique. Or, de cette dualité fondamentale de l'écriture, la critique a surtout retenu et exploré l'aspect plastique au détriment de la dimension verbale. Cet ouvrage se propose d'explorer la poétique de Christian Dotremont sous l'angle de la parole et ainsi de redonner voix aux logogrammes.
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Lettrisme, le bouleversement des arts
Guillaume Robin
- Hermann
- Savoir Lettres
- 27 Novembre 2010
- 9782705670955
Cet essai est la première tentative d'expliquer le mouvement lettriste et ses réalisations dans sa relation aux multiples mouvements d'art survenus après la guerre. Le lettrisme promu par la personnalité géniale d'Isidore Isou, son fondateur s'annonce comme la dernière avant-garde légitime et prometteuse, après l'écroulement du Surréalisme. Fort de ses concepts originaux l'Art imaginaire, l'Art supertemporel, la poésie sonore le lettrisme aura une fonction d'anticipateur à l'aune de l'exploitation esthétique de mouvements divers (Situationnisme, Happening, Fluxus...).
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Eugène contre Ceausescu : Le cas de la Lettre à mon dictateur
Bianca-Livia Bartos
- Hermann
- Savoir Lettres
- 27 Novembre 2024
- 9791037040572
Dans sa Lettre à mon dictateur, le plus récent roman autobiographique après La Vallée de la jeunesse, Eugène retrace en grandes lignes l'image du tyran des Carpates, vue tout d'abord à travers les yeux d'un enfant de six ans - une relation distante, voire même inexistante. Les rapports changent au fil de l'adolescence et de la jeunesse, qui émerge avec la bonne dose de curiosité, arrivant à l'âge mûr avec l'esprit contrarié et bouleversé par la grande découverte du vrai rôle que Nicolae Ceau escu a dans sa vie. La Lettre à mon dictateur se forge donc à travers et autour de l'image du conduc tor, prouvant ainsi qu'il est encore assez présent dans le quotidien des Roumains et que cette période douloureuse de l'histoire de la Roumanie laisse une cicatrice toujours visible dans les esprits de ceux qui l'ont vécue. Une lettre publique, certes, ayant un destinataire officiel, mais également un monologue épistolaire adressé au grand public, invité à replonger dans l'atmosphère du joug communiste roumain.
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Quelles sont les notions principales qui structurent la production poétique et la pensée essayiste d'Yves Bonnefoy ?
Le poète lui-même n'a cessé d'affirmer, et de montrer, que « poésie » et « critique » ont, depuis Baudelaire, partie liée de manière consubstantielle. Une première partie plus théorique dresse la liste des principes et catégories de cette critique en poésie ; une seconde déploie les diverses modalités d'application pratique d'une poésie qu'on peut dire critique. -
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Fictions du collectif dans le récit français contemporain
Anne Cousseau
- Hermann
- Savoir Lettres
- 28 Février 2024
- 9791037034922
La question du collectif apparaît depuis quelques années comme une réalité polymorphe particulièrement prégnante et se trouve investie de significations inédites, pointant ainsi une mutation civilisationnelle forte. Rassemblements populaires, mondialisation, réseaux numériques, communautés, pratiques collaboratives, participatives ou solidaires : autant de manières d'habiter le monde contemporain, autant de signaux que le terme de « collectif » accueille, qui désignent et forment la matière du réel immédiat et nourrissent un imaginaire de l'interdépendance, du réseau et de la relation. L'enjeu de cet essai est d'examiner dans quelle mesure la littérature contemporaine accueille cette sensibilité nouvelle au collectif. Comment le roman français contemporain la réfléchit-il avec les moyens littéraires qui sont les siens ? Se dessine-t-il dans la production contemporaine une poétique romanesque du collectif ? Ces questionnements sont examinés à partir d'un corpus de récits récents qui associe des écrivains volontairement divers, dont Maylis de Kerangal, Laurent Mauvignier, Yannick Haenel, Annie Ernaux, mais aussi François Taillandier, Virginie Despentes, Aurélien Bellanger, Éric Reinhardt, ou encore Pierre Ducrozet et Charles Robinson.
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Molière, le mystère et le complot
Georges Forestier
- Hermann
- Savoir Lettres
- 24 Mai 2023
- 9791037029775
Du vivant de Molière, ses comédies ont été acclamées, commentées, voire attaquées, sans que nul n'émette le moindre doute sur leur paternité. Mais dans la foulée de la remise en cause de Shakespeare, accusé depuis le XIXe siècle de n'être pas l'auteur de ses pièces, Pierre Louÿs proclama en 1919 que les comédies de Molière avaient été écrites en secret par Pierre Corneille. La faiblesse des arguments de Louÿs fit rapidement oublier l'affaire, mais l'idée d'un complot s'implanta malgré tout dans quelques esprits. L'irruption des « théories alternatives » au XXIe siècle redonna vigueur à cette thèse, et le sentiment que de nombreux mystères entourent Molière s'installa durablement.C'est à tenter de dissiper ces prétendus mystères qu'est consacré le présent ouvrage. Georges Forestier analyse ici l'écart immense qui sépare les manières respectives de Corneille et Molière de composer leurs pièces de théâtre, et rétablit la réalité de leurs rapports. Il propose ce faisant une réflexion sur les processus intellectuels et cognitifs qui font naître et se perpétuer des théories complotistes capables de renverser des vérités attestées.
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Vampires, fantômes et apparitions : Nouveaux essais de pneumatologie littéraire
Daniel Sangsue
- Hermann
- Savoir Lettres
- 1 Avril 2018
- 9782705695828
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L'école de Genève : Histoire, geste et imagination critiques
Marta Sabado Novau
- Hermann
- Savoir Lettres
- 22 Novembre 2021
- 9791037006837
Cet ouvrage propose pour la première fois une histoire de l'école de Genève à travers l'étude comparée des oeuvres de Georges Poulet, Jean Starobinski et Jean-Pierre Richard. Une première partie retrace l'histoire intellectuelle du groupe à une époque marquée par l'influence de la phénoménologie, puis par la pensée structuraliste, ainsi que par les tensions entre la nouvelle critique et la critique universitaire. Pour ce faire, l'auteure s'appuie abondamment sur la correspondance, en partie inédite, entre ces trois auteurs. Une deuxième partie analyse les textes de Poulet, Starobinski et Richard pour tenter de cerner la spécificité de leur démarche critique au-delà des différentes théories et méthodes auxquelles leurs oeuvres ont pu être associées. L'étude de leurs « gestes critiques » permet d'observer les mouvements de la pensée interprétative et la façon dont celle-ci naît d'une « imagination critique » qui leur est propre et qui caractérise tant leur lecture des textes littéraires que leur écriture critique.
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Italo Calvino ; écrivain du paradoxe
Isabelle Lavergne
- Hermann
- Savoir Lettres
- 21 Août 2012
- 9782705682354
Italo Calvino (1923-1985) est sans conteste l'un des plus grands écrivains italiens du XXe siècle. Encouragé dans sa vocation par Cesare Pavese (qui le premier goûta son « ton de fabuliste »), Georges Perec ou Claude Lévi-Strauss, ses romans et ses réflexions sur la littérature ont marqué les générations d'après-guerre. Roland Barthes a pu ainsi écrire que « dans l'art de Calvino et dans ce qui transparaît de l'homme en ce qu'il écrit, il y a employons le mot ancien, c'est un mot du XVIIIe siècle une sensibilité. On pourrait dire aussi une humanité, je dirais presque une bonté, si le mot n'était pas trop lourd à porter : c'est-à-dire qu'il y a, à tout instant, dans les notations, une ironie qui n'est jamais blessante, jamais agressive, une distance, un sourire, une sympathie. » Aussi importante soit-elle, l'oeuvre de Calvino n'a été jusqu'ici que peu étudiée en France. Le présent livre pallie cette lacune et propose un parcours éclairant, autour de la notion de paradoxe, toujours centrale, qui permet de comprendre pourquoi, selon Calvino, « les fables sont vraies ».
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Avec la récente édition de la Correspondance d'Héloïse et Abélard *, le public dispose d'un manuel de dissection de l'amour. Il devrait rendre service autant à ceux qui sont avancés qu'aux débutantes. Car il vient au secours de tous ceux qui voudraient aller plus outre, vers l'insolite. Il suit une par une ou presque les mille tranches découpées dans le texte. Cette technique permet, par des renvois fréquents, le réassemblage des divers éléments, comme si le livre, numérisé dans la main, se prêtait à la déconstruction de l'affaire. Des commentaires surgissent qui s'entrecroisent de partout. Des notes replacent la discussion de détail dans le bas des pages. L'affaire Abélard qui est le drame d'Héloïse est ainsi démontée. Le public ne tarde pas à se rendre compte qu'en effet il pourrait s'agir d'une monstrueuse structuration. Elle aurait kamikaze portant l'obus de la grossesse cherché à exterminer dans l'oeuf la nouvelle philosophie et, du même coup, à couvrir des pratiques sexuelles dérivées poussant dans des chapelles réservées. Aurait-elle réussi ? La réponse est au bout de la lecture et de la réflexion.
Les détails, extraits des manuscrits, troublent et font scandale.
L'auteur parle franchement des rapports de la chair et de l'esprit. Il a des mots durs pour la justice et les violeurs, drôle d'équipe. Avec des mots de tous les jours et d'autrefois, de façon que lecteurs et lectrices ne perdent pas leur temps à jouer à la lecture.
Il n'hésite pas à vouer un culte de dulie à qui sont, à ses yeux, sainte Héloïse et saint Pierre Abélard. Ils ont été chastes et ils ont mauvaise réputation. Voilà qui ne saurait suffire à les excommunier. Elle, pornteen et lui baiseur de première, voilà ce qu'on en a fait. Comme on lira, rien de plus alléchant et moderne ! Quoi de plus provocateur alors que de rempoigner un démontage en règle de ce schéma simpliste ?
Pour tenter d'élucider certains points de caractère et de circonstances, l'auteur n'hésite pas à puiser largement dans une autre Correspondance, celle retrouvée de deux amoureux, eux-mêmes en proie à l'adoration et aux appréhensions de l'amour.
* Abélard Héloïse Correspondance. Lettres I VI. Edition bilingue numérotée. Traduction française et Texte latin (François d'Amboise 1615) en regard. -
Le vrai Nietzsche, guerre à la guerre
Jean-Pierre Faye
- Hermann
- Savoir Lettres
- 7 Avril 1998
- 9782705663544
Nietzsche, le philosophe briseur d'idoles, reste à découvrir, car il se trouve comme enseveli sous des altérations, des mensonges et des falsifications. En fondant à Weimar, en 1897, le Nietzsche Archiv, sa soeur Elisabeth Forster, veuve de l'auteur de la Pétition antisémite de 1880, a entrepris une démarche publicitaire et politique qui devait être marquée par un point culminant : une visite officielle de Hitler, peu après sa prise du pouvoir en 1933.
Elisabeth fabrique, sous le titre La Volonté de puissance, une édition tronquée des inédits de son frère. Truquage redoutable envers un Nietzsche qui rejetait avec véhémence « la folie du Reich », la « canaillerie antisémite », le « balourd bavardage aryen » lui qui, très expressément, se déclarait « l'Anti-antisémite ».
Dans l'après-guerre, en 1961, le Nietzsche de Heidegger a semblé amorcer une fausse « réhabilitation » nietzschéenne. C'était oublier que ce livre n'est que la suite des Leçons prononcées durant dix années de Reich hitlérien, de 1936 à 1945, par l'auteur de la Profession de foi en Adolf Hitler de novembre 1933. Ces leçons déploient une longue stratégie du discours, par laquelle ce membre du Parti nazi défend avec âpreté ses positions face à un autre clan plus acharné qui, depuis 1934, l'accuse violemment de représenter le « nihilisme métaphysique ». Formule de dénonciation que Heidegger, curieusement, tout en la questionnant comme « aberrante », va reprendre à ses adversaires pour en faire le tournant de sa « seconde philosophie ». Mais en la retournant à contre-sens, et de façon provocatrice, précisément contre Nietzsche. Pour l'introduire de force dans cette « polémique aveugle ». Détournement plus subtil, certes, que celui d'Élisabeth. Mais qui renazifie indûment Nietzsche, sur une autre échelle du discours. Et qui va diffuser un brouillage durable de la pensée nietzschéenne, dans tout l'après-guerre.
Il faut donc retrouver le véritable Nietzsche et son attention virulente aux renversements des perspectives. Celui qui, tel Cézanne, recherche la perspective par la couleur par ses pensées multicolores. Le Nietzsche ironique, témoin passionné du voyage vers l'Europe Une, vers le bon Européen qui sait penser extra-européen. Nietzsche déclare la guerre à la paix armée de l'Europe, à la guerre des nations et des empires. À la guerre du criminel écarlate du jeune Hitler et de ses noirs valets. Au Nietzsche contre Wagner s'ajoute ainsi en finale un Nietzsche contre Hitler.
Ce Nietzsche-là s'attribuait la prémonition des deux prochains siècles. Il nous reste un siècle encore pour le penser, après l'avoir trouvé.
À l'horizon qui, d'Héraclite à Nietzsche, va laisser voir, renarrer et déchiffrer ce que nous faisons en dormant. Dans le cauchemar de l'Histoire. Mais déchiffrement qui compte les enjeux. En cela que Nietzsche nomme déjà le Grand Danger. La gravité des enjeux est ici à la mesure de l'ironie qui les capte.
C'est la tâche que s'est donnée Jean Pierre Faye, l'auteur de Langages totalitaires. Elle suit le fil conducteur que trace la rigueur de la philosophie à l'horizon de l'Histoire. -
Samuel Beckett n'a cessé de lire Dante depuis ses années d'étude à Dublin jusqu'à sa mort, en 1989. Sa lecture n'est pas critique : elle est une source, une énergie qui apparaît, disséminée dans ses livres, avec une régularité exemplaire. Dans le dessin de Botticelli qui illustre le chant IV du Purgatoire, Virgile, appuyé solidement sur sa jambe droite, ébauche le chemin à suivre. Sa main levée pointe le sommet de la montagne du Purgatoire et, au-delà, le Paradis de Béatrice. Dante, dont le corps repose sur le pied gauche, regarde, semble-t-il, Belacqua, le négligent de l'Antipurgatoire, que l'on distingue prostré devant quatre corps nus. Il est assis, les genoux entre les bras, dans cette posture qui retiendra durablement Beckett. Béatrice absente,Virgile qui indique le sens de la montée, Dante encore indécis et Belacqua tout à soi-même telle est la conjonction qui coordonne la souveraineté de ces deux noms, Dante et Beckett.
La lecture de Beckett opère un déplacement de la Divine Comédie. Les coups et les cris que Dante entend derrière la porte de son Enfer ne finissent pas. Ni le Purgatoire ni le Paradis ne peuvent les apaiser. Ô frère, dit Belacqua à Dante, monter là-haut, qu'importe ? Une question qui traverse ce livre, comme les deux pôles d'un méridien, et qui renouvelle notre lecture de Beckett.
Bien que de nombreuses études aient déjà traité du rapport entre Dante et Beckett, aucune encore n'a proposé un inventaire exhaustif des emprunts de l'un à l'autre ni abordé dans son ensemble cette seconde grande influence, la première étant celle de James Joyce. Ce livre en représente la tentative. -
Pourquoi Yves Bonnefoy, écrivain athée, recourt-il si souvent à des mots marqués par le christianisme ou des mythes plus anciens ? Ce livre n'est pas à la recherche d'une religiosité qui serait demeurée impensée dans son oeuvre mais montre qu'il s'efforce de retenir du religieux le mouvement de la transcendance, qui permet à la parole poétique d'aller de nos représentations linguistiques à ce qui se tient en deçà de toute langue, l'ici et maintenant depuis lequel nous parlons à autrui. Ce livre étudie le dialogue du poète avec l'histoire des religions, son souci de demeurer dans la parole et son refus de la mystique, son élaboration patiente d'une catégorie du divin qui permette de tisser entre ceux qui se parlent l'horizon d'une terre seconde, plus transparente. Le guide choisi pour avancer vers cet horizon est Kierkegaard et sa notion de « reprise », dont Yves Bonnefoy se sépare ensuite, comme la poésie se détache du religieux.
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Aspects du nom propre : Balzac, Loti, Proust
Jacques Cardinal
- Hermann
- Savoir Lettres
- 26 Août 2022
- 9791037019981
Le nom propre est un marqueur identitaire dont la transmission relève du don, de la filiation et du performatif (religieux ou juridique). Il constitue de la sorte un point d'ancrage nécessaire, mais néanmoins fragile puisqu'il peut s'avérer non reconnu, faisant alors vaciller l'ordre de la représentation, comme c'est le cas dans Le Colonel Chabert de Balzac. La nécessité pour le sujet d'être inscrit dans un nom propre reconnu est encore manifeste malgré l'usage du pseudonyme, support de la mascarade identitaire du Narrateur dans Aziyadé de Pierre Loti. L'analyse de Noms de pays : le nom de Marcel Proust permet enfin d'expliciter que le nom propre n'est pas que le lieu d'une rêverie cratylienne, mais le lieu aussi d'une expérience de l'altérité, du non-maîtrisable, de l'arbitraire. Ces trois études sur le nom propre sont donc l'occasion d'une réflexion sur le sujet, l'identité et la représentation.
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Qui pense abstrait ?
Georg Wilhelm Friedrich Hegel
- Hermann
- Savoir Lettres
- 14 Octobre 2006
- 9782705666354
Traduction inédite et commentaires par Ari Simhon
Opuscule méconnu de Hegel rédigé à Bamberg entre 1807 et 1808, Qui pense abstrait ? expose, en quelques pages, une ébauche de sociologie hégélienne, avec une pointe d'humour qui révèle le philosophe sous un jour nouveau et inattendu.
Hegel y pourfend, avec une ironie acerbe, ceux qui, tout en dénonçant la pensée philosophique comme étant abstraite, se maintiennent dans l'abstraction que la véritable philosophie cherche à dépasser. Il analyse les rapports sociaux et l'influence de la condition sociale des individus sur le caractère abstrait ou non de leur pensée.
« Penser ? Abstrait ? Sauve qui peut !, ainsi commence ce bref texte, inattendu et peu connu, écrit en 1807, la même année que la Phénoménologie de l'Esprit et dont Heidegger disait que c'était la « meilleure introduction » à la méthode hégélienne. On y découvre un Hegel primesautier et moqueur, qui croque des scènes de la vie quotidienne pour démontrer que l'abstrait n'est pas là où on l'attend (...). » Éric AESCHIMANN, Libération. -
Malraux et les poètes
François de Saint-chéron
- Hermann
- Savoir Lettres
- 27 Septembre 2016
- 9782705692568
André Malraux, grand amateur de poèmes, livre à travers son oeuvre un témoignage passionnant sur la place des poètes et de la poésie dans la sensibilité d'un écrivain du XXe siècle. Enclin à l'éloquence, admirateur de Corneille et de Hugo, Malraux fut aussi pour Baudelaire un lecteur fraternel. Certains vers d'Apollinaire l'accompagnèrent toute sa vie, et, parmi les poètes, Blaise Cendrars fut, avec Paul Claudel, l'un de ses contemporains qu'il admira le plus.
Après une présentation de ces affinités et des nombreux échos qu'elles trouvent dans les romans et essais de Malraux, sont publiées ici des lettres, majoritairement inédites, échangées entre Malraux et certains de ses contemporains - de Max Jacob à Michel Leiris, en passant par André Breton, Jean Grosjean, André Frénaud, Saint-John Perse, Pierre Jean Jouve, Pierre Emmanuel -, vivant témoignage des liens personnels, et parfois inattendus, qui unirent ce grand écrivain aux poètes de son époque.