Filtrer
IVREA
-
À la ferme du Manoir, la révolte gronde. Entraînés par les cochons, les animaux prennent le pouvoir et instaurent un nouveau régime. À travers cette fable, George Orwell compose une virulente dénonciation du totalitarisme.
Groupements de textes :
1. Des animaux et des hommes.
2. Rêves de mondes meilleurs.
-
La guerre d'espagne à laquelle orwell participa en 1937 marque un point décisif de la trajectoire du grand écrivain anglais.
Engagé dans les milices du parti ouvrier d'unification marxiste (poum), le futur auteur de " 1984 " connaît la catalogne au moment où le souffle révolutionnaire abolit toutes les barrières de classe. la mise hors la loi du poum par les communistes lui fait prendre en horreur le "jeu politique" des méthodes staliniennes qui exigeait le sacrifice de l'honneur au souci de l'efficacité. son témoignage au travers de pages parfois lyriques et toujours bouleversantes a l'accent même de la vérité.
A la fois reportage et réflexion, ce livre reste, aujourd'hui comme hier, un véritable bréviaire de liberté.
-
" C'est un récit bien banal et j'espère qu'on lui reconnaîtra à tout le moins les mérites qu'on reconnaît d'ordinaire à un journal de voyage.
Je puis encore ajouter ceci : " Voilà le monde qui vous attend si vous vous trouvez un jour sans le sou. " Ce monde, je veux un jour l'explorer plus complètement. J'aimerais connaître des hommes comme Mario, Paddy ou Bill le mendiant non plus au hasard des rencontres, mais intimement. J'aimerais comprendre ce qui se passe réellement dans l'âme des plongeurs, des trimardeurs et des dormeurs de l'Embankment.
Car j'ai conscience d'avoir tout au plus soulevé un coin du voile dont se couvre la misère. Je tiens toutefois à souligner deux ou trois choses que m'a définitivement enseignées mon expérience de la pauvreté. Jamais plus je ne considérerai tous les chemineaux comme des vauriens et des poivrots, jamais plus je ne m'attendrai à ce qu'un mendiant me témoigne sa gratitude lorsque je lui aurai glissé une pièce, jamais plus je ne m'étonnerai que les chômeurs manquent d'énergie.
Jamais plus je ne verserai la moindre obole à l'Armée du Salut, ni ne mettrai mes habits en gage, ni ne refuserai un prospectus qu'on me tend, ni ne m'attablerai en salivant par avance dans un grand restaurant. Ceci pour commencer. " George Orwell
-
Le roman de Monsieur de Molière
Mikhaïl Boulgakov
- Ivrea
- Champ Libre Ivrea
- 22 Avril 1986
- 9782851841032
De toutes les biographies, d'ailleurs peu nombreuses, que suscite Molière, celle de Mikhail Boulgakov est sans doute la plus étonnante, tant par l'abondance de détails historiques que par la qualité du récit. C'est que l'écrivain soviétique - dont on connaît encore trop mal le remarquable travail théâtral - éprouvait pour le dramaturge français une très vive admiration.
Aussi, Le Roman de Monsieur de Molière, loin de ressembler à une thèse universitaire, se lit-il tel un véritable roman picaresque où, comme toujours, la fiction créatrice est plus vraie que la réalité.
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, né le 15 janvier 1622, représenta devant Louis XIV sa première farce - Le Docteur amoureux - le 24 octobre 1658, soit à l'âge de trente-six ans. Le 23 janvier 1662, à l'âge de 40 ans, Molière épousa sa fille « âgée de vingt ans environ », et le 17 février 1673, gravement atteint dans sa santé, ses affections et son amour propre, il mourut d'hémorragie. Armande fit distribuer mille deux cents livres d'aumônes.
Dans les années 30, Mikhail Boulgakov présenta Le Roman de Monsieur de Molière aux responsables de la collection « Vies des gens remarquables » fondée par Maxime Gorki, lesquels furent épouvantés par cette « chose » qui correspondait bien peu aux canons en vigueur à cette époque et commandèrent une autre biographie d'aspect plus orthodoxe. -
George Bowling, narrateur, personnage central et avatar de l'auteur, vétéran de 14-18, est représentant en assurances, (mal) marié et père de deux enfants. En 1938, il a quarante-cinq ans. Le pressentiment d'une guerre prochaine déclenche en lui le souvenir de son enfance et de son adolescence à Binfield-le-Bas, petit village anglais qu'il se rappelle comme le pays de cocagne d'avant la guerre : « Avant la guerre, dit-il, et plus particulièrement avant la guerre des Boers, c'était l'été l'année durant ». Cette nostalgie l'entraîne à revenir au village, sur les lieux de ses dernières « prouesses ».
Ce qu'Orwell n'avait pas prémédité, c'est qu'en transposant des souvenirs d'enfance il allait écrire un roman poétique. Dans la poésie d'Un peu d'air frais se trame un contraste vigoureux entre ce qui fut, les temps naïfs, et ce qui est et demeure.
Le titre original, Coming up for air, fait allusion aux poissons qui font surface, mais, par métaphore, recouvre un sens plus général : l'appel d'air qui pousse un homme accablé par la prescience de la guerre proche (Hitler et Staline réapparaissent en tandem, pourchassant le narrateur en proie à un cauchemar éveillé) jusqu'aux « verts paradis » de son enfance.
Alors qu'Orwell s'était mis à l'ouvrage, il confiait à ses correspondants qu'une autre idée lui était venue, d'un livre qui ne passerait pas inaperçu. De fait, Un peu d'air frais annonce et amorce déjà 1984. -
« - Mon cher docteur, dit Flory, comment pouvez-vous imaginer que nous sommes ici pour autre chose que pour voler notre prochain ? C'est pourtant très simple. Le fonctionnaire maintient le Birman à terre tandis que l'homme d'affaires lui fait les poches. (...)
- C'est monstrueux ce que vous dites-là ! (...) Regardez cet hôpital et plus loin sur la droite cette école, ce poste de police. Regardez donc tous les progrès de la civilisation moderne !
- Je ne nie évidemment pas, dit Flory, que nous ayons modernisé ce pays dans une certaine mesure. Nous ne pouvons faire autrement. En réalité, nous aurons, avant d'en avoir terminé, bousillé toute la culture birmane. »
George Orwell publia ce premier roman en 1934 sous son vrai nom, Eric Blair. En se basant sur son expérience personnelle en Birmanie, dont il est revenu en 1928, il brosse un portrait impartial de la colonisation britannique et de la faiblesse de l'âme humaine, dans toute leur cruauté. -
- Vous êtes le degré zéro de l'évolution ! trancha Filipp Filippovitch. Une créature en formation, à l'intellect sous-développé, aux comportements bestiaux ! Et, avec une odieuse impertinence, vous prétendez donner à des universitaires des leçons d'ordre cosmique, d'une bêtise encore plus cosmique, sur le partage ! Alors que vous en êtes encore à manger du dentifrice !
- Et ce pas plus tard qu'avant-hier, précisa Bormenthal.
Coeur de chien est l'un des six romans laissés par Mikhaïl Boulgakov (1891-1940). Farce anticommuniste virulente teintée de fantastique, le texte valut à son auteur de sérieux ennuis avec la censure, et ne parut en U.R.S.S. que plusieurs décennies après sa mort.
-
-
Imaginatif mais rigoureux, humoriste mais mystique, porté vers l'ésotérisme mais intéressé par l'art populaire, admirateur du plain-chant mais curieux de toute nouvelle forme de musique, sans cesse remis en question par les uns, toujours à redécouvrir pour les autres, le compositeur Erik Satie (1866 - 1925), Normand de mère écossaise, n'a pas fini de surprendre, de susciter des débats passionnés, voire d'exercer une influence. De l'Allemagne aux Pays-Bas, de l'Italie au Canada, des États-Unis au Japon, bien des jeunes musiciens se réclament aujourd'hui de lui.
Solitaire et secret, marginal par définition, Satie reste une des figures les plus représentatives de mouvements et de milieux apparemment aussi divers que le symbolisme et le cubisme, « l'école du Chat Noir » et les Ballets Russes, les Rose-Croix et Dada. C'est un ballet de Satie, Parade fait en collaboration avec Cocteau et Picasso qui inspire à Apollinaire un mot d'avenir : « surréalisme ». C'est Satie qui compose pour Entr'acte de René Clair - à une époque où le cinéma n'est pas encore parlant - le premier commentaire musical image par image. C'est dans sa « comédie lyrique » Le Piège de la Méduse, - écrite en 1913 - que l'on peut voir l'origine du « théâtre de l'absurde » et la première remise en cause du langage.
Car Satie n'a pas écrit que de la musique. Il a disséminé essais critiques, textes polémiques, souvenirs imaginaires, chroniques fantaisistes, annonces insolites et aphorismes dévastateurs aussi bien dans des feuilles occultistes que dans des grandes revues de mode américaines, dans l'organe d'une petite commune de la banlieue parisienne aussi bien que dans la plus tapageuse des revues dadaïstes.
Au prix d'un travail rigoureux de plusieurs années, Ornella Volta a pu rassembler des textes de nature et d'origine disparates qu'elle a ensuite minutieusement étudiés. Le recueil de ces écrits, d'une valeur littéraire indiscutable, éclaire d'une lumière nouvelle l'oeuvre musicale de Satie ainsi que l'histoire de l'art et de la pensée contemporaine.
Ce volume est consacré aux écrits parus et inédits, signés et attribués, ainsi qu'aux fragments, aux dessins et aux graphismes. -
" pour un prince, donc, il n'est pas nécessaire d'avoir toutes les qualités susdites, mais il est tout à fait nécessaire de paraître les avoir.
J'oserai même dire ceci : si on les a et qu'on les observe toujours, elles seront néfastes ; si on paraît les avoir, elles sont utiles. ".
-
Le quatrain ou rubâi se compose de quatre vers dont le premier, le second et le quatrième riment ensemble ; le troisième est blanc. Le quatrain est tout un poème qui a son unité de forme et d'idée ; c'est le genre le plus puissant de la poésie persane. La répercussion des rimes produit des harmonies et des contrastes de sons qui donnent un relief étrange aux harmonies et aux contrastes de l'idée.
Les quatrains d'Omar Khayyam étonnent par leur liberté d'esprit. La plupart des poésies qui nous restent de lui sont en l'honneur du vin. L'homme qui boit est pour le poète le symbole de l'homme émancipé ; pour le mystique, le vin est plus encore, c'est le symbole de l'ivresse divine. Mais ses poésies traduisent aussi la pensée de l'inanité de la vie, la fuite rapide du temps et la tolérance. -
-
Baltasar Gracian (1601-1658) est l'un des plus grands essayistes espagnols du Siècle d'or, que l'on peut comparer à Montaigne et à La Rochefoucauld.
Dans L'Homme de cour, dont le texte original date de 1647, qui réunit trois cents maximes ou réflexions, il propose un art de vivre à la cour comme à la ville, en sauvant son honneur et son monde intérieur. La traduction de 1684 est l'un de ces monuments du style littéraire à la française, dont la clé semble oubliée.
-
-
Dans l'émission " réponses à vos questions ", diffusée par la b.
B. c. le 2 décembre 1943, george orwell répondait ainsi à la question " quelle est la longueur du quai de wigan, et qu'en est-il au juste de ce quai ? " :
" eh bien, je dois avouer, au risque de vous décevoir, que le quai de wigan n'existe pas. en 1936, je me suis déplacé tout exprès pour le voir - et je ne l'ai pas trouvé. toutefois, il a bien existé un jour, et, si l'on juge par les photographies, il devait faire quelque chose comme sept mètres de long.
Wigan se trouve au coeur du pays minier et, si l'on peut lui trouver certains attraits, ce n'est pas dans le pittoresque du lieu qu'il faut les chercher. le décor est principalement constitué de terrils évoquant les montagnes lunaires, de montagnes de boue, de cendres et de suie ; pour une raison que j'ignore - il existe cinquante autres endroits qui ne valent pas mieux - wigan a toujours symbolisé la laideur inhérente aux districts de grande industrie.
Il y a eu, à une époque, sur l'un des petits canaux bourbeux qui enserrent la ville, un appontement de bois perpétuellement branlant. un loustic trouva amusant de le baptiser " quai de wigan ". le mot a fait son chemin, les chansonniers s'en sont emparés et c'est ainsi que se perpétue la légende du " quai de wigan ", démoli depuis longtemps.
-
-
Paru pour la première fois aux Éditions Champ Libre en 1971, Les Habits neufs du Président Mao est un ouvrage remarquablement documenté qui, par la rigueur de son approche critique, constitue incontestablement une référence dans l'étude de l'histoire contemporaine. Si les quatre décennies qui ont suivi la publication de ce livre ont permis aux historiens de découvrir des sources complémentaires d'informations sur le passé d'un pays qui connaît aujourd'hui des mutations importantes ; elles n'ont en rien infirmé cette analyse originale, scandaleuse à l'époque, et aujourd'hui enfin généralement admise, de ce que fut véritablement la « Révolution culturelle ».
Les Habits neufs du Président Mao fut, en effet, le premier ouvrage à dénoncer l'image mensongère que la presse et l'édition avaient voulu donner à l'époque de la Chine, et ce n'est pas le plus mince mérite de ce livre que d'avoir contribué, à contre-courant d'une certaine opinion, à dessiller les yeux du public sur les crimes perpétrés par les acteurs de cette « table rase » dont la Chine et les Chinois eurent à souffrir.
L'auteur y livrait pour la première fois les clés pour comprendre les péripéties (dont la plus grande partie était restée inconnue) de cette « Révolution culturelle », la lutte des clans bureaucratiques au pouvoir, l'intervention des gardes rouges et leur épuration, le rôle des différents satrapes militaires, l'échec enfin du projet de Mao.
La présente réédition est simplement précédée d'une notice de l'auteur qui met en perspective cet ouvrage près de 40 ans après sa première publication en exposant les dangers de l'amnésie sur laquelle la Chine prétend aujourd'hui conduire son essor économique. -
-
-
-
-
Edition établie par Jean Pierre Begot.
« J'ai vingt pays dans ma mémoire et je traîne en mon âme les couleurs de cent villes. »
« Je suis toutes les choses, tous les hommes et tous les animaux. »
Cette édition présente, outre les textes déjà connus d'Arthur Cravan, un certain nombre d'écrits jusqu'ici inédits du poète, boxeur et conférencier - poèmes de jeunesse principalement.
On trouvera par ailleurs, pour la première fois rassemblés, de nombreux documents et témoignages (photographies et écrits) de contemporains ou compagnons de route. Au premier rang de ces témoignages il faut citer celui de Mina Loy, qui connut Cravan à New York, partagea un temps sa vie et l'épousa au Mexique peu avant sa disparition.
Reste enfin une correspondance éclairant de façon parfois surprenante, toujours intéressante, la personnalité de l'individu Cravan. -
-