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Lettre Volee
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De quoi le curating est-il le nom? : Métamorphoses d'une profession dans le champ de l'exposition
Julie Bawin
- Lettre Volee
- Essais
- 5 Mars 2025
- 9782873176440
Le mot « curating » est, depuis une quinzaine d'années, un mot de code particulièrement en vogue dans l'univers des expositions d'art contemporain, mais à quelles pratiques se rapporte-t-il exactement et pour quelle raison cet anglicisme a-t-il fini par supplanter, dans la langue française, le terme « commissariat » ? Répondre à ces questions ne revient pas seulement à mettre en lumière le rôle que les artistes, conservateurs de musée, auteurs et « faiseurs » d'expositions ont joué, dès les années 1960-1970, dans le renouveau apporté au champ de l'exposition. L'idée sur laquelle repose cet ouvrage est que le curating, loin d'être un phénomène récent, se rapporte à des à des (r)évolutions plus anciennes et successives, tant dans le domaine de l'accrochage et de la scénographie que dans la sphère professionnelle et institutionnelle au sein de laquelle évoluent les organisateurs d'exposition. Aussi verra-t-on que, depuis le milieu du XIXe siècle, l'activité curatoriale est passée entre les mains de protagonistes toujours plus nombreux et qu'elle oscille désormais entre une hyper-professionnalisation et une déprofessionnalisation toujours plus tangible. Il semblerait en effet que de nos jours, le métier - reconnu comme tel - soit à la portée de tout un chacun, et en particulier à ceux que l'autrice appelle les « curateurs outsiders ».
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LES SCÉNARIOS DE CHARLES SPAAK : L'écrivain derrière la toile
Jacqueline Van Nypelseer-Wolfowicz
- Lettre Volee
- 4 Avril 2025
- 9782873176471
Cette étude approfondie de l'écriture des scénarios de Charles Spaak est l'une des rares études dédiées à un scénariste de langue française. Elle dresse le portrait d'un scénariste belge méconnu qui est pourtant l'auteur de scénarios célèbres écrits pour des réalisateurs de renommée internationale comme Le Grand Jeu et La Kermesse héroïque pour Feyder, La Grande Illusion pour Renoir, Le Ciel est à vous pour Grémillon, Nous sommes tous des assassins pour Cayatte ou Les Tricheurs pour Carné. Le lecteur découvrira pas à pas l'écrivain qui initia les grandes tendances du cinéma français, du muet à la Nouvelle vague. Avec Jacques Prévert, Charles Spaak est un des plus importants scénaristes du cinéma français des années 1930 et 1940. Précurseur du réalisme poétique avec Feyder et très impliqué dans les problèmes de son temps qui déboucheraient sur la Deuxième Guerre mondiale, on lui doit aussi le prototype de l'homme du peuple au grand coeur capable de se défendre contre les importuns, qui, mis en scène par Duvivier et personnifié par Jean Gabin, deviendrait le héros incontesté du genre.
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RUSES À L'OEUVRE : Modes d'agir avec l'art contemporain
Katrin Gattinger
- Lettre Volee
- 14 Février 2025
- 9782873176433
Parce que dans un monde injuste, régi par des luttes d'intérêt, on a parfois besoin de jouer des tours, cet essai pose la question : que peut l'art ? Mais plutôt que de regarder les oeuvres du point de vue de l'efficience, il s'agit d'observer leur inventivité, de saisir la complexité de leurs modes opératoires. Les ruses - qui font croire et agir tout en restant elles-mêmes dissimulées, qui enthousiasment par leur capacité à mener une cause perdue au triomphe - sont au coeur de ce livre, préfacé par le philosophe Pierre-Damien Huyghe. Par l'étude de « l'intelligence pratique » des procédés et logiques de cinq oeuvres des artistes Peter Rosel, Made in Éric, Olive Martin et Patrick Bernier, Judith Deschamps, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, cet essai explore leurs résistances en s'appuyant sur des stratagèmes observés par ailleurs (camouflage militaire, système de l'art, actions politiques sur la justice, arnaques sur internet) et les théories qui leurs sont consacrées. Ces oeuvres desquelles émanent des connaissances, savoirs-faire et astuces, invitent à regarder comment ces gestes artistiques peuvent nous aider à penser les conflits du réel et imaginer des modes d'agir rusés.
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« Le poème migre / Il s'appelle / Chant sans Terre / il est serpent et dragon / tout à la fois sol des Migrants et Mer / Sans racine de terre, / Ulysse de justesse ? » Laure Gauthier poursuit ici son travail poétique sur l'énonciation et la polyphonie. Ainsi les dialogues de la première suite chorale intitulée Le terme des lamentations sont de véritables chants tenus par des protagonistes où se découvrent à la fois l'évocation de personnages classiques de la culture prémoderne (Abélard, Héloïse...) et la projection d'une sensibilité à fleur de voix. La deuxième suite poétique intitulée Le serpent b nous entraîne sur les hautes terres de l'Asie afin d'évoquer la légende chinoise des deux serpents vivant dans la montagne, et qui, après mille ans d'existence et de méditation, se transforment en femmes. Ces deux suites ne sont pas étrangères l'une à l'autre, elles inscrivent un même terrain de l'expérience du monde et de la relation à l'autre, plus singulièrement, de la relation amoureuse au sens le plus large et profond qui soit.
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Conçu comme un album de bande dessinée classique, mais où les phylactères libérés de leur fonction et érigés au rang de personnages et de signes souverains s'en donneraient à coeur joie à revisiter toute l'histoire de l'art moderne, cette théorie des bulles de l'artiste plasticien Emilio López-Menchero emprunte aux techniques les plus radicales pour dynamiser les traits essentiels du langage de la bande dessinée. Ce faisant, le livre en accroît aussi le potentiel critique. La « théorie » du titre ne signifie en rien quelque souhait de rester en marge de la pratique. Elle vise au contraire une façon de mieux construire des armes pour rebondir dans les débats et enjeux de tous les jours. Telle quête conduit l'auteur vers l'essence de son médium - qui n'est nullement l'horizon ultime du travail créateur mais le tremplin que se donne Emilio López-Menchero pour intervenir dans le monde plus large de l'art et, plus largement encore, de l'action sociale. L'essence en question est ce que le philosophe belge Henri Van Lier a nommé le « multicadre », terme aussi simple que juste, à mille lieues des idées que l'on continue à se faire sur la bande dessinée,comme l'écrit Jan Baetens dans sa postface.
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Pasolini, poète et romancier : de la pulsion de régression à la crise de la représentation
Philippe Di Meo
- Lettre Volee
- Palimpsestes
- 12 Janvier 2024
- 9782873176235
Dès ses premiers poèmes, l'essentiel de l'oeuvre de Pier Paolo Pasolini s'articule autour de la figure de Narcisse. C'est travers l'évocation de ce mythe qu'il assouvit un impérieux besoin de confession publique. Mais Narcisse livre une lutte perdue d'avance contre le passage du temps. Pasolini mène ce combat en faisant un usage immodéré de l'analogie pour essayer de concilier instant et durée. Bientôt ce jeu acrobatique se révèle intenable. Il remet alors en cause l'idée même de représentation qui avait été initialement la sienneà travers deux oeuvres majeures : La Meilleure Jeunesse (1975) et Pétrole (posthume, 1992), mais également dans un court-métrage comme Que nous disent les nuages ?(1968). Il invente alors des formes nouvelles comme malgré lui et contre ce en quoi il avait longtemps cru : un univers fondé sur l'éternel retour.Philippe Di Meo est écrivain, critique et traducteur. On lui doit notamment des traductions françaises couronnées de plusieurs prix des oeuvres de Giorgio Manganelli, Andrea Zanzotto, Carlo Emilio Gadda, Bartolo Cattafi, Pier Paolo Pasolini, Giorgio Caproni, Giuseppe Bonaviri, Federigo Tozzi, Edgardo Franzosini, etc. Il a en outre écrit denombreux essais sur la littérature française et italienne, la peinture et le cinéma et collabore à de nombreux sites et revues littéraires.
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Herstory : féminisme, minorité et visualité
Maryam Kolly
- Lettre Volee
- Essais
- 5 Mai 2023
- 9782873176013
Ce livre rassemble des récits de féministes minoritaires du début du vingt-et-unième siècle en Europe. À travers des auto-ethnographies de la sororité, l'ouvrage répond à un objectif : celui de réécrire l'histoire du point de vue des dominées - en mettant l'accent sur l'utilité des images à cette fin. Un terme issu des sciences sociales anglosaxonnes traduit ce geste que l'on reprendra à notre compte ici, en disant que l'ensemble des contributrices sont ici les instigatrices d'une HERstory iconique intersectionnelle et décoloniale. Contributions de Salwa Boujour (journaliste multimédia, assistante chargée d'exercices à l'ULB, conférencière et formatrice), Maja-Ajmia Yde Zellama (réalisatrice, directrice de casting, DJ, event-manager et travailleuse sociale), Manal Yousfi (fonfatrice de la plateforme Soeur Muz qui concerne les femmes musulmanes), Souhaïla Amri (coordinatrice de projets socio-culturels à Ras El Hanout et chargée de formations chez TYN), Fatima-Zohra Ait El Maâti (artiste, programmatrice d'art et curatrice), Samira Hmouda (curatrice et manager culturelle), Malika Hamidi (enseignante suppléante du cours Islam en Europe contemporaine du Master en Sciences Politiques à l'Université Libre de Bruxelles), Benedikte Zitouni (sociologue à l'Université Saint-Louis de Bruxelles), Nadia Fadil (Professeur au département d'anthropologie culturelle et sociale à la Katholieke Universiteit Leuven). Maryam Kolly est sociologue, enseignante-chercheuse à l'USL-B, membre du GECo à l'ULB et conférencière à l'École de Recherche Graphique, après une trajectoire d'intervenante sociale jeunesse d'une dizaine d'années. Licenciée en Philosophie et Lettres et Docteure en sciences sociales et politique, elle a publié deux monographies, Diplomate au pays des jeunes (Academia, 2019) et De la religion que l'on voit à la religion que l'on ne voit pas (Presses USL-B, 2018) issues de recherches doctorales et postdoctorales sur les politiques de prévention et le travail social, les jeunesses urbaines, les masculinités et féminités marginales postcoloniales, l'épistémologie pragmatique.
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Une île battue par les vents : Sur le cinéma de Roman Polanski
Laurent Van Eynde
- Lettre Volee
- 15 Novembre 2024
- 9782873176426
Cet essai sur le cinéma de Roman Polanski explore l'enjeu formel et thématique de l'espace clos, en le décalant néanmoins du trop classique et trop univoque huis clos vers une dialectique affinée de l'intérieur et de l'extérieur. Par le biais de différentes figures de cette dialectique, c'est le statut même de l'image que le cinéma de Polanski permet de penser. Le choix est aussi fait ici de mobiliser les références à la peinture qui travaillent de l'intérieur le cinéma de Polanski et contribuent de manière décisive à son esthétique.
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Mario Luzi (1914-2005), l'un des plus grands poètes italiens du XXe siècle, est aussi l'auteur d'une oeuvre importante d'essais sur la littérature et son histoire. Si l'essentiel de son oeuvre poétique est désormais traduit en français, il n'en va pas de même pour ses essais. Ce livre est la première traduction de son étude sur Stéphane Mallarmé, publiée en 1952. En Italie, pour sa génération, le poète français avait été un modèle d'autonomie spirituelle à opposer à la rhétorique du régime fasciste. Luzi y revient après la guerre, dans un moment de crise et de régénération de son pays et de sa poésie, et le réinscrit dans un contexte européen : au-delà des filiations évidentes, françaises, il retrouve les échos de Mallarmé chez Yeats, George, les Espagnols, mais surtout chez Eliot, Rilke et Ungaretti. C'est à partir de leur expérience radicale du langage et de la poésie, qui est aussi la sienne propre, que Luzi relit le corpus poétique de Mallarmé. Par des analyses denses et rapides, il retrace une « biographie intellectuelle » du poète, où le contexte n'est plus séparable des significations intérieures. La finesse de son analyse esquive certaines alternatives trop simples de l'histoire littéraire (continuité / discontinuité, influence / invention) et rend à l'histoire et à l'expérience de la poésie la complexité qui leur revient.
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LE DIT POÉTIQUE D'UN ANGE EN EXIL : Rimbaud avec Lacan
Philippe Lacadée
- Lettre Volee
- 5 Mars 2025
- 9782873176464
Cet ouvrage s'inspire de l'acte d'écriture de Rimbaud qui, à la fin du XIXe siècle, prit la plume pour dire ce que de l'adolescence il pensait être banal. Toutes ces choses de l'adolescence, le poète, de sa position d'exception qui fut la sienne, su mieux qu'aucun autre en saisir le moment qu'il qualifia de révolte logique tout en témoignant que cela l'avait conduit dans une position d'exil, d'abord de son enfance puis de sa langue maternelle, l'amenant à y ressentir ses souffrances modernes, puis à quitter cette langue occidentale qui l'ennuyait pour trouver le repos dans sa pensée. Ce lieu de l'exil de l'enfance, il le nomma printemps - cet éveil du printemps revisité par Lacan. Voilà pourquoi Rimbaud incarne le poète adolescent mais aussi l'adolescence de la langue. Ainsi Rimbaud a-t-il précédé le psychanalyste en venant éclairer si bien l'adolescence pour nous qui cherchons le fil paradoxal de cette révolte logique.
Philippe Lacadée est médecin psychiatre, psychanalyste, membre de l'école de la cause freudienne, de l'association mondiale de psychanalyse et de la New Lacanienne School. Il est l'auteur de très nombreux ouvrages consacrés à l'enfance et à l'adolescence, à la psychanalyse et à l'école, mais aussi à Robert Walser, François Augiéras et à présent Arthur Rimbaud. -
C'est ainsi : Vérène, Toinon, Ulrich et Cécile voient sans cesse la misogynie ordinaire se rejouer dans leur vie?; constamment, il et elles en subissent la logique. La haine des femmes s'y double de l'horreur du féminin - le féminin en chacune et en chacun. Le féminin comme marque d'un certain penchant, d'un goût plus ou moins prononcé pour ce qui reste ouvert, ce qui fuit, ce qui ne se suffit pas. Autant dire que Vérène, Toinon, Ulrich ou Cécile ne sont plus à l'abri de rien, quand celles et ceux qui préfèrent les formes closes et les ensembles pleins croisent leur chemin. Tôt ou tard - c'est certain -, on leur décochera un énoncé mortifiant. Alors, la flèche fusera et, se fichant dans leur chair, les projettera au bord de l'abîme où on les verra vaciller. Avec une encoche dans l'âme - encore une -, quelque part entre le coeur et l'abdomen.
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Le sec et le vif : Une histoire de l'arbre-sculpture depuis 1968
Natacha Pugnet
- Lettre Volee
- 6 Décembre 2024
- 9782873176334
Cet essai interroge le devenir-oeuvre d'arbres, qui, morts ou vivants, dessinent une catégorie sculpturale dans laquelle le bois n'est plus envisagé comme un matériau auquel donner forme. Tout ensemble être-là naturel et chargé de références culturelles, l'arbre-sculpture s'inscrit dans une archéologie et une histoire spécifiques. Exhibé tel quel ou presque dans le white cube, il semble déplacé, bousculant l'idée même d'exposition. Planté, et devenu sculpture vivante, il porte à reconsidérer les pratiques in situ. Le Sec et le Vif s'attache à saisir les enjeux communs à ces réalisations aussi bien que la diversité des démarches et sensibilités au monde que celles-ci révèlent, s'agissant notamment d'écologie. Puissamment anthropologique, la figure de l'arbre permet d'éclairer l'histoire de l'art récent - de Giuseppe Penone et Robert Smithson à Mark Dion et Roman Onda
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« Avec les arts plastiques, je n'ai pu que m'engager en terrain ennemi », disait Marcel Broodthaers. Quel est le sens de cet engagement ? Quel est l'enjeu du combat qui le conduit à la douloureuse décision de délaisser le champ de l'écriture poétique ? Son oeuvre multiforme déjoue les interprétations. Plusieurs fils s'y tressent, selon une logique originale que déploie cet Éloge. Les références essentielles en sont Mallarmé, qu'il tient pour « l'inventeur de l'espace moderne », Magritte, à qui il fait crédit d'un « resserrement de la notion de sujet » et Lacan, pour qui « la vérité a structure de fiction ». Une poétique de l'objet et de l'absence d'objet s'en déduit, ainsi qu'une pratique ironique des équivoques de la communication. S'y dessine la figure d'un artiste génial, qu'on n'a pas fini de découvrir.
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Né à Privas le 4 mars 1927 et disparu le 27 octobre 2012 à Paris, Jacques Dupin offrit à ses lecteurs, par des livres rares et intenses, de Gravir (1963) à Dehors (1975) jusqu'à Contumace (1986]) ou Discorde (2017), la traversée d'expériences âpres, toujours tendues vers ce qu'elles ignoraient d'elles-mêmes. La tâche à laquelle le poème de Jacques Dupin se doit est celle d'un dehors à affronter. Dépassionnée et comme à distance, tout autant qu'exposée à ses pulsions contradictoires, son écriture se mesure à cette ironie, à ses affres, autant qu'aux embardées réitérées dont elle fit son moteur. ce livre rassemble tous les textes (essais, portraits, chroniques, etc.) d'emmanuel Laugier sur l'oeuvre de Jacques Dupin écrits entre 1993 et 2017. ces textes, dont certains inédits, ont tous été revus, même s'ils conservent intacts l'élan et la tonalité qui les motivèrent. c'est d'ailleurs la variation des voix qui a présidée à l'agencement de l'ouvrage. Ainsi l'ensemble du livre dit l'attention fidèle portée à l'oeuvre de Jacques Dupin, tout autant que les mouvements internes qui en animent la lecture. « ils esquissent puis précisent le parcours du lecteur que j'ai été depuis plus de vingt ans et que je ne cesse d'être vis-à-vis du poète et de l'ami », dit l'auteur.
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Longue suite composée de 91 poèmes, ce livre de poésie se présente sous la forme d'une adresse au poète et écrivain Claude Esteban, d'un dialogue avec l'auteur disparu. Il y a dans cette suite quelque chose d'une complicité magnifique entre l'auteure et celui auquel elle s'adresse, ce dont témoigne la plupart des poèmes, discrètement mais sûrement, dont celui-ci : « Tu te souviens / elle n'était pas / morte / tout à fait / ni / sa main / ni / le pourpre des / peintures ni / la langue où / je la veille». On y trouve une parole poétique d'une très grande maîtrise, et qui, dans l'adresse à l'autre, cherche à formuler ce que nous sommes, sans jamais préjuger de ce que nous serons. Les lieux sont rarement déterminés et pourtant témoignent des itinéraires, qui sont ceux de la vie. Comme souvent chez cette auteure, le moment réflexif, l'ordre de la pensée jamais refermée sur elle-même accompagne ces moments de surgissement de la parole poétique en cette distance par rapport à la banalité de la traversée des jours.
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Détentrice, récit de chair soufflé comme un chant, un corps déterminé, une mémoire tourné vers le ciel. Ce grand cri éblouissant à l'allure poétique est fidèle au style minimaliste de son autrice qui poursuit ici son travail de fouille intérieure dans les territoires de la mémoire.
« Laurence Skivée nous écrit depuis un espace où elle n'est pas détentrice des mots, elle nous parle depuis un silence qui longe et troue son récit. Aucune posture, aucun faste sonore mais une quête d'existence qui emprunte le chemin du verbe. Il s'agit de se faire advenir à partir des coupures, des errances, de la survivance. Il s'agit d'écrire comme la mer roule son écume blanche. Au plus près du non-savoir et des vents de l'enfance, à l'affût d'un creuset de langue où se blottir. » Véronique Bergen (extrait de sa préface) -
Alfreda Hitchcock & sisters
Martine Doyen
- Lettre Volee
- Livres D'Art Et De Photographie
- 19 Novembre 2021
- 9782873175825
Partant du paradoxe que son panthéon cinématographique est quasi exclusivement composé d'hommes dont les films la touchent profondément et l'inspirent, en tant que cinéaste mais aussi en tant que spectatrice, Martine Doyen s'est prise au jeu de féminiser les traits de ses idoles pour découvrir ce qu'ils seraient en femmes, à défaut de pouvoir imaginer ce que leurs films auraient pu être, s'ils l'avaient été. et en attendant que s'installe la parité chez les réalisateurs et réalisatrices de films, cela soulage et permet de continuer à les adorer car, dans le fond, nos grands cinéastes sont des femmes aussi. reste à savourer cette galerie de portraits en tentant de reconnaître qui se cache derrière chacune de ces femmes dans ce who's who du cinéma international.
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Surgi de la salvation, Andrea Zanzotto
René Noël
- Lettre Volee
- Palimpsestes
- 12 Janvier 2024
- 9782873176242
Fidèle à toutes les inscriptions de la poésie de son siècle, non seulement d'Italie mais d'Europe occidentale jusqu'à l'Inde, l'art poétique d'Andrea Zanzotto (largement traduit en français par Philippe Di Meo) ne se réduit pas à un échantillonnage, à une combinaison de genres et de styles antagonistes mais compose et joue le va-tout de la poésie par rapport à ses périodes fastes et même décadentes. Zanzotto a l'oreille musicienne initiant les formes nouvelles du poème, ouïe qui prend langue avec l'oeil et la parole mobile des vivants rapportant les mémoires des morts, portant leurs langues, leurs mots et leurs paroles vives au coeur du présent.René Noël (né en 1959 à Givet dans les Ardennes), poète et critique vivant à Strasbourg, est l'auteur de deux recueils de poèmes : Bancs de Rayons (Toulon, La Termitière, 2010) ; D'étoiles (Toulon, La Nerthe, 2023) et d'un essai consacré à Vélimir Khlebnikov : Créations critiques (des mimésis). Khlebnikov (Toulon, La Nerthe, 2020). Ses poèmes et études critiques sur Alejandra Pizarnik, Paul Celan, Gerard Manley Hopkins et d'autres poètes contemporains sont publiés notamment dans les revues La Polygraphe, L'Étrangère, Cahier critique de poésie et sur le site Sitaudis.fr.
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L'art et la cécité : voir et ne pas voir
Anne Sauvageot
- Lettre Volee
- Essais
- 12 Janvier 2024
- 9782873176259
De tous les archétypes qui peuplent nos imaginaires depuis les temps les plus anciens, la figure de l'aveugle, demeure sans doute l'une des plus présentes. La peur des ténèbres entretient toutes sortes de fantasmagories, celles de nos mythologies grecques comme celles des récits bibliques, celles de la littérature comme celles des arts tout au long de leur histoire. Comment ainsi comprendre et interpréter la démarche d'artistes contemporains qui ont fait de la cécité leur thématique ? Si certains d'entre eux choisissent d'oeuvrer en partenariat avec des aveugles - Sophie Calle, Miquel Barceló, Javier Téllez, Prune Nourry... - d'autres s'exercent eux-mêmes à peindre ou sculpter en aveugle, notamment les yeux bandés ou obturés, tels Robert Morris, Giuseppe Penone, Claude Jeanmart... Comment nous donnent-ils à interpréter la cécité, à la voir et à la comprendre ? La réflexion de manière plus large porte sur la dialectique du voir et du ne pas voir. Les frontières entre le visible et l'invisible sont en effet de plus en plus ténues. Certains artistes et scientifiques travaillent ensemble pour donner à voir ou redonner à voir certaines oeuvres retravaillées à des échelles inédites, celles du musée du Louvre entre autres.
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Correspondances dans le labyrinthe des sons
Alexandre Castant, Philippe Franck
- Lettre Volee
- 4 Juin 2024
- 9782873176310
Ce recueil de textes critiques (2005-2022) constitue une correspondance - au sens propre comme au figuré -, entre Alexandre Castant et Philippe Franck autour des arts sonores. Ce sont des parcours mais aussi des écoutes actives en dialogue avec des oeuvres et des artistes contemporains dont le commun dénominateur est cette matière sonore mise en espace, mais aussi en images, en réseaux et en formes diverses. Le champ exploratoire principal en est le festival international des arts sonores City Sonic, créé en Fédération Wallonie-Bruxelles en 2003 par Transcultures sous la direction artistique de Philippe Franck, et qu'Alexandre Castant a suivi et commenté depuis ses débuts. De manière plus générale, cet ouvrage propose une vision ouverte et hybride des arts sonores d'aujourd'hui considérés dans leur grande diversité de pratiques et d'esthétiques. L'acquisition de ce livre donne également accès à une compilation de pièces sonores extraites du catalogue City Sonic (label Transonic).
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Sur Robert Smithson : variations dialectiques
Olivier Schefer
- Lettre Volee
- Palimpsestes
- 19 Novembre 2021
- 9782873175818
Cet essai propose la première traversée théorique de langue française de l'oeuvre de l'artiste américain robert smithson (1938-1973) depuis ses premières toiles figuratives jusqu'à ses oeuvres environnementales en passant par son travail de sculpture (non-sites). Figure majeure du Land Art, proche du minimalisme et de quelques artistes conceptuels, smithson est surtout connu pour son oeuvre implantée sur le Grand Lac salé, la Spiral Jetty.
Mais il est aussi un théoricien, un écrivain et un lecteur avisé de la littérature d'avant-garde (Beckett, robe-Grillet), un connaisseur des sciences humaines des années 1960, auxquelles il emprunte plusieurs concepts, et un spécialiste de séries B et de Pop culture. ces Variations dialectiques suivent le parcours multiforme de cet artiste multimédia avant l'heure et montrent comment les différents champs des arts et des sciences, de la philosophie et de l'ethnologie, de la fiction et du document s'interpellent et se recoupent chez lui dans une dialectique ouverte et relationnelle qui récuse l'autonomie de l'oeuvre moderniste « absolue », promue par les critiques clément Greenberg et Michael Fried. cet ouvrage est par ailleurs le fruit de recherches menées à Washington Dc dans les Archives de l'artiste (smithson et nancy holt Foundation). il comporte des documents peu connus et des traductions inédites de textes de l'artiste.
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Il y a vingt ans, dans le cadre de la manifestation « Bruxelles 2000 », Thierry de Duve a monté au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles une grande exposition intitulée Voici, 100 ans d'art contemporain comprenant plus de 200 oeuvres remontant jusqu'à Manet et Rodin ainsi que trois installations commandées à des artistes contemporains (Michael Snow, Dan Graham et Sylvie Blocher).?Manifeste des principes qui construisent sans solution de continuité l'art moderne et contemporain selon Thierry de Duve, le catalogue (épuisé) contenait un long essai de Thierry de Duve repris dans Voici - vingt ans après, accompagné d'une soixantaine de photos d'installation dues à Philippe De Gobert ainsi que d'une sélection de quelques articles marquants qui avaient salué et vilipendé l'exposition dans la presse artistique internationale, des conférences de Herman Parret et de Mieke Bal données autour de Voici dans un colloque organisé à Louvain à l'époque et les réponses faites par Thierry de Duve.
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« Ces 50 figures, ce sont des dessins que j'ai redécouverts par hasard dans une farde, en préparant une exposition chez O.V. Project. Elles datent de 1992-1994. Trente ans plus tard donc, je les ai revisitées et j'en ai fait des iPhone Paintings, grâce à l'application Adobe Sketch, sur mon smartphone. Quelques jours plus tard, Adobe m'annonçait avoir décidé de supprimer cette application. Ce sont les dernières iPhone Paintings que j'aurai réalisées avant la disparition de Sketch. » (J.F.0.)
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La métaphore transpercée : Hélion, Ponge, Lacan
Pierre Malengreau
- Lettre Volee
- 10 Mai 2024
- 9782873176372
Il y a dans la parole analysante une forme d'inertie et de polarisation qui se répète et que l'expérience d'une psychanalyse rend incandescente. Il est alors légitime de se demander s'il est possible d'y introduire du nouveau. La référence que Lacan fait à Francis Ponge éclaire ce que serait un nouvel usage des mots, un usage qui permettrait de rejoindre de temps en temps ce qu'il y a de réel, d'insensé et d'ininterprétable dans toute parole. Ponge, dans un texte qui s'intitule « Hélion », aborde cette question en faisant entrer son lecteur dans l'atelier du peintre Jean Hélion. Tout est fait dans ce texte pour suggérer une oeuvre dont le mode d'engendrement passe par une mise en cause permanente de la figuration. Ponge ne décrit pas les tableaux d'Hélion, il les écrit. Il fait passer dans la langue l'indécidable qui les habite. Il introduit dans le sens que nous leur donnons un « je-ne-sais-pas-quoi » qui le transperce.