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Manucius
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«?De temps en temps il vient sur ce globe un de ces esprits. Leur passage, nous l'avons dit, renouvelle l'art, la science, la philosophie ou la société.
Ils emplissent un siècle, puis disparaissent. Alors ce n'est plus un siècle seulement que leur clarté illumine?; c'est l'humanité d'un bout à l'autre des temps, et l'on s'aperçoit que chacun de ces hommes était l'esprit humain lui-même contenu tout entier dans un cerveau, et venant, à un instant donné, faire sur la terre acte de progrès.
Ces esprits suprêmes, une fois la vie achevée et l'oeuvre faite, vont dans la mort rejoindre le groupe mystérieux, et sont probablement en famille dans l'infini.?»V. Hugo
William Shakespeare
(Son Génie - Livre I. Deuxième partie) -
Hippolyte Schinner, peintre, chute accidentellement dans son atelier. Ses voisines, Adélaïde de Rouville et sa mère, viennent à son secours. Hippolyte tombe rapidement amoureux d'Adélaïde mais a le sentiment qu'elle lui cache quelque chose sur son passé. Quand sa bourse, contenant quinze Louis d'or, disparaît, il ne peut s'empêcher de soupçonner les deux femmes.
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Ceci tuera cela est la locution inaugurale du second chapitre du livre V de NotreDame de Paris.
Frollo, prêtre observant tristement les tours de sa cathédrale et regardant simultanément vers le livre imprimé ouvert sur sa table, chuchote avec amertume: le livre tuera la cathédrale et l'alphabet les images. Ceci tuera cela, trois mots définitifs par lesquels Hugo signifiait que l'imprimerie allait tuer la sculpture, que le texte reproductible à l'infini remplacerait l'imagier sculpté au portail des cathédrales.
Texte d'une incroyable modernité (si l'imprimerie achève l'architecture, que penser du numérique vis-à-vis du livre?) et d'une pénétration intense Ceci tuera cela méritait une édition autonome, tant il expose avec brio les enjeux de toute révolution technologique. -
Utilité du beau, Du génie, et Le goût sont trois textes très peu connus de Victor Hugo où il expose sa vision du beau et de l'art. Tirés des Post-scriptum de ma vie, oeuvre posthume du grand écrivain, composée de recueils de textes philosophiques rédigés en 1860. Ils n'ont jamais été publiés à part bien qu'ils constituent un ensemble cohérent définissant ce que l'on pourrait nommer rapidement «l'esthétique hugolienne». Ce sont des textes où Hugo rend hommage à des artistes choisis (Horace, Virgile), où il défend l'admiration et la grandeur et où il formule avec talent et clarté ce que sont l'art ou le beau.
Ainsi: Affirmons cette vérité superbe, entrevue seulement sur les sommets de l'art: il n'y a point de mal dans le beau. [...] Sous l'art complet il y a le silence du mal.
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Loti est allé au Japon entre 1885 et 1901 à cinq reprises. L'archipel nippon lui a inspiré Madame Chrysanthème (1887) et La Troisième Jeunesse de Mme Prune (1905).
C'est entre ces deux oeuvres qu'ont paru les Japoneries d'automne (1889) d'où est extrait le texte sur Kyoto.Cette relation de voyage offre un panorama du Japon à l'époque de la modernisation spectaculaire de ce pays resté jusque-là presque fermé aux voyageurs.
Paradoxe permanent, le Japon allie ainsi un extrême raffinement fait de traditions millénaires, et une modernité qui transforme une société encore très rurale.
Avec Kyoto ville sainte, le lecteur retrouve tout le plaisir de la littérature de voyage, mêlant à la fois connaissance, aventure et imaginaire. -
Mort et funérailles de Balzac ; la mort de Balzac d
Victor Hugo, O. Mirbeau
- Manucius
- Littera
- 10 Novembre 2021
- 9782845787728
Le 18 août 1850, Honoré de Balzac meurt, le corps miné par la souffrance. Victor Hugo lui rend une dernière visite. Il en tire un récit qui sera publié dans Choses vues.
D'après Paul Valéry, «?les morts n'ont plus que les vivants pour ressource?», et il appartient à ceux qui demeurent de saluer la grandeur de ceux qui disparaissent. Le 21 août 1850, au cimetière du Père-Lachaise, Hugo prononce l'éloge funèbre.
En novembre 1907, Octave Mirbeau publie un livre étrangement intitulé La 628-E8. Une partie en relate l'agonie de l'auteur de La Comédie humaine abandonné par son épouse Mme Hanska. Celle-ci préférant recevoir au même moment les hommages de son amant, le peintre Jean Gigoux. C'est de ce dernier que Mirbeau assure avoir recueilli le récit de cette scène tragique où l'on croise par ailleurs nombre de personnalités littéraires et artistiques du moment (Théophile Gautier, Victor Hugo, Auguste Rodin...).
A la demande de la fille de la comtesse Hanska qui redoute le scandale, Mirbeau se voit contraint de supprimer les pages incriminées qui paraîtront finalement bien plus tard, en 1918.
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Sur le génie et autres brèves pensées littéraires et philosophiques
Denis Diderot
- Manucius
- Littera
- 6 Janvier 2022
- 9782845787766
L'oeuvre de Denis Diderot est immense, elle n'est pourtant connue du public qu'à travers quelques grands titres tels Jacques le Fataliste et son maître, le neveu de Rameau. Entre 1875 et 1877 paraissent ses oeuvres complètes aux éditions Garnier. Le tome IV rassemble les Miscelanea Philosophiques dont beaucoup sont à l'époque inédites.
D'après les propos de J.-A. Naigeon, l'un de ses proches, Diderot avait l'habitude d'écrire sur les premiers feuillets de ses livres, et souvent sur des feuilles volantes qu'il y insérait, le jugement qu'il portait de ces différents ouvrages ainsi que ses propres réflexions. Nous proposons ici une sélection de ces textes (10 en tout) pour la plupart très brefs qui témoignent de l'écrivain Diderot attentif à la pensée de son temps.
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En 1828, l'une des femmes les plus en vue de Paris, la marquise d'Espard, dépose auprès du tribunal une requête visant à faire interdire son mari.
Qu'est-ce qu'une interdiction? C'est - nous dit l'article 489 du Code civil de 1804 - le fait d'ôter à une personne majeure l'usage de ses droits civils: «Le majeur qui est dans un état habituel d'imbécillité, de démence ou de fureur, doit être interdit, même lorsque cet état présente des intervalles lucides». Mme d'Espard accuse le marquis, dont elle vit séparée depuis plus de dix ans, de l'empêcher de voir ses deux enfants qu'il a emmenés avec lui et de dilapider tous ses biens, au profit des Jeanrenaud mère et fils, des inconnus.
Le marquis est-il fou ou possédé, comme l'affirme son avoué?
Sa femme, une des plus redoutables harpies de La Comédie humaine, désire priver sa légitime moitié de ses droits, mais y parviendra-t-elle? Cette demande judiciaire ne cache-t-elle pas «quelque petit dramorama»? C'est le sujet de cette longue nouvelle (ou bref roman), sans doute «l'un des plus parfaits récits qu'ait écrits Balzac».
Présentation et notes de Marie-Bénédicte Diethelm, spécialiste de Balzac et de Chateaubriand. Elle est notamment l'éditrice des romans inédits de Mme de Duras: Olivier ou le Secret (in Ourika, Édouard et Olivier ou le Secret, Gallimard, «Folio classique», 2007), Mémoires de Sophie suivi de Amélie et Pauline (Manucius, 2011). Chez Manucius, elle a également établi l'édition de La Messe de l'athée (2013).
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Les choses de l'infini ; contemplation suprême
Victor Hugo
- Manucius
- Littera
- 16 Janvier 2020
- 9782845787155
Post-scriptum de ma vie est une oeuvre posthume de V. Hugo parue en 1901. Les textes ici proposés sont extraits de la seconde partie intitulée L'âme qui se veut plus philosophique ou méditative. Dans Les choses de l'infini Hugo disserte sur le cosmos. Mais l'exposé scientifique laisse rapidement place à la littérature, c'est-à-dire à l'enchantement du monde. L'homme lèvera toujours les yeux vers les étoiles et songera à la beauté inexplicable de sa présence sur terre. Quelle que soit la vitesse de la lumière, sa place au sein de cet infini demeure la seule question, celle pour laquelle la poésie, l'art ou Dieu, sont d'admirables réponses. Dans la même lignée, Contemplation suprême est une réflexion sur le rôle décisif de l'artiste dans la compréhension du monde.
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Le 21 mai 1880, la veille de la parution des Croquis parisiens, le directeur du Gaulois, Arthur Meyer, présente à la une de son journal un " bataillon renouvelé de chroniqueurs, pris parmi les jeunes ".
Au programme : " Les Mystères de Paris, par M. Huysmans ", auteur de quatre textes parus du 6 au 26 juin 1880. Ce " réaliste de la nouvelle école " propose l'exploration d'un Paris qu'il ne fait pas bon fréquenter lorsqu'on est un honnête bourgeois : les coups de poings s'échangent facilement, l'eau est " destinée non à être bue, mais à aider la fonte du sucre ". " C'est dans l'un de ces endroits ", annonce l'auteur, " que je mènerai le lecteur, s'il n'a point l'odorat trop sensible et le tympan trop faible ".
Cette série oubliée nous fait pénétrer dans l'atelier de confection des ouvrières comme dans celui de l'écrivain. " Robes et manteaux " a été distillé dans un roman : En ménage (1881). " Tabatières et riz-pain-sel " aurait pu connaître le même sort, mais l'oeuvre ne fut pas achevée, et le texte servit d'esquisse au " Bal de la Brasserie européenne " (ajouté à l'édition augmentée des Croquis parisiens en 1886).
" Une goguette ", modifié et repris dans plusieurs revues jusqu'en 1898, n'avait jamais été réédité dans ses premières versions. Et si " L'extralucide " et sa cocasse séance de magnétisme ont été abandonnés, la question des phénomènes inexplicables a fini par être prise au sérieux. Elle est au coeur des réflexions de Durtal, qui se demande, dans Là-bas (1891) : " comment nier le mystère qui surgit, chez nous, à nos côtés, dans la rue, partout, quand on y songe ? "
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Homme de lettres, musicologue, H. Bachelin fut l'ami de Gide, Léautaud, R. Rolland et J. Renard.
En 1918 il décroche le prix Fémina pour Le Serviteur (Flammarion). Ouvrage où tout est modeste et tout nous apparaît grand, l'auteur y rend hommage à son père, journalier et sacristain dans une bourgade du Morvan. Le récit narre avec justesse une époque où les saisons, la nature et Dieu sont encore intriqués de manière immuable. On travaille non pour s'enrichir mais pour subsister, on contemple les soirées d'été étoilées, on connaît sa place future au cimetière. Le serviteur décrit un monde disparu, englouti par notre modernité et à ce titre demeure un témoignage émouvant d'une époque devenue fantomatique mais encore présente au coeur de ceux qui scrutent la vie dans une mémoire au long cours. -
Le célèbre chirurgien Desplein de l'hôtel-Dieu revendique un athéisme intraitable. Pourtant son jeune interne Horace Bianchon que Desplein a pris sous son aile le surprend devant l'autel de la Vierge à une messe dans l'Église Saint-Sulpice.
Intrigué par ce paradoxe si peu en rapport avec la droiture morale de son maître, Bianchon mène l'enquête pour découvrir le secret de Desplein. Cette nouvelle que Balzac aº rmait avoir conçue, et écrite et en une seule nuit paraît en 1836 dans la Chronique de Paris , elle sera au fi nal intégrée dans les Scènes de la vie privée et constitue dans l'oeuvre de son auteur une curiosité. Peu connue et peu lue, elle dévoile un Balzac inédit, qui, loin de sa férocité habituelle, trace un portrait sensible de la bonté, de la gratitude et de la fi délité.
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Passions et Vanités est un recueil de 3 chroniques écrites pour Vogue. Elles décrivent une époque où les femmes avaient pour seul souci de séduire les hommes, le tout dans un univers de luxe et de volupté. Nous sommes au temps de Proust et de ses mondanités. Les femmes sont distinguées, les hommes sont riches et portent beau, bref, si l'univers d'A. de Noailles apparaît comme ouaté, confortable, il n'en demeure pas moins que le tableau proposé est plein de charme et non dénué de profondeur.
Il s'agit d'écrire un monde singulier dont l'auteur saisit les codes à la perfection par la grâce d'une écriture fine et élégante. Les deux textes suivants sont plus personnels, plus lyriques, mais on y retrouve cet attrait propre à A. de Noailles, une écriture séduisante et toujours parfaitement juste.
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Balzac publia ce dialogue, méconnu par la majeure partie de ses lecteurs en 1837. «La scène est au Café Voltaire, place de l'Odéon, à Paris. Dans ce Café, un soir de décembre 1827, autour de la table des philosophes, se racontent des histoires de rumeurs qui rendent fou, de nouvelles qui foudroient, de mystifications qui assassinent et de mots qui tuent. Et en effet comment le moral d'un individu a-t-il le pouvoir d'engager le corps dans des processus de somatisation qui peuvent conduire à la mort? Victimes de leur hypersensibilité, les personnages de ces petits récits font l'objet de crimes que la justice humaine ne peut poursuivre car c'est uniquement la puissance du psychisme qui leur a été fatale et c'est à ce titre que Balzac les qualifie de martyrs ignorés.
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Remy de gourmont publie les deux séries du livre des masques aux éditions du mercure de france, dans les dernières années du xixe siècle.
Il y fédère des oeuvres fort diverses qui ont été fondatrices du symbolisme littéraire et qui ont fourni leurs références à plusieurs générations d'écrivains, modernistes (apollinaire, cendrars) ou surréalistes (breton). cinquante-trois monographies présentent à un public aussi large que possible des auteurs alors inconnus ou mésestimés comme lautréamont, rimbaud, verlaine, villiers de l'isle adam, mallarmé, corbière, laforgue.
Et d'autres qui ont été appelés à la notoriété, ou que la postérité a consacrés: gide, louÿs, lorrain, maeterlinck, verhaeren, huysmans, renard, bloy, schwob, claudel, barrès, les frères goncourt. ces études offrent l'intérêt d'un jugement daté. elles permettent également de découvrir un grand nombre d'écrivains qu'on est désormais en droit de juger injustement ou justement oubliés. la présentation de l'ouvrage rappelle la tradition du "portrait littéraire" dans laquelle s'inscrit remy de gourmont.
Elle montre comment il a constitué un groupe symboliste en lui assurant une suprématie philosophique, esthétique et artistique mais aussi - et surtout - éditoriale. cette édition donne à lire les remaniements qu'a effectués l'auteur lorsqu'il a assemblé ses monographies en volumes. elle les accompagne de notices qui situent chaque écrivain au moment où il est présenté. enfin elle reproduit à l'identique les "masques" remarquables gravés par félix vallotton.
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«À mes yeux, l'épicier, dont l'omnipotence ne date que d'un siècle, est une des plus belles expressions de la société moderne. N'est-il donc pas un être aussi sublime de résignation que remarquable par son utilité; une source constante de douceur, de lumière, de denrées bienfaisantes? Enfin n'est-il plus le ministre de l'Afrique, le chargé d'affaires des Indes et de l'Amérique? Certes, l'épicier est tout cela; mais ce qui met le comble à ses perfections, il est tout cela sans s'en douter...» «Vous voyez un homme gros et court, bien portant, vêtu de noir, sûr de lui, presque toujours empesé, doctoral, important surtout! Son masque bouffi d'une niaiserie papelarde qui d'abord jouée, a fini par rentrer sous l'épiderme, offre l'immobilité du diplomate, mais sans la finesse, et vous allez savoir pourquoi. Vous admirez surtout un certain crâne couleur beurre frais qui accuse de longs travaux, de l'ennui, des débats intérieurs, les orages de la jeunesse et l'absence de toute passion. Vous dites: Ce monsieur ressemble extraordinairement à un notaire.» Nouvelles extraites des tomes I (L'épicier) et II (Le Notaire) des Français peints par eux-mêmes, encyclopédie morale du XIXe siècle en dix volumes, L. Curmer, 1840-1842.f
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«?Notre temps est atteint d'un mal déplorable?: il ne croit à la passion qu'accompagnée du dérèglement?; l'amour infini, le parfait dévouement, tous les sentiments ardents, exaltés, maîtres de l'âme, ne lui semblent possibles qu'en dehors des lois morales et des convenances sociales?; toute règle est à ses yeux un joug qui paralyse, toute soumission une servitude qui abaisse, toute flamme s'éteint si elle ne devient un incendie. Mal d'autant plus grave que ce n'est pas un accès de fièvre?: il a sa source dans le rejet de toute loi, de toute foi, dans l'idolâtrie de l'homme se prenant lui-même pour Dieu, lui-même et lui seul, son seul plaisir et sa seule volonté?!
Et à ce mal vient s'en joindre un autre non moins déplorable?: l'homme non seulement n'adore plus que lui-même, mais il ne s'adore que dans la multitude où tous se confondent?; il porte envie et haine à tout ce qui s'élève au-dessus du commun niveau?; toute supériorité, toute grandeur individuelle, quels qu'en soient le genre et le nom, semble à ces esprits, à la fois en délire et en décadence, une iniquité et une oppression envers ce chaos d'êtres indistincts et éphémères qu'ils appellent l'humanité.?» F. G.
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La femme de Province ; la femme comme il faut
Honoré de Balzac
- Manucius
- Littera
- 12 Janvier 2010
- 9782845781085
" Sachons-le bien! La France au dix-neuvième siècle est partagée en deux grandes zones : Paris et la province ; la province jalouse de Paris, Paris ne pensant à la province que pour lui demander de l'argent. Autrefois Paris était la première ville de province, la Cour primait la Ville ; maintenant Paris est toute la Cour, la Province est toute la Ville. [...] La conversation est bornée au Sud de l'intelligence par les observations sur les intrigues cachées au fond de l'eau dormante de la vie de province, au Nord par les mariages sur le tapis, à l'Ouest par les jalousies, à l'Est par les petits mots piquants. [...] Dès leur bas âge, les jeunes filles de province ne voient que des gens de province autour d'elles, elles n'inventent pas mieux, elles n'ont à choisir qu'entre des médiocrités, car les pères de province marient leurs filles à des garçons de province, et l'esprit s'y abâtardit nécessairement. Personne n'a l'idée de croiser les races. Aussi, dans beaucoup de villes de province, l'intelligence y est-elle devenue aussi rare que le sang y est laid... " Deux typologies de femmes épinglées par la plume sans concession d'un écrivain observateur impitoyable des moeurs de son siècle.
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Les petits contes d'E. Bove paraissent en 1929. Il s'agit d'un recueil de 5 nouvelles où, à partir d'intrigues tout à fait minuscules, l'auteur de Mes amis réussit une fois encore à déployer son talent si particulier. La banalité apparente du propos apparaît comme inoffensive mais il n'en est rien, le génie de Bove réside dans ce paradoxe où le rien produit quelque chose d'apparemment plat, apparemment seulement car nul n'échappe à ce mystérieux envoûtement «bovien», à ce tour de force doucereux où le quotidien le plus identifiable renvoie implacablement à l'angoisse du vide. La lecture des petites histoires d'E. Bove est mélancolique mais cette légère tristesse qui juste affleure, avec délicatesse, est sans aucun doute la marque du grand auteur qu'il est et dont l'oeuvre mérite d'être lue.
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Le plus beau dîner du monde et autres contes
Auguste de Villiers de l'isle-adam
- Manucius
- Littera
- 5 Avril 2018
- 9782845786943
Le recueil suivant extrait quatre des Contes cruels que Villiers publie en 1883, il s'agit du plus Beau dîner du monde, le désir d'être un homme, Le secret de l'ancienne musique et L 'appareil pour l'analyse chimique du dernier soupir. T out l'art de Villiers s'y condense! L'analyse subtile des passions humaines y est servie par une langue unique, belle et chatoyante. Le récit prend parfois des détours légèrement fantastiques pour s'appuyer sur une vision prophétique et sans concession avec la modernité qui s'annonce. T ous les grands artistes de fin du XIXe siècle ont consacré Villiers comme un écrivain majeur.
Nul doute qu'ils ne se sont pas trompés et il est utile de publier ainsi quelques-uns de ses textes, pour donner au lecteur qui l'ignore un bel avant-goût de cet écrivain brillant.
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Paru en feuilleton dans le journal Le Mousquetaire en 1866, Le comte de Mazzara est publié pour la première fois en volume. C'est donc un inédit d'Alexandre Dumas qui est ici proposé, inédit d'autant plus intéressant qu'il se révèle original dans sa conception puisque fruit de la collaboration entre l'auteur français et Ferdinando Petruccelli della Gattina, député, journaliste et homme de lettres italien. L'intrigue se déroule en Sicile et se signale par une série d'accidents survenant autour du mystérieux comte de Mazzara. Dès qu'il apparaît en public, les gens le conspuent en lui attribuant la singulière insulte de Jettator. Pourquoi ce mot? Pourquoi cette défiance à l'égard du comte? C'est ce que va tenter de comprendre le vicomte Alphonse de Quinsac, héros malgré lui de cette histoire.
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La police : Paris, ses organes, ses fonctions, sa vie
Maxime Du Camp
- Manucius
- Littera
- 22 Mars 2023
- 9782845787957
Le grand oeuvre de M. Du Camp se situe dans sa tentative de compréhension du fonctionnement de la société à travers la métropole dont, en sociologue avant la lettre, il apprend à connaître tous les organes, ainsi, La Poste, Les halles, La Police, Les prisons, Les hôpitaux, Les égouts, etc.
Son livre s'inscrit dans la tradition de l'enquête sociale hantée par la médecine anatomoclinique et par la physiologie sociale. Le volet sur la Police décrit l'organisation qui lutte contre le Paris du crime via Les sergents de ville, La sûreté, La division, Le Dépôt.
Fourmillant d'anecdotes, ce texte est d'autant plus passionnant qu'il donne à comprendre comment a été structurée la police parisienne. Comment aussi, la grande ville est confrontée à des problématiques qui demeurent d'actualité. -
Le Dialogue du Chapon et de la Poularde met en scène deux volailles sur le point d'être tuées pour être mangées. Engraissées, atrocement mutilées pour fabriquer une chair succulente à seule destination de satisfaire les gosiers d'une humanité avide, les deux volatiles devisent sur leur destinées avec fatalité, non sans dénoncer la cruauté et l'hypocrisie des hommes qui, pour se goinfrer sans scrupule, sont prêts à tous les compromis. Ce dialogue savoureux (mais oui !) au ton enlevé, ironique, bref, voltairien !, est brillamment postfacé par Baldine Saint Girons qui nous livre ici un point de vue original sur le thème de la sou rance animale mais aussi sur Voltaire, celui qui souhaitait rester « vivant jusqu'à la mort ».
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Les dimanches d'un bourgeois de Paris
Guy de Maupassant
- Manucius
- Littera
- 8 Octobre 2011
- 9782845781320
En mai 1880, à l'instar de J.-K. Huysmans, Guy de Maupassant, qui vient de connaître un premier grand succès littéraire avec Boule de suif, est sollicité par Arthur Meyer, propriétaire du Gaulois, pour écrire une chronique hebdomadaire dans son journal.
Dès le 21 mai, le patron de presse annonce à ses lecteurs qu'" un bataillon renouvelé de chroniqueurs, pris parmi les jeunes, nous donnera presque chaque jour un article de tête qui sera intéressant, j'en réponds : nous aurons (...), Les dimanches d'un bourgeois de Paris, par Guy de Maupassant, le jeune maître en qui Flaubert voyait déjà son continuateur ; Les Mystères de Paris, par M. Huysmans, un réaliste de la nouvelle école ".
Désireux d'écrire pour les journaux, Maupassant accepte l'offre de Meyer et produit entre les mois de mai et août une dizaine d'articles (ou nouvelles) qui narre les aventures de Monsieur Patissot, figure caricaturale du parfait bureaucrate, cousin proche de Bouvard et Pécuchet ou de Messieurs Berrichon et Bougran.
Patissot donc, modeste employé de bureau, voit son existence bouleversée le jour où il apprend qu'il est menacé d'apoplexie s'il ne s'adonne pas à l'exercice physique. Pour satisfaire aux recommandations de la faculté, il décide de bouleverser son quotidien en dédiant ses fins de semaines à la promenade. Ces excursions vont bien entendu donner prétexte à diverses aventures, qui vont conduire le lecteur à apprécier le ridicule, la bêtise de cette petite bourgeoisie, aux revenus aussi étroits que ses idées ; mais également à découvrir les environs de Paris à la fin du XIXe siècle, où s'aventurer jusqu'à Colombes, Sèvres ou Meudon représentait encore une véritable expédition.
Extrait : Toute sa vie avait été sédentaire. Resté garçon par amour du repos et de la tranquillité, il exécrait le mouvement et le bruit. Ses dimanches étaient généralement passés à lire des romans d'aventures et à régler avec soin des transparents qu'il offrait ensuite à ses collègues. Il n'avait pris, en son existence, que trois congés, de huit jours chacun, pour déménager. Mais quelquefois, aux grandes fêtes, il partait par un train de plaisir à destination de Dieppe ou du Havre, afin d'élever son âme au spectacle imposant de la mer.
Il vivait depuis longtemps tranquille, avec économie, tempérant par prudence, chaste d'ailleurs par tempérament, quand une inquiétude horrible l'envahit. Dans la rue, un soir, tout à coup, un étourdissement le prit qui lui fit craindre une attaque. S'étant transporté chez un médecin, il en obtint, moyennant cent sous, cette ordonnance : " M. X..., cinquante-deux ans, célibataire, employé. - Nature sanguine, menace de congestion. - Lotions d'eau froide, nourriture modérée, beaucoup d'exercice. " Montellier, D.M.P. " ??
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