Comme le titre l'indique, Quatre générations sous un même toit est d'abord une histoire de famille.
Le roman s'ouvre sur l'anniversaire du vieux Qi, le patriarche qui vit avec toute sa famille réunie, dans l'une des cours du Petit-Bercail à Pékin. Il est fier que sa longévité lui permette de connaître jusqu'à ses arrière-petits-enfants. Pour un homme qui a vu la fin de l'Empire et les boxers, c'est une bénédiction céleste. Sa seule crainte est que la célébration de son anniversaire soit compromise par le début de la guerre avec les Japonais.
Comparée à sa stature et à sa majesté, la deuxième génération est très effacée. La troisième génération, elle, est composée de trois frères. L'aîné, Ruixan, est un homme cultivé qui enseigne l'anglais et le chinois. Le plus jeune Ruisquan, est un étudiant plein d'idéal qui quittera Pékin pour rejoindre le maquis. L'autre frère, Ruifeng, est un garçon lâche, qui se laisse mener par sa femme et finira par collaborer avec l'ennemi.
Par ses nombreux personnages, le roman trouve son unité dans la succession des différentes générations et dans la dimension historique qui vient menacer leur stabilité. Mais les " conflits ", qui sont au coeur de l'oeuvre, n'opposent pas seulement entre eux les divers membres de la famille, ils opposent aussi le groupe familial à la patrie, et Pékin eu reste de la Chine. Ainsi Pékin devient-il le sujet principal du roman, à travers d'innombrables descriptions de la vie du peuple et de l'inépuisable beauté de la ville.
Ecrit entre 1942 et 1944, Quatre générations sous un même toit est un roman-fleuve d'un réalisme tout à la fois original pour l'époque et une fresque incroyablement vivante, où Lao She dévoile les événements avec colère et passion.
Dans ce troisième et dernier volet de Quatre générations sous un même toit, les habitants du Petit-Bercail sont pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Le conflit s'étend. Les Pékinois sont confrontés à la terrible réalité du rationnement et la famine qui sévit dans tout le pays s'abat sur la capitale. Elle n'épargne pas les plus innocents, tandis qu'elle amène les traîtres au pays à montrer toute la noirceur de leur âme. - L'édifice bâti par le vieux Qi tremble sur ses bases. La famille Qi, durement touchée, résistera-t-elle à la tourmenteoe - Le profond humanisme de Lao She, fait d'intelligence, d'humour et de tolérance, son style précis et poétique, continuent à captiver le lecteur qui retrouve avec bonheur des personnages devenus familiers.
Drôle de thé! Thé à la boue, thé au béton. Drôle de harem! Boue des bidonvilles, béton des HLM. Tout ce que nous ne savons pas, et ne voulons pas savoir, sur comment ne pas vivre en lisière de Paris, Madjid et ses potes, des seize à dix-huit ans, nous le disent comme personne jamais ne l'a dit. Personne ne pouvait le dire comme Mehdi Charef:il en vient. Reste à expliquer comment sa vocation d'écrire a pu y naître, et y survivre. Mais l'écrivain est là, dont on reparlera:d'une force peu commune dès ce premier roman.
Salvador de Bahia.
Dans le vieux quartier souffle un vent mauvais. Depuis l'arrivée de Gringa, rien ne va plus. La reine de la Place, Maria Aparecida, a disparu. Tonio le borgne s'est arrêté de chanter, Zé et Manuel ont les yeux emplis de fièvre, Mama Lourdes la voyante ne prédit rien de bon. Les notes funestes du violon maudit resurgissent. La Place se meurt : un à un, ses enfants abandonnent la douce Bahia pour s'exiler vers les mégalopoles du Sud, à la poursuite de leur destin.
Les enfants de la Place et sa complainte douce-amère entraînent le lecteur au coeur du Brésil contemporain. Son rythme résonne contre les murs poreux d'une favela de Rio, vibre le long des rues animées de Sâo Paulo, avant de s'infiltrer dans les cellules de Canju, prison de Bahia. La mélodie se languit du violon, et la Place attend ses enfants.
« Rien de plus tonique et éclairant que de se trouver plongé dans le milieu d'une autre race, pour laquelle on éprouve du respect, et dont la sympathie qu'elle vous inspire en tant qu'étranger, du même coup suscite en vous un mouvement d'orgueil. La plénitude de vie des Arméniens, leur douceur fruste, la noblesse de leur ossature ouvrière, ainsi que leur aversion inexplicable pour toute démarche métraphysique et la familiarité splendide qu'ils entretiennent avec le monde des choses réelles, avait pour moi valeur d'injonction:oui, tiens bon, n'aie pas peur de ton époque, ne cherche pas à biaiser. » Ossip Mandelstam.
Voici deux textes percutants qui réunissent deux personnages majeurs de la littérature, même s'ils sont à l'opposé l'un de l'autre.
Alors que George Sand choisit de vivre hardiment sur la scène, Henry James préfère le retrait dans la " tour de l'art ". A travers George Sand, ce sont ses propres réflexions inquiètes qu'il nous livre sur l'autobiographie, les tabous, l'amour passion et ses ravages, la publication, qu'il juge déplaisante, du récit des amours de George Sand avec Alfred de Musset. Ce qui les réunit pourtant : la littérature mise au-dessus de tout.
Mais Henry James privilégie les situations où règnent le secret et le mystère, tandis que George Sand s'engage avec audace dans le récit des expériences féminines et humaines, refusant la fuite dans le non-dit. Un passionnant débat qui dure toujours entre la hantise de déguiser ou taire la vie privée, et le désir d'atteindre à la transparence. Deux essais où l'esprit " pudique " et " féminin " de Henry James affronte la nature " masculine " et " intrépide " de George Sand.
Dans ce troisième et dernier volet de Quatre générations sous un même toit, les habitants du Petit-Bercail sont pris dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. Le conflit s'étend. Les Pékinois sont confrontés à la terrible réalité du rationnement et la famine qui sévit dans tout le pays s'abat sur la capitale. Elle n'épargne pas les plus innocents, tandis qu'elle amène les traîtres au pays à montrer toute la noirceur de leur âme. - L'édifice bâti par le vieux Qi tremble sur ses bases. La famille Qi, durement touchée, résistera-t-elle à la tourmenteoe - Le profond humanisme de Lao She, fait d'intelligence, d'humour et de tolérance, son style précis et poétique, continuent à captiver le lecteur qui retrouve avec bonheur des personnages devenus familiers.
Scott Fitzgerald, mais aussi Gertrude Stein, James Joyce, Ezra Pound, Ernest Hemingway, Natalie Sarney, André Gide, Valery Larbaud, Léon-Paul Fargue, Paul Valéry, Sergueï Eisenstein, George Gershwin, Erik Satie... Écrivains anglo-saxons, auteurs français avides de découvrir la littérature d'avant-garde, cinéastes, musiciens... Dans Shakespeare and Company, Sylvia Beach (1887-1962) brosse une galerie de portraits éclectiques, drôles et tendres. Déjà célèbres ou encore inconnues, toutes ces personnalités fréquentèrent la librairie qu'elle tenait rue de l'Odéon. Mêlant faits marquants de l'histoire littéraire et anecdotes personnelles, conversations érudites et bons petits plats, celle qui fut l'intime d'Adrienne Monnier et l'éditrice d'Ulysse livre une chronique atypique de la vie artistique foisonnante de l'entre-deux-guerres.
" Eva.
Je me souviens de moi. Je m'appelle Eva. J'ai vingt et un ans. Je me suis métamorphosée en un fantôme de femme. Maman marche à mes côtés. Nous sommes des gens sans expression, le dos rond, la tête basse, caravane exténuée du malheur. On nous conduit dans un autre endroit. Adieu, camp. Vers un autre endroit. Camp, je ne te verrai plus jamais. Un autre endroit. Camp, je te verrai toujours. Au bout de deux ans, un autre endroit, mais nous ignorons lequel.
Je me tourne vers Maman et lui demande pardon. Elle me regarde de ses yeux mats et dit : Mais tu n'as rien à te faire pardonner. " Il y a là le récit d'Eva qui survit aux camps de la mort sans pourtant réussir à vivre. Il y a le général Othello qui découvre Venise et son ghetto et qui enlève à sa famille la belle Desdémone. Et il y a aussi l'histoire des juifs de Portobuffole, près de Venise, brûlés vifs en 1480.
A travers tous ces personnages confrontés à la tourmente de l'Histoire, Caryl Phillips nous propose un roman bouleversant sur le courage et la trahison, sur les persécutions et sur la mémoire humaine, si nécessaire. De ces récits étroitement enlacés se dégage la question essentielle de la race, du sang, de la nature humaine. Qui es-tu ? Tu es un Autre. Pour me définir, il faut que je te définisse, toi.
Et parfois que je t'anéantisse.
Stendhal distinguait deux sortes de livres : le plus grand nombre écrit par des " hypocrites pour obtenir de l'avancement " et les autres.
Appartenant au " happy few ". Dans cette seconde catégorie, sans conteste, se rangent les souvenirs de celle qui fut l'" Amazone " de Remy de Gourmont et dont le salon fut fréquenté par la plupart des grands écrivains et artistes de ce temps. Evoquer les rencontres de cette longue vie comblée n'est déjà pas si simple. Plus difficile, plus rare, est de savoir dépister les êtres, et chez ces êtres ce qui leur est personnel à l'extrême.
C'est ce que Natalie Barney a recherché ; c'est cela qu'elle nous apporte dans ce livre. Documentaire d'une grande richesse pour l'historien, ces " traits et portraits " de grands disparus sont une source de joie et d'émotion pour d'autres. Mais le livre contient mieux encore qu'un éclairage nouveau et tout particulier sur Berenson, D'Annunzio, Max Jacob, Léautaud, Edmond Jaloux, Rouveyre, Gide et d'autres, sans oublier, de la part de l'amie de Renée Vivien, le petit traité sur l'" amour défendu ".
En effet, par la seule expression de ses affinités électives, qui n'exclut ni l'ironie, ni la lucidité, on découvrira une image sincère et profonde de Natalie Barney à laquelle, dans ses lettres, Gourmont consacra tant de ferveur. Car ce qui touche, chez elle, ce qui frappe, ce sont les lignes de force de l'" Amazone " : la tendresse de l'intelligence, l'esprit du coeur si merveilleusement vivace dans ces pages.
La justesse du trait et l'élégance du style relient l'auteur, américaine de naissance et française de style, à la lignée de nos moralistes.