De Rédoine Faïd, on connaît l'histoire - son lent glissement vers la « braquo-dépendance », ses inspirations cinéphiles, l'adrénaline, la cavale, l'arrestation, la prison et les regrets. Sa réputation de légende du grand banditisme doit beaucoup à ses deux évasions, dont la dernière, en hélicoptère, lui vaut aujourd'hui d'être incarcéré à Fleury-Mérogis, soumis à un isolement et à un régime carcéral drastiques.
Lorsque Plana Radenovic le rencontre au parloir dans le cadre d'une interview, Redoine Faïd cumule déjà plusieurs peines, pour près de trente ans de réclusion criminelle. La correspondance présentée ici est le fruit d'une amitié de papier qui court depuis trois ans, née entre un homme destiné à vieillir en prison et une jeune femme désireuse d'ouvrir une fenêtre sur cet « enfer gris ».
Comment survit-on à l'enfermement 22/24h, dans une cage en béton de 9m2, sans aucun contact physique humain ni perspective de liberté ? En entrant ainsi dans le monde de la prison - ce « trou noir » relégué hors des villes, dans lequel chacun pourrait un jour plonger - Plana Radenovic nous tend un miroir sans complaisance de notre société et signe un document qui vient interroger le sens donné à la peine carcérale et à la réinsertion des détenus.
Au procès Daval, Martine Henry était la « mauvaise » mère. Muette dans la salle d'audience dans son fauteuil roulant, elle était celle qui n'était pas du bon côté de la barre, celui que la morale valide et qui suscite la compassion.
Excepté le fait d'avoir donné naissance à un meurtrier, Martine Henry n'a rien à voir avec le crime de son fils. Aujourd'hui, pour elle, le temps s'est arrêté. Jonathann aura pour toujours 33 ans, l'âge où sa vie a basculé. Pour la première fois, avec les mots d'une mère en état de sidération, elle revient sur le procès, sur l'enfance et la vie de son fils jusqu'à la nuit dramatique du 27 au 28 octobre 2017 et ses conséquences irrémédiables.
Jusqu'à quel point une mère est-elle responsable de son enfant ? En choisissant de lui donner la parole, Plana Radenovic réaffirme à Martine Henry son droit d'être écoutée en tant que mère, et apporte un nouvel éclairage sur une affaire trop rapidement présentée comme emblématique des féminicides.
Aurore se refuse à être témoin de l'inexorable déclin de sa soeur, atteinte d'une sclérose en plaques. Elle fuit - dans la danse, dans l'ivresse des rencontres d'une nuit, dans les souvenirs qui ont forgé les manques de leur famille, quand sa soeur tente d'apprivoiser la mort en goûtant aux bonheurs que la vie peut encore lui offrir.
En écho aux lettres meurtries de la première, abîmée dans sa chair, résonnent les écrits lucides et lumineux de la seconde, prisonnière de son corps, dans un dos-à-dos épistolaire qui vient explorer la mystérieuse géographie du lien entre deux soeurs.
2010. Après trois années en France, Janfida Bataman, une juge irakienne d'origine kurde, retrouve son pays laissé exsangue après l'intervention armée des États-Unis. Aussitôt enlevée par le parti Baas, qui projette secrètement de reprendre le pouvoir par les armes, elle est contrainte de fabriquer des bombes dans les sous-sols de la ville de Duhok.
C'est dans ce monde souterrain oublié de tous qu'elle fera la rencontre de Sari, Sharo, Anny et tant d'autres filles, soeurs et mères de ces hommes partis combattre aux côtés de Saddam Hussein, pour certaines abattues en prison ou vendues comme esclaves sexuelles.
De Souleimaniye à Erbil en passant par Bakouba, Jwan Awara fait battre le coeur du Kurdistan irakien au rythme de ces femmes oubliées. Un récit hypnotique aux narrations multiples, qui vient restituer une parole trop longtemps ravie aux femmes.
On parle souvent des méfaits des écrans sur les enfants et les adolescents sans chercher à comprendre quelle place occupe aujourd'hui l'écran, et le smartphone en particulier, dans la vie et dans la perception du monde de l'enfant dès son plus jeune âge.
Etienne Liebig fonde son étude sur un constat aussi frappant que novateur: le smartphone a révolutionné le rapport millénaire du parent à son enfant, bousculant cette relation unique et intime pour s'immiscer comme un tiers permanent et intrusif dans la vie familiale. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, l'enfant est relégué à une place qui n'a jamais été la sienne. Selon l'éducateur, le « complexe de Bip » est ce délaissement généralisé de l'enfant au profit du smartphone, objet novateur indispensable à notre égocentrisme.
Cet ouvrage n'est ni une condamnation, ni la peinture du futur apocalyptique d'une civilisation tombée dans le transhumanisme. Original et perspicace, il tend à montrer combien l'utilisation du smartphone chamboule la vie affective et cognitive de nos enfants sans que nous ne nous en rendions compte. À l'usage des parents et de tout adulte responsable et concerné par le véritable changement de société auquel nous faisons face!
Soley a trois mois lorsqu'on annonce à ses parents qu'elle souffre d'une tumeur au cerveau très rare. À seulement vingt-quatre ans, Chloé, jeune maman, bascule dans le monde du cancer.
Pendant six mois, Soley et ses parents vont vivre enfermés dans une chambre de l'Institut Curie, à Paris. Une immersion brutale et totale dans l'univers du cancer pédiatrique, dont Chloé restitue le quotidien avec une acuité saisissante : les opérations, la chimiothérapie, sa détermination, mais aussi l'intensité douloureuse, stupéfiante de tous les moment vécus avec Soley.
Comment affronter, éloignés de tous, cette expérience terrible où la limite entre combativité et obstination est si ténue ? Jusqu'où peut-on aller pour sauver son bébé ? De ces mois d'amour fou passés auprès de sa fille guerrière, Chloé Duperrin tire un premier livre bouleversant, récit du lien inextinguible entre une mère et son enfant.
En avril 2021 s'est tenu le procès des 18 policiers de la BAC Nord de Marseille, interpellés en octobre 2012 pour corruption, racket, trafic de drogue et enrichissement personnel. Initialement présentée comme une véritable bombe - le service, considéré comme la meilleure BAC de France, s'est vu dissous -, l'affaire a en réalité mis en lumière le laisser-faire d'une hiérarchie soumise à la culture du résultat.
Témoin direct de la paupérisation de la police et de son adhésion à la politique du chiffre initiée par Nicolas Sarkozy, Marc La Mola revient sur les tenants et aboutissants d'une affaire qui, dix ans plus tard, reste l'un des plus tristes scandales de l'institution policière. Un drame orchestré en cinq actes, dans lequel il dresse un état des lieux de ces cités marseillaises dont on parle beaucoup sans réellement les connaître.
Un document coup de poing qui détaille, point par point, la politique de lente démolition du service public.
Les médecines complémentaires et alternatives (MCA) suscitent l'engouement des Français. Parmi les 400 pratiques répertoriées par l'OMS, certaines sont bénéfiques et se développent dans notre système de soins, tandis que d'autres, parfois douteuses, voire dangereuses, gravitent autour de la santé. Cette collection se veut être un levier pour alimenter un dialogue constructif à travers des regards croisés.
Si l'on peut s'interroger sur les vertus thérapeutiques de l'art - particulièrement déployé auprès des enfants et des adolescents -, il n'en reste pas moins que les art-thérapies figurent sans doute parmi les pratiques les plus accessibles et populaires des MCA. Définies comme un « accompagnement par la création artistique », elles regroupent plusieurs disciplines telles que les arts plastiques, la musicothérapie, la dramathérapie ou la danse-thérapie et se développent désormais dans les établissements de santé.
Les médecines complémentaires et alternatives (MCA) suscitent l'engouement des Français. Parmi les 400 pratiques répertoriées par l'OMS, certaines sont bénéfiques et se développent dans notre système de soins, tandis que d'autres, parfois douteuses, voire dangereuses, gravitent autour de la santé. Cette collection se veut être un levier pour alimenter un dialogue constructif à travers des regards croisés.
La sophrologie utilise un ensemble de techniques statiques et dynamiques centrées sur la respiration consciente, une attention positive soutenue, l'accueil des émotions et des pensées. Si la profession s'set structurée et a acquis un réel crédit auprès des professionnels de santé, elle demeure partiellement intégrée à notre système de soins. Malgré son existence depuis près de soixante ans, la sophrologie est une pratique non réglementée sur le plan juridique. Le manque d'homogénéité, notamment dans son enseignement, conduit à la disparité des compétences et des qualifications des sophrologues.
Quelle est l'histoie de cette pratique et de son inclusion ? À quoi ressemble une séance type ? Dans quel contexte est-elle dispensée ? Quels sont ses bénéfices et ses risques ?
20 questions pour découvrir la sophrologie et, plus largement, interroger notre rapport au "prendre soin" de soi comme des autres.
Née à Roubaix dans une famille nombreuse d'origine algérienne, Zaïa est frappée dès l'enfance d'un mal auquel, pendant longtemps, elle ne pourra pas donner de nom et qu'elle dissimulera comme une honte : la dyslexie.
À l'école, malgré ses efforts, elle ne parvient pas à lire, encore moins à écrire. Les adultes qui l'entourent la tournent en ridicule et l'accusent de paresse. Zaïa apprend alors à dissimuler, à tricher, à se jouer des contraintes, faisant preuve d'une intelligence qui, si elle ne prend pas une forme ordinaire, est incontestablement aiguisée.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, Zaïa quitte le système scolaire sans savoir ni lire ni écrire. Pour trouver un travail, elle doit de nouveau user de persévérance, de ruse et de toutes les ressources de son intelligence. Avide de liberté, elle quitte le foyer familial, mais le chemin vers la véritable liberté sera long. Elle découvrira sa voie à travers la sophrologie, accédera enfin à la lecture et, surtout, s'acceptera elle-même, forte d'une stupéfiante intelligence émotionnelle et créatrice.
Personnes âgées ou en perte d'autonomie, en situation de fragilité, parfois de dépendance, toutes sont au coeur du quotidien de Dafna Mouchenik, directrice d'un service d'aide à domicile parisien dont la seule règle est : n'abandonner personne ! Pas simple, lorsque l'on connaît les difficultés du métier : faibles rémunérations, problèmes de recrutement, manque de moyens, situations périlleuses, parfois franchement dangereuses, et politiques publiques peu adaptées à un travail qui nécessite temps et sur-mesure... Autant d'obstacles qui s'ajoutent à un travail colossal et chronophage, invisible et pourtant vital.
Après la réflexion, place à l'action ! Portée par les récits - souvent cocasses, toujours empreints d'humanité - de Madame «Je n'ai besoin de rien» ou de Monsieur «Je vous donne ma liste de courses par la fenêtre», Dafna Mouchenik s'engage sur plusieurs propositions pour faire reconnaître l'un des secteurs les plus mésestimés du médico-social et saluer le travail quotidien des professionnels de l'aide à domicile.
Un livre tendre et revigorant, qui vient interroger l'aspiration quasi unanime à finir sa vie chez soi.
« Coralie Delaume connaissait mieux que quiconque cette forfaiture intellectuelle qui consiste à assimiler le «souverainisme» (le suffixe en lui-même n'est là que pour faire de ce mot un stigmate) à un identitarisme. Alors que la souveraineté n'est que l'autre nom de la démocratie, faire de sa défense une forme de nationalisme et de «fermeture à l'autre» (selon le vocabulaire en vigueur) permet de maquiller en noble ouverture le contournement systématique de toutes les institutions démocratiques par des instances «indépendantes», c'est-à-dire non élues. Pendant des années, à travers ses articles, ses interviews, Coralie a dévoilé cette trahison opérée notamment au nom de l'idéal européen. (...) Toute chose qu'elle faisait avec une précision chirurgicale. (...) Reste aujourd'hui ce texte, qui embrasse sa pensée, qui pose des jalons et trace un chemin pour quiconque, parmi les gouvernants, aurait l'ambition de perpétuer la France et la République. Ce texte, et tous les autres, comme une obligation, pour ceux qui restent, de ne pas laisser se défaire encore un peu la démocratie. Pour que nous poursuivions, à notre tour obstinés, le combat contre l'hypocrisie, les forfaitures et les mensonges, ces fantômes devant lesquels Coralie Delaume a jusqu'au bout refusé de s'incliner. » (Natacha Polony) ;
Raphaëlle Jean-Louis a connu le parcours dit classique d'une étudiante infirmière. Dynamique et motivée, elle effectue plusieurs stages avec des soignants, des tuteurs, des étudiants et des patients auprès desquels elle ne cesse d'apprendre. Tous ces stages ont été très bien notés.
Un seul stage, l'unique, vient bouleverser son parcours. Souffre-douleur d'une équipe d'infirmières et d'aides-soignantes, elle subit pendant plusieurs mois humiliation, brimades et maltraitances de toutes sortes, sans oser s'en ouvrir à sa hiérarchie (médecins et encadrants) qui pourtant l'apprécie. Trois jours avant la fin du stage, elle craque. Son médecin traitant la met immédiatement en arrêt.
Le cas de Raphaëlle est loin d'être unique. Le récent document du Dr Auslender (Omerta à l'hôpital) a mis au jour les maltraitances dont sont victimes les étudiants en santé. Personnalité atypique, Raphaëlle a souhaité témoigner à visage découvert ; mieux encore, cette jeune femme, aujourd'hui infirmière mais aussi réalisatrice et comédienne, a décidé d'en faire le sujet de son premier long-métrage.
« J'ai pensé qu'il était important de faire part de mon témoignage, car je sais que d'autres l'ont vécu et le vivent aujourd'hui. Les conditions de travail sont souvent la cause de maltraitances en stage. J'avais également en tête d'écrire un film sur nous, les soignants et les agents hospitaliers. Très souvent durant ce stage, j'ai voulu abandonner, mais cette petite phrase me revenait sans cesse en mémoire : Tout est possible à celui qui croit. » Véritable exhortation à parler, dire et libérer la parole, Diplôme délivré ! est un témoignage exemplaire, grand public, d'une grande force positive, et une injonction à ne jamais abandonner ses rêves.
Les médecines complémentaires et alternatives (MCA) suscitent l'engouement des Français. Parmi les 400 pratiques répertoriées par l'OMS, certaines sont bénéfiques et se développent dans notre système de soins, tandis que d'autres, parfois douteuses, voire dangereuses, gravitent autour de la santé. Cette collection se veut être un levier pour alimenter un dialogue constructif à travers des regards croisés.
D'où vient l'homéopathie ? Quelle est sa réglementation ? Pourquoi divise-t-elle tant les médecins ? Ni tout à fait « médecine », ni tout à fait « médecine complémentaire », l'homéopathie se situe dans un entre-deux inconfortable qui fait d'elle un sujet à controverse. À travers 20 questions, le présent ouvrage met en perspective l'analyse de différents experts - médecins, scientifiques, chercheurs -, mais aussi de patients, philosophes et politiques.
Pratique de charlatan pour certains, approche préventive et personnalisée pour d'autres, l'homéopathie cristallise un débat plus large qui questionne les orientations en matière de santé publique : que nous dit l'homéopathie de notre rapport à notre santé et au soin ?
Guy Debord (1931-1994) est un penseur singulier, voire unique : plus on s'éloigne du temps où il a écrit, plus les phénomènes qu'il a décrits, la destruction du vivant, les nouvelles modalités de contrôle de la vie sociale, l'éloignement de toute réelle démocratie, semblent se confirmer. Pour penser l'unité de ce régime civilisationnel inédit, il a forgé la notion de « spectacle », ce soleil qui ne se couche jamais sur l'empire de la passivité moderne, miroir de la dépossession dont il n'aura de cesse de poursuivre l'explication pour le contester à défaut d'avoir pu le renverser en 1968. Au-delà du « mythe », de la singularité d'une vie et d'un style, Debord se situe au carrefour des sources fondamentales de la modernité artistique, philosophique et politique : la promesse rimbaldienne de « changer la vie », la critique de la domination de la valeur d'échange, la tradition civique et démocratique du conflit et de la liberté. En un mot, la réappropriation de la vie historique.
Vingt ans après sa mort, la légende de Charles Bukowski, auteur culte des Contes de la folie ordinaire, ne cesse de grandir. Si la France n'a jamais douté que son oeuvre passerait allégrement le cap du XXIe siècle, Bukowski connaît dorénavant une gloire posthume réjouissante, sur tous les continents. À tort ou à raison, son imposante figure a très souvent été associée à celle des poètes et écrivains de la Beat Generation : Kerouac, Ginsberg, Burroughs, Neal Cassady. D'un côté, « le poète des caniveaux », provocateur dont l'oeuvre tient dans une mise à nu de nos réalités quotidiennes ; de l'autre, des clochards célestes, « anges de la désolation ». Si ces derniers sont à la marge de la société, Bukowski, dans sa solitude et sa volonté de faire voler en éclats, avec humour, nos allégeances à toute forme de pensée convenue, est à la marge de la marge...
À travers un essai inspiré, accompagné d'illustrations originales, d'une bibliographie et d'un Who's Who exhaustifs, Jean-François Duval fait revivre, pour notre plus grand plaisir, les enfants terribles de la littérature américaine. Cette nouvelle édition, revue et augmentée de chapitres, photos et documents inédits, se clôt sur un entretien réalisé, le verre à la main, dans la nuit du 17 février 1986 au domicile de Bukowski, à San Pedro. Intégralement retranscrite, cette interview est une petite pièce de théâtre à elle toute seule, avec les coups de gueule de l'écrivain, ses souvenirs et ses défaites quotidiennes, à cette heure où « il faut faire face avec les mots, du mieux qu'on peut ». Un moment rare.
George Orwell est universellement connu comme un écrivain qui a combattu le totalitarisme dans la première moitié du 20e siècle. Si ces deux dernières créations littéraires, La Ferme des Animaux en 1943 et 1984 en 1949 lui ont valu cette célébrité en raison du contexte du stalinisme et de la guerre froide, c'est en les intégrant dans la trajectoire globale de la vie et de l'oeuvre de George Orwell que nous pouvons comprendre le sens d'un engagement libre et radical.
L'oeuvre d'Orwell ne se comprend qu'à partir de l'expérience du déclassement (comme en témoignent ses premiers romans et enquêtes) et des rencontres avec des femmes et des hommes luttant pour leur dignité et leur liberté (qu'il s'agisse des mineurs de Wigan ou des ouvriers espagnols). C'est en Espagne, aux côtés des milices anarchistes du front d'Aragon, qu'il prend conscience des méfaits d'une révolution communiste confisquée par les intellectuels, qu'il n'aura de cesse de combattre au nom du "socialisme démocratique".
Son oeuvre sera consacrée, d'une part, à la recherche de ce "socialisme démocratique", qu'il conçoit à l'intérieur d'une tradition civique des "gens ordinaires" et de la common decency ("honnêteté commune") et d'une tradition libérale de la recherche de la vérité. Et, d'autre part à la critique impitoyable des contrefaçons du socialisme, soit en attaquant directement les régimes totalitaires et ceux qui s'en font directement ou indirectement les complices (notamment les "intellectuels") soit en montrant que certaines tendances totalitaires sont à l'oeuvre au sein même de la modernité.
La Ferme des Animaux et 1984 illustrent ces deux aspects. L'oeuvre d'Orwell pose ainsi la question des conditions à réunir pour que les "gens ordinaires" puissent mener une vie libre et décente.
« Une époque de superstition est celle où les gens imaginent qu'ils en savent plus qu'ils n'en savent en réalité. En ce sens, le XXe siècle aura été certainement exceptionnellement riche en superstitions, et la cause en est une surestimation de ce que la science a accompli - non pas dans le champ des phénomènes relativement simples où elle a certes été extraordinairement efficace, mais dans le domaine des phénomènes complexes ; car dans ces derniers, l'application des techniques qui ont si bien réussi essentiellement dans les phénomènes simples s'est révélée très déroutante. » Lorsqu'on ignore sa propre ignorance, cela fait des dégâts. Chacun pense savoir plus et mieux que les autres ; mieux les connaître qu'eux-mêmes ; pouvoir les conduire à leur place vers leurs véritables intérêts. L'intolérance est le produit de cette prétention aux certitudes, qui n'est rien d'autre qu'une croyance et la pire de toutes. Expression même de l'obscurantisme, elle est le socle commun de tous les totalitarismes, avec toutes les horreurs qui les accompagnent.