Thaddee
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Pour la première fois, deux citoyens français d'origine arménienne appartenant à deux générations, dialoguent à bâtons rompus de sujets d'intérêts communs, notamment : le processus d'intégration, le communautarisme, le rapport diaspora-République d'Arménie, le dialogue arméno-turc, le rapport aux Juifs au destin si parallèle... « Tout au long de ces échanges, nous avons voulu partager nos vécus, nous confronter à nos désaccords, partager nos interrogations, sur la crispation de la société française, les processus de l'intégration, de l'assimilation, la fragilité du lien générationnel et de la transmission .. »
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Les irradiés de Béryl ; l'accident nucléaire français non contrôlé
Louis Bulidon
- Thaddee
- 1 Juin 2011
- 9782919131020
Louis Bulidon, en tant qu'appelé, est affecté en décembre 1961 au Service Technique des Armées arme atomique, dans une base militaire dans le désert du Hoggar en Algérie.
Depuis des mois, son travail consiste à prélever des filtres, à en mesurer la radioactivité. C'est la routine, les capteurs et les stylets sont muets. Dans la base, le personnel a conscience de son statut privilégié alors que la troupe, elle, risque à tout instant sa peau dans les djebels. Dans ce monde de l'insouciance et du silence, car tout est secret, un drame pourtant se prépare. L'explosion du 1er mai qui doit doter la France d'une force de frappe opérationnelle se transforme en grand show.
Deux ministres, Pierre Messmer, ministre des Armées, et Gaston Palewski, ministre de la Recherche Scientifique, sont à la tribune d'honneur face à la montagne. La météo est défavorable car le vent souffle fort mais pas question de différer la mise à feu. La bombe explose et secoue la montagne qui disparaît dans une avalanche de poussières et d'éboulis, puis une énorme flamme s'en échappe, suivi d'un gigantesque nuage noir qui se dirige sur l'assistance.
C'est la panique. Dans le sauve-qui-peut, on en oublie un moment les ministres. Quelques heures plus tard, ils passeront d'urgence à la douche de décontamination, savonnés et brossés au balai à poils durs, sans égard particulier pour leur rang
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Raffi (1835-1888), lev« Victor Hugo arménien», légua au crépuscule de sa vie son chef-d'oeuvre et son testament, Samuel. Jamais il n'a autant maîtrisé un style si particulier : une symphonie chatoyante de romantisme et d'exotisme oriental, organisée selon une composition rigoureuse.
Samuel est un prince jeune, beau, courageux et bon mais c'est aussi un idéaliste, sensible et tourmenté. Il organise la résistance pour sauver l'Arménie qui vient d'épouser la foi chrétienne au début du IVe siècle, tout en restant l'héritière de très anciennes traditions païennes mais aussi des apports des Perses, des Grecs, des Romains, de la Chine, d'Israël et des Indes. La puissante Perse, fanatique du culte du Feu, lui livre une guerre sans merci, jalonnée d'holocaustes.
A travers Samuel, Raffi parvient non seulement à jeter les fondements de l'Histoire de l'Arménie et à poser les questions essentielles ; visionnaire, il réussit aussi à prophétiser les guerres apocalyptiques du XXe siècle. Les Arméniens y payeront un terrible tribut. La Turquie dirigée par les aventuristes du mouvement Jeunes-Turcs expérimentera en effet sur eux une nouvelle arme absolue : le génocide.
L'esprit de Samuel souffla et l'Arménie survécut. -
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Il est de la trempe de Che Guevara. Il y a aussi de l'Indiana Jones en lui. Né en 1957 en Californie, Monté Melkonian (1957-1993) est un petit américain modèle, surdoué et précoce. Il est appelé à une brillante carrière mais c'est un adolescent au caractère bien trempé, avide de liberté et assoiffé de justice.
A 18 ans, grand voyageur, polyglotte, il a déjà parcouru le monde. En 1978, il est diplômé en histoire à l'université de Berkeley. Il veut devenir archéologue, par passion mais aussi pour s'assurer une couverture. Gagné aux idéaux marxistes-léninistes et anti-impérialistes en vogue, il rêve de faire reconnaître le génocide arménien et, ce qui semble une utopie absolue, de libérer les territoires arméniens occupés par la Turquie dans une alliance révolutionnaire des peuples opprimés, comprenant les Kurdes et les Turcs.
Il rejoint l'ASALA (armée secrète arménienne pour la libération del'Arménie) dans les années 1970-80. Après avoir séjourné en Iran, au Liban et participé à des attentats, il devient le leader de l'opposition à la branche dure de l'ASALA. Il est emprisonné en France de 1985 à 1989. On le retrouve en Arménie soviétique au début des années 1990, quand l'URSS implose.Sa bravoure, ses aptitudes au combat, sa probité et son charisme en font un chef de guerre providentiel dans le conflit du Haut Karabagh (1988-1994) qui oppose les Arméniens à l'Azerbaïdjan. Contre toute attente, c'est la petite Arménie qui l'emporte face à son puissant voisin, croulant sous les pétrodollars. Quand Monté meurt blessé peu avant la victoire, à l'âge de 35 ans, il se hisse au rang de héros national et entre dans la légende. Une juste reconnaissance pour celui qui a certainement fait basculer l'issue de la guerre.
Précis comme une biographie historique, ce récit se lit comme un roman.
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Comment comprendre la Turquie contemporaine au-delà des clichés flatteurs - fidèle alliée de l'OTAN, incarnation modèle d'un islam tolérant - que diffuse à outrance l'une des plus grandes destinations touristiques internationales ? Un immense défi, car comme l'explique le héros de ce roman en partie autobiographique, la Turquie moderne et laïque, fondée par Mustafa Kemal en 1923 sur les ruines de l'Empire ottoman, est bâtie sur toute une infrastructure de mensonges abyssaux : des origines raciales délirantes mystifiant une race turque autochtone pure, à la négation d'une série de génocides, en particulier celui des Arméniens.
Dans cette découverte de la Turquie par sa « déconstruction «, le lecteur aura pour guide Cem Aren, un jeune journaliste turc formé à l'école française. Il n'aura de cesse de démasquer ces mensonges d'Etat et de lutter pour faire triompher la vérité et la justice. Dans ses tribulations romanesques entre deux villes cardinales, Istanbul et Paris, il nous replonge dans les bouillonnantes années 1970 et 1980, et nous livre toute une série de révélations : la genèse du coup d'Etat de 1980, le nettoyage de toutes les mentions du génocide des Arméniens dans les archives ottomanes, l'affaire iranienne, les «passeports Mitterrand»...
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Il fallait sans doute avoir été initiée à l'art ancestral de nouer les fils par une mère dentellière, orpheline réfugiée de Van, pour parvenir à nous faire voyager en une Arménie, réelle et imaginaire, avec autant de subtilité, à travers sept nouvelles dédiées chacune à une cité : Garine, Malatya, Mouch, Kharpert, Yérévan, Spitak et Van.
Les fils de Bati Chétanian sont des mots si finement juxtaposés que son écriture emprunte souvent les univers de la poésie ou du conte. Tradition et modernité ne s'opposent pas ; la seconde s'inspire de la première, d'une profondeur et d'une richesse insondable et bienfaisante. Le raffinement de l'expression ne sert pas seulement une littérature en quête d'esthétisme et d'émotions, elle sert aussi des sujets d'actualité, parfois violents, comme les mouvements de lutte de libération nationale.
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A la fin du XIXe siècle, à Bakou, dans l'industrieuse et prospère capitale pétrolière du Caucase, mosaïque de peuples (Tatars, Russes, Arméniens, Turcs, Persans, Grecs, Juifs, Européens...) administrée par la Russie après la défaite de la Perse, Markos Alimian, d'origine modeste mais devenu un des plus riches magnats du pétrole de son temps, meurt en laissant un testament extrêmement contraignant.
Au lieu de régler les dissensions familiales et d'instaurer un retour à un ordre régi par les lois strictes du traditionnel régime patriarcal arménien, les volontés du défunt ne vont qu'envenimer la situation. L'aîné, un homme tourmenté, idéaliste et progressiste, sur qui repose tous les espoirs du père et toutes les responsabilités, ne pourra pleinement profiter de la fortune familiale que s'il divorce d'avec sa femme russe dont il a deux enfants, pour épouser une arménienne sous la bénédiction de l'église nationale. Ses deux autres fils devront se marier également et renoncer à leur vie de débauche. L'héritage de la fille, réduit à la portion congrue, est contesté par le gendre, un homme d'affaires peu scrupuleux.
Dans la veine des grands auteurs réalistes (Balzac, Zola, Flaubert, Hugo...), Chirvanzadé décrit fidèlement la société de Bakou dont il a connu de près la misère des couches populaires et ouvrières. Il est maître dans l'analyse psychologique. Dans ce chaos moral, économique et social qui préfigure le XXe siècle et la Première Guerre, un des fils, le plus débauché, parvient à se transfigurer, grâce à l'amour d'une merveilleuse jeune femme.
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Dans ce récit biographique, l'auteur nous livre ses interrogations, ses angoisses et ses espérances depuis cette nuit du 29 décembre 1980. Un commando de l'ASALA, l'armée secrète de libération de l'Arménie, vient de faire sauter les locaux d'une compagnie aérienne suisse. José Antonio Gurriaran gît seul et moribond sur le sol d'une rue madrilène ; il se sent entraîné par la mort mais il refuse de se rendre. Durant deux longues semaines, il attend la décision des médecins. Va t-on l'amputer des deux jambes ? Il faudra sept interventions pour le sauver. Aussi, c'est avec joie qu'il s'agrippe à un fauteuil roulant et qu'il réapprend à marcher.
La Bomba, c'est l'exemple d'un innocent victime du terrorisme qui s'interroge sans relâche. Pourquoi ? Ce sont des larmes de solidarité pour tous ceux blessés ou tués par les balles et des explosions, partout dans le monde. C'est surtout la recherche et la reconstruction de ce qui est arrivé et le désir inextinguible de trouver et d'interroger ses bourreaux pour leur adresser un message : « Laissez-nous vivre, laissez-nous marcher librement dans la rue, dîtes adieux à la violence et soyez pacifistes ». Il parviendra à retrouver les membres de l'ASALA et à leur parler au Liban.
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Petits et grands secrets du marche de l'art
Christian Bastard de crisnay
- Thaddee
- 7 Novembre 2015
- 9782919131303
Tous les marchés, de valeurs mobilières et immobilières, en passant par celui des matières premières, ont leurs secrets, leurs règles et nécessitent une initiation pour les comprendre, avant d'investir. Christian Bastard de Crisnay connaît bien celui des oeuvres d'art. Il a connu ces dernières années un développement et des bouleversements fulgurants, favorisés par internet, la mondialisation, l'irruption des fonds d'investissement et le boom déconcertant de l'art conceptuel.
L'auteur a appris à connaître les oeuvres d'art dans son cercle familial mais aussi et surtout grâce à sa longue expérience de notaire. C'est ainsi qu'il a été amené à estimer les pièces les plus rares et les plus diverses et conseiller à ses clients les meilleures stratégies patrimoniales et successorales. Son livre fourmille de cas croustillants. Maniant le style du récit et du bon pédagogue, il s'adresse à tous, des candides jusqu'au amateurs avertis, en passant par les collectionneurs. Très critique vis à vis de l'art conceptuel ? une escroquerie dans 80% des cas ? il n'en donne pas moins toujours des avis et des conseils avisés et de bon sens. Il est lui-même collectionneur.
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Les restes de l'épée ; les Arméniens cachés et islamisés de Turquie
Laurence Ritter, Max Sivaslian
- Thaddee
- 1 Mars 2012
- 9782919131044
Les restes de l'épée, curieuse expression.
C'est pourtant ainsi qu'on désigne de façon péjorative en Turquie, les Arméniens, femmes et enfants enlevés et islamisés, qui ont échappé au génocide de 1915. Si l'entreprise d'extermination s'avéra d'une sinistre efficacité, le bilan approche 1,5 million victimes sur une population évaluée à environ 2 millions d'individus, une catégorie de survivants dont le nombre est difficile à évaluer a réussi à rester sur les territoires ancestraux, dans l'actuelle partie Est de la Turquie, au prix de leur conversion à l'islam.
Qui sont ces survivants ? Pour la plupart des femmes qui ont été enlevées par les tribus kurdes et qui ont été islamisées (les Arméniens sont chrétiens), de jeunes enfants des deux sexes, des Arméniens qui se sont convertis en famille à l'islam, enfin, de rares Arméniens restés chrétiens qui se sont cachés ou qui ont été sauvés par quelques tribus kurdes secourables. Très souvent, ces Arméniens islamisés ou cachés se sont mariés entre eux.
Durant des décennies, abandonnés de tous, dans des contrées lointaines où ils étaient souvent coupés du monde, ils ont observé la règle élémentaire de survie : le silence. Près d'un siècle plus tard, les descendants de ces survivants commencent à peine à desserrer l'étau du secret.
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L'urgence européenne
Sandro Gozi, Eric Jozsef, Marielle de Sarnez
- Thaddee
- 1 Avril 2014
- 9782919131150
En Ukraine, des millions de citoyens rêvent d'Europe, de notre liberté et de notre démocratie. Ils n'hésitent pas à défier les menaces de la Russie de Poutine. Chez nous, des millions d'Européens sont gagnés par l'euroscepticisme et la tentation du retour en arrière. Dans le monde, des puissances nouvelles, à la suite de l'immense Chine, progressent à marche forcée, bouleversant l'ancien ordre mondial.
Voilà l'urgence européenne : les réponses que l'Europe doit trouver concernent aussi bien l'intérieur de l'Union, son fonctionnement et la place des citoyens, que la place de son économie et de ses valeurs dans un monde emporté par la vague de la mondialisation.
Cette urgence est au centre de ce dialogue entre deux personnalités politiques française et italienne, croisant leurs expériences, analyses et propositions, dans un langage clair et stimulant. C'est cette urgence qui sera le sujet de la campagne pour les élections européennes, la neuvième de l'histoire.
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ANAHIDE Chronique d'une voix libre : Radio Forum (1981-1982)
Anahide Ter minassian
- Thaddee
- 23 Mai 2024
- 9782919131570
Les années 1980 peuvent être qualifiées « d'âge d'or » de la Cause arménienne. C'est l'époque des grandes espérances. La jeunesse rompt avec la résignation de ses aînés soucieux d'intégration et se fait rebelle. La frange la plus radicale se lance dans l'action violente, bousculant les partis dits « traditionnels ». La France se situe au centre de l'espace diasporique allant des Etats-Unis à l'Iran.
C'est dans ce contexte que l'historienne Anahide Ter Minassian (1929-2019), qui fait autorité dans le domaine de l'Arménie contemporaine, s'affranchit des limites de l'académisme et de la primauté de la chose écrite, en acceptant la fonction de chroniqueuse d'une antenne parisienne, Radio Forum, une ex-radio « libre » ou « pirate ». Elles sont des dizaines de ce type à bouleverser les ondes, cadenassées par un monopole d'Etat jusqu'en 1981.
Anahide devient alors une voix, identifiable entre mille, qui explore non plus l'histoire mais l'actualité, avec l'objectivité et le brio que lui confèrent son expérience et sa formation scientifique. Il ne subsiste que de très rares enregistrements des premières radios libres et encore moins de textes des émissions. Les précieuses chroniques manuscrites d'Anahide ont pu être rassemblées dans ce présent ouvrage à l'initiative de sa fille, Taline, elle-même historienne. Désormais fixées par l'écrit, elles ont acquis, par l'action du temps, le statut de sources historiques.
Préfaces de Taline Ter Minassian et de Thierry Lefebvre. -
EUGÈNE LANTI Rencontre avec un citoyen du monde : Rencontre avec un citoyen du monde
Georges Montaigu
- Thaddee
- 5 Mai 2023
- 9782919131549
Ce qui saute aux yeux du lecteur d'Eugène Lanti (1879-1947), apôtre de l'espéranto et socialiste au penchant libertaire affirmé, c'est curieusement la part consacrée à son enfance religieuse.
Au lendemain de « l'orage » de Valognes et de la lecture de Renan, à l'âge de dix-sept ans, il a définitivement envoyé aux oubliettes le catholicisme, rattaché désormais aux trois « monstres » dont il entend libérer l'humanité : la religion, l'armée et l'État, qui sont les trois boucliers protecteurs du mal absolu, le nationalisme !
Pourquoi Georges Montaigu, moine de son état, et auteur de cette biographie-traduction, peut-il se passionner pour un personnage apparemment très éloigné de lui ? Ce qu'il admire le plus chez lui, ce ne sont pas ses idées, mais « le maître à penser, l'extraordinaire pédagogue qu'aucun sujet n'effraye. Tout sujet abordé par lui, vous revient plus clair, plus lumineux : il vous dégage des coins de ciel bleu. Je l'appelle, l'instituteur de la classe ouvrière. Et c'est là que se dévoile son côté monacal : il vit son travail comme une vocation. Et cette vocation, il la voit chez les autres, au point parfois d'en oublier le réel. »
Lanti n'a cessé de chercher durant toute sa vie la solution aux malheurs de l'humanité. Ses contemporains mettront à profit ses multiples expériences de militant, de grand reporter et de penseur. Si sa foi dans le christianisme, l'anarchisme, le socialisme et le communisme a chancelé, celle en l'espéranto et en l'a-nationalisme est restée inébranlable.
De tous ses questionnements, il ressort une fulgurance géniale : « Le monde est un chaos et la tâche de l'homme est d'y mettre de l'ordre ». -
Un regard neuf sur la société arménienne, voici ce que propose Maxence Smaniotto au terme d'un séjour de deux ans à Erevan. Rien ne prédisposait ce jeune psychologue, à la double culture italienne et française, à s'intéresser à l'Arménie, sinon un souvenir d'enfance et une attirance singulière pour les horizons menant à l'Asie centrale.
À travers un texte fleuve qui se lit comme un récit d'aventures regorgeant d'anecdotes savoureuses, il renoue avec la tradition des grands voyageurs. À la découverte d'un peuple mystérieux retranché dans ses montagnes, à la charnière de l'Occident et de l'Orient, il décode les représentations collectives, les moeurs et coutumes, que la plupart des Arméniens de diaspora méconnaissent eux-mêmes. Il est le témoin de grands évènements : les manifestations de « Electric Yerevan », la marche du centenaire du génocide des Arméniens, la guerre des Quatre jours au Haut-Karabagh, la crise des Sasna Tzerer, présageant la Révolution de velours.
D'une curiosité insatiable, Maxence Smaniotto part aussi à la découverte des villes de province arméniennes, du Haut-Karabagh, jusqu'aux pays environnants, la Géorgie, l'Abkhazie, l'Iran de Tabriz à Yazd et tout l'Est de la Turquie, en voyageant le plus souvent en bus, en stop et en logeant chez l'habitant.
Un ouvrage richement documenté et passionnant
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Le crime parfait : méditations sur les meurtres de masse
Esmer Franck
- Thaddee
- 13 Mai 2020
- 9782919131488
Ce livre se décline en 296 méditations s'appuyant sur les pensées de philosophes et écrivains, choisis dans un très vaste répertoire. Classées en dix chapitres ou escales, on les lira dans l'ordre ou au hasard. Explorant les racines du mal, l'auteur soulève une foule de questions et délivre quantité de réponses. On en sort plus lucide et plus fort.
Extrait de la préface d'Yves Ternon, historien, écrivain : Franck Esmer est un homme révolté à l'idée que le crime de masse, et sa forme la plus accomplie, le crime de génocide, puisse être parfait, que le criminel parvienne à effacer toute trace, afin que dans la mémoire des hommes ce génocide n'ait pas eu lieu, ou, pire, qu'il ait été nécessaire. [...] Pour prévenir cette catastrophe, il part en croisade sur les chemins de la connaissance. [...] Pour cela, il fait appel aux penseurs qui, d'Homère à nos jours, du temps où les dieux pouvaient contenir l'hubris d'Achille, à celui où l'homme s'interroge sur la présence de Dieu dans les centres d'extermination, pour expliquer ce que ce crime signifie pour l'humanité et pour convaincre de la nécessité de lutter contre les assassins de la mémoire, qu'ils soient les meurtriers, leurs épigones ou les bénéficiaires.
Avec d'innombrables citations qui témoignent de son immense culture, son livre tente de répondre aux questions posées par deux génocides perpétrés dans la première moitié du XXe siècle : le génocide des Arméniens de l'Empire ottoman, le génocide des Juifs d'Europe.
Postface de Gérard Chaliand (géopolitologue) : Le « crime parfait », c'est le meurtre de l'Autre, sans avoir à répondre du forfait, écrit en substance Franck Esmer. Ce dernier médite toujours avec probité et savoir sur ce qu'on désigne par le mot de génocide, dont aucun peuple n'a la propriété exclusive. Il retrace ainsi, par petites touches, la face la plus sombre du siècle dernier. Le traumatisme des survivants, le cynisme des négationnistes et la duplicité de ceux qui, par politique, se taisent ou vont jusqu'à réconforter le mensonge. Un exercice difficile mais salutaire qu'il faut saluer.
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Ce roman initiatique retrace l'aventure d'un homme de foi et d'action, un moine qui ne parle pas de religion mais qui s'affirme comme un guide discret nous ouvrant les yeux sur des coins de ciel bleu, un monde humain et réenchanté, où résonne la voix des trouvères et des poètes. Son idéal n'est pas sans rappeler celui des utopistes autogestionnaires de la fin du XIXe.
Pour tous ceux qui cherchent un sens à la vie, une espérance, Les Marcassins sacrés fourniront des réponses claires, concrètes, apaisantes et tonifiantes. Le livre est bourré de références bibliographiques distillées au gré de l'intrigue, selon la maxime chère à l'auteur : « instruire sans jamais lasser ».
Georges Montaigu qui a toujours préféré les chemins de traverse aux grandes routes, n'a pas cédé à la tentation d'un énième essai moralisateur ou théologique. Au premier degré, on peut lire cet ouvrage comme un bon roman d'aventure. Mais on le goûtera dans sa quintessence en accédant à son contenu spirituel.
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Personnage fascinant et exceptionnel que celui de l'Arménien des Etats-Unis, Monté Melkonian (1957-1993).Il est de la trempe de Che Guevara. Il y a aussi de l'Indiana Jones en lui.
Né en 1957 en Californie, c'est un petit américain modèle, surdoué et précoce. A 18 ans, grand voyageur, polyglotte, il a déjà parcouru le monde. En 1978, il est diplômé en histoire de l'université de Californie à Berkeley. Il veut devenir archéologue, par passion mais aussi pour obtenir une couverture. Idéaliste, gagné aux idéaux marxistes-léninistes en vogue alors, il rêve de faire reconnaître le génocide arménien et, ce qui semble une utopie totale, de libérer les territoires arméniens occupés par la Turquie.
Il rejoint l'ASALA (armée secrète arménienne pour la libération de l'Arménie) dans les années 1970/80. Après avoir séjourné en Iran, au Liban et participé à des attentats, il se désolidarise de la branche dure de l'ASALA. Il est emprisonné en France de 1985 à 1989. On le retrouve en Arménie soviétique au début des années 1990, quand l'URSS implose. Son humanisme, sa bravoure, ses aptitudes au combat et au commandement en font un chef de guerre providentiel dans le conflit du Haut Karabagh (1988-1994). On le voit dans de nombreux reportages sur Arte s'exprimant dans un bon français.
En mourant, officiellement dans une embuscade au Karagagh, à l'âge de 35 ans, en 1993, Monté Melkonian, entre dans la légende. Il est honoré par des funérailles nationales à Erevan. Avec Hrant Dink (1954-2007) , ce journaliste turc d'origine arménienne, martyr du dialogue arméno-turc, Monté Melkonian est la personnalité politique arménienne la plus emblématique du XXe siècle.
Son frère aîné, Markar, citoyen américain, lui a consacré ce livre remarquablement écrit et documenté qui se lit comme un roman d'aventure.
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Dans ce précieux manuscrit dont il ne subsiste que de très rares exemplaires, Marc Saunier dresse rien moins que l'histoire de l'affrontement des grandes Initiations divisées très sommairement en deux principes, celui de la Paix et celui de la Force, depuis -6.500 av. J.-C. jusqu'à la Première Guerre mondiale, à travers la légende de l'Alliance Universelle des Peuples et de son âge d'or initial.
Une réédition judicieuse d'un trésor d'ésotérisme pour comprendre l'Histoire de l'humanité comme jamais elle ne l'avait été contée. Le lecteur n'aura pas de mal à reconstituer de lui-même le fil manquant jusqu'à nos jours, marqué par la Seconde Guerre mondiale. Hitler n'était-il pas un adepte de la société secrète Thulé ?
Les guerres sont le lot de l'humanité. Il serait ré- ducteur, comme c'est trop souvent le cas, de les justifier par la «démence», surgie dont on ne sait où, des peuples et de leurs dirigeants. A rebours des schémas établis, Marc Saunier nous éclaire :
« A la base de tous les grands courants sociaux et de toutes les grandes périodes historiques, il est bien rare que l'on ne retrouve pas une idée initiatique directrice, propulsée dans les plans populaires par un groupe en mission. La Renaissance, la Réforme, la Révolution française découlent de ce principe. La science historique moderne procède archéologiquement et uniquement sur la vue de documents officiels qu'elle traduit dans un sens réaliste. Or les archives des Sociétés initiatiques (ou secrètes), sont d'une conception toute autre, faites de figures ou de contes symboliques, et de traditions orales. Ces messages sont transmis d'âge en âge de groupes en groupes par la clé d'une initiation. »
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Aux quatre coins du monde, des banquiers immensément riches meurent assassinés ou se suicident du haut des gratte-ciels d'où ils dominaient la planète. Un point commun les relie : ils sont tous des mathématiciens géniaux à l'origine des tempêtes financières des dernières décennies.
Seraient-ils victimes du fameux syndrome de Crassus ?
La cause de ces tragédies qui frappent les grandes places financières mondiales pourrait se trouver en Roumanie, dans les archives poussiéreuses de la Securitate, la police d'Etat des anciens temps communistes.
Ou en Transylvanie, là où l'esprit du comte Dracula et les fantômes des tyrans disparus hantent les sombres forêts des Carpates peuplées d'ours.
Deux hommes que tout sépare, Saviour Borg, ex-banquier sur la minuscule île de Malte, et Thomas Shapiro, ex-président en cavale de Fox Goldenberg, la toute puissante banque new-yorkaise que Borg a mise en déroute, veulent connaître la vérité. Dans la haute finance, les vieilles haines ne s'éteignent jamais.
Mais quand les ennemis sont partout et nulle part, il faut choisir quel adversaire affronter...
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Le livre de référence pour tout savoir des fédaïs arméniens, ces légendaires combattants révolutionnaires de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, organisés en groupe d'autodéfense des Arméniens dans l'Empire ottoman. Ferment d'une force armée, ils incarneront l'âme de la résistance et du mouvement de libération nationale qui culminera en 1918 avec l'instauration de la République d'Arménie de 1918, arrachée au terme de trois batailles décisives face aux troupes kémalistes.Un souffle épique parcourt le récit de Rouben (1882-1951), jeune révolutionnaire parachuté par la Fédération Révolutionnaire Arménienne (F.R.A.) dans l'enfer de la région de Mouch, dans les marches orientales de l'Empire ottoman, en 1903. Il y règne l'arbitraire du pouvoir exercé par des fonctionnaires corrompus et des bataillons de gendarmes appuyés par des auxiliaires hamidiés de sinistre réputation, en prise avec des chefs tribaux et féodaux kurdes, empêtrés dans des luttes intestines. Et presque tous s'acharnent pour chasser les Arméniens de leurs terres ancestrales alors que déferle un flot de migrants musulmans. Dans cet imbroglio, Rouben a pour double mission impossible de mener la révolution sociale et la résistance armée. Il possède les meilleurs atouts : humilité, bravoure, autorité, culture et surtout, talents de stratège. Lui et ses partisans, les fédaïs, relèvent le défi. Mais dupés par les fausses promesses de Liberté, Égalité, fraternité de la Constitution de 1908, cheval de Troie instrumentalisé par le mouvement révolutionnaire des Jeunes-Turcs, allié de la F.R.A., les Arméniens exigent des fédaïs, vénérés dans la tourmente et à présent indésirables dans la paix, d'abandonner les armes... peu avant le coup de grâce, le génocide de 1915. L'Arménie ottomane est anéantie en l'espace de quelques mois.Rouben plonge le lecteur au coeur de combats frénétiques menés par une génération de héros comme l'Histoire n'en reverra plus. Entrés dans la légende de leur vivant, ils le sont aussi à un siècle de distance par un texte aux accents homériques et aux fulgurances saisissantes.Doué d'une mémoire prodigieuse, rédacteur compulsif, Rouben a publié ses mémoires fleuves en huit tomes, à partir de 1951. Cette fervente traduction condensée d'un texte truculent, gorgé de particularismes, réalisée par son fils, Waïk Ter Minassian, relève de l'exploit éditorial. Sa réédition était un devoir.
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Le défi de l'indépendance : Arménie (1919-1920)
Ter Minassian Minas
- Thaddee
- 13 Octobre 2021
- 9782919131471
Source de violentes polémiques, l'histoire de l'arménisation de l'Arménie, stigmatisée par les milieux ultra-nationalistes turcs et azerbaïdjanais, a trop souvent été éludée, voire passée sous silence côté arménien. Les mémoires de Rouben, ministre de la Défense de la République d'Arménie de 1919 à 1920, ont été édités en 1951. La traduction en français du tome 7, réalisée en 1989, aborde justement cette question. Il aura fallu attendre 2021 pour publier ce texte. Respectivement belle-fille et petite-fille de l'auteur, les historiennes Anahide Ter Minassian (1929-2019) et Taline Ter Minassian, ont pris soin de le commenter.
Trois ans après le génocide de 1915 perpétré principalement dans l'espace anatolien, les Arméniens réalisent un exploit. Ils proclament à Erevan, le 28 mai 1918, une république, dite araratienne, dans une ancienne marge de l'Empire russe. Erevan jusqu'ici simple chef-lieu de province devient la capitale du jeune État. Un événement impensable. Le pays, le yerguir, ne se situait-il pas à l'ouest, de l'autre côté de la frontière, en territoire ottoman, avec la légendaire Van pour capitale ? Le défi est d'autant plus grand et paradoxal que l'indépendance de cette Arménie moribonde a été exigée par les Turcs qui s'empressent d'en faire reconnaître les limites réduites en imposant le traité de Batoum (4 juin 1918). Pour les Arméniens, l'odyssée de l'indépendance ne fait que commencer.
À peine sorties du giron russe, les trois jeunes républiques caucasiennes (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan) s'affrontent. Les conflits les plus acharnés opposent l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Les dirigeants de la Première République sont alors confrontés à une épreuve terrible. Comment tenir face à des populations locales tatares (azéries) hostiles qui ne reconnaissent pas son autorité ? Ministre de l'Intérieur et de la Défense du Gouvernement-Bureau de Hamo Ohandjanian en mai 1920, Rouben (1882-1951) estime qu'il n'a pas le choix. L'idéal démocratique de l'Arménie est mis à l'épreuve du réel et de la raison d'État. Si l'Arménie exsangue veut survivre alors même qu'elle abrite des réfugiés en surnombre, il lui incombe de réduire les éléments armés turco-tatares et de bouter les populations hostiles. Ainsi, Rouben, leader pragmatique et aguerri, n'aura de cesse d'arméniser l'Arménie, par le fer et par le feu. -
L armenie et le levant - 100 ans apres le front de l est, entre guerres et paix
Anonyme
- Thaddee
- 18 Octobre 2021
- 9782919131518
L'objectif principal du colloque a été d'expliciter le cours des événements qui se sont déroulés sur le front de l'Est après la signature de l'armistice du 11 novembre 1918, et qui ont scellé de manière indélébile le destin de plusieurs peuples, dont les Arméniens, les Assyro-Chaldéens, les Kurdes et les Arabes des pays du Levant. En fixant la photographie des fronts du Levant et du Caucase, ce colloque a aussi permis d'examiner les prolongements des arbitrages politiques et diplomatiques de cette période à travers les conflits ravivés en ce début du XXIe siècle, notamment en Syrie et au Haut-Karabagh.C'est dans cette perspective que nous avons réuni, les 9 et 10 novembre 2018, à la Bibliothèque municipale, puis à l'Université catholique de Lyon, des universitaires, éminents historiens et géographes de France, d'Europe, des États-Unis et d'Arménie. La publication des actes de ce colloque sous la forme de cet ouvrage riche en illustrations vise à faire accéder à un public plus large les exposés des conférenciers.Le fil conducteur s'est révélé être la quête d'autodétermination, certes asymétrique, des peuples arménien, kurde et assyro-chaldéen, au sortir de la Première Guerre mondiale. Pour leur part, les dirigeants arméniens étaient alors conscients de jouer leur dernière carte pour faire obstacle à l'anéantissement total de leur peuple que le génocide venait de décimer et de condamner à disparaître.
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Le vecu de mes jours et la prise de la banque ottomane
Armen Garo (Karekin
- Thaddee
- 1 Septembre 2022
- 9782919131532
L'autobiographie d'Armen Garo (Karékin Pasdermadjian) se lit comme un roman, ou même un conte. Une Bohémienne prédit l'avenir de l'enfant à naître : « Il endurera de multiples épreuves au cours de sa vie, mais à chaque fois son étoile le protégera. Il connaîtra la notoriété... »Toute une époque disparue à jamais y est dépeinte avec pour acteurs le sultan, le tsar, une mosaïque de peuples dominés par les Européens... On s'y déplace toujours à cheval et depuis peu, en paquebot. Les contours d'un Eden se laissent percevoir ; menacé par un mauvais génie aux aguets.Issu d'une éminente famille de no-tables arméniens de Garin (Erzeroum), Armen Garo aurait pu devenir un heureux gentleman farmer, de retour au pays après de brillantes études d'agronomie en France, s'il avait su résister à l'appel au secours de son peuple victime des grands massacres de 1894 et 1896, sous le régime du sultan Abdul Hamid.Il s'illustrera à 24 ans, le 26 août 1896, en devenant malgré lui le chef du commando qui prendra d'assaut la Banque Ottomane, le temple de la finance ottomane. L'objectif ? Obtenir l'application des réformes en faveur des Arméniens, pré- vues, en vain, par le traité de Berlin.Si Armen Garo et ses camarades débordent de courage physique, on pourra leur objecter, comme l'écrit Gérard Chaliand en préface, « une absence de lucidité stratégique », malheureusement partagée par « une très large partie des élites nationalistes arméniennes. »Plus aguerri en 1905, le révolutionnaire prendra avec succès la direction de la défense des quartiers arméniens de Tiflis, capitale de la Géorgie, et en partie, de la diaspora arménienne.Mais le personnage ne parviendra pas à se départir de sa fougue et de sa franchise originelles. Elles atteignent des sommets lors d'un ahurissant échange avec Talaat, grand maître de la dissimulation. Invité dans la tanière du «Hitler turc» en juin 1914, il lui tient tête avec panache et lui dit ses quatre vérités.On connaît la suite.