À lire Alexandre Pouchkine on a l'impression qu'il pense en vers tant sa poésie coule de façon limpide. Quand il commence à écrire Eugène Onéguine, le poète a laissé derrière lui sa période romantique. Le ton est libre, tour à tour grave, mélancolique, empreint d'humour. Pouchkine porte un regard pénétrant, voire caustique, sur les castes dirigeantes et nous dépeint le petit peuple, le monde du théâtre et de la littérature. Si son héros donne son nom au roman, c'est avec amour que Pouchkine trace le portrait de Tatiana, jeune femme aux hautes aspirations morales, sensible et cultivée.
«Peaux de phoque» : c'est le surnom dont sont affublés les plus miséreux de la Tchoukotka, là où la température avoisine les -30 °C. Tynenne et sa famille sont de ceux qui ne possèdent rien de mieux pour réchauffer leurs corps transis. Les trois fils qu'elle élève dans cette vie rude deviendront-ils des guerriers respectés ?Dans ce merveilleux récit initiatique, Valentina Veqet fait de son héroïne une admirable figure de résistance, prête à faire face aux territoires aussi hostiles que magnétiques du Grand Nord.
"Ce second volume propose des récits de la vie réelle recueillis par V. Bogoraz à la ¬fin du XIXe siècle. Ils dépeignent des moeurs qui ont pour l'essentiel disparu, et sont assortis des notes précieuses dont Bogoraz a assorti ses récits. Les textes des huit auteurs tchouktches de ce volume ont davantage un caractère didactique. Ils présentent des situations réelles où l'on sent une volonté de stigmatiser la méchanceté, la violence, la vantardise, etc."
"Dans les contes tchouktches, le monde de l'homme et celui de l'animal sont intimement liés. Les animaux se comportent à l'image de l'homme. Comme lui, ils organisent des courses entre eux, portent des habits, chassent, se lient d'amitié, se brouillent, aspirent à se venger. Les animaux conversent entre eux ou s'entretiennent avec l'homme : un canard révèle à un mari la vérité sur sa femme, des moustiques annoncent à un homme qu'il va faire une rencontre, des loups aident un adolescent à transporter ses prises de chasse... Un bestiaire formidable et original."
"Ce volume propose des mythes et récits guerriers de la littérature orale tchouktche, domaine peu connu en France. Ils dépeignent des combats contre les Russes lors de leur arrivée dans ces terres au dix-septième siècle, ou encore des affrontements entre groupes ethniques pour la possession de pâturages."
"Couchés sur le flanc, Maravié, ses fils Nutevii et Tevlat, et trois bergers s'entretenaient à voix basse dans le joron'e, la tente intérieure, où une lampe jetait une faible lueur.
On avait remonté la portière de peau de renne en la roulant de bas en haut et, de l'intérieur, le maître observait sa femme et sa vieille mère qui vaquaient à leurs occupations. Il avait la cinquantaine. Son visage déjà ridé était immobile, mais dans ses yeux bridés les pupilles toujours en mouvement révélaient son inquiétude. On sentait que son corps tout en muscles avait conservé sa vigueur. Il balançait la tête et fixait pensivement le foyer, cherchant peut-être loin dans le feu, comme au coeur de quelque brume, une réponse à ses interrogations." Jamais, dans l'histoire des Tchouktches, un éleveur de rennes ne s'était perdu.
Comment expliquer, alors, la disparition soudaine de Maravié ? Omruvié, en racontant la vie des éleveurs de rennes, renoue avec la mémoire et la langue de son peuple aujourd'hui menacé. A travers ce récit il évoque, de façon sobre et émouvante, la destruction des plus vieilles traditions tchouktches par les plans de collectivisation soviétique.
"On évoquait ceux qui, sur la banquise, après de longs tourments, affamés, cessaient même d'être des humains pour devenir des teryqy. Ceux-là, même s'ils débarquaient sur le rivage, ne pouvaient plus vivre parmi les humains. Couverts d'un long pelage, pareils à des bêtes sauvages, ils rôdaient autour des campements pour y voler de la nourriture et tuer ceux qu'ils rencontraient. C'était le plus terrible des sorts...".
Youri Rytkhéou