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ERIC BLONDEL
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Ecce homo : Comment on devient ce qu'on est
Friedrich Nietzsche
- Flammarion
- Gf ; Philosophie
- 8 Novembre 2023
- 9782080436085
Ecce homo : «Voici l'homme.» Parole prononcée par Pilate quand il présente à la foule celui qu'elle réclame afin de le juger et de le mettre à mort : Jésus de Nazareth. Reprenant cette phrase, déclarant qu'il n'est qu'un homme, Nietzsche se met à la place de Jésus, c'est-à-dire à la place d'un fondateur de religion, d'un prophète ouvrant une nouvelle ère pour l'humanité. Mais, puisqu'il n'entend pas passer pour Dieu ni pour le roi des Juifs, il soutient qu'il est moins un Messie qu'un homme proposant à l'humanité de nouvelles valeurs, lesquelles doivent se substituer à celles, bi-millénaires, du christianisme : après Jésus et contre la «morale chrétienne», proposer un «cinquième évangile». Dans cette fausse autobiographie, ce traité de non-morale, ce récit apocryphe, la dernière oeuvre avant son effondrement dans la folie, Nietzsche se fait délibérément parodique, insolent, scandaleux et philosophiquement attentatoire. Mais, au-delà du blasphème, et par-dessus les relents pathologiques de la «morale chrétienne», il laisse surtout à ceux qui viendront après lui un hymne véritable à la valeur suprême : la belle humeur.
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«Combien de sang et d'horreur au fond de toutes les bonnes choses !...» écrit Nietzsche. La Généalogie de la morale applique ce principe désacralisant : l'idéal moral (ascétique) a désormais un prix, payable «en livre de chair». Principe cynique, qui découvre les pieux mensonges et les faux-semblants (autrement dit, bons sentiments et saintes intentions).Les hommes «modernes», de «progrès», ont là un miroir pour leurs interdits, leurs impuissances et leurs malentendus : la mièvrerie du consensus démocratique, la moraline du troupeau, les passions tristes qui rabotent les aspérités de la vie, la phobie de l'autorité (le «misarchisme»), la névrose généralisée du salut par l'art, la science ou la religion.Mesurons ce que l'animal humain a perdu dans l'affaire - l'innocence et la joie de l'affirmation première de la force, la vraie méchanceté, la distance, la noblesse - et son nouvel infini : réinventer un sens fort après des millénaires de sens faible.
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Le cas Wagner ; Nietzsche contre Wagner
Friedrich Nietzsche
- Flammarion
- Gf ; Philosophie
- 8 Novembre 2023
- 9782080436092
Nietzsche, qui a aimé Wagner, qui a considéré que les autres musiciens, face à Wagner, n'entraient pas en ligne de compte, intente au compositeur un étrange procès posthume. Pourquoi ces oeuvres de polémique qui semblent être des règlements de comptes ? C'est que Nietzsche ne pose pas un simple problème individuel, mais un problème de civilisation. Dans son tableau généalogique, Wagner est devenu un symptôme de maladie de la culture, un héraut de la décadence. S'il est à combattre, ce n'est pas en tant que personne, mais en tant que paradigme de ce qui séduit au détriment de la vie : l'art wagnérien, qui fait du «Beau» un narcotique, un remède nihiliste contre la douleur tragique de la vie, et qui en cela symbolise la religion platonico-chrétienne, séduit en faveur de la mort. Ainsi, Nietzsche énonce sur le compositeur - comme cas musical, cas de civilisation, cas médical et cas judiciaire - un verdict de condamnations multiples. Il est vrai que ce cas est intéressant pour un Nietzsche musicien, généalogiste, médecin, psychologue, procureur de la décadence et, en premier lieu, ou en dernière instance, avocat de la vie.
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Dans L'Antéchrist, au titre volontairement équivoque, le Christ est étrangement épargné, tandis que la charge vise les «chrétiens». Le christianisme, dit Nietzsche, est une invention de l'apôtre Paul, qui falsifie la «bonne nouvelle» du Christ pour en faire une «foi», le «mensonge sacré» d'une morale de la négation de la vie sous le symbole de la Croix : «Ce qui est chrétien, c'est la haine contre l'esprit, contre la fierté, le courage, la liberté, le libertinage de l'esprit ; ce qui est chrétien, c'est la haine contre les sens, contre les joies des sens, contre la joie tout court...» Bien plus qu'un pamphlet antireligieux et anticlérical, ce livre est une critique implacable et une généalogie de la morale, des idéaux du prêtre ascétique, de la «foi». Ces croyances, selon Nietzsche, persistent dans l'athéisme des «libres penseurs», et le «christianisme» se survit dans les «idées modernes», la foi dans la morale, la «vérité», le progrès, l'esprit de troupeau. Nietzsche, sans le connaître véritablement, y inclut ce qu'il appelle «socialisme», qui escamote la réalité pour lui substituer des idéaux négateurs, grégaires, moralisateurs et nationalistes inspirés par la «volonté de vengeance» des «faibles». Cet avatar du «christianisme» fait étrangement songer à ce qu'on appelle aujourd'hui populisme ou fascisme.
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Humain, trop humain Tome 2
Friedrich Nietzsche
- Flammarion
- Gf ; Philosophie
- 13 Novembre 2019
- 9782081280083
Livre de la maturité, Humain, trop humain ouvre la deuxième période de la pensée nietzschéenne. Le philosophe a trouvé le style d'écriture qu'il n'abandonnera plus - la forme aphoristique - et l'objet qui l'occupera toujours - l'analyse des moeurs et de la culture.Dans ce second volume, composé d'Opinions et sentences mêlées et du Voyageur et son ombre, Nietzsche aborde des sujets de tous ordres : l'enseignement, la mode, le christianisme, le châtiment, les Grecs... Au lieu de proposer un exposé dogmatique, il procède, tel le voyageur sans attaches, par essais et expérimentations. Mais derrière le caractère apparemment hétéroclite de l'oeuvre, c'est bien à une étude des moeurs et, à travers elle, à une critique de la morale que Nietzsche s'emploie. Pour lui, en effet, la morale telle qu'elle s'est développée dans la tradition philosophique a masqué derrière les lumières de la raison ce qui est perçu comme une faiblesse : les pulsions, l'irrationnel, l'«ombre» en chacun de nous - ces choses injustement mises au rebut alors qu'elles constituent la réalité profonde de la vie et que Nietzsche appelle le «trop humain» de l'humain.
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Sur l'invention de la morale ; généalogie de la morale, deuxième traité
Friedrich Nietzsche
- Flammarion
- Gf ; Philosophie
- 4 Avril 2018
- 9782081427235
Le «bien», le «mal» : ces «valeurs», qui infléchissent nos pensées, nos jugements et nos actions, nous semblent évidentes, voire naturelles. À tort, nous dit Nietzsche. Ce sont en réalité des habitudes qui nous sont inculquées, depuis les temps archaïques, par les châtiments les plus cruels. Pire : loin d'être une marque d'humanité évoluée, elles sont le symptôme d'une civilisation malade de sa morale.Aux yeux de Nietzsche, le véritable coupable est la religion chrétienne qui, depuis deux millénaires, a imposé un système de valeurs essentiellement hostile aux instincts premiers de la vie. L'homme «moderne» a forgé sa conscience morale dans la conviction d'avoir fauté, instillant en lui remords et veulerie. Médecin de la civilisation, le philosophe appelle de ses voeux un renversement de cette forme pathologique de la morale - renversement qui redonnera à la vie sa noblesse et à l'homme sa joie, sa force, sa santé.Dossier : 1. Temporalités de la généalogie : histoire, évolution, élevage2. Fondements de la généalogie : culture, droit et morale.
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Propos d'actualité sur la guerre et sur la mort
Sigmund Freud
- Flammarion
- Gf ; Philosophie
- 14 Juin 2017
- 9782081411975
Printemps 1915 : la Première Guerre mondiale a éclaté depuis moins d'un an, et déjà les valeurs qui faisaient l'orgueil de la civilisation européenne sont mises à mal. Contemporain des événements, Freud livre les réflexions que lui inspire ce conflit d'une violence sans précédent. C'est moins le psychanalyste que le témoin qui s'attache à penser les mécanismes à l'oeuvre dans la guerre ; sans céder à l'angoisse ou au sensationnalisme, il examine le rapport de la société à la mort.
Deux ans après Totem et tabou, Freud interroge les fondements d'une civilisation qui, à l'orée du XXe siècle, a sombré dans la plus primitive des barbaries.