A trente-trois ans, Anil Tissera fait son «retour au pays natal», le Sri Lanka. C'est la guerre civile. Médecin légiste, Anil est mandatée par la Commission des droits de l'homme des Nations unies pour enquêter sur l'origine d'un massacre. Qui est responsable ? La guérilla séparatiste ? Les paramilitaires ?
Très vite, Anil plonge dans un monde étrange et mystérieux, où le réel et le surnaturel semblent inextricablement mêlés. Dans les temples désaffectés et les palais en ruine, à travers les restes dispersés de ce qui fut une grande civilisation, Anil rencontre d'étranges personnages - un archéologue aveugle, un artisan merveilleux, un chirurgien désespéré. Avec leur aide, elle parviendra à faire parler les morts. Mais il lui faudra d'abord affronter sa propre guerre civile, rouvrir la blessure qui lui a fait fuir son pays pour un Occident où elle n'a pas trouvé sa place.
Parallèlement à son travail de romancier, Michael Ondaatje poursuit une oeuvre poétique exigeante. Écrits à la main propose une sorte d'autoportrait du Sri Lanka. Les « visions » qui le constituent - l'exhumation d'un Bouddha, une famille traversant un champ sur des échasses, la silhouette d'un homme qui marche sous l'orage vers un rendez-vous amoureux - sont autant de clés pour la compréhension de ses romans, une pierre de Rosette permettant d'en déchiffrer le sens caché.
« Je suis responsable parce que je joue un rôle. J'essaye, en m'inventant de fausses excuses, de retirer un tout petit peu de beauté d'une situation sans espoir » : Ira, aspirant écrivain, promène sa silhouette dégingandée dans le Manhattan des années 1920. Ses épaules sont déjà voûtées, lestées du poids de Jewish Harlem et de cette honte ineffaçable : son amour pour Minnie, sa soeur. Ira étudie, se gorge de littérature, apprend le désir et les filles. Mais surgit Edith, la maîtresse de Larry, son meilleur ami. Femme lettrée, fatale, sublime, aucune autre ne la vaut. Ira s'enflamme, désespère, s'impatiente. Il découvre les affres de la passion et de la trahison. Malgré cela, la souillure originelle demeure.
« Je venais de décider que je ne permettrais pas qu'on me brise une deuxième fois le coeur, et, juste à ce moment-là, voilà que cette idiotie recommence » : Ira est taraudé par ses pulsions sexuelles, son livre n'avance pas, Edith, la femme qu'il aime éperdument, tergiverse éternellement sur leur amour, et Ma et Pa, ces shmoks, l'abreuvent de conseils inutiles. Et puis la honte le ronge toujours. L'infamie de cet amour interdit pour sa soeur Minnie. Le temps est venu de raconter l'innommable et tenter peut-être de panser les plaies.
Michael a 11 ans quand il quitte son Sri Lanka natal pour rejoindre sa mère en Angleterre à bord du paquebot l'Oronsay. 21 jours hors le monde, entre l'océan Indien, la mer d'Arabie, la mer Rouge, le canal de Suez et la Méditerranée, à peine surveillé par sa cousine Emily... À lui l'aventure et la liberté ! Avec deux autres garçons de son âge, Cassius et Ramadhin, ils visitent le navire des cales jusqu'aux premières classes. Ce monde en vase clos est leur terrain de jeux.
Le livre s'ouvre sur la liste des vingt hommes tués par Billy the Kid, puis retrace la capture, l'évasion et la mort de ce garçon à l'apparence juvénile et au coup de gâchette facile. Dans ce portrait impressionniste d'un des plus célèbres hors-la-loi américain du XIXe siècle, le style est poétique, imagé et poignant, et le récit plonge le lecteur au coeur de la folie et de la violence d'un personnage mythique.
1972. Une banlieue résidentielle dans l'Est des États-Unis. Benjamin Hood et Janey Williams se préparent, une fois de plus, à tromper leurs conjoints respectifs. Pendant ce temps, à l'étage au-dessus, leurs enfants vivent leur première expérience sexuelle. Tout va bien.
Il suffira pourtant de quelques jours pour que cette paisible communauté se retrouve sens dessus-dessous, dévastée par l'irruption simultanée de l'échangisme et d'une tempête d'une force inouïe. Désormais, plus rien ne sera comme avant.
Tempête de glace est d'abord une comédie, étincelante comme le givre qui enrobe les paysages du New Jersey, les nimbant d'un éclat féérique, tandis que les images du Watergate défilent à la télévision. Avec, en fond sonore, les premières chansons de Lou Reed et des New York Dolls. Mais c'est aussi une réflexion sur la fin d'une certaine Amérique, et un drame poignant.