Pourquoi le 18 juin 1901 Picasso est-il «signalé comme anarchiste» à la Préfecture de police, quinze jours avant sa première exposition parisienne ? Pourquoi le 1er décembre 1914 près de sept cents peintures, dessins et autres oeuvres de sa période cubiste sont-ils séquestrés par le gouvernement français pour une période de près de dix ans ? D'où vient l'absence quasi totale de ses tableaux dans les collections publiques du pays jusqu'en 1947 ? Comment expliquer, enfin, que Picasso ne soit jamais devenu citoyen français ?Si l'oeuvre de l'artiste a suscité expositions, ouvrages et commentaires en progression exponentielle à la hauteur de son immense talent, la situation de Picasso, un «étranger» en France, a paradoxalement été négligée.Cet angle inédit permet à Annie Cohen-Solal de nous entraîner dans une enquête stupéfiante sur les pas d'Un étranger nommé Picasso, artiste surdoué, naviguant en grand stratège dans une France travaillée par ses propres tensions.
Cette édition pédagogique regroupe les quatre premiers chapitres d'Une vie et couvre la période 1927-1954.
Ce que Simone Veil a vécu durant ces années - où elle passa d'une enfance protégée à l'horreur des camps de concentration, puis retourna à la " vie normale " - sans pouvoir partager son expérience avec ceux qui ne l'avaient pas connue, s'inscrit dans le nécessaire devoir de mémoire des jeunes générations. Source de réflexions, son sobre récit est également une leçon de courage et d'espoir.
La présentation de Stefan Zweig s'ouvre sur un Tourgueniev moribond qui, du fond de sa couche, rédige quelques mots à l'attention de Tolstoï pour le supplier de reprendre la plume (« Revenez à la littérature ! C'est votre don véritable. Grand écrivain de la terre russe, entendez ma prière ! »). Avec cette scène inaugurale, Zweig amène aussitôt le lecteur au moment clé de la biographie de Tolstoï : vers sa cinquantième année, l'écrivain russe est victime d'un ébranlement intérieur qui va le pousser à rechercher sans fin, chez les philosophes d'abord, puis dans la religion, le sens caché de la vie. Zweig ne cache pas son admiration pour celui qui s'est alors donné pour mission de se sauver lui-même, et toute l'humanité avec.
« Tout homme d'état, tout sociologue découvrira dans sa critique approfondie de notre époque des vues prophétiques, tout artiste se sentira enflammé par l'exemple de ce poète puissant qui se tortura l'âme parce qu'il voulait penser pour tous et combattre par la force de sa parole l'injustice de la terre. »
Pourquoi elle ?Pourquoi une biographie de Jacqueline de Ribes ?Je ne m'étais intéressée jusque-là qu'à des vies dont l'art était le coeur battant. Des vies dont l'essentiel fut de peindre, écrire ou sculpter.C'est sa propre vie qui est l'oeuvre de Jacqueline de Ribes. Une vie qu'elle a magnifiée, sublimée, mais qui garde à mes yeux sa part de mystère.Quelle femme et quels secrets se cachent derrière la légende de papier glacé ?Figure de la jet-set des années soixante. L'un des «Cygnes» préférés de Truman Capote et de Richard Avedon. Amie d'Yves Saint Laurent et de Luchino Visconti. Elle est devenue une icône du style et un symbole de l'élégance française. Une reconnaissance mondiale illustrée, en 2015, par une magistrale exposition au Metropolitan Museum de New York. Son visage a été projeté en pleine lumière sur l'Empire State Building.Ce destin, qui voit s'achever l'ancien monde et apparaître de nouveaux codes, des innovations stupéfiantes, j'ai tenté d'en déchiffrer l'énigme.D. B.
Le 24 février 2022, l'opinion mondiale découvre avec stupeur le discours de Vladimir Poutine justifant l'invasion de l'Ukraine, au prétexte de faire cesser un «génocide» exercé par un régime qu'il convient de «dénazifer». Cette extraordinaire falsification de l'histoire s'inscrit dans le droit fil du grand récit national construit au cours des vingt dernières années par Vladimir Poutine et dont l'ONG Mémorial fit les frais en 2021. Ce récit, exaltant la grandeur d'une «Russie éternelle» face à un Occident agressif et décadent, n'admet aucune contestation pour servir les intérêts géopolitiques d'un régime dictatorial et répondre aux attentes d'une société désorientée suite à l'effondrement du système soviétique. Ce Tract éclaire les origines de cette distorsion des faits historiques et la façon dont elle est mise en oeuvre pour légitimer la première guerre du XXI? siècle sur le continent européen.
Depuis mes travaux sur la Résistance, j'ai appris à me méfier des souvenirs : ils s'égarent souvent dans le romanesque et l'hyperbole. Sans l'amicale insistance d'historiens - Azéma, Bédarida, Crémieux-Brilhac, Wieviorka -, je n'aurais pas rédigé ces mémoires. Ces amis m'ont fait comprendre la valeur des témoignages, même celui d'un modeste acteur. Simple soldat, puis saboteur, radio, secrétaire, j'appartiens à cette cohorte d'anonymes sans lesquels l'histoire n'existerait pas, même si, après coup, elle en néglige les traces.
Voici donc, au jour le jour, trois années de cette vie singulière, qui commença pour moi le 17 juin 1940, avec le refus du discours de Pétain, et s'acheva le 21 juin 1943, avec l'arrestation de Jean Moulin, mon patron. Pour raconter ce passé lointain, j'ai choisi la forme d'un « journal », qui oblige à déplier le temps et à raconter le déroulement précis des heures. Qu'en penser après soixante ans ? J'ai trop critiqué les souvenirs des autres pour être dupe de mes certitudes, et sans doute suis-je moi aussi abusé, comme tous les témoins, par les mirages de la mémoire : là où finissent les documents, commence le « no man's land » du passé, aux repères incertains.
Pour désigner les acteurs de la Résistance, j'ai choisi d'utiliser leur pseudo le plus connu, au risque de provoquer quelques difficultés de lecture. En dépit de ce défaut, j'ai retenu cette présentation parce que la clandestinité était un mystère et que les pseudos étaient son bouclier. Je crois qu'au prix de quelques obscurités, ce parti-pris restitue avec véracité l'atmosphère ténébreuse de ce théâtre tragique. Le lecteur devrait ainsi pouvoir revivre plus aisément la succession des jours qui furent la trame de « l'aventure incertaine » de ma jeunesse.
Al Alvarez, rend hommage à une figure emblématique et atypique de l'alpinisme : Mo Antoine. Grimpeur chevronné participant aux expéditions les plus difficiles, il privilégia toujours l'esprit de camaraderie à celui de compétition et décrivait l'escalade comme « l'art de jouer aux échecs avec son propre corps ». Au-delà de ce portrait tendre et admiratif, le récit donne à voir la manière dont les grands aventuriers cherchent leurs limites, mentales et physiques, en s'appliquant à « nourrir la bête ».
Un livre culte sur l'escalade, la montagne, l'évasion et l'amitié. Une prose étincelante au service du goût de l'aventure et du risque.
Stefan Zweig Marie-Antoinette Vilipendée par les uns, sanctifiée par les autres, l'« Autrichienne » Marie-Antoinette est la reine la plus méconnue de l'histoire de France. Il fallut attendre Stefan Zweig, en 1933, pour que la passion cède à la vérité.
S'appuyant sur les archives de l'Empire autrichien et sur la correspondance du comte Axel de Fersen, qu'il fut le premier à pouvoir consulter intégralement, Stefan Zweig retrace avec sensibilité et rigueur l'évolution de la jeune princesse, trop tôt appelée au trône, que la faiblesse et l'impuissance temporaire de Louis XVI vont précipiter dans un tourbillon de distractions et de fêtes.
Dans ce contexte, la sombre affaire du collier, habilement exploitée par ses nombreux ennemis à la cour de France, va inexorablement éloigner Marie-Antoinette de son peuple.
Tracé avec humanité et pénétration, ce portrait est assurément un des chefs-d'oeuvre de la biographie classique, où excella l'auteur de Trois poètes de leur vie et de Vingt-quatre heures de la vie d'une femme.
Alexandra Kollontaï, quelle femme ! Et quel destin ! Aristocrate russe, rejetant très tôt son milieu et choisissant la révolution, elle devient ministre au sein du premier gouvernement de Lénine. Cinq ans plus tard, elle est la première femme ambassadrice que l'histoire ait connue. Tribun célèbre et oratrice hors pair, partout elle électrise ses auditoires fascinés. Kollontaï est aussi une féministe passionnée combattant pour l'émancipation et les droits des femmes. Ses écrits politiques, ses romans, son journal tenu tout au long de sa vie constituent une oeuvre remarquable et unanimement reconnue. Enfin, et ce n'est pas le moindre de ses exploits, Alexandra Kollontaï sortit victorieuse de la folie destructrice de Staline et vécut presque aussi longtemps que lui.
Cette existence multiforme, couronnée par une élégance constamment saluée par la presse, fit d'elle une « icône » médiatique avant l'heure. L'auteur a rassemblé ici une documentation considérable et de riches études historiques pour comprendre le destin incroyable de cette personnalité hors du commun. Secrétaire perpétuel de l'Académie française et historienne de la Russie, Hélène Carrère d'Encausse est l'auteur de nombreux livres de référence sur la Russie et les relations franco-russes.
« On m'a parfois demandé comment j'avais pu, après les camps, retrouver le désir de vivre. La seule réponse valable à mes yeux est celle-ci : on n'a pas le choix. Cela me paraît valable pour une personne comme pour un pays tout entier. » Simone Veil raconte son enfance, sa déportation et l'importance de cette épreuve dans sa vie.
Ce témoignage rare fait la chronique saisissante d'une invasion aussi mal préparée que menée. Le JDD« Mon Dieu, si je survis, je ferai tout pour changer ça. » C'est sous le feu nourri de l'artillerie ukrainienne que Pavel Filatiev s'est fait cette promesse. Membre du 56e régiment d'assaut aéroporté russe, il participe dès le 24 février 2022 à la guerre déclenchée par le Kremlin. Blessé à l'oeil, il est évacué et demande à démissionner pour raisons de santé. Démission refusée. Il décide alors de fuir la Russie. Mais pas avant d'avoir témoigné, en publiant un long manifeste sur le réseau social VKontakte : ZOV, « l'appel », en référence aux trois lettres peintes sur les blindés qui ont envahi l'Ukraine.
Réfugié en France, Pavel Filatiev se bat aujourd'hui avec courage pour faire connaître la vérité. L'impréparation des troupes russes, le désespoir des combattants transformés en chair à canon, la gabegie, les primes jamais versées, les morts : derrière la propagande, la réalité est accablante, et son récit, implacable, en témoigne.L'intégralité des droits d'auteurs seront reversés à des ONG venant en aide aux victimes de la guerre en Ukraine.
Ami intime et biographe du couple royal, l'écrivain Gyles Brandreth a recueilli ses confidences durant plus de cinquante ans. À partir des notes de ses conversations privées avec Elizabeth, il livre un ouvrage très personnel et inédit sur le plus ancien monarque de l'Histoire. De son enfance dans les années 1920 à l'ère de Harry et Meghan, de ses années de guerre au château de Windsor à sa mort à Balmoral, ce livre est à la fois le récit d'un siècle tumultueux de l'histoire royale et le portrait d'une femme remarquable. Avec un humour rafraîchissant so british, une honnêteté et une justesse sans faille, Elizabeth s'impose comme LA biographie incontournable d'une souveraine qui, sa vie durant, a été l'emblème de la force et de la résilience dans le monde entier.
En 1945, Brasillac, Guitry et Céline s'étonnent publiquement que la grande écrivaine française soit épargnée par l'épuration qui ne les ménage pas. Mais l'arrestation de son mari juif pendant la guerre a désormais balayé toute controverse... Alors que Colette occupe plus que jamais une place clé dans le monde des Lettres, cette période de sa vie reste mystérieuse. Bénédicte Vergez-Chaignon, passionnée de Colette, s'est emparée du sujet et nous entraîne dans le quotidien de la grande célébrité durant ces années noires de la France.
Cette journée fut la seule dont la maîtrise aura échappé au Grand Roi, lui qui se voulait l'ordonnateur tout-puissant de son royaume. Interroger la portée de la mort de Louis XIV conduit à reconsidérer ce très long règne à l'aune du projet politique que ce prince avait lui-même conçu. Ce livre donne à comprendre ce qui s'éteint avec le Roi-Soleil et ce qui va perdurer de son oeuvre. Qu'est-ce qui fait la singulière grandeur du siècle de Louis XIV ? La gloire, le roi de guerre, l'«État machine», la fabrique d'une culture royale : ce souverain a élevé le prestige de la monarchie française au sommet de son rayonnement ; il a achevé d'installer l'appareil administratif de l'Ancien Régime en l'inscrivant dans le patrimoine génétique de nos institutions ; il a érigé les «mystères de l'État» en méthode de gouvernement et fait pénétrer l'éclat de sa figure sacrée jusque dans la plus humble chaumière. Ce fut une ambition démesurée que les épreuves finiront par dérégler. Quel contraste entre le jeune monarque, ardent réformateur des «années Colbert», qui imprime sa marque à toutes les formes de création dans l'effervescence d'un Versailles baroque et festif, et le vieux roi éprouvé par des guerres interminables, cabré dans la dévotion en pourchassant les ennemis de la foi ! La mort de Louis XIV clôt un chapitre de l'histoire de la royauté et en ouvre un autre : à l'aube du siècle des Lumières, c'est la «manière» de ce monarque, c'est aussi une certaine conception de l'autorité, qui meurent avec lui.
Aliénor d'Aquitaine, Richard Coeur de Lion, Jean sans Terre... Ces noms désormais célèbres appartiennent à cette famille qui a fait les riches heures de notre Moyen Âge : celle des Plantagenêts. Le premier du nom était angevin, mais qui s'en souvient encore trois siècles après ? Leur renommée a dépassé les frontières de l'Anjou et la dynastie est entrée dans la grande histoire de l'Europe.L'histoire commence au XII? siècle avec Henri II. Outre l'Angleterre et la Normandie dont il est déjà détenteur, il est devenu, en épousant Aliénor d'Aquitaine, le maître de la moitié de la France. Un vassal plus puissant que son roi, un vassal encombrant... Dans cette histoire épique, où les traîtres et les ambitieux ne semblent jamais trouver le sommeil, Dan Jones fait revivre sous nos yeux ces rois et reines aux prises avec le pouvoir.
À l'occasion du "jubilé de platine' célébrant en 2022 les 70 ans du règne d'Elizabeth II, Jean des Cars nous conte la vie de la femme la mieux informée du monde.
Jean des Cars nous plonge dans la vie d'Elizabeth II, de son enfance au décès de son mari le prince Philip en passant par tous les petits et grands épisodes, publics et privés, qui ont marqué sa vie : guerre mondiale, décès de son père, accession au trône, rumeurs sur son couple, vie dissolue de sa soeur, problèmes conjugaux de ses enfants, " rébellion " de son petit-fils Harry, sans oublier sa passion pour ses corgis et ses chevaux...
Cette biographie de référence nous invite dans l'intimité de celle qui restera pour toujours " The Queen ".
Édition mise à jour.
Également chez Pocket : La Saga des Reines, La Saga des Favorites et Au coeur des royautés.
Vénérée pour la virtuosité de son jeu, son incroyable vaillance et ses audaces, ou dénigrée pour sa personnalité incandescente, son anticonformisme et ses outrances médiatiques, jamais star n'a autant déchaîné les passions que Sarah Bernhardt (1844-1923), dont le seul nom reste une légende.
Celle qui fut la muse des plus grands écrivains et des plus célèbres portraitistes de son temps, avant d'inspirer romanciers, dramaturges et cinéastes, ne fut pas seulement une actrice géniale. La mythique « Voix d'or », comme la surnommait Victor Hugo, cumulait tous les talents, également auteure, peintre et sculptrice de renom. Révulsée par la misère, l'injustice et l'intolérance, elle se fit aussi connaître pour ses engagements courageux : elle ne cessa de lutter contre la peine de mort, s'engagea aux côtés de Zola pendant l'affaire Dreyfus et combattit avec Louise Michel pour les droits, civils et politiques, des femmes.
On croyait tout connaître de « la Divine », mais l'ouverture de sources longtemps inaccessibles, archives et correspondances inédites, a permis de découvrir des aspects insoupçonnés de cette personnalité brûlante.
C'est la vie de cette Sarah Bernhardt, étonnamment moderne, que ressuscite Hélène Tierchant avec une vraie tendresse et une plume vivante et délicate.
« Je m'armai pour la lutte, aimant mieux mourir en plein combat que m'éteindre dans les regrets d'une vie manquée. ».
Sarah Bernhardt
C'est un voyage guidé dans l'univers de la pensée gaullienne que propose François Kersaudy, qui s'emploie à replacer les propos du Général dans leur contexte et à révéler les enjeux qui les sous-tendent. Qu'il s'agisse de l'Europe, de l'armée, de l'OTAN, de la force de frappe, de l'ONU, de l'Afrique, de l'Asie, de l'économie, des médias, des écrivains ou de la mort, ces réflexions montrent une fois encore leur extraordinaire dimension prophétique. Mais les commentaires abondamment sourcés de l'historien mettent également en évidence les desseins secrets, les contradictions, les faux-semblants et les nondits qui ont émaillé la carrière de ce personnage d'exception : « Il ne faut jamais mentir, disait-il, mais il n'est pas interdit de se montrer astucieux... » Sous la plume brillante de François Kersaudy surgit un de Gaulle surprenant et inédit.
Né d'un père allemand et d'une mère russe, Richard Sorge (1895-1944) se rallie à la révolution soviétique de 1917, décidant d'y consacrer sa vie et scellant ainsi son destin. Brillant, méthodique, créatif, il enchaîne les voyages et les postes clandestins : Danemark, Suède, Angleterre, Chine, Allemagne nazie (il adhère au NSDAP !), enfin - et surtout - Japon, où il accumule les renseignements sur la pénétration japonaise en Chine, la préparation de Pearl Harbor et particulièrement les projets d'invasion de l'URSS par le IIIe Reich.Sorge a réformé en profondeur l'art de l'espionnage, constituant un réseau varié, mais parfaitement étanche, lui permettant de voir et savoir sans être vu... jusqu'à son arrestation tardive fin 1941. Homme à femmes, sociable, doté d'un vaste réseau d'amis et d'une culture encyclopédique, utilisant des couvertures parfaites, il fait figure de mythe dans le petit monde des hommes de l'ombre.Une biographie percutante. Historia.Traduit de l'anglais par Martine Devillers-Argouarc'h.
Zurich, été 1896. À l'École polytechnique fédérale, Mileva Maric´ commence des études de mathématiques et de physique. Cette jeune Serbe est la seule femme de la classe. Un étudiant venu d'Allemagne la remarque. Il s'appelle Albert Einstein.
C'est le début d'une histoire d'amour et de science. Elle va durer dix-sept ans. Trois enfants vont naître de cette union : Lieserl, curieusement disparue en Serbie, Hans-Albert et Eduard, qui sera traité toute sa vie dans un asile pour schizophrénie en Suisse. Parallèlement, les époux travaillent ensemble à ce qui deviendra la théorie de la relativité. Mais en 1905, sur la publication, seul le nom d'Albert figure. En 1913, ils se séparent. Albert est devenu célèbre. Milena retourne à l'anonymat.
Dans cette double biographie, Laurent Lemire nous projette au moment où naît la théorie de la relativité et pose un regard tout à fait nouveau sur la relation entre Einstein et son épouse, relation d'amour fusionnelle et de travail commun intense. Il redonne à Mileva la place qui lui revient dans cette aventure qui a révolutionné la physique, bien que l'époque et sa condition de femme l'ont contrainte à une existence dans l'ombre.
Celle que l'on surnomma en son temps la Vierge Rouge reste un objet de fascination : qu'il s'agisse de condamner son tempérament exalté lors de la Commune de Paris ou d'admirer son héroïsme, de considérer son jugement politique et son activisme social ou d'apprécier l'institutrice anticonformiste, l'image a gardé tout son éclat .Le mystère « Louise Michel » a fait couler beaucoup d'encre. Les biographies romancées et les prétendues autobiographies foisonnent. Pour les écrire, chacun pioche dans les textes de la révolutionnaire, se sert, gomme ou remanie... Comme si, pour faire connaître la « vie » de Louise Michel, on commençait par oublier qu'elle en a été elle-même l'autrice. Comme s'il fallait commencer par la faire taire - au fond, comme si elle dérangeait toujours.
Dans ses Mémoires de 1886, on découvre une Louise Michel tour à tour adolescente facétieuse, institutrice féministe, révolutionnaire patentée, déportée en Nouvelle-Calédonie, combattante anarchiste, passionnée d'art et de science, enthousiaste de la nature... On découvre aussi la Louise Michel qui pense, qui parle et qui écrit, la plume acérée, la sensibilité à vif, la conscience intrépide.
L'enfermement systématique des lépreux sur l'îlot de Spinalonga, au large de la Crète, débuta en 1904. Il devait perdurer jusqu'en 1957.
Epaminondas Remoundakis y fut interné pendant vingt ans. Soucieux de revendiquer l'existence pleine d'un homme normal, il témoigne ici de la totalité de sa vie et non de son seul destin de proscrit.
Il raconte avec un talent virtuose sa jeunesse buissonnière, sa vie d'étudiant à Athènes, son arrestation, son quotidien sur l'île. À travers la mémoire des combats collectifs menés contre l'injustice et l'arbitraire, il nous convie à une traversée de l'histoire de la Grèce et nous renvoie aux grands récits des expériences concentrationnaires.
La Russie est-elle européenne? Qu'est-ce qu'être russe? Depuis le XVI? siècle, la Russie entretient un lien complexe et ambigu avec l'Europe occidentale. À la tête d'un véritable État-continent s'étendant de l'Europe à l'Asie, les tsars de Russie puis les leaders soviétiques n'ont cessé de s'interroger sur l'identité de leur pays et les relations à nouer avec l'Europe, tour à tour perçue comme modèle de modernité et d'efficacité ou comme source de danger et de subversion. D'Ivan le Terrible à Vladimir Poutine, les décideurs russes ont été confrontés à ce «dilemme»:fallait-il imiter l'Europe pour mieux la dépasser, ou bien s'en protéger voire la rejeter au nom de l'eurasisme?D'une plume alerte, en s'appuyant sur un vaste ensemble documentaire, Marie-Pierre Rey explore les tourments de l'identité russe, à la croisée de l'histoire des relations internationales et de l'histoire des représentations, pour mieux décrypter les positions géopolitiques de la Russie actuelle.
Joseph Kabris a eu une vie extraordinaire. Né à Bordeaux vers 1780, il s'échappe d'un baleinier pour s'installer sur une île du Pacifique. Là, dans ce monde qui lui est inconnu, il devient un guerrier redouté, se tatoue de la tête aux pieds et fait siennes les pratiques insulaires, jusqu'à la venue, en 1804, d'un navire russe qui l'arrache à sa terre d'accueil. Après avoir vécu quinze ans en Russie, Kabris regagne la France, où il apprend à raconter sa vie, lui donnant les traits d'une épopée.Comprendre comment on devient Joseph Kabris, voici l'ambition de Christophe Granger, qui examine comment cet individu s'intègre tout au long de sa vie à des mondes si contradictoires et comment, recyclant les passés qu'il a incorporés, il continue à vivre.En entrant en profondeur dans les moments de rupture et de reconversion qui déterminent sa carrière d'homme extraordinaire, cette enquête fascinante propose une biographie sociologique qui, à travers celle de Kabris, parle de toutes nos vies.