Etudes Strategiques
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 20
Cahiers D'Etudes Strategiques
- Cahiers D'Etudes Strategiques
- Cahiers D'etudes Strategiques
- 30 Décembre 1999
- 9782905758118
Dans ce deuxième rapport annuel, l'équipe de l'Observatoire Stratégique des Etats-Unis relève les innovations qui sont apparues dans le système américain au cours de l'année 1995-96 et apporte quelques clarifications sur les "troubles" qui continuent de perturber le discours stratégique d'outre atlantique, depuis la disparition de l'ennemi soviétique.
Les Etats-Unis ne peuvent pas gouverner la planète sans alliés. En fondant le leadership sur la domination informationnelle, l'école de la RMA (révolution dans les affaires militaires) assignait aux Etats-Unis l'objectif d'éviter l'émergence d'un "peer cometitor" (rival de rang égal, surgissant probablement du camp des alliés, logique contraire à l'alliance.
Articuler suprématie technologique et alliances est une tâche à laquelle on s'attaque en 1996. L'Air Force s'y essaie avec le concept de "coalition verticale" et de "parapluie informationnel" qui renoue, hors nucléaire, avec la notion de protection. La Navy ou l'Army tendent à ramener sur les côtes ou sur terre le principe des coalitions.
Le débat passe par une relecture des crises récentes : comment se sont nouées les coalitions ad hoc dans le Golfe, en Somalie, à Haïti, au Rwanda ? Comment ont fonctionné les alliances traditionnelles en Asie, au Proche Orient en Europe ?
L'IFOR-SFOR en ex-Yougoslavie aura été en 1996 le laboratoire de la nouvelle pratique des alliances.
La réforme de l'OTAN cherche sa voie entre le modèle des commandements intégrés, devenu archaïque, et le modèle des CJTF (Combined Joint Yask Forces), molécules de l'alliance atlantique, "modernes" mais n'intégrant pas de doctrine politico-stratégique.
La question des alliances surgit aussi au niveau du reconditionnement des industries d'armement : les coalitions d'états, nouées autour du "rapport des forces techno-industrielles".
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La gesotrategie des crises au "grand moyen-orient"
Ali Rastbeen
- Etudes Strategiques
- 15 Février 2009
- 3600125027066
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The three iranian islands of the persian gulf
Ali Rastbeen
- Etudes Strategiques
- 10 Mai 2008
- 9782952915724
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La crise iranienne : mythe ou realite ?
Ali Rastbeen
- Etudes Strategiques
- 20 Janvier 2008
- 3600125027011
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L'avenir geostrategique de la puissance indienne
Ali Rastbeen
- Etudes Strategiques
- 20 Avril 2008
- 3600125027028
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L'avenir de l'amerique latine enjeux strategiques et economiques
Rastbeen (Dir) Ali
- Etudes Strategiques
- 15 Août 2011
- 3600125027110
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La politique des etats de l'europe et de la russie au moyen-orient
Rastbeen (Dir) Ali
- Etudes Strategiques
- 20 Novembre 2008
- 3600125027080
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 21 : contrôler l'Eurasie
Cahiers D'Etudes Strategiques
- Cahiers D'Etudes Strategiques
- Cahiers D'etudes Strategiques
- 30 Décembre 1999
- 3663322008344
Au cours de l'années 1996-97, le débat stratégique aux Etats Unis se recentre explicitement sur l'axe géopolitique du vieux continent, théâtre immense de l'élargissement de l'OTAN. Ce rebroussement paraît marquer comme un retour de l'Armée de Terre au lieu d'articulation majeur entre l'hypertechnicité de la RMA et la manifestation concrète, c'est-à-dire politique et régionale, du leadership militaire. Dans les auditions au Sénat sur l'élargissement de l'OTAN et la prolongation de la présence militaire américaine en Bosnie, l'accent est bien mis sur la territorialité de la présence militaire physique comme condition du leadership. Les débats sur l'extension de l'OTAN et la gestion des crises dans les espaces de crise, qui s'étendent des Balkans à l'Asie centrale, voient se déployer tout un éventail d'argumentaires : des partisans d'une présence militaire physique, stratégiquement offensive, jusqu'aux isolationnistes de l'establishment plaident pour une délégation plus réelle aux européens de la stabilisation de l'Europe orientale et de la Russie. Tous s'accordent cependant pour maintenir les budgets de défense à des niveaux élevés. L'administration Clinton a proposé, en 1997, à travers la Quadrennial Defense Review, une nouvelle formulation de la stratégie de défense.
Les trois piliers de la nouvelle stratégie (façonner l'environnement international, riposter sur tout le spectre des crises, préparer un futur incertain), dessinent les bases d'un ajustement de l'instrument militaire aux tâches (présence dans le monde, protection, dissuasion, projection) que requiert l'exercice de la primauté politique. La recherche de la supériorité opérationnelle absolue, dans le présent et dans l'avenir, demeure le mot d'ordre. La modernisation programmée des forces de défense vise à dissuader des manoeuvres d'armement, concurrentes ou contournantes, par d'éventuels rivaux.
On s'interroge sur le statut du nucléaire américain : simple survivance, héritage anachronique : est-il en train de "muer", c'est-à-dire de s'adapter à une nouvelle réalité internationale ? La stratégie proprement dite s'affirme de plus en plus clairement comme une échelle raffinée, qui se déploie dans un univers fractal, comme un paradigme valable à toutes les échelles du combat et à chacune des étapes de passage du virtuel au réel.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 22 : Etat et firmes d'armement en Europe
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- Cahiers D'etudes Strategiques
- 30 Décembre 1999
- 3663322008351
L'Etat va-t-il être désarmé ? Peut-il l'être ? N'est-il pas en train, dans la plupart des grands pays européens de perdre ou de céder les moyens de contrôle qu'il avait historiquement accumulés pour que la production d'armement soit un secteur sur lequel il ait la haute main ? En effet, un spectre : la privatisation. Ce mouvement démarré en Grande Bretagne, en ce qui concerne les industries d'armement, s'est peu à peu étendu à la plupart des autres pays de l'Union européenne. Il se traduit non seulement par la disparition progressive des arsenaux, mais encore par l'abandon du contrôle du capital des entreprises d'armement des plus récentes dans l'électronique aux plus anciennes dans l'armement terrestre. Plus fondamentalement encore, c'est tout le monde de régulation économique de ce secteur de production qui est remis en cause: dans les modalités différentes, cette régulation était une régulation administrée, où les prix étaient pour des instruments de cohérence comptable ex post que des critères de décision ex ante. L'état avait une place prépondérante dans ce processus au moins théoriquement ; cette place est en train de se transformer.
Les entreprises étaient dans un rapport de dépendance marqué par rapport à l'Etat, parce que l'essentiel de leurs activités étaient militaires et que leur cadre juridique était national. Là encore ces deux facteurs sont en mutation profonde et les entreprises sont de moins en moins cantonnées à un face à face exclusif avec un pouvoir politique dispensateur de l'essentiel de leurs ressources. Leurs stratégies industrielles, sont donc plus autonomes, comme en témoigne l'allure de l'européanisation industrielle de ce secteur qui contraste avec la lenteur de l'européanisation politique. Ce mouvement d'ensemble traduit-il donc une perte de pouvoir de l'Etat, une marginalisation, une réduction de sa sphère d'action régalienne ? Les contributions rassemblées dans ce volume tentent de répondre à la question, en analysant les effets de la mondialisation, mais aussi ce qui ce passe chez les grands producteurs, qu'ils appartiennent ou non, à l'Union européenne, en précisant ce qu'était l'efficacité réelle des moyens de contrôle traditionnels de l'Etat et en tentant de discerner la portée des moyens nouveaux dont il disposera à l'avenir.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 19 : les territoires de l'Union
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008320
Mondialisation, fin des territoires, constituent des thèmes parallèles au processus de construction d'une Europe politique fixe comme but lors de l'élaboration du Traité de Maastricht. Depuis, lenteurs, hésitations et échecs, notamment en Yougoslavie, ont marqué les dernières années, au point que la "région Europe" loin d'être la forteresse par avance dénoncée, semble se replier sur les intérêts nationaux de chacun des Etats membres.
Les articles réunis ici, issus de travaux menés par le Groupe de sociologie de la défense de l'EHESS, portent sur les conditions de formation d'un territoire politique démocratique, les mécanismes d'intégration et de désintégration des Etats et enfin la dimension de sécurité intérieures et extérieure de cet ensemble.
La nécessité de définir des limites territoriales pour exprimer une volonté démocratique, y compris en politique étrangère, le maintien d'un rôle pour les structures étatiques, notamment en matière de régulation et d'homogénéité économique et monétaire, les possibilités militaires et industrielles d'une identité régionale de sécurité dans le cadre d'un élargissement des alliances traditionnelles.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 20 : nouvelle pratique des alliances ; le débat stratégique américain, 1995-96
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008337
Dans ce deuxième rapport annuel, l'équipe de l'Observatoire Stratégique des Etats-Unis relève les innovations qui sont apparues dans le système américain au cours de l'année 1995-96 et apporte quelques clarifications sur les "troubles" qui continuent de perturber le discours stratégique d'outre atlantique, depuis la disparition de l'ennemi soviétique.
Les Etats-Unis ne peuvent pas gouverner la planète sans alliés. En fondant le leadership sur la domination informationnelle, l'école de la RMA (révolution dans les affaires militaires) assignait aux Etats-Unis l'objectif d'éviter l'émergence d'un "peer cometitor" (rival de rang égal, surgissant probablement du camp des alliés, logique contraire à l'alliance.
Articuler suprématie technologique et alliances est une tâche à laquelle on s'attaque en 1996. L'Air Force s'y essaie avec le concept de "coalition verticale" et de "parapluie informationnel" qui renoue, hors nucléaire, avec la notion de protection. La Navy ou l'Army tendent à ramener sur les côtes ou sur terre le principe des coalitions.
Le débat passe par une relecture des crises récentes : comment se sont nouées les coalitions ad hoc dans le Golfe, en Somalie, à Haïti, au Rwanda ? Comment ont fonctionné les alliances traditionnelles en Asie, au Proche Orient en Europe ?
L'IFOR-SFOR en ex-Yougoslavie aura été en 1996 le laboratoire de la nouvelle pratique des alliances.
La réforme de l'OTAN cherche sa voie entre le modèle des commandements intégrés, devenu archaïque, et le modèle des CJTF (Combined Joint Yask Forces), molécules de l'alliance atlantique, "modernes" mais n'intégrant pas de doctrine politico-stratégique.
La question des alliances surgit aussi au niveau du reconditionnement des industries d'armement : les coalitions d'états, nouées autour du "rapport des forces techno-industrielles".
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 23 : concentration des industries d'armement américaines : modèle ou menace ?
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008368
A l'heure où les entreprises européennes de défense semblent enfin entamer un processus de regroupement, l'analyse des transformations récentes du secteur de production d'armement aux Etats-Unis s'avère indispensable.
Ce vaste secteur industriel a en effet connu une mutation sans précédent depuis le début des années 1990. Prenant en compte la modification du contexte stratégique au lendemain de la disparition de l'union Soviétique, la baisse du budget de la défense et le plan de réforme des méthodes d'acquisition du Pentagone, les industriels américains, sous l'impulsion de l'administration Clinton, ont procédé à des regroupements importants.
Aujourd'hui, le nombre des entreprises de défense, au niveau des maitres d'oeuvre et des équipementiers, s'est fortement réduit.
Mais une analyse détaillée monte que le mouvement de regroupement des entreprises a pu s'interrompre avant que les entreprises maitres d'oeuvre ne deviennent monopolistiques dans leur secteur d'armement.
En effet, seul le maintien de plusieurs entreprises en compétition pour les contrats du Pentagone peut garantir un niveau de R&D suffisant. La R&D apparaît comme une clef de la compétitivité des entreprises dans le domaine de l'armement, qui incorpore de nombreuses nouvelles technologies.
Il semble que, dans l'avenir, le contrôle exercé par l'administration américaine sur les industries d'armement nationales pourra se maintenir. La préservation de plusieurs entreprises de niveau maitre d'oeuvre sur chaque segment de production, face à un unique client national met ce dernier en position de force. Il restera à même d'exiger une modération des prix et la permanence des innovations technologiques.
En Europe, le regroupement des entreprises, devenu nécessaire, pourra-t-il éviter la création de grandes firmes en situation de monopole pour chaque type d'armement? Une telle évolution serait néfaste à la fois pour les performances de la R&D et de la compétitivité européennes, mais aussi pour la marge de manoeuvre des différents Etats d'Europe, clients de ces firmes.
Le maintien d'une capacité de production forte et inventive en Europe est indispensable pour faire face à la concurrence des entreprises américaines. Si les relations entre firmes d'armement américaines et européennes s'étoffent à l'heure actuelle de multiples projets communs, cela n'empêche pas leur lutte pour la conquête des marchés extérieurs de se poursuivre avec intensité.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 25 : défis asymétriques et projection de puissance ; le débat stratégique américain, 1998-1999
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008375
Au bout de quatre années de suivi des débats, l'Observatoire de la stratégie américaine du CIRPES fait le bilan des tentatives de mise en forme de la stratégie du XXIe siècle des États-Unis en analysant les paradigmes de la transformation : RMA, civilianization, asymétrie, guerre de l'information, contreprolifération et défense antimissiles, space power, projection de puissance.
Le débat intersubjectif américain (Congrès, Exécutif, Pentagone, analystes de la défense) avait abouti à un appel à la "Révolution dans les affaires militaires" (RMA), à la réforme radicale pour faire face aux mutations translocalisantes et réticulaires de l'environnement international. Ce nouvel environnement (au sens darwinien) est le vecteur de menaces non-étatiques et "asymétriques" auxquelles les forces armées US, préparées essentiellement pour une guerre conventionnelle de masse, peuvent difficilement faire face (terrorisme, narco-trafic, prolifération, guerres interethnique, urbaine, de prédation, de l'information).
Or, aujourd'hui il apparaît que non seulement la réforme vers la RMA, programmée pour 2025, est laborieuse et peu convaincante (sa faisabilité est remise en cause), mais également que la notion même de RMA a peu d'emprise conceptuelle. Vers quel paradigme métastratégique peut-elle conduire? On perçoit bien que la RMA a des ambitions stratégiques démesurées qui consistent à vouloir transformer la guerre elle-même, dans ses voies et moyens et dans ses modes, à la "dompter" (full spectrum dominance). Il s'agit pour les stratèges américains, de se donner les moyens (capabilities) de vaincre (neutraliser) tout adversaire, non plus par les potentialités stratégico-politiques de la menace d'escalade (dissuasion) mais par l'évitement du conflit (military diplomacy), la préemption ou l'attaque décisive. Or ce schéma idéal est entaché par une série d'inconnues : comment maîtriser l'asymétrie, protéger les systèmes informationnels, recadrer la doctrine nucléaire, assurer le contrôle des moyens spatiaux, en somme, comment permettre la projection de puissance américaine au XXIe siècle.
La réforme du système stratégique américain est expérimentale et systémique. Au niveau opérationnel, la conceptualisation des différents acteurs (les quatre armes, l'interarmes, les commandements combattants), tend vers la réalisation de la Révolution dans les affaires militaires selon des schémas différents mais qui ont tous pour objectif : l'intégration des technologies de l'information (network-centric warfare), afin de limiter ou résoudre tout conflit à son niveau le plus bas en neutralisant l'ennemi (par la paralysie informationnelle et/ou la létalité ciblée et décisive) dans la phase initiale du conflit (préclusion stratégique), avec des forces peu nombreuses et dispersées. A un niveau stratégique, l'intégration n'est plus seulement informationnelle ("système des systèmes") mais elle est également civilo-militaire au sens le plus large (civilianization) selon deux processus parallèles, la Revolution in Business Affairs (RBA) et l'intégration décisionnelle civilo-militaire.
L'asymétrie apparaît comme l'inquiétude majeure des stratèges américains, qui estiment que la domination américaine dans le domaine militaire conventionnel peut encourager les adversaires à utiliser des moyens asymétriques. On peut s'interroger sur la portée du concept de l'asymétrie, notamment dans la reformulation de la grammaire stratégique. Le paradigme de l'asymétrie ne va-t-il pas imposer la norme stratégique du fort au faible pour contrecarrer la stratégie du faible au fort ? Les Américains ne sont-ils pas en voie de reproduire les effets pervers de la stratégie nucléaire, qui à terme a incité les nations en quête de puissance à essayer d'entrer dans le "club" ?
Le défi asymétrique le moins maîtrisable est sans doute la guerre de l'information. L'émergence d'un nouvel espace d'action et de télécommunication interconnecté, le cyberspace, rend caduque la notion de sanctuaire national, et fait apparaître de nouvelles vulnérabilités à grande échelle. La National Information Infrastructure (NII) incarne un ensemble de dispositifs d'accès, de transport, de traitement et de protocoles informatiques permettant la transmission d'informations en temps réel et la transaction sans obstacles douaniers et tarifaires (e.commerce). Ce qui est visé c'est l'intégration des réseaux numériques d'information américains, privés et publics, civils et militaires, au sein d'une même architecture, et à terme l'intégration d'un système mondial (Global Information Infrastructure).
L'autre grand défi asymétrique est la prolifération des armes de "destruction massive" (missiles balistiques, armes nucléaires, biologiques et chimiques). Plus une question politique que militaire, la sanctuarisation du territoire US demeure l'orientation majeure du débat au Congrès. Les essais indiens et pakistanais, les rebondissements des inspections en Irak, les essais de missiles nord-coréens et iraniens, ont dramatisé le débat sur la défense antimissile du territoire américain (National Missile Defense). Aujourd'hui le gouvernement américain apparente le programme NMD au projet "Manhattan".
La domination spatiale, le Space power, sera sans aucun doute le concept nodal de la géopolitique du XXIe siècle. Tout comme le Sea power au XIXe siècle permettait le contrôle impérial par la maîtrise des lignes de transit et quelques points d'ancrage stratégiques, le Space power détient les clés du contrôle informationnel et logistique. Depuis les années 1950 les États-Unis affinent l'exploitation des applications spatiales aussi bien dans le cadre militaire que dans le cadre commercial. Les forces armées américaines se sont dotées de puissants instruments de maîtrises de l'observation, de la navigation, et des télécommunications spatiales (National Imagery and Mapping Agency, modernisation du système GPS, recours à des satellites de télécommunications militaires et commerciaux). Le Space power est un instrument de puissance géopolitique, mais il est également envisagé comme un moyen stratégique de sanctuarisation national, avec le projet de défense antimissiles (NMD).
La projection de puissance est l'ultime but du système stratégique américain. Les représentations stratégiques de la projection de puissance sont historiquement marquées par l'expérience interventionniste dans le bassin des Caraïbes. Cette expérience "proto-coloniale" semble, à bien des égards, former la matrice de la projection de puissance (militaire et géopolitique) vers le Moyen-Orient (la "Sud stratégique" des États-Unis). Au schéma de la proximité de l'"arrière-cour", correspond aujourd'hui le modèle de la projection directe CONUS (Continental US)->étranger. Il n'est d'ailleurs plus question de présence en avant (forward presence) mais de présence à l'étranger (overseas presence). La configuration de forces pléthoriques stationnées à l'étranger, constituant le bord d'attaque pour un renfort à grande échelle, est en voie d'obsolescence. Le quadrillage informationnel des aires potentielles d'intervention, le prépositionnement, la normalisation croissante des forces armées locales, ainsi que les moyens de projection directe CONUS->étranger, devraient permettre la déterritorialisation progressive de la puissance américaine.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 26 : projections de forces et paix en panne ; Colombie, Balkans, Moyen-Orient ; le débat stratégique euro-américain, 1998
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008382
Perception américaine de la Turquie Les États-Unis portent un intérêt particulier à la Turquie, leur allié au sein de l'OTAN. Les intérêts communs de ces deux pays dépassent cependant ce cadre. Trois responsables américains de haut rang exposent leur perception de la Turquie : Strobe Talbot, Secrétaire d'État adjoint, Dona Bauer, directrice adjointe du bureau de l'Europe du Sud au Département d'État et enfin, Mark R. Parris, ambassadeur américain à Ankara.
L'Union Européenne et la Turquie L'Union douanière, qui fonde une approche nouvelle, "purement technique", des relations entre l'Union européenne et la Turquie, est un "partenariat stratégique" erroné avec un pouvoir déstabilisant par sa politique intérieure et extérieure. L'UE devrait revenir à sa politique de principe, conditionnant les accords économiques avec des progrès politiques vers l'État de droit, et ne pas abandonner la restauration, selon les critères européens, de la démocratie en Turquie.
Les États-Unis et le facteur kurde Le peuple kurde, 30 millions de personnes environ, se trouve en position de minorité plus ou moins importante dans plusieurs États : en Turquie, en Irak, en Iran, en Syrie... Les Etats-Unis traitent différemment cette question : les kurdes irakiens ou turcs ne reçoivent pas la même attention. L'auteur analyse ici l'État des rapports kurdo-américains. La question kurde, pour Washington, est traitée en fonction de ses intérêts stratégiques globaux au Proche-Orient.
Perception américaine de la stratégie de l'eau au Moyen-Orient Le problème de l'eau au Moyen-Orient pourrait provoquer des conflits graves. Les États-Unis ont accordé, depuis les années 1950, une attention particulière à cette question. Les fleuves transfrontaliers font que le partage de cette richesse et sa gestion impliquent plusieurs États et posent le problème de la sécurité de leur pays. La vision américaine à ce propos fait partie intégrante de leurs projets de coopération et d'alliances régionales.
Le pétrole et la politique américaine autour de la Caspienne Les responsables américains affirment que leurs objectifs dans la région de la Caspienne sont la démocratisation et les réformes économiques visant l'intégration de cette région à la communauté internationale. Leur politique pétrolière dans cette région pourrait, cependant, poser des problèmes à d'autres acteurs régionaux (la Fédération de Russie, l'Iran...) dans la mesure où cette politique a, certainement, un horizon stratégique.
La Turquie et le Moyen-Orient Depuis sa fondation en 1923, la République turque a été très prudente dans sa stratégie proche-orientale. Cette donne a changé depuis la deuxième guerre du Golfe. Depuis, elle mène une stratégie active au Proche-Orient. Sa confrontation, à l'automne 1998, avec la Syrie et son opposition à l'"Accord de Washington" entre les deux partis kurdes irakiens, sont deux illustrations de la nouvelle stratégie turque dans cette région.
Les États-Unis et le processus de paix d'Oslo Après un blocage de 18 mois environ, des négociations israélo-palestiniennes (processus d'Oslo), les États-Unis ont réussi à relancer ce processus lors d'une réunion tripartite (Israël, l'Autorité palestinienne et les États-Unis, auxquels s'est associé le roi Hussein) qui a duré 8 jours. Résultat : Le "mémorandum de Wye River". Ce mémorandum, selon Martin Indyck, est supposé relancer non seulement le processus d'Oslo mais aussi du processus de paix israélo-arabe.
Les processus de paix en panne Israël/Palestine Après avoir souligné, dans l'introduction, que la négociation de l'espace est une nouveauté née en marge des négociations israélo-égyptiennes de Camp David (septembre 1978), et résumé la position israélienne sur cette question par la formule de "l'espace du contrôle", l'auteur souligne une autre nouveauté, incluse dans l'Accord de Wye River, représentée par "le mécanisme de mise en application de cet accord". Néanmoins, ce mécanisme a été bloqué par le gouvernement israélien et la violation de ses propres engagements. Le texte analyse ensuite la question du "type de contrôle spatial que les israéliens souhaitent conserver", "le contrôle des mouvements comme enjeu de pouvoir", le rôle des routes de contournement et leurs conséquences ainsi que la "militarisation de l'espace économique par la pratique du bouclage" avant de conclure en avançant l'hypothèse de l'" 'indépendance par l'immatériel" en analysant la convoitise autour du réseau téléphonique.
L'Autorité nationale palestiniene, entre l'Amérique et l'Europe La deuxième guerre du Golfe a mis l'OLP dans une situation difficile. La délégation jordano-palestinienne à la conférence de Madrid s'est trouvée court-circuitée par des négociations secrètes directes entre l'OLP et le gouvernement travailliste israélien (élu à l'automne 1992). La déclaration de principe d'Oslo ouvre une nouvelle étape dans l'histoire du conflit israélo-palestinien et israélo-arabe. Les Etats-Unis et l'Union européenne entent de régler l'impasse actuelle du processus de paix. Quels sont les scénarios éventuels pour sortir de cette impasse ?
La prépondérance américaine et l'incohérence des "puissances" dans l'impasse yougoslave L'analyse stratégique de l'incohérence systémique qui prévaut, entre les critères européens et les critères américains d'intervention dans les Balkans, permet de définir les menaces que cette configuration comporte pour le présent et l'avenir.
Il existe une définition européenne de la sécurité par "système de bon voisinage et ordre territorial", en opposition avec la conception américaine actuelle qu'on peut définir comme "extension des réseaux et maîtrise du chaos, grâce à une représentation de la victoire totale par la supériorité latente". Les critères moyens, produits empiriquement par l'OTAN ou par l'ONU ne peuvent fonder des stratégies cohérentes et ne font que paralyser le débat politique qui seul pourrait éclaircir la situation et aboutir à la mise au point d'une "nouvelle doctrine de l'OTAN" qui ne soit pas seulement une nouvelle hégémonie américaine sur l'Europe. La Bosnie et le Kosovo ont été (pour leur malheur) les lieux choisis pour tester les rapports euroaméricains de l'après guerre froide, dans des conditions où l'absence de préparation, l'absence de transparence et l'absence d'unité de vue entre européens se sont additionnées.
Dans la deuxième partie, une chronique de 1998 est analysée par étapes pour y déceler les points particuliers où se reproduit l'incohérence persistante.
Cette étude a été rédigée entièrement bien avant la décision des frappes OTAN sur la Serbie. Elle concerne donc l'année 1998, et même si on peut dire que les opérations décidées par l'OTAN unanime, malgré les grincements italiens ou grecs, a été un moment de cohésion otanienne, l'analyse de l'incohérence structurelle demeure nécessaire pour comprendre l'échec de la prévention qui a permis l'expulsion d'un million de Kosovars au printemps 1999 au lieu de l'empêcher.
Colombie : guerre à trois camps, processus de paix "en panne"et intervention américaine La Colombie est à classer dans les crises de décomposition de l'État et dans les processus de paix en panne de l'après guerre froide. La guerre de l'Etat contre les guérillas communistes (FARC) et guévaristes (ELN) puis de l'État contre les maffias du narco-trafic et de la narco-agriculture, a fini par conformer une guerre à trois camps (armée, guérillas, paramilitaires) que le gouvernement Samper (libéral) a cherché à engager dans une négociation de paix à trois.
Le président Pastrana (conservateur) ouvre sa présidence en 1998 par une volonté politique affirmée de négocier avec la guérilla et d'affronter, au contraire, les paramilitaires, directement subventionnés par les mafias de la drogue et aidés par certains secteurs de l'armée et qui pratiquent une guerre barbare contre les populations rurales des zones FARC (1,5 million de personnes déplacées en Colombie ont afflué vers les villes depuis cinq ans). En défendant les droits de l'homme et la modernisation-épuration de l'armée et sur la promesse d'une réforme agraire anti-narco, le président Pastrana, bénéficie d'un appui fragile, paradoxal et disjoint, à la fois de la Maison-Blanche et des FARC. Le poids d'une diplomatie latino-américaine régionale et de l'Europe pourrait consolider ce processus risqué, dans un pays ou l'Etat est au bord de la faillite, mais où la société civile n'a pas renoncé à la paix.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 27 : naissance de l'Europe de l'armement
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008429
La transformation des industries d'armement européennes commence à la fin des années quatre-vingt quand en Grande-Bretagne est lancé le mouvement de privatisation, qu'en Allemagne, Daimier-Benz rassemble dans Dasa les deux tiers de la production allemande de défense, qu'en France même se font les premiers changements de statuts avec les pertes d'indépendance de Turboméca ou de Luchaire, ou la naissance de Sextant avionique. L'OPA conjointe de Siemens et GEC sur le britannique Plessey introduit une dimension européenne dans les recompositions. Le mouvement continue dans les années quatre-vingt-dix avec le démantèlement de Ferranti en Grande-Bretagne, la transformation des arsenaux terrestres français en société, GIAT industries, et la naissance de pôles nationaux forts en Grande-Bretagne (British Aerospace et GEC) et en Allemagne (DASA). Le tissu industriel français de l'armement dans la première moitié des annéesquatre-vingt dix reste plus distendu que celui de ses voisins. Cependant les conditions de la mutation du système français se mettent en place, le conduisant d'une régulation administrée à une régulation concurrentielle. L'urgence d'une recomposition européenne devient plus cruciale avec le formidable mouvement de concentration de l'industrie américaine qui de 1993 à 1997, fait naître trois groupes géants dont les prétentions hégémoniques sont à peine dissimulées. Une première accélération des changements se fait en France en 1998 avec les décisions de privatisation du groupe Thomson-CSF, élargi par son rapprochement avec Alcatel et Dassault Electronique et l'alliance entre Aérospatiale et Matra Hautes Technologies. Ces décisions qui mettent fin au contrôle unique du capital des firmes par l'Etat préparaient les conditions des rapprochements européens nécessaires.
L'année 1999 est celle d'une nouvelle accélération du processus et l'on peut à bon droit considérer qu'elle marque la naissance de l'Europe industrielle de l'armement. La constitution de Bae Systems par l'intégration dans Bae des activités militaires de son compatriote GEC, la naissance d'EADS, rassemblant Aérospatiale-Matra, Dasa, Casa, puis Alenia, la constitution pour l'activité spatiale d'Astrium, l'élargissement dans le secteur des missiles de MBD, devenant le numéro 2 mondial du secteur : toutes ces concentrations ont en quelques mois bouleversé le paysage européen des industries d'armement et modifié substantiellement le rapport de force avec les industries américaines.
Ce bouleversement n'est cependant qu'un point de départ : il faut réussir économiquement ces fusions. Il faut surtout qu'une construction politique accompagne cette construction industrielle : les travaux des six pays de la Loi, la mise sur pied de l'OCCAR sont des éléments de cette construction politique mais il sera nécessaire d'aller au-delà pour avoir les moyens doctrinaux de penser l'autonomie stratégique nécessaire à l'Europe.
Une vision affirmée de cette autonomie est d'autant plus nécessaire qu'il est évident que l'administration américaine et les industries du secteur ne resteront pas inactives face à cette modification des conditions de la compétition internationale. Si les " méga-fusions " paraissent bien être remises à un futur indéfini en ce qui concerne l'ensemble aéronautique-espace-électronique, on peut en revanche s'interroger sur la vulnérabilité des secteurs classiques (armement terrestre en particulier) dont la concentration est loin d'être au même niveau que celle de l'aéronautique.
La constitution de l'Europe de l'armement, jusqu'à présent essentiellement portée par le mouvement industriel, rend plus urgente que jamais la concrétisation d'une Europe politique capable de se doter d'une défense unique, comme elle est en train de se doter d'une monnaie unique.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 28 : la globalisation : "nouvelle frontière" du leadership américain ?
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008436
La globalisation devient un paradigme central du débat stratégique américain alors que le "consensus de Washington" s'écroule face à une série de crises qui entament sérieusement l'optimisme néolibéral. La crise asiatique de 1997-1998 qui s'est traduite par de violents conflits (nettoyage ethnique en Indonésie, crise russe et reprise de la guerre en Tchétchénie), et l'aggravation des crises en Amérique Latine aboutit au constat d'échec du modèle de la market democracy supposée allier libéralisation économique et démocratisation. La globalisation a entraîné la prédation mafieuse, la corruption massive grévant les institutions politico-juridiques, et la décomposition sociale des États à l'économie "émergente". L'extension des "zones grises" (effacement des frontières interne/externe, public/privé, civil/militaire) confère aux acteurs non-étatiques une autonomie stratégique (et un pouvoir asymétrique), tout comme il oblige l'État à utiliser de nouveaux relais non- et trans-étatiques (diplomatie privée, intégration des ONG dans l'action politique et dans le "civilo-militaire").
Dans ce contexte la RMA (Revolution in Military Affairs) perd de sa pertinence dans la mesure où elle demeure fondée sur une approche capacitaire (intégration aux systèmes de défense des technologies de l'information, et after-next des bio- et nanotechnologies) qui a peu d'emprise conceptuelle sur la mutation sociale du militaire. Or, cette mutation n'induit pas seulement un changement dans la natures des conflits et des opérations. Elle touche également l'institution militaire américaine où elle s'illustre par un vif débat sur le rapport entre le pouvoir politique et le pouvoir militaire : des analystes de la National Defense University qui demandent l'implication de la communauté de sécurité nationale dans la décision sur l'attribution des fonds du FMI, aux généraux qui ont publiquement condamné l'auto-limitation dans les buts politiques de la guerre contre la Serbie.
La mondialisation est à considérer comme le processus géoéconomique de la globalisation : l'abandon d'une économie internationale au profit d'une "économie mondiale" qui aurait son propre principe de régulation et ne relèverait plus de l'ordre des décisions internes nationales ni des règlements étatiques. La mondialisation remet en question la hiérarchie des nations et permet des bouleversements rapides. Le pouvoir s'est déplacé des États vers les technostructures internationales, les firmes transnationales et une nébuleuse maffieuse. La mondialisation a ouvert à ces acteurs non-étatiques un condensé de puissance et renforce leurs moyens stratégiques.
Face à ce risque de "nouvelle donne" techno-économique et à terme stratégique, les États-Unis tentent de renforcer leur monopole informationnel. Dans le domaine du cyberpower la suprématie américaine peut être atteinte par l'avance qu'ils ont acquis aussi bien au niveau technologique que sur le plan de la codification des normes et standards, l'extension des vulnérabilités et la sanctuarisation. La sanctuarisation s'effectue à travers le développement d'exercices et de structures visant à la protection des systèmes. Les limites à la domination américaine dans le domaine sont le manque de techniciens compétents, et l'incertitude quant aux normes et au droit international qui vont se développer dans le domaine.
Dans le domaine de l'observation spatiale les Etats-Unis n'ont plus le monopole des systèmes, civils et militaires, et doivent faire face à la concurrence des Européens. On peut penser que le maintien du leadership américain en matière d'information d'origine spatiale va se jouer sur d'autres plans : l'exploitation de l'information (cf. la NIMA) et le développement des armes anti-satellites.
La maîtrise de la complexité de l'environnement constitue le coeur de la stratégie américaine (shaping the world) et le fondement du leadership américain. Elle permettrait la projection de puissance à moindre risque et à moindre coût, surtout dans des contextes de "zones grises". Pour gérer la complexité des nouveaux types de crises et conflits, la stratégie américaine tend d'une part vers l'intégration interarmes - jointness - et d'autre part vers l'intégration des facteurs décisionnels civils et militaires. L'enjeu de la jointness n'est pas seulement organisationnel, il est stratégique. En effet, la faiblesse de la jointness est un obstacle à l'optimisation des nouveaux outils informationnels pour la rationalisation vers plus de mobilité, de flexibilité, de versatilité et d'allègement des unités combattantes, qui à terme devrait permettre la sortie de l'ère de la "massification".
L'intégration civilo-militaire est un processus de rationalisation assurant le continuum entre les phases d'urgence, de rétablissement de la paix, de reconstruction et de développement, évitant la duplication des systèmes, infrastructures et réseaux et comblant le vide politique dans les phases post-intervention. Mais cette intégration signifie aussi une militarisation des moyens et acteurs civils et privés. Le modèle américain "intégrationniste" préconnisé dans la PDD 56 (presidential directive 56) constitue un instrument de normalisation systémique de tous les acteurs susceptibles de participer aux règlements des conflits : une grille (grid) englobant les acteurs nationaux, intergouvernementaux et nongouvernementaux, les alliances et coalitions militaires, et les médias.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 30 : la consolidation de l'Europe de l'armement face au défi transatlantique
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008467
Après les concentrations décisives de l'industrie européenne d'armement en 1999, L'année 2000 a été celle de la consolidation de ces mouvements industriels. Cette consolidation se concrétise par la naissance officielle d'EADS troisième groupe mondial d'aéronautique et de défense, conforté par le lancement de l'Airbus gros porteur a380 dans le domaine civile et de l'avion de transport militaire européen 400M dans le domaine de la défense, par la transformation de Thomson-CSF qui après avoir absorbé le britannique Racal devient Thales, par la simplification des structures d'Eurocopter, qui bénéficie du lancement du programme d'hélicoptère NH90. Cette consolidation, malgré l'euphorie de l'année 1999, n'était pas aisée comme le montrent le retard pris par la société commune de missiles ainsi que les difficultés de négociation de la firme spatiale Astrium avec des partenaires italiens, toujours tentés par une alliance américaine. Mais bon nombre de difficultés ont été dépassées et on voit le mouvement de concentration européen commencer à s'étendre au secteur des motoristes et des équipementiers. De même, les premiers linéaments d'une réorganisation européenne dans les secteurs traditionnels de l'armement naval et de l'armement terrestre commencent à poindre, même si, pour ce dernier domaine, les prises de contrôle américaines, contournant l'ensemble "aéronautique-spatial-électronique" plus difficile à pénétrer, rendront les alliances plus difficiles.
Cette consolidation donne évidemment des atouts industriels importants à l'Europe dans le domaine de la défense, mais elle fait naître également des problèmes nouveaux en ce qui concerne les rapports entre firmes productrices d'armements et Etats. Plus globalement cette évolution pose de manière cruciale la question d'une construction politique de l'Europe de la défense.
L'importance de cette dimension politique est clairement mise en évidence par la complexité des rapports transatlantiques : le développement des moyens de "concurrence oblique" par les sociétés américaines, soucieuses de rétablir une marge d'avance qui s'est amenuisée, la mise en oeuvre d'une stratégie de contournement passant par la prise d'intérêt dans les secteurs de production non encore concentrés, la "nouvelle course" à la technologie illustrée par la national missile defense (NMD) aujourd'hui rebaptisée Missile defense pour être proposée de manière plus attractive aux européens font que la décennie 2000 sera marquée par cet affrontement indissolublement industriel et politique, dont l'enjeu est la maîtrise des marchés d'armements des pays amis et alliés dune part et des pays émergents du tiers monde d'autre part. Le risque pour l'Europe est de se laisser enfermer dans une position de challenger, bornée par un logiciel stratégique américain qui n'est pas celui qui est nécessaire à une Europe autonome politiquement et stratégiquement.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 31 : vers une "grande transformation" stratégique américaine ?
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008474
L'après 11 septembre ne saurait annoncer un repli isolationniste ni même une "fragilisation" de la puissance hégémonique américaine. Bien au contraire, l'attaque terroriste majeure met en scène les "nouvelles menaces asymétriques" et annonce un nouveau consensus, interne et international, sur la nécessité de la transformation géostratégique comme ajustement à la "grande transformation" qu'est la globalisation. Cet ajustement prend la forme d'un remodelage de la sécurité nationale selon de nouveaux rapports interne/externe, civilo/militaire, privé/public et un contrôle américain accru des flux et des réseaux transnationaux - légaux et illégaux - y compris par l'abaissement des barrières du droit et de la souveraineté territoriale.
L'asymétrie, en tant que référent qui permet l'évaluation des rapports de forces sociaux y compris militaires, est devenue le paradigme dominant du débat stratégique américain. En rupture avec l'optimisme libéral techniciste du début des années 1990 - intégration systémique du marché global allié à la supériorité techno-militaire de type RMA - le débat est aujourd'hui centré sur la nécessité de contrecarrer les forces négatives et asymétriques de la globalisation, de refonder le consensus mais également de développer les moyens du métacontrôle social. La sécurité nationale devient ternaire et renvoie désormais aussi bien à la projection de puissance à l'extérieur qu'à la homeland security et à l'action transnationale, entraînant une refonte structurelle de type "privatiser la sécurité, militariser les agences de police et gendarmifier le militaire". En restreignant les possibilités de l'intervention (économique et militaire) et empêchant l'attaque stratégique décisive, l'as! ymétri e renvoie les Américains à l'option de la stratégie capacitaire et à la multiplication des scénarios selon tous les futurs possibles, de l'Armageddon nucléaire au "Pearl Harbor" spatialo-cybernétique en passant par la subversion criminalo-terroriste généralisée.
La révision de la doctrine stratégique américaine formalise les nouveaux formats, voies et moyens, de la projection de la puissance américaine, non pas seulement militairement mais aussi technologiquement et géopolitiquement. Elle codifie : la réévaluation de la doctrine nucléaire et la défense antimissile ; la dominance informationnelle et la montée du space-cyberpower ; l'abandon du schéma de la "défense de l'avant" régionale au profit de la "projection de force" globale.
Alors que la position traditionnelle du recours au nucléaire uniquement contre les Etats nucléaires est remise en cause, l'antimissile permet de sortir de la paralysie du MAD (Mutual Assured Destruction) et d'envisager l'emploi de la force. Perçue comme la condition sine qua non de la transformation stratégique et du maintien de l'hégémonie, l'infodominance, acquise par le biais du contrôle du space-cyberpower, permet de compenser la perte de la sanctuarisation et du contrôle panoptique. La nouvelle QDR, Quadrennial Defense Review, entérine la décision politique autant que stratégique de la réduction des forces américaines déployées à l'étranger, formalisant le modèle de la projection de force essentiellement à partir du territoire américain et de quelques bases régionales, combinant le recours aux bombardiers à long rayon d'action, les plates-formes de missiles navales et des forces expéditionnaires réduites.
Une réévaluation stratégique et capacitaire des forces expéditionnaires permet à la puissance hégémonique américaine d'assurer le contrôle des zones géostratégiques d'intérêts privilégiés et des dynamiques de crises sans entamer la disponibilité opérationnelle de ces forces. Trois de ces pratiques semblent appelées à se développer dans l'avenir : le développement des moyens civilo-militaires en matière de gestion des opérations de paix, notamment par le déploiement durable de moyens de police ; l'externalisation d'un ensemble de missions de logistique, de formation des forces armées locales mais aussi le recours à des sociétés privées de services militaires ; et la délégation de la maîtrise de la gestion de crises et des opérations de paix aux Alliés La militarisation de l'espace comme aboutissement du spacepower, devient un élément central du maintien et d'adaptation de l'hégémonie américaine. Historiquement, la militarisation de l'espace découle de la recherche de la suprématie militaire par la mise au point de missiles et de missiles anti-missiles, l'emploi militaire de satellites et d'anti-satellites, et la volonté de maîtrise de l'information par la capacité d'observation, de renseignement, de traitement et de diffusion. Face à la complexification de la distribution mondiale de la puissance, le médium spatial est envisagé comme le moyen stratégique d'installer un système de maillage de la planète surimposant la puissance américaine à l'ensemble des activités sociales terrestres, aussi bien militaires qu'économiques, culturelles et médiatiques.
L'accroissement des attaques cybernétiques et la dépendance accrue du système infrastructurel américain aux réseaux informatiques et de télécommunication incitent les Etats-Unis à développer une stratégie de surveillance ubiquitaire informatique, reposant sur la militarisation de l'espace cybernétique. Cela aboutit à la mise en place d'un édifice sécuritaire souvent opaque, au sein duquel la National Security Agency (NSA) et son réseau Échelon constituent la pièce maîtresse d'un dispositif de surveillance globale. Cette propension à l'ubiquité informationnelle nécessite un contrôle effectif de l'espace extra-atmosphérique, au sein duquel sont amenées à évoluer les constellations satellitaires de télécommunication globale. L'espace extra-atmosphérique au tant que l'espace cybernétique devient un théâtre de contrôle informationnel exercé par le Pentagone, qui tend vers l'acquisition de la Global Awareness.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 34 : 2001 : l'Europe de l'armement en panne ?
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008504
Si l'année 2001 a été marquée par les attentats du onze septembre et par les accélérations d'évolution doctrinales qui s'en sont suivies, elle n'a pas été une année de bouleversements majeurs dans le domaine des systèmes de production d 'armement. L'augmentation des dépenses militaires américaines a poursuivi une tendance qui était observable depuis 1999 et donc nettement antérieure aux attentats. Et si ceux-ci ont renforcé la propension à l'unilatéralisme de l'administration américaine, cette propension était déjà sensible auparavant.
En Europe, les trois grands groupes issus du mouvement d'européanisation des années 199-2000 ont poursuivi leur évolution : BAe Systems qui a dénoué sa coentreprise avec Thales dans les sonars paraît de plus en plus tentée par l'horizon américain; Thales continue sa stratégie de multidomesticité, avec un retrait progressif d'Alcatel et EADS a noué des accords importants avec la Russie. A ce bilan plutôt satisfaisant on pourrait ajouter la naissance de MBDA "l'Airbus des missiles", deuxième producteur mondial derrière Raytheon mais devant Lockheed-Martin.
Pourtant, le sentiment d'ensemble quant à l'évolution européenne dans l'année 2001 est celui "d'une étrange langueur" : la naissance de MBDA a demandé deux ans de tractations. Dans le secteur spatial, Astrium n'a pas pu trouver un accord avec les italiens. Les programmes en coopération européenne aussi symboliques que l'avion de transport militaire A400M ou le missile Meteor n'ont pas reçu, cette année 2001, les commandes définitives qui étaient attendues et les principaux protagonistes multiplient les montages ingénieux pour éviter d'annoncer un échec.
Les secteurs d'armement terrestres et navals qu'on savait objet des visées américaines dans une stratégie de contournement à l'oeuvre depuis 1999 ont subi une pression plus forte en 2001, notamment avec la conclusion de la prise de contrôle par General Dynamics du constructeur terrestre espagnol Santa Barbara. Cette opération s'inscrit dans le cadre d'une activité plus importante vers l'Europe des firmes américaines dont la hiérarchie a de nouveau été bouleversée en 2001 avec la montée en puissance de Northrop Grumman qui, avec les prises de contrôle de Litton industries et de Newport News Shipbuilding est devenu le troisième industriel américain du secteur. Dans cette compétition plus marquée entre les firmes américaines, les opérations de croissance externes en Europe deviennent déterminantes. D'autant que les problèmes de souveraineté qu'impliquent ces opérations ne préoccupent pas les Etats-Unis qui considèrent avec hauteur l'union européenne, sommée, selon les termes de richard Perle, de coopérer ou "d'aller au diable".
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 32 : stabilisation des Balkans ?
Cahiers D'Etudes Strategiques
- Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 3663322008481
Ce Cahier d'Etudes Stratégiques, de la série "débat stratégique euro-américain" est consacré entièrement à la stabilité des Balkans. Mais deux autres CES suivront : l'un portera sur le conflit israélo-palestinien et le Processus de Paix actuellement menacé ; l'autre portera sur les Etats-Unis et l'Europe à l'égard des situations conflictuelles en Amérique Latine et notamment le processus de paix en Colombie.
Nous continuerons ainsi à suivre de près, mais dans des publications séparées, les trois zones de conflits et de négociations au sujet desquelles des points de vue européens et américains se mêlent et parfois s'affrontent.
Quant à ce numéro 32, plus spécifiquement consacré à la stabilité dans les Balkans nous tenons à souligner qu'il ne vise pas à analyser tous les aspects de conflictualité et de stabilité dans cet espace, essentiel pour l'avenir de l'élargissement de l'U.E. et la coopération euro-américaine. Le choix des textes publiés, présentés lors des sessions du groupe de travail sur les Balkans, cherche à souligner certains points essentiels pour la stabilité régionale.
Ainsi, trois thèmes globaux abordent la question de la prévention des conflits et la " paix libérale " en Europe du Sud-Est dans le cadre des relations transatlantiques, les perceptions américaines du Pacte de stabilité du Sud-Est de l'Europe et des Balkans, et enfin, la question de la PESC et des relations de la Turquie avec l'U.E. et les Etats-Unis.
Deux autres thèmes analysent deux aspects spécifiques. Le premier aborde le rôle du Pacte de Stabilité du Sud-Est de l'Europe dans le renversement de S. Milosevic et le deuxième attire l'attention sur les facteurs humains, culturels et sociaux qui pourraient affecter l'ensemble de projets visant à stabiliser les Balkans.
Le 14 décembre 2001, D. Rumsfeld, Secrétaire d'Etat américain à la Défense, a évoqué l'éventualité d'un retrait (ou redéploiement) des forces américaines des Balkans. En fait, force militaire américaine dans cette région constitue environ 18% de la SFOR et de la KFOR et sur 3.500 soldats envoyés par l'OTAN en Macédoine durant l'été 2001 on comptait seulement une cinquantaine de militaires américains.
Dans le domaine de l'aide économique et politique, l'Union Européenne fournit la part du lion et l'OSCE se charge du contrôle des élections de la formation d'observateurs et de toutce qui peut contribuer de faire évoluer la culture politique dans le sens démocratique.
Le désir d'un retrait militaire américain des Balkans, s'il se réalise, pourrait constituer une occasion pour intégrer, sous l'égide de l'Union Européenne, l'ensemble des moyens, militaires, économiques et politiques d'une stabilisation des Balkans, pierre de touche d'une politique européenne de sécurité commune.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 33 : armement et pays émergents : Brésil, Israël, Corée du Sud
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 9782905758262
Si l'exportation et plus encore la production d'armement sont concentrées de manière remarquable dans l'activité d'un petit nombre de pays (États-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne principalement, ainsi qu'à un degré moindre Allemagne, Italie, Pays-Bas et Chine), donnant ainsi à ces pays une capacité d'influence importante, cela ne signifie pas pour autant que la posi-tion des pays clients soit sans importance, ni que des économies émergentes hors de l'OCDE délaissent la production d'armement.
C'est précisément le cas des trois pays - Brésil, lsraèl, Corée du Sud - que nous étudions dans ce volume : chacun d'eux, pour des raisons qui diffèrent, a besoin d'une certaine production d'armement et a tenté de mettre sur pied des moyens nationaux de production, avec plus ou moins de succès suivant les secteurs et suivant les zones. Tous les trois sont confron-tés à la contradiction qui naît d'une influence améri-caine très forte, par proximité continentale dans le cas du Brésil, par protection politique dans le cas d'lsraèl et de la Corée du Sud; cette présence US procure des moyens, mais pèse sur la capacité de décision et, chacun à leur mesure, les trois pays sont placés devant la difficulté de construire une autonomie stratégique sans pour autant se couper du fournisseur dominant. Du coup, ils se retrouvent objet de l'affrontement qui par ailleurs oppose les systèmes de production d'ar-mement américain et européens, en particulier depuis que, après la formidable concentration américaine de 1993-1997, l'Europe à son tour a avancé notablement dans la voie de la concentration.
Cet affrontement, qui prend aujourd'hui la forme visible d'une nouvelle course aux armements, impulsée par les États-Unis et repérable en particulier dans le nouveau cycle de hausse des dépenses mili-taires qu'on peut observer depuis la fin des années quatre-vingt-dix, vise à la maîtrise des marchés des pays amis et alliés d'une part, et des pays émergents d'autre part. C'est sur cette seconde catégorie qu'on a concentré l'attention dans ce volume, dans la mesure notamment où les orientations que prendront les pays les plus significatifs quant aux alliances industrielles, quant à l'équilibre des sources d'approvisionnement seront des facteurs non négligeables de l'évolution du rapport de force entre producteurs des deux côtés de l'Atlantique.
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CAHIERS D'ETUDES STRATEGIQUES Tome 23
Cahiers D'Etudes Strategiques
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- 30 Décembre 1999
- 9782905758149
A l'heure où les entreprises européennes de défense semblent enfin entamer un processus de regroupement, l'analyse des transformations récentes du secteur de production d'armement aux Etats-Unis s'avère indispensable.
Ce vaste secteur industriel a en effet connu une mutation sans précédent depuis le début des années 1990. Prenant en compte la modification du contexte stratégique au lendemain de la disparition de l'union Soviétique, la baisse du budget de la défense et le plan de réforme des méthodes d'acquisition du Pentagone, les industriels américains, sous l'impulsion de l'administration Clinton, ont procédé à des regroupements importants.
Aujourd'hui, le nombre des entreprises de défense, au niveau des maitres d'oeuvre et des équipementiers, s'est fortement réduit.
Mais une analyse détaillée monte que le mouvement de regroupement des entreprises a pu s'interrompre avant que les entreprises maitres d'oeuvre ne deviennent monopolistiques dans leur secteur d'armement.
En effet, seul le maintien de plusieurs entreprises en compétition pour les contrats du Pentagone peut garantir un niveau de R&D suffisant. La R&D apparaît comme une clef de la compétitivité des entreprises dans le domaine de l'armement, qui incorpore de nombreuses nouvelles technologies.
Il semble que, dans l'avenir, le contrôle exercé par l'administration américaine sur les industries d'armement nationales pourra se maintenir. La préservation de plusieurs entreprises de niveau maitre d'oeuvre sur chaque segment de production, face à un unique client national met ce dernier en position de force. Il restera à même d'exiger une modération des prix et la permanence des innovations technologiques.
En Europe, le regroupement des entreprises, devenu nécessaire, pourra-t-il éviter la création de grandes firmes en situation de monopole pour chaque type d'armement? Une telle évolution serait néfaste à la fois pour les performances de la R&D et de la compétitivité européennes, mais aussi pour la marge de manoeuvre des différents Etats d'Europe, clients de ces firmes.
Le maintien d'une capacité de production forte et inventive en Europe est indispensable pour faire face à la concurrence des entreprises américaines. Si les relations entre firmes d'armement américaines et européennes s'étoffent à l'heure actuelle de multiples projets communs, cela n'empêche pas leur lutte pour la conquête des marchés extérieurs de se poursuivre avec intensité.