GALLIMARD
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Tenir la ligne : 40 dessins pour Charlie (2015-2025)
Collectif
- Gallimard
- Tracts
- 2 Janvier 2025
- 9782073112347
« Sommes-nous encore Charlie ? Dix ans après les massacres de Charlie Hebdo et de l'Hypercasher, descendrions-nous encore dans la rue pour défendre le droit à la satire, à l'humour, et plus largement à notre liberté d'expression, et le rejet de toute forme de violence ? Alors que la France se prépare à cet examen de conscience autour des commémorations du 7 janvier 2015, on peut déjà dire qu'ailleurs dans le monde, la tendance n'est pas très Charlie. Depuis 2024, la majorité des terriens vivent dans un pays qui pratique la censure du dessin de presse, partielle ou totale. [...] Nous avons le devoir, parce que nous sommes quasiment les derniers debout, de brandir ostensiblement la bannière du droit à la satire et à la liberté de la presse. »
Kak, président de Cartooning for Peace -
Les Irresponsables : Qui a porté Hitler au pouvoir ?
Johann Chapoutot
- Gallimard
- Nrf Essais
- 6 Février 2025
- 9782073061195
Un consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d'affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias réactionnaires et d'élites traditionnelles, perd tout soutien populaire : au fil des élections, il passe de presque 50% à moins de 10% des voix et se demande comment garder le pouvoir sans majorité, sans parlement, voire sans démocratie. Cet extrême centre se pense destiné à gouverner par nature : sa politique est la meilleure et portera bientôt ses fruits. Quand les forces de répression avertissent qu'elles ne pourront faire face à un soulèvement généralisé, le pouvoir, qui ne repose sur aucune base électorale, décide de faire alliance avec l'extrême droite, avec laquelle il partage, au fond, à peu près tout, et de l'installer au sommet. Cette histoire se déroule en Allemagne, entre mars 1930 et janvier 1933. Elle repose sur une lecture des archives politiques, des journaux intimes, correspondances, discours, articles de presse et Mémoires des acteurs et témoins majeurs. Elle révèle non pas la progression irrésistible de la marée brune, mais une stratégie pour capter son énergie au profit d'un libéralisme autoritaire imbu de lui-même, dilettante et, in fine, parfaitement irresponsable.
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Vu du Liban : La fin d'un pays, la fin d'un monde ?
Anthony Samrani
- GALLIMARD
- Tracts
- 5 Décembre 2024
- 9782073110732
«La libanisation, la vraie libanisation, n'est pas une maladie. C'est un remède.» Le vendredi 27 septembre 2024, un monde s'est effondré au Liban. L'assassinat de Hassan Nasrallah, l'homme le plus puissant, le plus adoré et le plus détesté, a plongé le pays dans l'inconnu. Tout est devenu possible. La guerre régionale et la guerre civile, l'implosion et l'explosion, le nouveau Liban ou la fin du Liban. Le Hezbollah le dévorait de l'intérieur. Israël le détruit de l'extérieur. Ce pays en morceaux, si prompt à importer les conflits des autres et à en faire les siens, peut-il se reconstruire dans une région en feu et dans un monde en plein délitement ? Cerné par les monstres, le Liban peut-il encore être «un pays plus grand que lui-même» ? Son échec n'est-il pas celui de tout un monde ? Après Gaza, sur quoi peut encore reposer l'espoir ?
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Le 8-octobre : Généalogie d'une haine vertueuse
Eva Illouz
- GALLIMARD
- Tracts
- 3 Octobre 2024
- 9782073090218
Quand les Lumières et leurs vertus ont été rejetées, l'antisionisme devient la seule vertu capable de rassembler ceux qui ont tout déconstruit.Eva Illouz Les grands événements ont leur jour d'après. C'est le sujet de ce Tract, qui s'interroge sur la révélation d'un antisémitisme de gauche au lendemain de l'attaque du Hamas contre Israël. Aurions-nous pu penser que, dans les milieux progressistes occidentaux, le 8 octobre 2023 puisse ne pas être le jour de la compassion unanime à l'égard des victimes des atrocités de la veille ? Au lieu de cela, on entendit, à New York comme à Paris, des voix autorisées saluer, avec une émotion jubilatoire, un acte de résistance venant châtier l'oppresseur israélien. Décomplexé, cet antisionisme radical a eu pour terreau un système de pensées, la «théorie» qui, avec sa passion déconstructiviste, tend à plaquer une structure décoloniale sur les événements du monde, au mépris du fait brut et de sa complexité. On peut mettre au jour les causes d'une guerre ; on cherchera plutôt ici à retracer la généalogie intellectuelle de ce qui nie l'évidence du crime... Et à remonter aux sources de cet antisémitisme de confort où le Juif cristallise ce que certains esprits jugent bon de reprocher à une partie de l'humanité.
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Pour le droit de vote dès la naissance
Clémentine Beauvais
- GALLIMARD
- Tracts
- 5 Septembre 2024
- 9782073102331
«Être un enfant, c'est déjà une forme d'expertise sur le monde.» Dans la file d'attente d'un bureau de vote, un enfant de six ans s'apprête à glisser, comme tout le monde, son bulletin dans l'urne. Si cette idée suscite l'hilarité chez la plupart des adultes, c'est que les enfants sont universellement jugés incapables de participer à ce rituel qui scelle le pacte démocratique. Que se passerait-il, pourtant, si l'on remettait en question ce préjugé ? Le droit de vote dès la naissance, réforme juste et nécessaire de la démocratie, sera l'occasion d'une réflexion collective, réjouissante et populaire, sur la compétence électorale, l'expertise politique, l'éducation civique et les affinités humaines au-delà des catégories d'âge.
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Bouleversement ; les nations face aux crises et au changement
Jared Diamond
- GALLIMARD
- Nrf Essais
- 17 Septembre 2020
- 9782070147229
Ce livre est une étude comparative, narrative et exploratoire des crises et des changements sélectifs survenus au cours de nombreuses décennies dans sept nations modernes : la Finlande, le Japon, le Chili, l'Indonésie, l'Allemagne, l'Australie et les États-Unis. Les comparaisons historiques obligent, en effet, à poser des questions peu susceptibles de ressortir de l'étude d'un seul cas : pourquoi un certain type d'événement a-t-il produit un résultat singulier dans un pays et un très différent dans un autre ? L'étude s'organise en trois paires de chapitres, chacune portant sur un type différent de crise nationale. La première paire concerne des crises dans deux pays (la Finlande et le Japon), qui ont éclaté lors d'un bouleversement soudain provoqué par un choc extérieur au pays. La deuxième paire concerne également des crises qui ont éclaté soudainement, mais en raison d'explosions internes (le Chili et l'Indonésie). La dernière paire décrit des crises qui n'ont pas éclaté d'un coup, mais qui se sont plutôt déployées progressivement (en Allemagne et en Australie), notamment en raison de tensions déclenchées par la Seconde Guerre mondiale. L'objectif exploratoire de Jared Diamond est de déterminer une douzaine de facteurs, hypothèses ou variables, destinés à être testés ultérieurement par des études quantitatives. Chemin faisant, la question est posée de savoir si les nations ont besoin de crises pour entreprendre de grands changements ; et si les dirigeants produisent des effets décisifs sur l'histoire. Tout en respectant la volonté première de ne pas discuter d'une actualité trop proche qui, faute de distance et perspective, rendrait le propos rapidement obsolète, un Épilogue, propre à l'édition française, esquisse, en l'état des données, une réflexion sur la pandémie du Covid-19.
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Pour les nazis, la «culture» était à l'origine la simple transcription de la nature : on révérait les arbres et les cours d'eau, on s'accouplait, se nourrissait et se battait comme tous les autres animaux, on défendait sa horde et elle seule. La dénaturation est intervenue quand les Sémites se sont installés en Grèce, quand l'évangélisation a introduit le judéo-christianisme, puis quand la Révolution française a parachevé ces constructions idéologiques absurdes que sont l'égalité, la compassion ou l'abstraction du droit. Pour sauver la race nordique-germanique, il fallait opérer une «révolution culturelle», retrouver le mode d'être des Anciens et faire à nouveau coïncider culture et nature. C'est en refondant ainsi le droit et la morale que l'homme germanique a cru pouvoir agir conformément à ce que commandait sa survie. Grâce à la révision générale des normes et à la réécriture de l'histoire de l'Occident, il devenait licite, moral et prescrit de frapper et de tuer.
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L'avènement de la démocratie Tome 4 : Le nouveau monde
Marcel Gauchet
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 26 Janvier 2017
- 9782070786251
Que s'est-il passé pour qu'advienne silencieusement, dans le sillage de la crise économique du milieu des années 1970, un monde nouveau dont nul n'avait anticipé les traits? En quoi consiste au juste sa nouveauté, qui à la fois marque le triomphe du principe démocratique à une échelle jamais vue et rend sa mise en oeuvre si problématique?
Telles sont les questions soulevées par la dernière étape en date de l'avènement de la démocratie qui sont au centre de ce livre.
Nous vivons la phase ultime de la «sortie de la religion», la religion ne se résumant pas à la foi personnelle, comme nous la concevons aujourd'hui, mais formant le principe organisateur des sociétés d'avant la nôtre. Ce processus paraissait parvenu à son terme ; il ne l'était pas. Nous nous pensions «absolument modernes» ; nous en étions encore loin. Nous le sommes brutalement devenus, et cela change tout, des conditions de la coexistence planétaire à l'identité de chacun d'entre nous.
Notre organisation politique conservait dans sa forme l'empreinte de la soumission aux puissances venues d'en haut. Celle-ci s'est volatilisée, en révélant une fonction de l'État-nation que nous ne soupçonnions pas et qui en fait le soubassement du monde mondialisé.
Nous habitions une histoire que nous pensions toute tournée vers l'avenir. Elle restait hantée par le passé, en réalité, comme le bond en avant de la production du futur nous l'a appris, en donnant à l'économie une place hégémonique dans la vie collective.
Les libertés individuelles que nous pensions avoir conquises continuaient secrètement d'être prises dans l'appartenance sociale. L'effacement de cette dernière leur a conféré une autre portée, en faisant apparaître une société des individus qui gravite autour des droits de l'homme.
Le paradoxe est que cette formidable avancée des moyens de l'autonomie humaine donne, à l'arrivée, une société qui échappe à ses membres, des démocraties incapables de se gouverner. Une chose est de disposer des instruments qui permettent de maîtriser son destin, une autre est de savoir s'en servir. L'histoire de la libération est derrière nous ; l'histoire de la liberté commence.
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«L'histoire politique de ce pays est, depuis soixante-cinq ans, à contre-courant de la tendance générale de son époque. Il n'est pas sûr que la plupart des Français aient pris conscience de cette originalité.» Pascal Ory Ces Français sont bien étranges. Comparons le « cher et vieux pays » du général de Gaulle à tous les pays voisins ; que voyons-nous ? L'infinie variété de la démocratie libérale, avec ses régimes foncièrement parlementaires, gagés sur un pouvoir exécutif limité. En face de ce peuple de roseaux, un seul chêne : la France de la V? République. Parlons démocratie représentative, démocratie participative : nous sommes en Suisse. Parlons démocratie autoritaire : nous sommes chez nous. De ce constat peuvent découler deux hypothèses opposées, selon que l'on considère ce particularisme comme un atout précieux ou comme un mauvais présage. Affaire d'institutions, assurément, mais qui ne voit que ce centralisme, cette verticalité, ce présidentialisme viennent de loin ? Qui peut prédire que cela changera bientôt, voire jamais ? Et qui peut affirmer que, quelque part, nous n'y trouvions pas notre compte ?
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"chaque geste compte" : manifeste contre l'impuissance publique
Dominique Bourg, Johan Chapoutot
- GALLIMARD
- Tracts
- 24 Novembre 2022
- 9782073020246
«Jamais la puissance publique n'aura à ce point démissionné devant des enjeux vitaux, pour aujourd'hui et pour demain.»On n'a sans doute jamais eu autant besoin de puissance publique, face aux bouleversements en cours et aux catastrophes qui s'annoncent. C'est la direction opposée qui est choisie : baisses d'impôts pour les privilégiés et les entreprises, poursuite insensée de la croissance infinie et laisser-faire irresponsable. Cinquante ans après le rapport Meadows (1972), alors que 60% du vivant a disparu et que des milliers de scientifiques appellent désormais à la désobéissance civile, il est vital de prendre les décisions auxquels les forcenés du profit s'opposent. Ils nous font perdre du temps. Et la vie.
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Nous ne sommes pas remplaçables. L'État de droit n'est rien sans l'irremplaçabilité des individus. L'individu, si décrié, s'est souvent vu défini comme le responsable de l'atomisation de la chose publique, comme le contempteur des valeurs et des principes de l'État de droit. Pourtant, la démocratie n'est rien sans le maintien des sujets libres, rien sans l'engagement des individus, sans leur détermination à protéger sa durabilité. Ce n'est pas la normalisation - ni les individus piégés par elle - qui protège la démocratie. La protéger, en avoir déjà le désir et l'exigence, suppose que la notion d'individuation - et non d'individualisme - soit réinvestie par les individus. 'Avoir le souci de l'État de droit, comme l'on a le souci de soi', est un enjeu tout aussi philosophique que politique. Dans un monde social où la passion pour le pouvoir prévaut comme s'il était l'autre nom du Réel, le défi d'une consolidation démocratique nous invite à dépasser la religion continuée qu'il demeure.
Après Les pathologies de la démocratie et La fin du courage, Cynthia Fleury poursuit sa réflexion sur l'irremplaçabilité de l'individu dans la régulation démocratique. Au croisement de la psychanalyse et de la philosophie politique, Les irremplaçables est un texte remarquable et plus que jamais nécessaire pour nous aider à penser les dysfonctionnements de la psyché individuelle et collective.
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«Personne d'autre que le citoyen libre n'a qualité pour juger de l'emploi qu'il fait de sa liberté, sauf à voir celle-ci disparaître. Ainsi la loi ne peut-elle permettre à l'État de restreindre abusivement la liberté d'aller et venir, de manifester, de faire connaître une opinion, de s'informer, de penser pour finir.» François Sureau Lorsque Chateaubriand déclare que «sans la liberté il n'y a rien dans le monde», ce n'est pas seulement un propos de littérateur. Il exprime cette vérité trop souvent oubliée que «sans la liberté», il n'y a pas de société politique, seulement le néant de ces individus isolés auquel l'État, porté à l'autoritarisme et à l'ordre moral, a cessé d'appartenir.
Tel est bien le danger de la démocratie moderne que François Sureau s'emploie ici à désigner tant dans nos moeurs sociales que dans notre vie politique et, sans concession, à la lumière de nos responsabilités individuelles et collectives. L'homme est voué à la liberté ; il lui revient continûment, avec «patience et souffle», d'en reformuler le projet politique et de n'y rien céder. -
De la démocratie en pandémie ; santé, recherche, éducation
Barbara Stiegler
- GALLIMARD
- Tracts
- 14 Janvier 2021
- 9782072942228
La conviction qui nous anime en prenant aujourd'hui la parole, c'est que plutôt que de se taire par peur d'ajouter des polémiques à la confusion, le devoir des milieux universitaires et académiques est de rendre à nouveau possible la discussion scientifique et de la publier dans l'espace public, seule voie pour retisser un lien de confiance entre le savoir et les citoyens, lui-même indispensable à la survie de nos démocraties. La stratégie de l'omerta n'est pas la bonne. Notre conviction est au contraire que le sort de la démocratie dépendra très largement des forces de résistance du monde savant et de sa capacité à se faire entendre dans les débats politiques cruciaux qui vont devoir se mener, dans les mois et les années qui viennent, autour de la santé et de l'avenir du vivant.
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Contient 5 cartes
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La Grande Transformation est un bel exemple de ce qu'on appelle un « classique contemporain ». À sa parution en 1983, l'ouvrage est lu et reçu comme une étude d'an thropologie. Vingt ans après, c'est désormais LA référence de tous les courants qui souhaitent penser une alternative au libéralisme économique.
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De l'agression russe : écrits polémiques
Jonathan Littell
- GALLIMARD
- Tracts
- 24 Novembre 2022
- 9782073020192
«Poutine est un homme qui au XXI? siècle mène une guerre du XX? pour atteindre des objectifs du XIX?.» La polémique est un genre dont je me méfie vivement, et que je pratique avec parcimonie. Je n'ai jamais pensé que le fait d'avoir écrit des livres, d'être considéré, d'une certaine manière, comme une personne publique, donnait le droit d'exprimer ses opinions à tout vent. Mais parfois l'on n'a pas le choix ; parfois, le silence équivaut à la complicité. Lorsqu'un pays en agresse un autre, comme la Russie a agressé l'Ukraine ce 24 février 2022, se taire serait faire le jeu de l'agresseur, serait trahir l'agressé. Cela vaut d'autant plus lorsqu'on a passé des années dans les deux pays, lorsqu'on y a des amis, des deux côtés. Pour les uns, comme pour les autres, il importe de choisir son camp. J.L.
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Les désillusions de la démocratie
Dominique Schnapper
- GALLIMARD
- Connaissances
- 30 Mai 2024
- 9782073070692
Les démocraties sont menacées dans leur existence par la guerre que mène Vladimir Poutine en Ukraine, soutenu par les gouvernements de la Chine, de la Corée du Nord, de l'Iran, de l'Inde et de la Turquie, unis par une commune détestation de l'Occident, c'est-à-dire de la démocratie, et par la volonté de détruire celle-ci. Les démocraties trouveront-elles en elles-mêmes la volonté de se défendre ? Ne sont-elles pas fragilisées par leur propre dynamique ? La critique interne de la démocratie est aussi vieille que la démocratie elle-même. Sa légitimité ne repose ni sur la tradition, ni sur la nature, ni sur une référence transcendantale, mais sur les pratiques de ses membres. Ceux-ci s'interrogent sur les écarts qu'ils observent entre les réalités sociales et les principes affichés. Inévitablement, ils jugent la démocratie, au nom de ses propres valeurs, comme pas assez démocratique ou comme trop démocratique. L'idéal de citoyens libres et égaux traitant rationnellement des affaires communes n'est jamais et ne peut jamais être pleinement réalisé. Et l'aspiration à la liberté et à l'égalité risque en permanence d'être dévoyée par le refus des limites et du contrôle. On peut craindre que les démocraties ne soient à ce double titre menacées de délitement. Cette interrogation inquiète sur les insuffisances et les excès possibles de la démocratie «extrême» ne date pas du XXI? siècle mais, dans le monde d'aujourd'hui, elle se pose avec une acuité particulière.
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Gouverner au nom d'Allah ; islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe
Boualem Sansal
- GALLIMARD
- 10 Octobre 2013
- 9782070142897
Boualem Sansal propose un panorama synthétique de l'islam contemporain et de ses rapports avec les pouvoirs politiques. L'ouvrage est didactique, sans être pour autant neutre : l'auteur n'y abandonne pas ses prises de position humanistes, intransigeantes, qui l'ont amené à dénoncer en Algérie à la fois le pouvoir militaire et le totalitarisme islamiste. Il explique en détail l'histoire de la religion musulmane, ses mouvances multiples, ses tensions et ses contradictions. Après avoir brossé un tableau d'ensemble des courants musulmans, Sansal s'interroge sur les acteurs de la propagation de l'islamisme : les États prosélytes, les élites opportunistes, les intellectuels silencieux, les universités, les médias, la «rue arabe». Il questionne aussi l'échec de l'intégration dans les pays d'accueil des émigrés.
Plus largement, sa réflexion interroge l'identité du monde arabe : alors que les Arabes ne représentent qu'une minorité des musulmans (la grande majorité est en Asie), ils revendiquent à la fois l'origine et la propriété de l'islam. Or le «monde arabe» est une fiction : tous les pays colonisés par les Arabes étaient à l'origine habités par d'autres peuples qui existent toujours (à commencer par les Berbères en Algérie), mais chacun fait comme si le monde arabe était une entité cohérente, éternelle. L'islamisme arabe tend à s'imposer, mal évalué par les pouvoirs occidentaux qui lui opposent des réponses inappropriées, tandis que les femmes et les jeunes, ses principales victimes, sont de plus en plus à sa merci.
Le texte s'apparente moins à un pamphlet qu'à une synthèse engagée, précise, documentée. Des annexes proposent des compléments intéressants : synthèse sur les différents courants de l'islam, répartition des musulmans dans le monde, monographie du monde arabe, extraits des Prolégomènes d'Ibn Kaldoun consacrés aux Arabes.
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Sortir du chaos ; les crises en Méditerranée et au Moyen-Orient
Gilles Kepel
- GALLIMARD
- Esprits Du Monde
- 18 Octobre 2018
- 9782072770470
Depuis 1973, nous avons assisté à une islamisation progressive de la politique au Moyen-Orient, puis à la jihadisation de la région et de l'Occident. En moins d'une décennie, nous sommes passés de l'enthousiasme des slogans démocratiques universels des « printemps » et de leur « révolution 2.0 » à une funeste régression au salafisme, au retour de l'autoritarisme et à la guerre civile. Le chaos s'est aujourd'hui installé au Moyen-Orient et autour de la Méditerranée.
Comment s'est-il établi ? Comment en sortir ? Quels sont aujourd'hui les choix sur la table d'Emmanuel Macron, de Donald Trump ou de Vladimir Poutine ? C'est à ces questions d'une brûlante actualité et d'une importance cruciale que répond ce livre, réflexion à la fois experte et pédagogue permettant de décrypter le présent et de comprendre les scénarii à venir.
Cet ouvrage offre aussi, pour la première fois, une analyse complète et compréhensible du conflit syrien.
Pour ce faire, Gilles Kepel est retourné partout - Palestine, Israël, Égypte, Tunisie, Libye, Oman, Yémen, Qatar, Bahreïn, Arabie saoudite, Liban, Turquie, Syrie, Kabylie, Russie - et a rencontré tous les acteurs. Fort de son expérience du terrain et de sa connaissance de la région, analysant les événements les plus récents à la lumière de l'histoire, il livre ici une contribution essentielle pour qui veut comprendre les enjeux d'aujourd'hui et de demain.
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Jihadisme européen : quels enjeux pour l'avenir ?
Hugo Micheron
- GALLIMARD
- Tracts
- 19 Février 2022
- 9782072974212
«L'Europe ne peut compter éternellement sur les échecs de ses ennemis pour espérer régler un enjeu aussi complexe.»Hugo MicheronMalgré une actualité brûlante, marquée par le procès des attentats du 13 novembre 2015 et la campagne pour l'élection présidentielle, le phénomène jihadiste demeure mal compris.Ce tract retrace les mutations du jihadisme en Europe depuis la chute du mur de Berlin et revient sur ses reconfigurations actuelles à la suite de l'effondrement de Daech. Il fait émerger sa mécanique et pointe un écueil fatidique qui consiste à croire que le jihad global a disparu, à chaque fois qu'il entre en mutation. En l'espace d'une génération, les idées jihadistes se sont propagées vers les sociétés européennes et représentent désormais un enjeu politique et sociétal qui doit absolument être pensé.
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L'avènement de la démocratie Tome 3 : A l'épreuve des totalitarismes, 1914-1974
Marcel Gauchet
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 21 Octobre 2010
- 9782070786244
Dans le sillage de la crise du libéralisme examinée dans le volume précédent, ce troisième volume est consacré à la crise totalitaire sur laquelle débouche la Grande Guerre. Il s'efforce d'en établir la signification dans l'histoire de la démocratie. Les totalitarismes ne se contentent pas, en effet, de combattre les démocraties «bourgeoises» comme si elles leur étaient étrangères, ils en procèdent. Ils leur lancent un défi qu'elles sont mises en demeure de relever. D'où ont-ils pu sortir? Au-delà des circonstances, ils ont partie liée avec des idéologies d'un genre nouveau, nées autour de 1900, à l'enseigne de la révolution et de la nation. Marcel Gauchet en retrace la genèse. Elles sont à comprendre, montre-t-il, comme des «religions séculières», c'est-à-dire des antireligions religieuses résultant d'une phase spécifique et périlleuse du processus de sortie de la religion. Le coeur de l'ouvrage est formé par la reconstitution des trois expériences qui méritent le nom de totalitaires au sens strict:le bolchevisme, le fascisme et le nazisme. L'accent est porté sur la dynamique qui les anime, voie royale pour en appréhender l'essence à partir de leurs contradictions intimes. Mais l'intérêt de la perspective est aussi d'éclairer par contraste les transformations profondes qu'a connues la démocratie. Les grandes réformes politiques et sociales d'après 1945 prennent tout leur sens en tant que réponses au défi totalitaire. Au vrai, la «démocratie libérale» telle que nous la connaissons aujourd'hui est issue de cet effort pour surmonter les failles dont se nourrissaient les refus totalitaires. Le XX? siècle n'a pas été seulement le théâtre de tragédies sans exemple. Il a été également le siège d'une réussite aussi méconnue que décisive qu'il n'est que temps de tirer de l'ombre.
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Quatre mille amendements posés sur le perchoir comme un solide obstacle à toute issue au débat sur la fin de vie à l'Assemblée le 8 avril 2021 : voilà de quoi se poser des questions. Textes et projets de loi imparfaits, affaires médiatisées, témoignent d'une incapacité à aborder le problème du déclin de la vie sans tomber dans des pièges. Pièges qu'il convient de connaître avant de s'aventurer aux abords périlleux de ce trou de la pensée où le mot exception devrait régner en maître.
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Premiers combats : la démocratie républicaine et la haine des juifs
Vincent Duclert
- Gallimard
- Tracts
- 2 Décembre 2021
- 9782072976407
«Les victoires démocratiques restent toujours imparfaites et provisoires, et c'est leur force que de rappeler combien l'histoire est incertaine, l'humanité fragile.»Vincent DuclertFace à tant d'impuissance pour agir et penser aujourd'hui face à l'antisémitisme, il n'est pas vain de rappeler à la France, à l'Europe, le meilleur de ce qu'elles ont été dans le passé, afin de demeurer capables encore d'édifier des sociétés démocratiques. Ces récits de combats héroïques réinsufflent à la raison démocratique un supplément d'âme. Il ne suffit pas d'invoquer la démocratie pour la défendre. On doit «croire» en elle et trouver, dans cette croyance de raison, le courage de se battre pour elle.En 1910, Charles Péguy écrit dans Notre jeunesse que l'affaire Dreyfus «ne finira jamais». Plus elle est finie, explique-t-il, «plus elle prouve».
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En France, tout ce qui pèse et qui compte se veut et se dit « sans frontières ». Et si le sansfrontiérisme était un leurre, une fuite, une lâcheté ? Partout sur la mappemonde, et contre toute attente, se creusent ou renaissent de nouvelles et d'anciennes frontières. Telle est la réalité. En bon Européen, je choisis de célébrer ce que d'autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l'épidémie des murs, remède à l'indifférence et sauvegarde du vivant. D'où ce Manifeste à rebrousse-poil, qui étonne et détone, mais qui, déchiffrant notre passé, ose faire face à l'avenir.