Les Provinciales
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La seconde guerre d'indépendance d'Israël : 7 octobre 2023 ; Effroi et résilience
Richard Darmon
- Les Provinciales
- 18 Octobre 2024
- 9782912833860
« Pour nous, Israël est une villa dans la jungle », avait déclaré il y a quelques années lÂ'un des meilleurs experts israéliens du Moyen-Orient. « Nous voulons protéger notre villa, mais aussi faire de la jungle un milieu moins hostile... » Il ne se trompait pas, car la jungle a bel et bien attaqué sept ans plus tard la villa israélienne, par surprise et de manière féroce, ce 7 octobre 2023. Après des mois de profondes divisions en Israël sur la réforme judiciaire, ce surgissement et lÂ'énorme mouvement de mobilisation et de solidarité qui lÂ'a accompagné portent en eux les germes dÂ'un véritable renouveau politique et institutionnel qui pourrait changer le visage dÂ'Israël et de la région.
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A l'instant élu la communauté tout entière, par l'effet de l'universelle agression qu'elle a subie, peut être capable de consentir à la décision, d'initier un nouvel âge héroïque. Il ne sera certes pas celui des philosophes, nouveaux ni anciens. Les philosophes, s'ils se délivrent de leur préjugé que l'Esprit doit être sans puissance et que tout pouvoir est mauvais, y pourront jouer un rôle moins absurde, finalement, que celui de Platon à Syracuse. Quant aux spirituels, c'est l'un d'eux, Martin Buber, qui prophétisait la bonne modification du pouvoir en un nouvel âge : Je vois monter à l'horizon avec la lenteur de tous les processus dont se compose la vraie histoire de l'homme, un grand mécontentement qui ne ressemble à aucun de ceux que l'on a connus jusqu'ici. On ne s'insurgera plus seulement, comme dans le passé, contre le règne d'une tendance déterminée, pour faire triompher d'autres tendances. On s'insurgera pour l'amour de l'authenticité dans la réalisation contre la fausse manière de réaliser une grande aspiration à la communauté. On luttera contre la distorsion et pour la pureté de la forme, telle que l'ont vue les générations de la foi et de l'espoir. Un nouveau Moyen Age comme l'ont entrevu Berdiaeff et Chesterton. Les ricorsi ne sont pas de pures répétitions ni même de simples renouvellements. Sûrement : une manière de rendre vaine l'opposition de l'individualisme et du collectivisme, telle qu'en usent, pour leurs courtes ambitions, les barbares et les freluquets. L'âge des héros rebâtira un pouvoir ; il n'est pas de grand siècle du passé qui ne se soit donné cette tâche... AUTEUR Philosophe, théoricien politique et romancier, homme de la trempe d'un Jünger, Pierre Boutang (1916-1998) fonda et dirigea de 1955 à 1967 La Nation Française, hebdomadaire dans lequel il écrivit chaque semaine ses Politiques. Puis il publia notamment Ontologie du secret (1973), Le Purgatoire (1976), Reprendre le pouvoir (1978), Maurras, la destinée et l'Å«uvre (1984) et succéda à Emmanuel Levinas à la chaire de métaphysique de la Sorbonne en 1976. L'un des plus grands esprits de ce siècle (Le Figaro), auteur d'une Å«uvre multiforme et tempétueuse... d'une force de conviction et cohérence peu communes, et d'une imprudence qui se souciait peu des modes (Le Monde).
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De la découverte du dhimmi à Eurabia ; autobiographie politique
Bat Ye'or
- Les Provinciales
- 25 Janvier 2018
- 9782912833426
Le récit par Bat Ye'or de sa découverte d'un continent, d'un projet ou d'une histoire occultée Eurabia, et comment elle en a réuni les preuves. Si les attentats français ont provoqué dans le public une prise de conscience tardive du rejet de notre mode de vie par l'islam radical, et de l'appartenance de notre nation au camp honni des Juifs, les politiques semblent encore vouloir ignorer les fondements historiques et doctrinaux du jihad en Europe. La démonstration de janvier 2015 provoqua même une surenchère « républicaine » stigmatisant notre identité malheureuse dans l'idée de faire bloc contre l'islamophobie. À l'inverse la responsabilité des institutions européennes imposant un multiculturalisme aventureux, le détournement du dialogue euro-arabe comme arme anti-sioniste de déjudaïsation, la continuité du jihad ont une fois de plus été sous-estimés et l'on redoubla d'efforts pour installer un islam réputé modéré en Europe. Bat Ye'or la première avait révélé la rude condition du dhimmi sous l'islam et en avait affirmé la permanence, elle expliqua les mécanismes historiques de l'islamisation et en a donné le nom en Europe : Eurabia. Commentée par Michel Houellebecq dans son roman Soumission, on frappa à nouveau l'historienne d'interdit et son nom fut jeté en pâture. Un grand journal du soir reconnût toutefois le caractère incontournable de ses travaux pour décrire la gigantesque tentative d'acclimatation de l'islam en Europe, au moment où celle-ci venait de donner un signe de régression sanglant. Dans ce nouveau livre Bat Ye'or revient sur cette longue marche pour transgresser cet interdit et faire entendre les résultats irrécusés de sa recherche, celle d'une histoire occultée, souvent par ceux-même qui en furent les principales victimes. Le texte et le récit de plusieurs conférences montrent ainsi la résistance de certaines communautés juives issues des pays musulmans à leur propre vérité historique. Cette histoire dont elle est à la fois l'historienne et le témoin, Bat Ye'or l'a établie en récoltant de nombreux documents et en étudiant plusieurs institutions dans une nécessaire indépendance d'esprit et de recherche, mais comme elle le raconte ici, elle y a été entraînée presque malgré elle, au fil d'événements graves ou anodins et des demandes expresses de nombreux représentants des minorités opprimées dans le monde, dont elle sut rester proche : Coptes, Berbères, chrétiens d'Orient, musulmans « apostats » ont toujours gardé avec elle des liens étroits, tandis que le monde les découvre une fois qu'il est trop tard. Ce retour sur une historiographie si cruciale pour l'intelligence politique en Europe répond à des accusations très graves (on a lié sans retenue le nom de Bat Ye'or à celui d'Anders Breivik) et entend briser un catastrophique refus de vérité ; il établi comment une politique insensée et irresponsable s'est donnée les moyens de modifier la nature et même le passé d'un continent. C'est aussi le récit d'un témoin dont le long itinéraire mettant à jour la réalité refoulée de notre siècle en constitue comme la démonstration, la démonstration d'Eurabia. AUTEUR Bat Ye'or, fille du Nil, une Cassandre, un esprit courageux et clairvoyant a consacré sa vie à étudier et à comprendre l'histoire des Juifs et des chrétiens sous l'Islam après avoir dû quitter l'Égypte de Nasser en 1957. Ses livres ont été publiés en anglais, allemand, espagnol, français, hébreu, italien, néerlandais, russe. Elle donne de nombreuses conférences et participe à d'importants colloques internationaux en Europe et en Amérique où elle a fait connaître les mots dhimmitude et Eurabia. Depuis une dizaine d'années elle a concentré sa méthode d'investigation sur l'étude des relations institutionnelles euro-arabes et leurs implications politiques et religieuses largement ignorées des médias.
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Israël et la France ; l'alliance égarée
Michaël Bar-zvi
- Les Provinciales
- 30 Octobre 2014
- 9782912833372
Le sionisme politique moderne est porteur de deux notions primordiales, dont la France pourrait et devrait s'inspirer. La première est que la reconstruction d'une nation n'est possible qu'en acceptant son passé et en transformant cette nécessité en vertu. Le sionisme, même dans ses factions socialistes ou progressistes, a tenu compte d'un héritage, d'une culture ancienne dont la clé de voûte est la révélation. La seconde idée déterminante du sionisme est qu'il a fondé la renaissance juive sur la restauration de la fierté. « Le sionisme politique se souciait principalement de laver les Juifs de leur déchéance millénaire, de retrouver la dignité juive, l'honneur ou la fierté d'être juifs. » Hannah Arendt avait parfaitement analysé la force de ce ressort pour résister à l'individualisme forcené des temps modernes. « Car l'honneur ne s'obtient pas grâce au culte de la réussite ou de la célébrité, en cultivant son propre moi, ni même sa dignité personnelle. Il n'y a qu'une seule échappatoire au déshonneur d'être juif : lutter pour l'honneur du peuple juif tout entier. » Israël et la France ont quelque chose en commun, que les troubles et les secousses de l'histoire ne doivent pas nous faire oublier. Elles ne subsistent que grâce à une fidélité authentique à leurs origines spirituelles, ou à ce que l'on pourrait nommer une tradition, non pas comme un savoir qui se transmet, mais comme l'acte même de transmettre. Israël a une culture, des coutumes, des mÅ«urs - comme la France - mais sa véritable substance se trouve dans sa fidélité à son destin. Le déclin français s'accélère et risque de tourner au chaos. Seul un regard haut vers la nation qui lui fit don d'une part de son élection, et qui, grâce à elle retrouva sa liberté, peut sauver la France d'une défaite morale et d'une dislocation politique. AUTEUR Né en France en 1950, docteur en philosophie (Sorbonne) Michaël Bar-Zvi monte en Israël en 1975 où il devient Professeur de Philosophie à l'Institut Levinsky de Tel Aviv. Philosophe d'une grande rigueur, marqué par ses maîtres Emmanuel Levinas et Pierre Boutang, il a été directeur du Département de l'Éducation de l'Agence juive, et il en a gardé un sens pédagogique élevé et une grande force de persuasion. Détaché de l'Université israélienne, Michaël Bar-Zvi a été dans les années 2000 Délégué général du Keren Kayemeth LeIsraël à Paris. À partir d'analyses historiques rigoureuses, ses livres se sont principalement intéressés aux liens entre la pensée juive et la philosophie politique. Il a publié notamment en français : Philosophie de l'antisémitisme, PUF, 1985 , Histoire de l'Irgoun, Périple, 1987,Le Sionisme, Les provinciales, 2002 , Être et exil, Les provinciales, 2006, La guerre a commencé le 8 mai 1945, Hermann, 2009.
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Situation de l'armée secrète : Oran ; Des femmes au milieu des ruines
Francis Gandon
- Les Provinciales
- 23 Mai 2024
- 9782912833815
« Ce livre décrit un monde privé de transcendance : le seul extrême est celui du Mal. C'est l'enfer, dont aucune description n'atteint l'horreur. C'est notre monde. » Une première partie rassemble ce que la vie de l'auteur « a pu recueillir de plus sordide - le summum de l'abjection » : « des petits faits vrais d'enfer, qui laissent entrevoir l'esprit du temps. Mais celui des victimes, des éclopés de la vie - un esprit hors histoire, car il est précisément la négation de toute histoire. » Cette description assez crue permet de situer son auteur : ce n'est ni un insensible pathologique ni un exalté furieux, ainsi qu'on imagine les fanatiques. Dès lors il nous a disposés à entamer la seconde partie de son ouvrage, qui n'est peut-être pas plus facile à entendre : car à ce chaos, l'auteur oppose - ou croit pouvoir opposer contre toute la pensée dominante - l'Armée secrète, la Résistance Algérie française, la seule, selon lui, depuis qu'il a dû quitter ce pays il y a six décennies, « à avoir gardé parole, à être restée fidèle à une certaine vision historique abandonnée par tous » et pour laquelle elle est vouée aux gémonies. Il décrit donc un tournant malin de l'Histoire, en 1961-1962, où une capitulation politique totale succède à une victoire militaire, - là où précisément une orthodromie1 était possible (foi du serment, démarche accomplie jusqu'au bout, résistance à l'abandon), c'est-à-dire « la résurrection de l'incomparable civilisation méditerranéenne authentique, assoupie depuis plus d'un millénaire - rendue hémiplégique par un islam usurpateur. » D'où une critique acerbe de « M. De Gaulle ». Comment faut-il appeler cela ? le ressentiment, la nostalgie ? Non, car cette « orthodromie » devint le cauchemar d'une Armée secrète qui, elle-même privée de transcendance, ne pouvait que perdre, ajouter au chaos, compromettre tout combat futur « où quelque chose comme l'Occident se lèverait ». Ce livre dresse enfin, dans une troisième partie, quelques tableaux d'après la fin (la France mourant de cette inversion maligne), où l'universitaire marqué par George Bataille évoque quelques figures féminines, parfois nobles, souvent mièvres ou sordides. L'idée qui s'en dégage est que, dans ces tristes tropiques dont Dieu semble s'être absenté, la Femme reste quand même la seule à faire front, à pouvoir rédimer cette époque ou ce qu'elle n'a pas voulu vaincre : « une ombre de Transcendance. Transcendance quand même. » Ainsi le caractère inaudible et brutal de ce livre est adouci, si l'on ose dire, par l'extrême sensibilité de son auteur, le ravage même de la douleur causée par une immense déception jamais guérie. Seule leçon pour l'Histoire : certains peuples veulent vivre : Israël, le Liban. D'autres ont renoncé à la vie : la France, l'Arménie (voir sa piteuse déconfiture de 2023). Ce pamphlet imprécateur s'est certes écrit à partir d'archives, mais surtout « à même le sang de l'immense cohorte des victimes ». AUTEUR Francis Gandon est né en Algérie française en 1948, qu'il a dû quitter à quatorze ans, en 1962. Après deux thèses consacrées à Georges Bataille (l'une en sociologie, l'autre en linguistique), Francis Gandon a enseigné les lettres et la linguistique pendant quelque vingt-cinq ans dans plusieurs universités d'Afrique : Tripoli, Oran, Rabat, Tananarive, Ouagadougou et Dakar. Il s'est particulièrement intéressé aux différentes littératures (maghrébine, malgache, burkinabè...) d'expression française tout en travaillant sur les langues locales, la linguistique africaine en général et la sociologie des différents peuples-hôtes, vécue de façon charnelle. De retour en France (Université de Caen), il s'est orienté vers la théorisation linguistique, surtout saussurienne, publiant notamment De dangereux édifices. Les cahiers d'anagrammes consacrés à Lucrèce (Peeters, 2002), Le Nom de l'absent. Épistémologie de la science saussurienne des signes (Lambert-Lucas, 2006), La morale du linguiste. Saussure entre Affaire Dreyfus et massacre des Arméniens, 1894-1898 (Lambert-Lucas, 2011). Francis Gandon partage actuellement sa vie entre Paris et Madagascar.
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Un spectre hante l'Europe, disait Marx. Comme un membre coupé le Califat aboli en 1924 par Attatürk - unité politique et religieuse de l'Islam - continue de tourmenter « l'homme malade de l'Europe ». Ce livre expose l'action politique en Occident de l'OCI, Organisation de la Conférence Islamique, la plus grosse organisation internationale après l'ONU, forte de 56 Etats gouvernant 1, 3 milliards de personnes et qui se comporte de fait comme un Califat moderne associatif d'une redoutable efficacité. L'OCI a réussi à établir par delà les frontières et à l'aide de réseaux européens une véritable gouvernance sur les minorités immigrées en Europe. Son action directe sur les politiques communautaires a contourné les procédures démocratiques. En imposant de garder leur lien avec leur religion, leur culture, leur langue et leurs Etats d'origine elle provoque l'échec des modèles occidentaux d'intégration et conduit l'Europe à un « multiculturalisme » aventureux. Bat Ye'or révèle le projet révolutionnaire d'installer le siège permanent de l'OCI à Jérusalem et comment l'Europe est instrumentalisée dans cette opération décisive pour l'avenir du Proche Orient et ce qu'il y reste de christianisme. « Au cours de la rédaction de cet essai, je me remémorais la question qui m'avait hanté voici 20 ans. Comment des peuples chrétiens, dotés d'Etats, de fortes armées et des plus riches cultures de leur temps, se désintégrèrent-t-ils dans leurs confrontations avec l'islam du VIIe au XVe siècle ? Maintenant je ne me pose plus ces questions. Ces processus de décomposition que j'étudiais dans de vieilles chroniques, je les ai vus se dérouler dans l'Europe actuelle »
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Après neuf mois de mobilisation exceptionnelle contre la loi sur le mariage, l'intransigeance du gouvernement et la promulgation de celle-ci provoquèrent une mutation fondamentale dans le mouvement d'opposition. Jusqu'ici les manifestants défendaient la conception traditionnelle de la famille et du mariage, les droits de l'enfant et la complémentarité des sexes et demandaient un référendum. Tout à coup il apparut que c'est le lien de ce peuple avec l'histoire de son propre pays qui était nié et que l'État souhaitait éradiquer pour accomplir à sa place au nom de ses institutions une politique aventureuse d'ignorance et d'oubli. Dès lors la dimension politique de ce mouvement de société émergea et les drapeaux français qui avaient fleuri dans la rue et sur l'esplanade des Invalides face aux compagnies de CRS, la bataille rangée pour la survie d'un peuple redonnèrent à la jeunesse française les couleurs, l'invention et l'audace politiques qu'elle avait ignorées depuis des lustres. Mais après ? AUTEUR Responsable de la publication des provinciales - l'histoire tout entière, comme si elle était vécue et soufferte personnellement
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Dans ce texte écrit au sortir de la guerre à trente ans, le philosophe et théoricien politique Pierre Boutang (1916-1996) annonce et introduit à toute son Å«uvre à venir en évoquant d'abord la vie qu'il (lui) fut donnée d'avoir, enfant, dans un grand jardin, son étonnement devant la consistance, la solidité des choses et ce jeu absurde de leur découvrir et surtout de leur inventer des noms : Toute forme que j'interrogeais, et qui me donnait sa réponse en se déroulant devant moi me conduisait au seuil de la joie. C'est donc la réminiscence éclatante des débuts d'un grand nom de la métaphysique française du dernier siècle (un de ceux que George Steiner dans un essai fameux nommera les logocrates), mais aussi l'exploration de cette relation commune et originaire à l'être et au langage que la vie enfantine autorise. Ces pages magnifiques - dans un genre comparable aux Confessions de saint Augustin - constituent l'un des plus saisissants classiques de notre littérature, le récit de l'éveil d'une enfance heureuse qui va connaître vite les constellations de la pauvreté et de l'échec puisque de cette maison, avec ce jardin, j'allais être chassé par des gens plus riches que nous et, boursier dans un lycée, apprendre par contact, quelle dérision c'était que l'égalité humaine proclamée par cette société libérale et bourgeoise autour de 1928. AUTEUR Philosophe, théoricien politique et romancier, homme de la trempe d'un Jünger, engagé aux côtés du général Giraud pendant la guerre avec lequel il préparera le débarquement américain en Algérie, Pierre Boutang (1916-1998) fonda et dirigea de 1955 à 1967 La Nation Française, hebdomadaire dans lequel il écrivit chaque semaine ses Politiques. Puis il publia notamment Ontologie du secret (1973) (maître livre du XXe siècle, selon George Steiner), Le Purgatoire (1976), Reprendre le pouvoir (1978), Maurras, la destinée et l'Å«uvre (1984), alors qu'il succédait à Emmanuel Levinas à la chaire de métaphysique de la Sorbonne en 1976. L'un des plus grands esprits de ce siècle (Le Figaro), auteur d'une Å«uvre multiforme et tempétueuse... d'une force de conviction et cohérence peu communes, et d'une imprudence qui se souciait peu des modes. (Le Monde).
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Ce livre longtemps attendu est une étude de fond sur un problème hélas d'actualité : le risque de génocide nucléaire religieux. Le potentiel génocidaire de l'islamisme est étudié dans le style très efficace de Rubenstein à travers l'histoire et la théologie, comme l'indiquent ses principaux chapitres : L'islam et la guerre - Le cas du génocide arménien - Les liens historiques et politiques entre nazis et musulmans - Guerres du pétrole et antisémitisme - Le risque de confrontation nucléaire entre Israël et l'Iran. Trois questions générales structurent la réflexion de Rubenstein : 1) Les religions monothéistes ont-elles une pente particulière à l'extrémisme violent ? 2) Les principes et l'histoire de l'islamisme le poussent-il dans la pente génocidaire ? 3) Où conduiront les mécanismes de destruction que le XXe siècle a inventés si le pays le plus indépendant de la planète, l'Iran, accède à la puissance nucléaire ? « Quelque chose est survenu au vingtième siècle qui a rendu possible la réalisation de fantasmes de destruction auparavant cantonnés dans la sphère des rêveries »
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Dans un ultime effort pour surmonter son épuisement, Pierre Boudot (1930-1988) termina sa carrière en dispensant des cours magnifiques à la Sorbonne sur Thérèse d'Avila et Jean de La Croix, dans le repaire de ces mandarins qu'il avait appris à redouter autant qu'à détester. Dans le violent réquisitoire qu'il n'a pas publié de son vivant, Les Mandarins sont revenus, chassez-les ! il dénonce leur puissant mépris des Å«uvres de l'esprit et des hommes, leur carriérisme mesquin, leur méchanceté - l'égocentrisme, la jalousie, l'infécondité et le plagiat de principe qu'il a décelés chez ces complices de l'argent, qui firent de l'Université quelques années après 1968 le premier territoire perdu de la République. Boudot ne se contente pas de rappeler la fronde des étudiants un instant révoltés contre leur système, leurs manipulations, ce stalinisme de couloirs triomphant dès alors à l'Université, mais il se souvient aussi de quel généreux sens historique, de quelle forme paradoxale de socialisme et de quel amour de la liberté et de la culture était habité un certain Charles de Gaulle, seul recours de la France contre le totalitarisme du libéralisme et le libéralisme du totalitarisme. Les paradoxes de la vérité crucifient ceux qui en ont le courage et même la vocation. La profonde blessure personnelle dont cet écrit témoigne dans une langue, une détresse et un souffle prodigieux, une maîtrise, une ironie intactes, paraissait il y a vingt ou trente ans la meurtrissure évidente d'un écrivain génial cruellement éprouvé. Dans la France d'aujourd'hui, elle est devenue une marque infaillible d'honnêteté et le symbole de tout un peuple qui souffre, acculé dans le désarroi d'une culture qui s'effondre et trahi par ses clercs, mais qui se réveille. Pierre Boudot dans la nuit obscure de son combat contre la mort administrée avec de faux semblants n'est plus un solitaire. De nombreuses âmes affligées de notre temps mais décidées de lutter reconnaîtront en lui un veilleur, un guetteur donnant l'alerte, un éclaireur et un premier de cordée : notre avant-garde. Boudot a gagné en représentation nationale. Sur le ton du cauchemar, d'une hallucination digne de la généreuse tradition des prophètes hébreux rappelée par Marc Bloch, ce texte tient davantage de la musique des psaumes que du pamphlet ciblé (quoique l'on pourrait encore lui assigner des noms). Renonçant à être philosophes, vous êtes devenus doctrinaires et si la réalité déborde des grilles de vos discours, vous donnez tort à la réalité, écrivait-il et la grande cohérence et précision de sa pensée décrit parfaitement, plus de trente ans à l'avance, le mécanisme humain qui aboutit à l'effacement de la culture du vrai en Europe, cette catastrophe en chaîne, et constate le retour pire que la première fois de la maladie idéologique d'un pays prêt à trouver sa place à l'interstice du nouveau pacte hitléro-stalinien que ce texte prophétise : Vous, les mandarins, vous tous les maîtres de la fonction parlante, êtes-vous à l'affût de l'essentiel ? L'insérez-vous dans votre réflexion ? Jamais. On ne peut être à la fois pleutre, mesquin et nommer le péril amassé sur le monde. En vous s'unissent ce qui était mêlé dans Hitler et Staline : le totalitarisme et l'activisme suicidaire. Même si la solidarité est dès aujourd'hui planétaire, en elle, la fraternité n'a pas forcément les mêmes urgences. Pour nous, Français, Européens, Occidentaux, je le redis : Israël est le vrai terrain de notre avenir éthique. Israël est le cÅ«ur de notre langage, le rythme de notre instinct de conservation, la mémoire de nos terreurs, de nos effondrements, de l'imprévoyance et de la complicité de nos pères. Quand vous me désespérez, je m'arrête et je songe : Israël... Mais vous, les mandarins, vous arrachez et laissez arracher le mot à ses racines véridiques pour nous et vous le livrez, tel Judas, avec un baiser à la liturgie planétaire d'un nouvel holocauste. À l'heure où nous attendons les effets d'une démission historique de la communauté internationale, impatiente de renouer avec un régime criminel outrancier et de libérer le flux indécent des affaires et du pétrole sur fond de faillites religieuses et humaines, ce texte, scandale de la vérité, montre que le regard isolé méthodiquement (Boudot disait ostracisé) est encore celui qui voit le plus juste. Pierre Boudot est né en 1930. Après des études de philosophie à la Sorbonne, il part à Heidelberg comme boursier de la Fondation Humbolt, où il étudie Nietzsche sous la direction du professeur Lowith, et s'entretient avec Heisenberg, Jaspers et Heidegger. Proche de Jean Walh, ancien auditeur de l'IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense Nationales), chroniqueur littéraire à France culture, il fut professeur de philosophie à l'Université de Besançon, puis à la Sorbonne. Ses travaux sur Nietzsche furent couronnée par l'Académie française. Il fut l'auteur d'une Å«uvre romanesque aussi singulière qu'ambitieuse, d'essais iconoclastes et d'une Å«uvre dramatique dont Ionesco souligna l'invention verbale, le retour au texte. Celui-ci est beau, lyrique, dramatique, éloquent dans le bon sens du terme. Il montre comment les anarchies mènent à la dictature, comment elles la sécrètent. Les anarchies sont multiples et contradictoires, elles répondent à des motivations très différentes, elles arrivent au même but. Pierre Boudot est mort d'un accident de voiture en 1988.