Ginkgo
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Femmes de l'espace (1963-2023) : Dans les pas de Valentina Terechkova
Pierre-François Mouriaux
- Ginkgo
- Histoires D'Espace
- 23 Novembre 2023
- 9782846795456
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Mais, en ce qui concerne les vols spatiaux habités, les femmes ont longtemps été écartées des équipages.
La voie ouverte en juin 1963 par la Russe Valentina Terechkova n'a pas été empruntée durant... vingt ans. Mais les recrutements de femmes pour devenir astronautes se multiplient depuis les années quatre-vingt, et l'équilibre se rétablit peu à peu entre les deux sexes.
À l'occasion du soixantième anniversaire du vol de « lamouette » du cosmos, ce livre rassemble, pour la première fois en français, les fiches biographiques de toutes celles qui ont embarqué à bord d'un vaisseau spatial pour aller vivre et travailler autour de la Terre. Soit 72 portraits de personnalités exceptionnelles, aux parcours variés, qui forcent l'admiration et constituent des modèles inspirants.
L'ouvrage est préfacé Geneviève FIORASO (ancienne ministre de la Recherche), Claudie ANDRÉ-DESHAYS (première astronaute française) et Sophie ADENOT (nouvelle recrue française dans le corps des astronautes européens). La postface est signée par Peggy WHITSON (l'astronaute américaine la plus capée à ce jour). -
Paul François Raymond Robert Basset est né en 1894.
Enseignant dans la tradition républicaine, ayant assuré sa vocation dans divers communes de Normandie (Pont- Audemer, Fiquefleur, Routot et Rugle), Robert basset est le directeur de l'école Jules Ferry à Bernay (Eure) lorsque la Seconde guerre mondiale éclate. Ne supportant pas l'occupation allemande, il entre en résistance sous le nom de « Pommier », et son logement de fonction (l'école) devient le lieu de réunions secrètes et source des messages destinés à Londres (grâce à une antenne de dix mètres déployée depuis le grenier de l'école).
Arrêté une première fois par la Gestapo, avec son fils Jean, en novembre 1943 puis libéré fautes de preuves, il est pris en otage en juin 1944, envoyé à Fresnes puis déporté dans le camp de concentration de Buchenwald en Allemagne, après un terrible voyage de cinq jours dans un des derniers convois à bestiaux, le 20 août de la même année. Durant sa détention, malgré les conditions que l'on sait, il participe aux actes de résistances du camp et réussit à faire sortir des informations qui permettront le bombardement des dépôts de munitions.
Il est libéré le 11 avril 1945 mais restera sur place plusieurs jours pour faire visiter les camps aux Alliés.
De retour en France, il reprend son activité d'enseignant et met la dernière main à un récit relatant ses épreuves et les conditions de captivité des déportés.
Cependant, considérablement affaibli par les privations et les mauvais traitements, il décèdera quelques années plus tard, le 20 novembre 1949.
C'est ce manuscrit que son petit-fils, Didier Basset, a retrouvé dans une cantine oubliée dans le grenier de la demeure familiale.
Il relate avec précision le destin d'un homme : son engagement dans la Résistance, avec ses deux fils Jacques et Jean au sein du réseau aujourd'hui célèbre « CND-Castille » (CND pour Confrérie Notre-Dame) jusqu'à son arrestation et sa déportation.
Mais ce document est avant tout le récit des terribles conditions de vie derrière les barbelés du camp de Buchenwald : travaux forcés, violence et déshumanisation, désespoir et mort. Il est aussi le surprenant témoignage d'espoir et de solidarité, associant détenus et intellectuels au sein de « conférences » auxquelles d'ailleurs Robert Basset participera. Ses « Coutumes de Normandie » en sont un bel exemple.
Présenté par Didier Basset, le présent ouvrage rédigé par ce grand résistant est enrichi de photos issues d'archives, de témoignages écrits, mais aussi de nombreux dessins réalisés par l'auteur pendant sa détention.
En somme, un récit poignant et une très belle leçon de vie...
Une centaine d'illustrations > clichés d'archives, portraits, dessins de l'auteur, plans et cartes. -
Par son parcours scientifique, Bernard Dupaigne a été amené depuis fort longtemps à s'intéresser aux artisanats et à leurs techniques. L'Afghanistan, par la richesse de ses traditions et peut-être à cause de son isolement culturel, était encore il y a peu l'une des principales sources d'informations et d'études sur les objets de la vie quotidienne et des arts populaires. L'auteur est un des très rares étrangers à avoir parcouru l'Afghanistan sous tous les régimes qui se sont succédés. Un travail, fruit de 50 ans de recherches et de vingt-deux séjours, en lien avec les institutions culturelles et scientifiques (CNRS, Musée de l'Homme, Délégation archéologique française en Afghanistan, Afrane) et dont le résultat est le rassemblement d'une somme de connaissances très certainement unique. L'ouvrage aujourd'hui proposé est une véritable encyclopédie des réalisations artisanales de l'Afghanistan. Sont ici présentés les oeuvres d'une immense variété, tant des plus simples - outils et objets de la vie quotidienne - que des plus riches et des plus élaborés destinés aux grandes étapes de la vie et des rituels religieux ou civiques. Sont ici décrit les travaux de l'architecture vernaculaire, de l'agriculture et de l'irrigation, de l'élevage et de la chasse ; mais aussi des arts de la tradition : peinture, tissage, tapisserie et feutres, fours et poterie, métallurgie, verre, marionnettes et jouets, manèges, harnachements de cavaliers, instruments de musique... Bien au delà des ces productions, sont ici retrouvés les hommes et les femmes oeuvrant - au sein du foyer, à l'atelier, dans le bazar ou loin de chez eux - pour le bien commun, la foi et, pourquoi pas, la beauté. Il n'existe pas - en tous les cas réalisé par un spécialiste reconnu - d'ouvrage de cette importance faisant connaître au public la richesse des traditions matérielles de ce pays. En deux volumes, avec un texte accompagné de plus de 1300 photos, la plupart en couleur. Il témoigne ainsi de la splendeur des multiples formes d'art traditionnel que l'Afghanistan à produit et qui - hélas - disparaît ou a déjà disparu devant les guerres, les déplacements de populations, l'appauvrissement. L'artisanat afghan est-il voué à la disparition ? Ne l'espérons pas. Dans l'attente d'un futur plus lumineux, sachons que ce livre en expose les effets les plus éclatants. Tome 1 -la vie quotidienne- en collaboration avec la DAFA (Délégation Française archéologique en Afghanistan). Un ouvrage exceptionnel. L'auteur Bernard Dupaigne est anthropologue et professeur honoraire au Museum national d'histoire naturelle de Paris (UMR 7206 - Éco-anthropologie (EA)- CNRS-MNHN-Université Paris I). Pendant longtemps chercheur au sein du Musée de l'Homme de Paris, il été directeur du Laboratoire d'ethnologie de cette institution de 1991 à 1998. Depuis 2008, il est membre de l'Académie des sciences d'Outre-mer (première section). Ethnologue de formation, Bernard Dupaigne est un spécialiste de l'Asie. L'Afghanistan est la terre d'élection de Bernard Dupaigne, espace culturel sur lequel il travaille depuis 1963. A ce titre, il a publié de nombreux ouvrages et articles sur les différents aspects de ce pays et notamment sur l'artisanat qui, il y a encore quelques années, était d'une immense richesse tant artistique que technique.
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Au viol s'ajoute, pour l'enfant sous inceste, l'aggravation majeure d'un interdit de dire. Le consentement ambiant à protéger l'ordre établi taxe sa parole de folie, s'il dénonce. Et s'il ne dénonce pas, c'est lui qui devient fou, ayant à métaboliser l'incurable oxymore de devoir révérer, voire aimer, son tourmenteur. Le piège est imparable. En créant Tintin, Hergé s'attaque à ce thème de la folie, dont il déconstruit l'étiologie usuelle et construit les voies du dépassement. Ce faisant, il déploie en creux, sans doute à l'insu de son plein gré,toute la figure du viol incestuel, où s'originent tant d'imputations de folie. Il ne le fait naturellement pas expressément, et n'y songe même pas. Elle s'y étale cependant dans toute son évidence, à travers une sémiologie involontaire mais parlante. En quoi il touche au point nodal du problème : le noeud du trauma étant dans l'indicible, on l'expose correctement en l'explorant par les voies expressives de l'inexprimé que ménage justement l'art de la BD, où le dessin parle sans avoir à dire. En revisitant sous cet angle l'oeuvre capitale que sont les aventures de Tintin, Philippe RATTE approfondit encore la démonstration qu'il avait faite dans Tintin, l'accès à soi (Ginkgo 2015) de ce que le succès universel et durable de ces albums tient à ce qu'ils ont pour trame fondamentale l'expérience et la guérison des blessures du Soi, en ce qu'il avait appelé une « psychanalyse homéopathique » bienfaisante. Il se dégage de cette nouvelle étude une réflexion plus vaste sur les lésions infligées à l'enfance, l'épreuve de leur dépassement, l'ordalie d'échapper aux dérobades comme aux enrobements, mais aussi une contribution acérée à l'étude des pouvoirs du texte et de l'image pour rendre audible et intelligible ce que tant de forces d'élision conspirent à étouffer. Partir ici derechef de Tintin, ouvre à l'intelligence d'enjeux de civilisation aujourd'hui enfin perçus, et à de nouvelles preuves de l'irremplaçable valeur des oeuvres de fiction pour, seules, dire le réel.
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« La nuit, je fais encore quelquefois d'horribles cauchemars. Ils sont toujours les mêmes... Je me retrouve dans la tranchée avec Théodore au milieu d'un bruit épouvantable d'éclats d'obus et de mitraille... C'est l'enfer de feu et de terreur. Soudain, je me retourne et je vois Théodore plein de sang qui disparaît comme une ombre qui s'enfuie... » C'est dans le grenier de la maison familiale, au fond d'un coffre fermé depuis longtemps que Miguel Haler et les siens ont découvert, il y a quelques années, cinq carnets manuscrits. Ils avaient été rédigés par le grand-père paternel, sur le front et précieusement gardés, puis oubliés... Retrouvant ainsi son aïeul, disparu depuis longtemps, Miguel Haler a décidé de le faire revivre par l'écriture. Ces phrases et ces mots, simples et forts, écrits par le simple ajusteur devenu soldat et malgré lui chroniqueur de l'indicible, ont été ici repris par l'écrivain, son descendant. Miguel ne réécrit pas mais accompagne ce qui est déjà écrit, précisant les lieux et les situations, se glissant ainsi dans la peau de celui qui combat et souffre. Moi, Joseph l'Alsacien est ainsi devenu la chronique journalière, remaniée et enrichie, humaine et humaniste, de celui qui, au soir de sa vie, était appelé affectueusement "Pépé piquant"...
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Une étude des 20 albums de Tintin qui analyse la façon dont le personnage construit son accès à lui-même et résout sa crise des origines grâce à trois accomplissements majeurs : l'identification au père (le professeur Tournesol), le combat pour l'accès à soi par le sauvetage de Tchang et l'acceptation de la femme par la métaphore des bijoux de la Castafiore. L'universalité du succès persistant des aventures de Tintin atteste que cette oeuvre porte en elle une contribution essentielle à l'essor de chacun. Revivre avec Tintin ce travail du passer-outre a la valeur d'une cure salvatrice de fondation de Soi, une sorte de psychanalyse homéopathique. Cet effet libérateur explique la puissance universelle et constante du succès de cette oeuvre profonde. Brillant tout simplement !
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L'Union européenne, les USA et le reste du monde ont enfin réalisé à quel point la Russie est devenue dangereuse pour le monde libre ? Depuis quinze ans, les avertissements de nombreux Russes clairvoyants ou d'observateurs européens avisés, sont restés lettre morte. Et les précédentes opérations néo-impérialistes du Kremlin, menées en toute impunité, n'avaient pas suffi à guérir la cécité des leaders occidentaux.
Sous la direction de la russologue Hélène Blanc, les voix multiples, les regards croisés des meilleurs observateurs de l'Union européenne, de la Russie et de l'Ukraine, analysent la crise la plus grave qu'ait connue l'Europe. Leurs éclairages pluriels sont précieux pour notre avenir commun. -
Vivre sous occupation ; quotidiens palestiniens
Aude Signoles, Véronique Bontemps
- GINKGO
- De Pres, De Loin
- 20 Avril 2012
- 9782846792042
Plus de vingt ans après la signature des accords de paix entre Israéliens et Palestiniens, les regards des médias occidentaux se focalisent sur l'éventuelle reconnaissance internationale d'un État palestinien par l'Assemblée générale des Nations unies. Comme à l'accoutumée, c'est l'aspect géopolitique du conflit qui polarise l'attention ; On sait en revanche beaucoup moins de choses sur la vie quotidienne dans les territoires occupés.
Quelles sont les conséquences de l'occupation militaire israélienne sur l'économie locale ?
Comment vivre quand se déplacer devient un combat au quotidien ?
Ce livre mêle entretiens, chroniques intimistes et réflexions de deux chercheurs engagés dans ce conflit depuis plus de vingt ans. On y découvre de l'intérieur la période s'étendant du processus de paix enclenché en septembre 1993 avec la signature des accords dits d'Oslo, de leur échec, symbolisé par l'Intifada de septembre 2000, et des nouvelles invasions militaires israéliennes au sein des villes palestiniennes dans les années 2002-2006. Il constitue un témoignage passionnant sur la sourde violence d'une occupation qui ne dit jamais son nom.
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Près de vingt ans après la fin de l'Union soviétique, il reste encore des dissidents. Condamnée à mort en 1983 pour "haute trahison d'État", Renata Lesnik en est le vivant exemple. Ses crimes ? Être passée à l'Ouest en bernant le KGB et avoir révélé dans Ici Moscou, son premier livre, le vrai visage du régime. Avec Mariée au KGB, en femme libre, elle nous livre enfin ses mémoires et dévoile un pan largement méconnu de l'histoire récente. Avec sa verve sans égale, son humour ravageur - sans idéologie ni pathos - elle évoque sa résistance au sein d'un système totalitaire et son quotidien à travers une URSS digne de Kafka. Passionnant thriller politique, la vie de Renata - toujours sur le fil du rasoir - prend littéralement le lecteur aux tripes. Intransigeante, courageuse et authentique, elle s'est affirmée comme l'un des plus brillants experts de la Russie post-soviétique, sans jamais accepter le compromis. Toujours traquée, cette réfugiée politique en France est devenue, aux yeux de certains, un témoin gênant.
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évasion de France ; souvenirs d'un prisonnier allemand pendant la Grande Guerre
Carl Kersting
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 4 Décembre 2019
- 9782846794305
Le récit débute par la capture de l'auteur, le 8 juillet 1916, au nord de la Somme. Pris sous le feu croisé de troupes françaises et anglaises, il est contraint à la reddition et décide de se livrer aux Français.
Transféré d'abord à Toulouse, sous les lazzis d'une foule déchaînée, il entreprend une première tentative d'évasion en direction de l'Espagne. Repris avec son compagnon, l'auteur décrit longuement ses nouveaux compagnons de cellule, hauts en couleurs (Annamites, Zouaves, Turcos, « Nègres », tous accusés de désertion, mais aussi des Belges, des Américains, des Serbes et des contrebandiers français). Après des mois d'enquête préalable, il est déféré devant le conseil de guerre pendant lequel ses compagnons et lui sont défendus par un avocat français qui prend fait et cause pour eux. Ils sont condamnés à 4 mois de forteresse à Avignon.
Puis Kersting tente pour la deuxième fois de s'évader. Lors du transfert dans un autre camp, il fausse compagnie à ses gardiens en sautant du train à hauteur de Lyon. Au bout de quelques jours, il est repris et conduit à Cholet puis à Carcassonne, Barcelonnette, puis Uzès. L'auteur détaille toutes les erreurs qu'un candidat à une évasion ne doit pas commettre et donne des conseils pour contourner les dispositifs mis en place par les autorités françaises. C'est à Annecy qu'il peut les mettre en pratique.
Le dernier tiers du livre est en effet consacré à cette ultime évasion ; préparatifs, traversée de nuit de la campagne française, arrestation de son compagnon, contournement des habitations, franchissement de ruisseaux glacés, nuits dans des fermes abandonnées, ruses pour échapper à la vigilance des douaniers et gendarmes près de la frontière, passage par la montagne enneigée du Salève, défi que, selon lui, personne n'avait encore relevé, jusqu'à l'arrivée en Suisse. À Genève, il passera une dernière nuit dans un cachot du commissariat de police avant de rejoindre l'ambassade allemande et de regagner son pays.
Ce récit permet au lecteur français de sortir de son point de vue tricolore en adoptant celui d'un prisonnier allemand, de voir ainsi les geôles françaises de la Grande Guerre et de partager le regard « ennemi » sur la société française et les événements en cours.
Le livre est à replacer dans son contexte : lorsqu'il parait, des milliers de prisonniers allemands sont encore détenus en France, employés pour certains dans des conditions très difficiles, à des travaux de reconstruction dans le nord de la France.
Le livre de Carl Kersting est représentatif de toute une littérature publiée en Allemagne dès le début de l'année 1919. Le but de cette quantité assez phénoménale de parutions demeurant le même pour tous les livres : prouver que l'armée allemande s'est bien battue, que ses officiers ont tous été d'excellents combattants et de haute tenue contre des adversaires, piètres soldats immoraux. De l'écrasante majorité de ces livres, ressort le sentiment d'étonnement devant une défaite « inexistante ». Cette littérature se veut dans l'esprit de la fameuse déclaration du maréchal Hindenburg devant la commission parlementaire allemande sur les responsabilités de la guerre : « Die deutsche Armee ist von hinten erdolcht worden » (« L'armée allemande a été poignardée dans le dos »).
L'historien Didier Dutailly, fin connaisseur, non seulement de la Grande Guerre, mais également de la Savoie où se déroule l'évasion finale, a enrichi le livre de ses notes et commentaires critiques.
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« Voilà dix ans, s'effondrait le régime soviétique (...) sous l'effet de sa propre putréfaction », constatait le regretté Jean-François Revel à l'aube des années 2000. Beaucoup pensèrent tout naturellement que cet échec d'un système politique dans l'histoire humaine, allait susciter au sein de la gauche internationale une réflexion critique sur la validité du socialisme. Ce fut tout le contraire !
Et l'intellectuel de poser clairement le problème : « Pour nombre d'intellectuels, le communisme, doit répondre de ses actes et ses crimes. Il faut, insiste-il, démonter à fond les mécanismes de ce système totalitaire pour, à défaut d'en juger les responsables aujourd'hui disparus, étaler au grand jour leurs monstrueux forfaits contre l'Homme.
Seule cette forme de catharsis permettrait d'exorciser les vieux démons de peuples désormais en quête de démocratie. Un procès qui représenterait en quelque sorte le point culminant d'une véritable « décommunisation » ou mieux, d'une déstalinisation. ».
Certes, en ce début de XXIème siècle, les configurations européenne et internationale s'avèrent très différentes, mais peut-on oublier si facilement à la fois Munich et Yalta ?
Des années 1990 à 2000, pléthoriques sont les intellectuels qui ont milité en faveur d'un « nécessaire procès du Communisme ».
Mais évidemment c'est aux Russes ainsi qu'aux autres peuples ex-soviétiques, et à eux seuls, d'en décider. À eux, et à eux seuls, d'organiser ce « Nuremberg du Communisme » selon l'expression du célèbre dissident soviétique Vladimir Boukovski.
L'homme qui, contre vents et marées, a tout tenté d'organiser un tel procès...
Ce document inédit dévoile, pour la première fois, l'histoire d'un bien étrange procès qui ne s'est jamais tenu. Pourtant décidé, programmé, jugé nécessaire, indispensable même, et qui devait être finalisé après l'implosion de l'URSS, fin décembre 1991.
Après une série de rebondissements et une pitoyable mascarade judiciaire, ce véritable "Nuremberg du Communisme" n'aura finalement pas lieu. Pourquoi ?
Ce véritable "thriller historique" ambitionne d'apporter des réponses à ce grand mystère de la Russie post-soviétique, l'un des épisodes les plus obscurs du XXème siècle dans lequel l'Occident joua un rôle décisif, dont on pourra mesurer les effets.
Et dont, depuis le décès de Boris Eltsine en 2007, Boukovski, témoin et acteur principal de l'affaire, reste seul à détenir toutes les réponses.
Il accepte de lever le voile sur ces événements.
L'ancien président de l'Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, par ailleurs dernier Secrétaire général du PCUS (Parti Communiste de l'Union soviétique) possède peut-être, lui aussi, quelques cartes de ce singulier jeu de patience. Mais il se tait...
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à l'ombre de Kmers rouges : souvenir d'une ambassade peu ordinaire (1991-1993)
Philippe Coste
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 14 Novembre 2022
- 9782846795111
En 1970, le coup d'État qui a renversé le Prince Sihanouk a plongé le Cambodge dans plus de vingt ans de chaos. Au bout de ce long calvaire, à la faveur de la fin de la Guerre Froide un plan de paix a été imaginé, inspiré par une poignée de diplomates français. Un plan de paix ambitieux qui consistait en rien moins que départager par le suffrage universel les quatre factions qui ne cessaient de s'entre déchirer. Cette oeuvre de réconciliation à haut risque ne pouvait être conduite que par une autorité extérieure : d'où l'idée d'impliquer dans l'opération les Nations Unies. Tel était l'objet des Accords de Paris sur le Cambodge, signés le 23 octobre 1991 C'est l'histoire de cette expérience hors du commun que raconte Philippe Coste, l'Ambassadeur de France à Phnom-Penh pendant ces deux années décisives.
Avec le recul de trente ans et la liberté de plume qu'un tel délai autorise, son récit, très enlevé, sa plume incisive nous donne à voir sur le vif le fonctionnement des Nations-Unies à travers une galerie de tableaux hauts en couleur des protagonistes du drame et des milles péripéties qui ont marqué le processus de paix. Récit aussi précis que parfaitement documenté mais aussi une histoire très personnelle, riche d'anecdotes tantôt émouvantes, tantôt piquantes qui toujours mettent en lumière les particularités inattendues d'un pays ô combien attachant. -
Journal d'un voyage en Amérique 1820 ; depuis la côte de Virgine jusqu'au territoire de l'Illinois
Morris Birkbeck
- Ginkgo
- Memoire D'homme
- 4 Octobre 2007
- 9782846790413
Journal d'un voyage en amérique est le récit étonnant d'un homme épris de liberté, qui voulait croire au rêve américain.
Devenu comme tant d'autres un aventurier par la force des choses, morris birkbeck va s'expatrier avec sa famille et traverser successivement les états de la virginie, de la pennsylvanie, de l'ohio avant de s'établir près de princeton, en illinois, au terme d'un long voyage. ce fermier, issu d'une famille quaker, homme cultivé et humaniste, avait décidé de donner à ses amis restés en europe un récit de sa découverte du nouveau monde.
Cette vision de la jeune amérique, à l'aube de la conquête de l'ouest, est probablement l'une des plus pertinentes et sincères, mêlant anecdotes de la vie quotidienne, descriptions de paysages et de lieux, et réflexions personnelles à la fois politiques et sociales. la question de l'esclavage qui allait déchirer les états-unis quarante ans plus tard y tient une grande place. son texte s'en fait l'écho, avec émotion...
Abolitionniste convaincu, morris birkbeck luttera de toute son énergie contre l'" institution particulière " comme on l'appelait à l'époque, n'hésitant pas à entrer en politique pour réaliser son idéal.
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Rapa : découverte et ethnographie d'une île du Pacifique
Christian Ghasarian
- GINKGO
- 19 Mai 2016
- 9782846792639
Au coeur de l'Océan Pacifique, située dans le sud de l'archipel des Australes (à plus de 1400 km de Tahiti) et reliée au monde par un unique bateau accostant tous les deux mois, l'île de Rapa constitue une société à part au sein de la Polynésie française.
Son isolement en a fait, depuis longtemps, un lieu de préservation unique des traditions anciennes du monde polynésien.
Cette particularité, propre à certains lieux dans le monde que la modernité n'a pas encore atteint, ou n'a atteint que très tardivement, est le sujet privilégié de l'ouvrage proposé par Ginkgo, sous la plume de l'ethnologue François Ghasarian.
Ce livre, adressé à tous ceux que le passé de la Polynésie passionne. Remontant dans le temps, aussi loin qu'ont pu être livrés les témoignages des premiers Européens à toucher le sol de Rapa, il présente et commente pratiquement tous les récits consacrés à cette île « perdue » du Pacifique sud, depuis sa découverte par le navigateur anglais Vancouver en 1791, jusqu'aux recherches archéologiques menées par Thor Heyerdhal en 1956.
Est donc ici réunie une grande variété de documents (récits, souvenirs et témoignages, correspondances et textes administratifs, articles de journaux et de revues scientifiques), provenant de sources variées (explorateurs, militaires, administrateurs coloniaux, missionnaires protestants et catholiques, ethnographes). Y sont également jointes la plupart des photographies prises à Rapa, depuis les toutes premières à l'aube du XXeme siècle, témoignages visuels irremplaçables que l'écrit le plus précis ne peut transmettre.
Tous ces documents, uniques, difficilement localisables et consultables, proviennent d'institutions, d'archives et de bibliothèques dispersées dans le monde. Ils sont ici rassemblés et présentés chronologiquement, suivant ainsi la progression de la « découverte » de l'île et sa lente absorption par le monde colonial. Ces récits - fragments et bribes du passé - constituent les seules données disponibles sur les habitants de Rapa et leurs relations avec les Européens depuis plus de deux siècles et nous permettent de reconstituer la pensée coloniale et son impact religieux, commercial et politique.
Parole enfin redonnée aux Polynésiens et à leurs coutumes et traditions.
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En attendant la chute du mur ; agir et protester en Israël aujourd'hui
Karine Lamarche
- GINKGO
- 23 Juin 2011
- 9782846790918
Suite au massacre de Sabra et Chatila (25 Septembre 1982) perpétré par les milices chrétiennes libanaises avec l'aide des troupes du général Sharon, près de 400 000 Israéliens descendaient dans la rue pour crier leur indignation. Quelques 25 ans plus tard, ils sont péniblement 5 000 a manifester lorsque leur pays bombarde Gaza faisant en quelques jours plus de 1 400 victimes. Que s'est-il passé entre temps dans les rangs de la gauche israélienne ?
Ce livre réunit une dizaine de témoignages d'Israéliens engagés contre l'occupation. Ils reviennent sur leur parcours offrant ainsi une perspective militante sur l'histoire récente du Proche-Orient. Des espoirs d'un accord de paix aux désillusions. Dépassant la simple rhétorique militante, ces regards nous offrent l'opportunité de repenser les lignes de fracture qui traversent le Proche-Orient, et nous rappellent ainsi qu'avant d'être ethnique ou religieux, ce conflit est avant tout politique.
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" Trois-mâts et goélettes, généraux emplumés, intrigues de cabinet, pièces de six, avocats sans cause, ruée vers l'or, whisky frelaté, combats pitoyables, armateurs impitoyables, récifs de corail, procès bouffons, amours mortes. Des pelotons d'exécution à chaque carrefour, des épidémies de choléra en toute saison. De vrais pourris, de faux naïfs. Bien peu de dames... " Patrick Boman nous plonge au sein d'un monde à la fois mythique et mal connu, celui des flibustiers du XIXe siècle. Tout aussi aventureux et assoiffés d'or que leurs ancêtres, manipulés discrètement par les grandes puissances du moment, ils tenteront de conquérir pouvoir et renommée, sur les terres d'une Amérique centrale en proie aux affres de l'anarchie. C'est en ces lieux que se distinguent trois personnages dont ce livre plein de verve raconte la vie, " remarquable " et... fort agitée. C'est tout d'abord Gaston de Raousset-Boulbon, aristocrate provençal, ruiné et renié par les siens, qui tentera de conquérir pour son compte l'Etat mexicain de la Sonora. C'est ensuite William Walker, à la fois médecin, avocat et journaliste, qui, après une première tentative en Basse-Californie (Mexique), jettera son dévolu sur le Nicaragua. C'est encore au Nicaragua que Félix Belly, Parisien, journaliste et homme d'affaires sans beaucoup de scrupule tentera l'aventure. Passionnant récit historique, Boulevard de la flibuste dévoile avec humour une période mal connue de l'histoire du continent américain.
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Ce soir de 27 juillet, le régime de Pyongyang diffuse dans le monde entier, comme chaque année, les photos impressionnantes du défilé, place Kim Il Sung, qui commémore la victoire de l'armée de la République Démocratique Populaire de Corée sur son voisin du Sud, le 27 juillet 1953.
On y découvre les phrases de propagande écrites en jaune sur fond rouge par des milliers de pixels humains et des bataillons de soldats, la jambe parallèle au sol.
Cette fois-ci, nous percevons les odeurs, le son des tissus des uniformes en tergal, le petit défaut d'alignement du troisième soldat, dixième rang en partant de la gauche.
Nous imaginons la carnation de ces centaines de visages, en les confondant avec les traits de ceux devenus familiers : celui tout rond de Chal, le traducteur affable, devenu un ami ; celui de M. Ri, sec mais s'illuminant parfois d'un sourire désarmant, celui de Kim chauffeur, rebaptisé Kim Rivers pour ses lunettes et sa coiffure en carton.
Nous avons assisté aux entrainements sur cette place, les flammes de la Juché découpées dans du carton et peintes au crayon. Il y avait des petits, des grands, certains s'appliquaient, d'autres suivaient mollement le mouvement. Tous avaient chaud. Nous étions à l'ombre.
Maxime et Colin avaient délaissé leurs trottinettes pour venir contempler la scène. Des dizaines de milliers d'enfants de leur âge, dans la moiteur du mois de juin, stoïques, répétaient une centième fois leur chorégraphie, matraquée par le grésillement des mégaphones. Les chefs encourageaient leurs ouailles, y compris pendant les courtes pauses où, les mains sur les hanches, les danseurs soufflaient, assommés de chaleur.
Pendant une année, notre famille a été domiciliée au Compound diplomatique, Munsundong, Taeddongang district, à Pyongyang. Nous avons donc pu soulever un coin du rideau, nous glisser dans le décor, et nous vous proposons de nous suivre dans cette exploration surréaliste et parfois drôle.
Libres de conduire et de circuler seuls dans la capitale la plus mystérieuse du monde, nous ramenons dans nos textes des moments forgés par un choc culturel de puissance 12 sur l'échelle de l'absurde. Une simple partie de tennis, l'achat de spaghetti, une réunion de travail, un cours d'anglais, tout prête là bas à rire ou à désespérer.
Notre petite histoire s'est également frottée à la grande, quand Kim Jang Il est mort, plongeant le pays dans un deuil terrible et notre communauté internationale, frappée de milles interdits, dans une morosité créative.
Nous vous embarquons pour un voyage à travers les regards de Quentin et Sarah, au son des chants de soldats ouvriers, des mégaphones grésillant et des roues des trottinettes de Colin et Maxime sur les pavés de la place Kim Il Sung.
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Récit des aventures de Pierre David, consul général de France à Smyrne dans les années 1820, dont le séjour dans ce grand port ottoman fut parsemé d'embûches. Il dut faire face aux troubles provoqués par la guerre d'indépendance grecque.
En plongeant, littéralement, dans la vie de ce diplomate, le livre nous entraîne dans une aventure hors du commun.
En accordant toute sa place à l'Orient et sa complexité (Guerre d'indépendance de la Grèce), il trouve un bel écho dans le cadre du bicentenaire de l'insurrection grecque qui a menée à l'émancipation de ce pays (1821-29), ainsi qu'en référence aux commémorations des massacres de Scio (avril 1822) et plus récemment de la tragique prise de la ville par les Turcs (septembre 1922).
C'est en 1819 de Pierre David débarque à Smyrne, plein d'espoir après un séjour agité en Bosnie. Il espère trouver dans cette ville cosmopolite et animée, entourée de l'aura des cités orientales, une vie de repos, de « sucre et de miel ». Il ignore encore les épreuves qui l'attendent dans sa mission.
En mauvais rapport avec la communauté européenne de la ville, il se replie dans un palais ottoman avec ses proches et tente d'y mener une vie « orientale » profitant des douceurs de l'Asie mineure. Mais les événements politiques le rattrapent - les troubles provoqués par les guerres d'indépendance en Grèce - et le forcent à se replonger dans la mêlée.
Progressivement, les autorités ottomanes de Smyrne se délitent et l'anarchie s'installe. Jour après jour, les Grecs sont massacrés et Pierre David entreprend alors de les sauver, quitte à mettre sa vie et sa carrière en danger.
Il sera aussi confronté aux massacres de Scio, peints par Delacroix, et à l'arrivée d'un puissant pacha, pendant que son fils s'éprend d'une jeune Grecque...
Tous les événements présents dans l'ouvrage sont authentiques et attestés par des témoignages de l'époque.
Illustrations d'époque, portraits, cartes et plusieurs documents d'archives enrichissent le texte que l'auteur a voulu riche, simple et alerte. -
Journal de Nathan Davidoff ; le juif qui voulait sauver le Tsar
Nathan Davidoff
- GINKGO
- Memoire D'homme
- 1 Décembre 2002
- 9782846790116
Document unique sur les communautés juives d'Asie centrale. Au-delà du récit anecdotique et de la description ethnographique, Davidoff nous a laissé un incomparable témoignage illustrant les bouleversements de la Révolution russe.
Le journal de Nathan Davidoff est un très riche document sur la communauté juive d'Asie centrale : monde peu connu de l'Occident et disparu aujourd'hui. Communauté aux fortes traditions, dont les membres les plus riches intégraient la société russe à grands pas.
Davidoff a également laissé un incomparable témoignage sur l'évolution de l'Empire russe et dont la lucidité laisse entrevoir les dramatiques événements. En effet, voyant la Russie se diriger inexorablement vers les bouleversements de la Révolution bolchevique, Nathan Davidoff, monarchiste sincère, tenta à plusieurs reprises de prévenir le Tsar et de le convaincre de fuir, en vain...
Oublié pendant plusieurs décennies, ce manuscrit fut tardivement retrouvé par son petit-fils, Benjamin Ben David qui, passionné, se lança dans une longue et difficile enquête à la recherche de ses racines. Elle le mènera de Paris en Asie centrale, à Moscou et à Jérusalem.
Traduit en français, ce journal est accompagné de précieux commentaires et de spectaculaires photographies.
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LE REFUGE SOLIDAIRE de Briançon (Hautes-Alpes), haut lieu de l'accueil d'urgence à la frontière entre l'Italie et la France, met à l'abri chaque jour depuis juillet 2017 les exilés qui franchissent la montagne, souvent dans des conditions très éprouvantes. La militarisation de la frontière a rendu leur parcours encore plus périlleux, mais leur détermination triomphe de tous les obstacles, même des nuits d'hiver à -20° C.
A ce jour, près de 25 000 personnes ont passé la porte du Refuge, halte précieuse sur leur parcours migratoire. Les exilés y trouvent gîte et couvert et prennent la pleine mesure de l'engagement citoyen, qui pallie l'absence de moyens de l'État et des collectivités locales - avant de reprendre leur route vers leur destination finale.
L'auteure, Pauline Rey, a vécu l'aventure des débuts du Refuge à son transfert en 2021 dans un bâtiment mieux adapté. C'est à la fois un récit très personnel et une réflexion profonde sur l'humanité, qui tisse ses liens par-dessus les barbelés, les bataillons de gendarmes et les difficultés financières.
Cahier de 16 photos couleurs. -
Un ouvrage témoignage sur le squat Maurice-Scève, un ancien collège désaffecté construit sur l'emblématique plateau de la Croix-Rousse à Lyon (à l'emplacement de la maison natale de l'abbé Pierre !). Ce squat, ouvert par un collectif à l'automne 2018 pour mettre à l'abri des mineurs isolés à la rue, était prévu pour accueillir une cinquantaine de réfugiés.
Au plus fort, ils seront 450 à l'été 2020 !
Outre les questions de gestion quotidienne (remise en état des locaux, approvisionnement, cuisine, suivi sanitaire, accompagnement administratif...), le livre aborde les rapports avec la Métropole de Lyon - de l'opposition franche à l'« ère Collomb » à un dialogue tendu mais constructif avec ses successeurs ; la gestion remarquable du confinement du printemps 2020 et les nombreux débats qui animèrent les lieux.
Le plus important, peut-être, fut la mise en place d'un fonctionnement autogestionnaire par ses habitants, avec des référents, tentant de rendre vivable un lieu à vocation transitoire, et peuplé de personnes d'origines et de cultures contrastées.
De nombreux témoignages d'habitants du squat, de soutiens citoyens, d'habitants du quartier, ainsi que des documents illustrent les différents chapitres.
+ Cahier de 16 pages quadri. -
Vingt ans après l'implosion de l'URSS, le bilan des années Poutine s'avère hallucinant.
L'État ne survit que grâce aux rentes pétrolière, gazière et à la vente de matières premières. Le pays est la proie d'une corruption colossale et les élites ont pactisé avec "le milieu". Mais la société a changé : elle refuse les violations systématiques de ses droits, l'absence totale de contre-pouvoirs, un régime où le FSB, héritier du KGB, règne en maître absolu, reléguant parfois les citoyens au rang de serfs modernes.
Les Russes ne supportent plus cet État pillard, la fraude, le racket généralisés, l'arbitraire total d'une "justice" aux ordres. Ils rejettent les simulacres d'élections. Et le pacte Medvédev-Poutine pour la présidence, qui aurait dû rester secret, a mis le feu aux poudres. Après les "révolutions de couleur" en Géorgie, en Ukraine, au Kirghizstan, après le Printemps arabe, les "Indignés" russes se font entendre et dénoncent le cynisme d'un pouvoir autiste face à leurs aspirations légitimes...
Le bilan qu'ils font d'un système prédateur est sans complaisance. Pour la première fois, Russia Blues leur a largement donné la parole...
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Vous les avez probablement rencontrés au détour d'une rue, sous un porche ou sur un banc, solitaires, jeunes ou moins jeunes, parfois accompagnés d'un ou plusieurs chiens ou bien en groupe, souvent bruyant, vous faisant presser un peu le pas, vous laissant perplexes... Que font-ils ? Pourquoi en sont-ils arrivés là ? Ont-ils une histoire ? Comment vivent-ils ? Où dorment-ils ?
Les textes qui suivent apportent certes quelques éléments de réponse à ces questions, mais au-delà des contingences matérielles, au-delà du quotidien qu'il faut gérer, au-delà des apparences parfois rébarbatives, il y a des gens en souffrance, qui tentent de rester dignes, qui espèrent « s'en sortir », qui aiment la vie, même s'ils pensent qu'elle ne le leur rend pas toujours, qui aiment rire, s'amuser.
Certains cherchent l'amour, d'autres l'ont trouvé, d'autres encore, ou bien les mêmes, ne croient plus à rien... Ou bien si ! À la fidélité de leurs chiens.
Ces textes sous forme d'un abécédaire ont été écrits, quelquefois dictés, tout au long d'une année, un soir par semaine. Rendez-vous était donné dans un lieu d'accueil et ceux qui le souhaitaient venaient. De façon irrégulière certes, mais ils venaient... Chaque mardi soir, c'était la même inconnue : seront-ils là ? Qu'ont-ils pensé de ce qui a été fait la semaine précédente, ont-ils réfléchi à ce qu'ils avaient envie de dire, d'écrire ? Les mêmes problématiques revenaient sans cesse : le logement, primordial pour pouvoir se reposer, se ressourcer, pour trouver un travail, se présenter dignement devant un employeur, pour pouvoir avoir la garde d'un enfant... Et puis, en filigrane mais bien présents, toujours présents on entendait les mêmes mots, déclinés sur tous les modes : solitude, indifférence, ignorance, exclusion... Parfois l'un ou l'autre disparaissait quelque temps puis il revenait, reprenait au vol le fil de la discussion, s'installait devant une feuille blanche, torturait son crayon, discutait avec le groupe autour de telle ou telle lettre, ou bien dessinait et continuait cet abécédaire qui les empêchait parfois de dormir... R comme rue !
L'idée de faire un livre vient de la mort accidentelle, jamais vraiment élucidée, de l'un d'eux. Parce qu'aucune vie n'est anonyme, parce qu'ils voulaient rendre hommage à leur copain, ils s'étaient donné rendez-vous place François Ier à Cognac.
Ils étaient plus de soixante à l'heure dite... Soixante personnes un peu atypiques au même endroit, tristes et silencieuses, ça se remarque, non ?
Et bien non ! Il n'y a même pas eu l'ombre, le lendemain, d'une discussion autour du café du matin, ni d'un article, ni d'un entrefilet dans la presse... Rien.
Face à cette facilité que nous avons à ne pas voir, à ne pas savoir voir, peut-être à ne pas vouloir voir est née la volonté de parler, puis d'écrire. Ce sont ces fragments de vie, de leur vie qu'ils nous offrent.
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Carnets d'un paysan soussou ; l'oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête
N'fassory Bangoura, Philippe Geslin
- GINKGO
- 8 Décembre 2011
- 9782846790987
Chaque soir, l'ethnologue se retire dans sa hutte.
A la lueur d'une lampe à pétrole, il écrit sur un petit carnet. N'Fassory Bangoura l'observe. Il s'interroge. Pourquoi ne pas écrire moi aussi sur mon quotidien, la vie de mon hameau, sur "mon Blanc"?... N'Fassory Bangoura regagne sa hutte. Le cahier et son stylo à bille sont là, sur le lit, sous la moustiquaire. Il l'ouvre soigneusement. C'est la première page. Il s'installe. Il écrit... N'Fassory Bangoura est un paysan.
Il est l'informateur de l'ethnologue Philippe Geslin venu étudier la vie des sauniers soussous, vivant dans les mangroves, au sud de Conakry. Son récit est un document exceptionnel retraçant deux ans de la vie d'un hameau de Guinée, vue par l'un de ses habitants. N'Fassory nous livre une subtile succession de phrases courtes, véritables poèmes composés de strophes rythmées et chantées.
Il décrit son quotidien, celui de sa famille, de son village et surtout de "ses Blancs". Certains jours offrent de petits contes philosophiques, d'autres nous font approcher un monde de famine et d'angoisse. Les bonheurs journaliers ne sont pas en reste: événements ténus, mots prononcés, gestes dispensés, reconnaissance des sages, amitié gagnée, douceur d'une sauce composée d'huile de palme et de feuilles de manioc.
C'est pour le lecteur un voyage singulier qui permet de voir "une Afrique particulière" éloignée des discours convenus.