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Sciences humaines & sociales
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La valeur de l'information ; combat pour une presse libre
Edwy Plenel
- Don Quichotte
- 8 Mars 2018
- 9782359497151
« La jeune et brève histoire de Mediapart fait partie de ces nombreuses volontés citoyennes résistant à la régression qui donne la main aux plus forts et aux plus riches, c'est-à-dire aux États qui surveillent et aux financiers qui spéculent. Si novatrice soit-elle, ce n'est sans doute qu'une contribution parmi d'autres. Mais j'ai voulu en tirer quelques enseignements utiles à celles et ceux qui cherchent les voies d'une refondation démocratique de l'écosystème médiatique en inventant des réponses nouvelles à la crise d'indépendance et de qualité de l'information.
Je me propose d'expliquer ce chemin de résistance, en m'attachant à toutes les dimensions du mot «valeur» qu'entraîne ce choix exigeant : valeur de la démocratie, valeur d'un métier, valeur du participatif, valeur d'un public, valeur d'une entreprise, etc. C'est en défendant la valeur de l'information que nous apporterons, face au choc de la révolution numérique, des solutions durables qui soient au service de l'intérêt général.
Mon seul souci est que nous soyons à la hauteur du défi que doivent affronter nos démocraties, qui, à force de se laisser dépérir, prennent le risque de se renier. Car la défaite du journalisme annonce toujours le recul de la liberté ».
Edwy Plenel.
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S'agissant des affaires publiques, la publicité doit être la règle et le secret l'exception. Rendre public ce qui est d'intérêt public est toujours légitime. Tout document qui concerne le sort des peuples, des nations et des sociétés mérite d'être connu de tous afin que chacun puisse juger sur pièces, choisir pour agir, influer sur la politique des gouvernements. Si, en démocratie, le peuple est souverain, alors la politique menée en son nom ne saurait être l'apanage d'experts et de spécialistes, d'élites et de professionnels, seuls destinataires des informations légitimes, et agissant comme des propriétaires privés d'un bien public. Preuve en est la diabolisation par les puissants de la « transparence » notamment revendiquée par Mediapart, comme si le journal réclamait un droit inquisitorial à percer les secrets alors que, au contraire, ses curiosités n'ont jamais porté que sur des sujets d'intérêt public (Karachi, Bettencourt, Kadhafi.).
Ce livre entend démontrer l'utilité de ce droit de savoir comme accélérateur de la prise en main de leur destinée par les peuples, alors que la crise en cours ne cesse de les en déposséder. Tandis que l'opacité et le secret protègent la corruption et l'injustice et que des murailles, y compris inconscientes, se dressent devant le légitime droit de savoir dès que les journalistes l'illustrent par des curiosités dérangeantes, l'information se révèle toujours un appel à la liberté.
Fondé sur l'expérience de Mediapart, Le Droit de savoir recense les obstacles qui se sont dressés en travers de son chemin pour empêcher l'information et les enquêtes ; le livre revient sur les filatures, les écoutes, les campagnes de diffamation, les plaintes de l'ancien gouvernement. Il analyse aussi les conséquences de ses révélations et les débats publics qu'elles ont provoqués.
Surtout, à l'heure de la révolution numérique, cet ouvrage constitue un plaidoyer pour une nouvelle loi fondamentale sur la liberté de l'information. Un droit qu'il faut étendre, consolider et renforcer.
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Dire nous ; contre les peurs et les haines, nos causes communes
Edwy Plenel
- Don Quichotte
- 3 Mars 2016
- 9782359495478
Dire nous, c'est inventer tous ensemble le " oui " qui nous manque, celui d'un peuple réuni dans sa diversité et sa pluralité autour de l'urgence de l'essentiel : la dignité de l'homme, le souci du monde, la survie de la terre. Le " nous " de l'égalité, sans distinction d'origine, de condition, d'apparence, d'appartenance ou de croyance. Le " nous " des causes communes où s'invente concrètement l'espérance, là où nous vivons, là où nous travaillons, dans tous ces lieux où nous faisons déjà route ensemble.
Le " nous " des audaces démocratiques, sociales et écologiques sans lesquelles il n'est pas de confiance retrouvée dans un avenir partagé. Ce " nous ", seul capable d'enrayer la machine infernale qui met la France en guerre contre elle-même, en inventant des boucs émissaires. Ce " nous " qui fera enfin barrière aux divisions où, par la haine, le rejet et la peur, se perpétue la domination d'une minorité et la dépossession de la majorité.
Ce " nous " où s'inventera un espoir commun, dans la délibération collective, plutôt qu'une aventure personnelle, avec son cortège de déceptions et d'amertumes, tant le " je " présidentiel ruine la confiance démocratique en confisquant la volonté du peuple. Dire nous fait suite à Dire non, paru en 2014. L'alarme qui l'animait alors est, hélas, encore plus justifiée aujourd'hui. Les tenants du repli identitaire, du racisme banalisé, de la xénophobie assumée tiennent le haut du pavé médiatique tandis que nos gouvernants leur cèdent du terrain en nourrissant le terreau des peurs et des haines.
Leurs renoncements sociaux et leurs régressions démocratiques, leur manque de hauteur et leur absence de vision, leur soumission aux intérêts minoritaires de l'oligarchie financière sèment le désespoir et la colère. Prisonniers du court terme et obsédés par leur survie, ils ne mènent pas la bataille des idées. Pis, par frilosité, conformisme ou aveuglement, ils ne cessent de reculer face aux idéologies renaissantes de l'inégalité et de l'identité, destructrices de la promesse concrète d'une République démocratique et sociale.
Eux-mêmes gagnés par la peur devant l'inconnu et l'incertain, ils s'avèrent incapables de proposer un imaginaire rassembleur, réduisant la politique à l'économisme, sa vitalité à une statistique, son ambition à la gestion. Il est temps de dire " nous ", et de tracer une autre route, celle d'une civilisation du partage et de l'échange, de la délibération et de la relation, de l'égalité et de la solidarité.
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Le Rescapé et l'Exilé ; Israël-Palestine ; une exigence de justice
Stéphane Hessel, Elias Sanbar
- Don Quichotte
- 29 Février 2012
- 9782359490596
Que peut-on dire de nouveau sur un conflit de plus de cinquante ans, dont les paramètres de solution sont aujourd'hui connus par la communauté internationale ? MM. Hessel et Sanbar se sont accordés sur une démarche originale : retracer et analyser le cours des événements qui ont conduit à l'actuelle impasse et s'interroger sur le rapport entre légalité internationale et justice historique. Tous deux reviennent, au cours de leur échange, et dans le même souci de combiner témoignages et réflexions, sur les grandes dates du conflit.
Elias Sanbar, né à Haïfa en 1947, s'est aussitôt retrouvé sur les routes de l'exil. Il parle du sentiment d'incompréhension et d'injustice qu'il partage avec son peuple. Stéphane Hessel, ancien résistant et déporté à Buchenwald, était diplomate à l'ONU lors de la création d'Israël, à laquelle il était favorable. Il avoue avoir des réserves depuis la guerre des Six Jours, où Israël ne peut plus justifier ses attaques par la légitime défense. Il pointe du doigt l'impunité du pays qui, en continuant la colonisation malgré les traités de paix, se place dans l'illégalité par rapport au droit international. Plus tard, ce sont ses liens avec des oligarchies financières du monde entier qui l'indignent.
En analysant les causes du conflit et les éléments qui ont empêché les négociations d'aboutir, MM. Hessel et Sanbar parviennent encore à trouver des raisons d'espérer. Sur la possibilité même d'un État palestinien, ils posent comme préalable le retrait des colonies en Cisjordanie. Ils préconisent de former une région forte, où Israël et la future Palestine pourraient vivre ensemble sereinement. Stéphane Hessel, lui, en appelle au réveil du peuple israélien, dans la lignée du printemps arabe. Les auteurs finissent par sortir le conflit de son caractère exceptionnel de bataille pour une terre sainte, trop lourd à porter, et prônent un retour à la banalité, condition sine qua non de la fin de l'impunité israélienne.
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Résistances ; pour une Birmanie libre
Aung San suu kyi, Stéphane Hessel
- Don Quichotte
- 5 Mai 2011
- 9782359490428
Pour Aung San Suu Kyi et Stéphane Hessel, la démocratie, patrimoine universel, ne s´arrête pas aux frontières du monde occidental.
La Birmanie, dictature militaire depuis le coup d'Etat de 1962, est-elle mûre pour la démocratie ? Pour certains analystes convaincus que les notions de démocratie et de droits de l´homme ne s´appliquent pas facilement à l´Asie, l´évolution de la Birmanie vers la démocratie n´a rien d´évident. Ce n´est pas l´avis d´Aung San Suu Kyi ni celui de Stéphane Hessel, pour qui les principes contenus dans la Déclaration des droits de l´homme ont valeur universelle.
Loin d´un apprentissage de la démocratie, c´est d´un soutien résolu du monde extérieur dont ont besoin celles et ceux qui n´ont attendu personne pour appeler à une autre Birmanie. Aux yeux de Stéphane Hessel, la Dame de Rangoon joue « un rôle extrêmement important (...) à un moment où, dans le monde entier, la question des résistances au despotisme prend une place privilégiée ». Le respect quasi unanime manifesté à l´endroit d´Aung San Suu Kyi n´a pourtant pas empêché différents observateurs de lui prêter leurs propres vues.
Journalistes, universitaires et autres consultants, convaincus qu´une levée des sanctions visant le régime militaire ne pouvait que favoriser son ouverture, ont ainsi affirmé à tort qu´Aung San Suu Kyi, favorable au maintien des mesures existantes, partageait leurs conceptions. Aung San Suu Kyi, surnommée la Dame de Rangoon, est une femme politique birmane, connue dans le monde entier. Elle incarne, depuis plus de trente années, la résistance non-violente à la dictature de son pays.
Elle a reçu en 1991 le prix Nobel de la paix.
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Des vies en révolution ; ces destins saisis par Octobre-17
François Bonnet, Collectif
- Don Quichotte
- 5 Octobre 2017
- 9782359496512
La déflagration de Petrograd provoqua des destinées extrêmes. Des femmes et des hommes se jetèrent à corps perdu dans cette envie révolutionnaire, portant leurs engagements jusqu'à l'incandescence. Beaucoup s'y consumèrent. Voici quatorze portraits de destins exceptionnels, forgés dans la tourmente d'Octobre-17.
Ils ne sont pas tous acteurs de premier plan, mais chacun se saisit de l'événement pour l'amplifier ou pour se construire une vie nouvelle. La future diplomate Alexandra Kollontaï imposa à Lénine la libération des femmes. L'affairiste truand Naftali Frenkel participa à la construction du Goulag. Nestor Makhno organisa le premier grand soulèvement anarchiste. Yakov Blumkine, tout à la fois poète, espion, tueur et martyr de Staline. Jeanne Labourbe, l'institutrice française tuée à Odessa, Larissa Reisner, déesse guerrière de l'Armée rouge, Roman von Ungern-Sternberg, le baron fou de Sibérie, Isaac Babel, l'écrivain juif s'enrôlant comme soldat sur les conseils de Gorki, pour « courir le monde »...
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Ce bien qui fait mal à l'âme ; la littérature comme expérience morale
Michel Terestchenko
- Don Quichotte
- 4 Janvier 2018
- 9782359496598
Des Misérables aux Frères Karamazov, réflexion sur la générosité, l'amour et le bien dans la littérature, un bien bouleversant les êtres, qu'il les rende meilleurs ou qu'il les détruise.
Les traces qu'impriment en nous le prince Mychkine ou Aliocha Karamazov sont inoubliables, et la rédemption de Raskolnikov par quoi s'achève Crime et châtiment est une de ces expériences qui vous marquent pour longtemps.
De même, Jean Valjean, incrédule face au don insensé des chandeliers par l'évêque de Digne, est soudain arraché à la haine et se trouve, malgré lui, consacré à une vie de bonté et d'intégrité qui ne reculera pas devant les exigences de l'ultime sacrifice. Aucun roman ne révèle mieux que Les Misérables à quel point le bien peut faire « mal à l'âme », soit pour transfigurer un être soit pour le détruire. On le voit avec Javert que la générosité de Jean Valjean conduit au suicide.
Que la manifestation du bien puisse être insupportable, on le voit encore à l'envie destructrice qui anime John Claggart envers Billy Budd, le beau matelot, incarnation parfaite de l'innocence dans le roman de Melville.
Face au bien que ces personnages figurent, nul ne reste indifférent : ni les interlocuteurs auxquels ils s'adressent, ni le lecteur qui se trouve, à son tour, sommé de répondre à une expérience existentielle radicale. Telle est la puissance du bien que le nouvel ouvrage de Michel Terestchenko explore dans des exercices de lecture qui, loin de tout angélisme, nous invitent à nous tourner vers ce qui appelle l'humanité de l'homme à l'expérience la plus noble, la plus exigeante et parfois la plus impitoyable.
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Révélé par Un prophète de Jacques Audiard et Rengaine de Rachid Djaïdani, Slimane Dazi est devenu une « gueule » du cinéma français. Une forte gueule de titi parisien, une gueule de « métèque » aussi, comme il le dit lui-même. Sa fiche cinéma a beau le présenter comme un acteur français, né dans les Hauts-de-Seine en 1960, Slimane doit encore se battre pour être reconnu comme français.
En 2016, quand il tenait le haut de l'affiche avec Reda Kateb pour Les Derniers Parisiens, il passait des examens pour tenter d'obtenir l'intégration dans la nationalité française, une situation propre aux Algériens nés en France avant l'indépendance de leur pays en 1963. Toujours titulaire, à près de 60 ans, d'une carte de séjour et d'un passeport algérien, il vit une galère peu commune dès qu'il s'agit d'aller récolter un prix ou de tourner un film à l'étranger. Le chemin de l'intégration est pour lui, l'histoire d'une « désintégration » qu'il vit avec rage et douleur.
Indigène de la nation raconte les étapes de cette quête d'appartenance tourmentée en suivant le fil conducteur de l'examen qu'il lui a fallu passer pour prouver qu'il était français, les humiliations endurées quand on est un comédien aimé et reconnu, et qu'il faut prendre le métro que son père aida à bâtir, pour aller prouver qu'on maîtrise la langue et les usages de son pays. Pour quêter le droit d'être considéré comme Français.
Indigène de la nation raconte la vie hors du commun de cet enfant de la banlieue parisienne, né à Nanterre, du côté des bidonvilles et élevé à Arcueil quand les nouvelles cités portaient encore le rêve d'une vie meilleure. Dans le rôle de « grand frère », Slimane Dazi a vécu l'évolution des cités de l'intérieur, fréquenté les gangsters à l'ancienne, les « monte-en-l'air » avec lesquels il s'est rompu à l'art du cambriolage. Il a vu monter la violence et changer les drogues. Il a vu se cloisonner les communautés et disparaître les amis. Entre la tentation du retour en Algérie et la survie à Paris, il a multiplié les boulots et les aventures. Camelot, livreur, ventouseur, chauffeur de maître, il a sillonné en tous sens le Paris de la débrouille, le Paris de la nuit, un Paris bien à lui, noircissant des dizaines de carnets de notes qui font la matière de ce livre.
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Il est temps que la honte change de camp, que les victimes de viol puissent parler sans risquer les représailles ou la stigmatisation. Cet ouvrage, coordonné par Clémentine Autain et rassemblant une centaine de témoignages, est un manifeste contre le silence.
« On peut raconter dans un dîner que l'on a été victime d'un attentat, que l'on a perdu un proche ou subi un cambriolage. Avec le viol, silence radio. Cet acte touche à la sexualité et la suspicion n'est jamais loin. Le viol est un crime dans lequel la victime se sent coupable, honteuse. Ne pas pouvoir dire ce que l'on a vécu rajoute à la violence subie et contribue à l'impunité des violeurs. » Clémentine Autain Une personne est violée toutes les huit minutes et souvent une chape de plomb pèse sur les victimes. En nov. 2012, à l'occasion de la journée contre les violences faites aux femmes, France TV a diffusé deux documentaires (Viol, double peine et Viol, elles se manifestent) dont les audiences ont été importantes. Parallèlement, le groupe a mis en place une plateforme web pour permettre aux victimes de viol de témoigner - celles-là mêmes qui trop souvent se taisent. Rapidement, des centaines de témoignages ont afflué. À ce jour, plus d'un millier de personnes sont venues dire leur souffrance, leur colère ou leur peur. Elles ont dans le même temps montré leur courage, leur résolution au combat contre le silence, et une volonté à reconstruire leur vie et leur honneur après ce double traumatisme : le viol et l'impossibilité d'en parler.
Ces maux, leurs mots, expriment tous une grande émotion, née du silence enfin brisé. Au-delà du seul témoignage, ces victimes reconquièrent une parole qui leur a souvent échappée et tentent par-là même de sortir de la honte où notre société semble l'accabler. Cette parole veut aller contre la condamnation tacite qui pèse sur elles, elle est un plaidoyer, un exercice de la justice.
L'ouvrage débute par une longue introduction de Clémentine Autain. S'ensuit une centaine de témoignages organisés par thèmes (faits, sidération, parcours judiciaire, somatisation, reconstruction). Des données repères sont régulièrement proposées pour ponctuer les récits : chiffres, informations brèves, citations. Un épilogue conclue l'ouvrage, invitant à aller plus loin.
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Ce qu'ils font est juste ; ils mettent la solidarité et l'hospitalité à l'honneur
Collectif
- Don Quichotte
- 18 Mai 2017
- 9782359496277
L'étranger est par essence louche, suspect, imprévisible, retors, de taille à commettre des avanies, même s'il survit dans le plus profond dénuement, s'il souffre de la faim, du froid, qu'il n'a pas de toit pour se protéger. L'étranger, homme, femme ou enfant, représente toujours un danger, qu'il faut combattre à tout prix.
La loi dispose que « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d'un étranger en France » encourt jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
Cette sanction pénale est réservée aux « aidants » désintéressés, animés par le seul élan d'humanité et de dignité vis-à-vis d'eux-mêmes et de ceux voués à tout juste subsister. Ils ont choisi, en connaissance de cause, de commettre ce qu'on appelle le « délit de solidarité » ou « d'hospitalité ». Des expressions devenues familières, dans leur obscénité, depuis qu'on a vu traduits devant les tribunaux des « désobéissants », paysans, professeurs, élus municipaux, citoyens bienfaisants coupables d'avoir, sans contrepartie d'aucune sorte, secouru, protégé, rendu service à des hommes, femmes et enfants qui n'avaient pas l'autorisation de fouler la terre française.
Les élections présidentielle et législatives en France ont fourni l'occasion d'une chasse aux désobéissants, comme si la majorité des candidats s'étaient accordés pour rassurer l'opinion en la sommant de collaborer : la France ne laissera pas entrer chez elle des hordes de réfugiés, de migrants si menaçants. Chaque jour a apporté son nouveau délinquant, lequel n'a pas désarmé, il est entré en résistance. Il offre le gîte, le couvert, la circulation à des exilés miséreux, il est capturé par des policiers, punit par des magistrats... et il recommence, parce que l'hospitalité et la solidarité ne sont pas une faveur mais un droit, un devoir et qu'il aime accomplir ce devoir-là.
Des écrivains ont accepté avec enthousiasme d'écrire, à leur guise, dans une nouvelle, fiction ou rêverie, leur respect pour ces gens de bien, et leur inquiétude de voir agiter les spectres de graves menaces incarnés par des êtres humains réduits à peu de choses. Pas seulement : c'est aussi vers l'Autre que va leur curiosité, l'Autre qui gagne toujours à être connu et non chassé.
Enki Bilal dessine, des écrivains de talent s'expriment. Antoine Audouard, Kidi Bebey, Clément Caliari, Antonnella Cilento, Philippe Claudel, Fatou Diome, Jacques Jouet, Fabienne Kanor, Nathalie Kuperman, Jean-Marie Laclavetine, Christine Lapostolle, Gérard Lefort, Pascal Manoukian, Carole Martinez, Marta Morazzoni, Lucy Mushita, Nimrod, Serge Quadruppani, Serge Rezvani, Alain Schifres, Leïla Sebbar, François Taillandier, Ricardo Uztarroz, Anne Vallaeys, Angélique Villeneuve, Sigolène Vinson.
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L'urgence et l'essentiel ; dialogue
Edgar Morin, Tariq Ramadan, Claude-Henry Du Bord
- Don Quichotte
- 5 Octobre 2017
- 9782359495591
Avec la collaboration de Claude-Henry du Bord.
Entre l'ancien résistant, penseur agnostique de la complexité, et le philosophe et théologien militant pour « une réforme radicale » de la pensée islamique, les divergences sont nombreuses. Elles ne sont pourtant pas causes de dissensions et elles fécondent leur dialogue sur les grandes questions de notre temps. Avec eux, nous retrouvons des raisons d'espérer pour l'humanité.
Explorant des pans du savoir humain, de l'économie à l'art, de la philosophie à l'histoire, de l'anthropologie aux sciences physiques, MM. Morin et Ramadan s'interrogent d'abord sur la foi. Le croyant en une religion révélée et le croyant en la fraternité se rejoignent sur un impératif : la spiritualité n'est pas l'apanage des religieux, mais relève de la vie intérieure, et comporte la conscience du mystère. Quel est le besoin de Dieu ? Quelle est la place des religions dans la cité ? Pourquoi et comment penser notre mort ? Les promesses d'immortalité du transhumanisme ne masquent-elles pas la divination de l'être humain ?
À partir de ces réflexions, ils abordent dans un second temps le monde tel qu'il devient, soumis à des périls croissants : guerres qui n'épargnent aucun continent, dégradation de la biosphère, inégalités grandissantes, régressions psychiques et affectives, fanatismes terroristes, post-démocraties autoritaires et post-vérités débiles, replis sur l'identité particulière dans l'inconscience de l'identité humaine commune. Ils reconnaissent que la diversité est le trésor de l'unité humaine comme l'unité le trésor de la diversité humaine. MM. Morin et Ramadan défendent une éthique dont les deux piliers sont les principes unis de solidarité et de responsabilité. Leur souci est de revivifier l'espérance.
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Macron & Cie ; enquête sur le nouveau président de la République
Mathieu Magnaudeix, Collectif
- Don Quichotte
- 7 Septembre 2017
- 9782359496635
Le 7 mai 2017, l'ancien secrétaire général adjoint de l'Élysée de François Hollande est devenu, à 39 ans, le plus jeune président de la Cinquième République, le fruit d'une véritable OPA sur le pouvoir menée avec méthode, sur fond d'effondrement des partis. En coulisses, Emmanuel Macron a patiemment construit une machine électorale destinée à conquérir le pouvoir, transformant en cash machine les ramifications multiples d'un réseau accumulé au fil des ans dans le monde des affaires et le Tout-Paris. Loin du storytelling macronien, la rédaction de Mediapart a enquêté pendant plusieurs mois sur le « monde » de l'ancien banquier d'affaires, ses réseaux, ses donateurs, la façon dont l'ancien élève de Ricoeur a bricolé une pensée ultra-pragmatique collant au moment politique, son zigzag symbolique et opportuniste entre gauche et droite, la façon dont il s'est hissé au pouvoir.
Incarnation du « système » politique, l'énarque, ex-inspecteur des finances, jure qu'il saura au pouvoir se démarquer du « vieux monde » dont il est issu. À bonne distance de la communication et de la chronique des faits et gestes du nouveau président, Mediapart s'est penché sur les hommes et les femmes du nouveau pouvoir, le peuplement des cabinets ministériels, et raconte les coulisses des premiers mois d'une présidence inattendue.
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À l'été 2014, la guerre à Gaza a montré que le conflit au Proche-Orient était parvenu à un point de non-retour. Tous les dix-huit mois, une confrontation survient, et la question n'est plus de savoir si mais quand le prochain conflit armé va éclater. Vingt ans après la signature des accords d'Oslo, Israël n'a jamais été aussi radicalisé à droite, son armée aussi violente. Gaza n'a jamais subi de destructions aussi massives ; jamais autant de roquettes n'avaient été tirées par le jihad islamique et le Hamas ; jamais autant de civils palestiniens n'avaient péri sous les bombes israéliennes. Fin 2014, au lendemain de l'offensive « Haie de protection », les groupes armés palestiniens ont gagné en influence, la droite israélienne promeut plus de lois ségrégationnistes à l'Assemblée. Bref, jamais le fossé entre les deux peuples n'a paru si grand. Or, l'impasse n'est pas une fatalité mais le résultat d'un déséquilibre, d'un système de négociations bipartites biaisé entre un État souverain et une population sans État, sans leviers politiques, au gouvernement divisé et qui n'a aucune contrepartie à offrir à Israël en échange d'un retrait de colons de Cisjordanie, condition de l'établissement d'un État palestinien viable. Vingt ans de négociations pour un tête-à-tête stérile et un déséquilibre accentué par la passivité de la communauté internationale et l'absence de vision pour la région d'une administration Obama qui a failli à sa tâche. En achevant la solution à deux États alors même qu'ils en avaient fait la promotion, les accords d'Oslo ont réduit à néant les espoirs de paix à court terme. Et pourtant, de « Plomb durci » à « Haie de protection », ces dernières années ont vu émerger des tentatives spectaculaires de s'extraire de ces tractations dont l'issue était connue d'avance. Sur le terrain, la période 2009-2015 est aussi celle de la reconnaissance de l'État Palestinien à l'ONU, du mouvement social israélien de l'été 2011, de l'élargissement du phénomène BDS (boycott, désinvestissement, sanction).
Pierre Puchot est reporter spécialisé sur le Maghreb et le Moyen-Orient à Mediapart.
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La France ressemble ces temps-ci à un Titanic dont l'équipage dirigeant irait droit vers l'iceberg, le sachant et le voyant mais ne trouvant rien pour l'empêcher. Économique, sociale, démocratique, européenne, culturelle, écologique, etc. : les crises s'accumulent dans une confusion du sens et une perte de repère dont aucune force ne semble capable de dénouer les fils, à l'exception des tenants de la régression la plus obscure vers le plaisir de détester ensemble - les Roms, les Arabes, les Juifs, les étrangers, le monde, les autres, tous les autres.
Nous ne sommes pas condamnés à cette fatalité. Urbaine, diverse et mêlée, dynamique et inventive, la France telle qu'elle est et telle qu'elle vit n'est pas conforme à cette image de régression, de division et de repli. Mais, entre cette réalité vécue et la politique supposée la représenter, le gouffre ne cesse de se creuser. Aussi la crise française est-elle d'abord une crise politique, crise de représentation, crise des institutions, fin de régime. Celle d'une République épuisée, à bout de souffle, impuissante et illisible, condamnée à vivre dans l'instant sans que le passage de l'hystérie sarkozyste à l'apathie hollandaise change la donne.
Allons-nous subir ou réagir ? Ne nous revient-il pas, dans la diversité de nos attentes et de nos espoirs, de relever la France en réinventant sa République, une République enfin conforme à sa promesse de liberté étendue, d'égalité approfondie et de fraternité retrouvée ? Ne sommes-nous pas requis, sauf à définitivement accepter cette servitude volontaire des peuples qui ne savent plus dire " non " ? Dire non est cet appel au sursaut, un sursaut démocratique et social qui rassemble et conforte afin de trouer l'épais brouillard qui, aujourd'hui, voile l'espérance.
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La troisième équipe ; souvenirs de l'affaire Greenpeace
Edwy Plenel
- Don Quichotte
- 11 Juin 2015
- 9782359494624
En septembre 1985, le ministre de la Défense et le patron de la DGSE furent contraints de démissionner sous l'effet de révélations de presse qui firent tomber le château de cartes du mensonge officiel.
Jeune journaliste au Monde - j'allais avoir, cet été-là, trente-trois ans -, je fus à l'origine de ces informations qui, soudain, firent surgir le journalisme d'enquête, ses révélations et ses tensions, à la Une du quotidien alors de référence, bible des élites politiques, étatiques et économiques du pays. Si j'ai écrit plusieurs livres, mêlant réflexion et témoignage, sur les réalités, et notamment les affaires, que j'ai eu à traiter durant près de quarante ans de journalisme, je n'ai jamais rien dit de cette histoire emblématique.
J'ai même longtemps choisi de me taire face à toutes les bêtises, approximations ou rumeurs, qui s'en sont emparées. Le journalisme conformiste, que j'aime appeler de gouvernement, n'est pas le dernier à nier les vérités qui dérangent. Et son commanditaire silencieux, l'État profond, dont les servitudes n'ont pas d'étiquette partisane, n'aime guère perdre face au désordre incarné par le journalisme sans fils à la patte, libre et indocile. Mais j'ai préféré laisser dire, respectant un délai de viduité qui était aussi une forme de respect pour les acteurs opérationnels d'une mission dont le pouvoir présidentiel d'alors, celui de François Mitterrand, était seul coupable et comptable.
C'est ce silence que j'ai décidé de rompre. D'abord parce que l'affaire Greenpeace est une leçon de choses journalistique, salutairement démystificatrice sur ce qu'est une enquête, son artisanat, son travail collectif, ses intuitions, ses tâtonnements, ses risques. Ensuite parce que ce scandale d'État éclaire d'une lumière aveuglante la réalité faiblement démocratique du présidentialisme français, ses abus de pouvoir potentiels et les risques qu'ils font courir à notre pays. Enfin, tout simplement, parce que l'acteur de cette histoire que je fus, en raison de l'effet politique des révélations du Monde, n'a plus envie que d'autres la malmènent ou la déforment.
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La République sur écoute ; chroniques d'une France sous surveillance
Mediapart
- Don Quichotte
- 8 Octobre 2015
- 9782359495317
Fadettes, métadonnées, algorithme, boîte noire, imsi-catchers, signal faible. Ces nouvelles expressions racontent davantage qu'une révolution technologique : un projet politique assumé par le gouvernement, la mise sous surveillance, ou un monitoring généralisé, de la population française. La loi sur le renseignement, récemment adoptée contre l'avis de toutes les autorités administratives indépendantes et toutes les associations de défense des droits et libertés, est le dernier étage d'un édifice radicalement nouveau. Il organise le possible contrôle de chacun de nos courriels, de chacune de nos communications téléphoniques, de la plupart de nos conversations privées. Comme le Patriot Act américain, loi d'exception adoptée après les attentats du 11 Septembre, ce dispositif accorde des pouvoirs sans précédents aux services de police et aux services secrets.
C'est au nom de la lutte contre le terrorisme que nos libertés individuelles peuvent être désormais foulées au pied, notre vie privée fouillée à tout moment. Les lanceurs d'alerte Julian Assange et Edward Snowden ont révélé les méfaits de la NSA, cette agence américaine qui ne fait pas qu'écouter les chefs d'État et de gouvernements étrangers mais capte chaque jour des milliards de données.
En s'engageant sur une voie similaire, le pouvoir français place chacun de nous en liberté conditionnelle.
Fabrice Arfi, ancien reporter à Lyon Figaro (1999-2004), à 20 Minutes (2004-2005), cofondateur de l'hebdomadaire Tribune de Lyon (2005-2007), a également collaboré à l'AFP, au Monde, à Libération, au Parisien/Aujourd'hui en France. avant de rejoindre Mediapart, dès sa création en décembre 2007.
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Un enfant est mort ; Netzarim, 30 septembre 2000
Charles Enderlin
- Don Quichotte
- 7 Octobre 2010
- 9782359490268
Le 30 septembre 2000, Mohammed Al-Dura, un enfant palestinien, meurt sous les balles dans les bras de son père face à la position israélienne de Netzarim, à Gaza. Il est filmé par le caméraman de France 2. Diffusée le soir même sur la chaîne publique, avec un commentaire de Charles Enderlin, l'image fait aussitôt le tour du monde. Trois jours plus tard, un certain Yossef Doriel adresse une lettre au journal israélien Haaretz pour expliquer - sans en apporter la moindre preuve - que l'enfant a été tué par les Palestiniens eux-mêmes à des fins de propagande, quand le commentaire d'Enderlin affirmait que les tirs qui ont atteint Mohammed provenaient de la position israélienne. L'affaire du petit Mohammed est lancée. Que s'est-il vraiment passé le 30 septembre 2000 ? Comment la thèse du " complot palestinien " a-t-elle pu prospérer pendant dix ans contre toute vraisemblance ? Et quels objectifs s'agit-il finalement d'atteindre pour ses promoteurs ? Le récit est factuel, dépassionné, écrit à la manière des grandes enquêtes qui ont valu à Charles Enderlin, ici témoin et acteur, la réputation d'expert international du conflit israélo-palestinien.
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Qu'ont-ils fait de nos espoirs ? faits et gestes de la présidence Hollande ; décryptage au jour le jour d'un stupéfiant reniement
Edwy Plenel
- Don Quichotte
- 22 Janvier 2015
- 9782359493870
Jamais dans l'histoire de la Ve République, un président élu n'aura renoncé si vite, sans combat et sans explication, aux engagements qui l'avaient fait élire : combattre son adversaire la finance, instaurer une présidence normale, réorienter l'Union européenne. Au lieu de quoi, la finance dérégulée est installée à demeure à l'Élysée, le pouvoir personnel gouverne selon son bon plaisir, et l'Europe n'est pas sortie d'un cycle catastrophique où les marchés sont courtisés et les peuples ignorés.
Attachée aux exigences démocratiques et sociales d'une République vivante, la rédaction de Mediapart ne se résigne pas à une politique avilie où les promesses électorales seraient toujours démenties par l'exercice présidentiel. C'est pourquoi elle a choisi de documenter au plus près ce renoncement stupéfiant, pavé de véritables reniements.
Afin, tout à la fois, d'en prendre la mesure et de tenter de le comprendre. Car, sans cet effort de lucidité, il sera impossible d'inventer une suite qui appartienne à un peuple redevenu souverain, libéré des tentations de la peur et du repli, voire de la haine.
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Les enfants cachés du général Pinochet ; précis de coups d'etats modernes et autres tentatives de déstabilisation
Maurice Lemoine
- Don Quichotte
- 2 Avril 2015
- 9782359494068
Il paraît loin le temps où, en juin 1970, avant de contribuer au coup d'État qui renversa le président socialiste Salvador Allende et instaura la dictature du général Augusto Pinochet, Henry Kissinger déclarait à propos du Chili : « Je ne vois pas pourquoi nous devrions rester tranquilles quand un pays devient communiste à cause de l'irresponsabilité de son propre peuple. » Élaborée aux États-Unis, cette doctrine mortifère, chaque fois inaugurée par un golpe, a été mise en oeuvre par les militaires en Argentine, en Bolivie, au Brésil, au Paraguay, au Pérou, en Uruguay, et par les gardes prétoriennes d'Amérique centrale.
Après de longues années de régimes autoritaires, l'Amérique latine a paru choisir définitivement la voie de la démocratie. Mais, avec des résultats sociaux catastrophiques, une démocratie placée sous la coupe du marché. De sorte que, pendant toute la décennie quatre-vingt-dix, une question s'est posée : que se passera-t-il le jour où un gouvernement élu, considérant dévastateurs les effets d'un modèle présenté comme universel, remettra en cause les dogmes économiques du moment ?
On connaît désormais la réponse - ou on devrait. Alors qu'une vague de chefs d'État de gauche ou de centre gauche est arrivée au pouvoir depuis 1998, les golpes, putsch et autres tentatives de déstabilisation, parfois mis en échec, parfois réussis, ont affecté le Venezuela (2002), Haïti (2004), le Honduras (2009), la Bolivie (2010), l'Équateur (2011) et le Paraguay (2012).
Toutefois, les techniques ont évolué. Les secteurs conservateurs ayant appris que, face à l'opinion internationale, les méthodes sanglantes se révèlent contreproductives, les recettes aussi astucieuses que sophistiquées employées permettent à ces sinistres opérations de ne plus être qualifiées de. coups d'État.
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- Et si la télévision nous modelait jusqu'à nous changer en assassins ? Face aux dérives de la télévision commerciale, entre téléréalité trash et jeux violents, Christophe Nick a imaginé une expérience unique au monde, un faux jeu télévisé. Il en a tiré un film événement. Dans ce divertissement, on demande à des candidats d'administrer des décharges électriques toujours plus puissantes à un autre candidat.Christophe Nick s'est inspiré d'une expérience menée dans les années 1960. A l'époque, le psychologue américain Milgram avait sélectionné des volontaires pour un prétendu test sur la mémoire. Les cobayes devaient soumettre un individu ? en réalité un acteur ? à des décharges électriques d'intensité croissante. Impressionnés par l'autorité du savant, ne se sentant guère responsables de leurs actes, ces gens ordinaires, administrèrent, en majorité, les décharges jusqu'au bout (450 volts), malgré les protestations et les cris de leur victime.Que donne cette expérience lorsqu'elle prend appui sur l'autorité de la télévision ? Les 80 candidats ont d'emblée accepté de soumettre leur " compagnon de jeu " à des décharges. Sur le plateau, un public chauffé à blanc, des caméras, des projecteurs, la star montante Tania Young.Combien sont-ils à aller jusqu'au bout ? Chez Milgram, ils représentaient 62,5 %. Ici, 80 %. Des monstres ? Non, des gens de toute catégorie sociale et de tous âges. Ni sadiques, ni abrutis : des téléspectateurs ordinaires, devenus bourreaux au service du spectacle total. Nous.Sommes-nous devenus plus sadiques ou plus obéissants ? Quel type de société peut donner naissance à un tel comportement ? Cet ouvrage est destiné à répondre à ces questions.
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N'oubliez pas ! faits & gestes de la présidence Sarkozy ; décryptage au jour le jour d'une contre-révolution
Collectif/Mediapart
- Don Quichotte
- 8 Février 2010
- 9782359490077
- Il y a eu l'élection de Nicolas Sarkozy, puis l'entrée au gouvernement de personnalités de gauche ; l'instauration d'un bouclier fiscal et la défiscalisation des heures supplémentaires ; la fin de la publicité à la télévision publique et la nomination par l'Élysée des présidents de l'audiovisuel public ; une réforme de la Constitution ; une révolution de la justice ; la suppression de 30 000 postes dans l'éducation ; la création de nouvelles franchises médicales ; l'augmentation de 172 % de l'indemnité du président de la République ; l'idée de soumettre aux tests ADN certains candidats à l'immigration ; la réintégration de la France dans l'Otan ; une vraie-fausse rupture avec la Françafrique, le discours de Dakar, etc.Il y a eu un divorce et un mariage à l'Élysée ; des vacances sur le yacht de Vincent Bolloré ; une justice qui s'est effacée pour permettre l'indemnisation de Bernard Tapie ; un " casse toi pauv' con " et une Princesse de Clèves ; l'injonction de lire la lettre de Guy Môquet dans toutes les classes ; le retrait du fichier Edvige ; la plus longue grève des universités et les plus grandes manifestations de salariés depuis des décennies, etc.La présidence de Nicolas Sarkozy n'est pas qu'une avalanche de décisions, d'annonces désordonnées et de nominations de complaisance. Déjà, elle a remodelé en profondeur la société française et l'appareil d'État, fracturant le paysage social, hystérisant le débat public, organisant collusions et conflits d'intérêt entre grands groupes économiques et responsables politiques.De la nuit du Fouquet's au grand emprunt national, le livre recense les changements intervenus. Dans la manière d'exercer le pouvoir. Dans l'évaluation des politiques appliquées à certains secteurs, l'emploi, la laïcité, la justice, la constitution, l'environnement, la politique étrangère, la politique en matière d'immigration, la réponse à la crise financière...Plus d'une vingtaine de longs articles thématiques sont accompagnés d'une chronologie détaillée de quelque 300 dates. Pour ne pas oublier. Et pour réfléchir.
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Fabrice Arfi, le journaliste qui a révélé les faits, revient sur l'affaire qui défraye la chronique depuis des semaines - avec la rédaction de Mediapart.
Le ministre du Budget fraudait le fisc ! Le 2 avril 2013, Jérôme Cahuzac se rend devant le juge pour avouer qu'il a un compte en Suisse non déclaré, ce que Mediapart avait révélé cinq mois plus tôt, le 4 décembre 2012. À l'issue de son audition, il est mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale.
" Mensonge ", " trahison ", " outrage ", " ignominie ". dans la presse et jusqu'à l'Élysée, il n'y a pas de mot assez fort pour décrire le séisme politique. Comment ce ministre a-t-il pu, durant cinq mois, réfuter " en bloc et en détail " être celui qui, au détour d'une conversation téléphonique, lâchait : " Ça me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas, l'UBS, c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques " ? Comment a-t-il pu, en s'adressant à l'Assemblée devant la représentation nationale, affirmer calmement : " Je n'ai pas, et je n'ai jamais eu un compte à l'étranger, ni maintenant, ni avant " ?
C'est cette incroyable séquence que raconte ce livre. Fabrice Arfi revient sur son enquête, ses rendez-vous, tous les recoupements et vérifications effectués avant de publier ce qu'il savait être explosif. Car une fois le fil tiré, la pelote se déroule : apparaissent alors le gestionnaire de fortune Hervé Dreyfus, un avocat ami de Marine Le Pen, l'évasion fiscale organisée pour les fortunes françaises par l'établissement helvétique Reyl&Cie vers la Suisse puis Singapour, les paiements en espèces à la clinique Cahuzac, les manoeuvres des communicants, aux seins même des journaux, pour taire l'affaire et discréditer Mediapart. Mais ce compte est-il le seul ? Combien d'argent a transité dessus ? Des millions comme l'affirment des enquêteurs suisses ? Sommes-nous au coeur de la corruption politique alimentés par les laboratoires pharmaceutiques ?
C'est déjà tout cela, l'affaire Cahuzac. Mais c'est aussi bien davantage, rappelle dans ce livre Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, car elle met à l'épreuve notre culture démocratique, les principes qui l'inspirent et les valeurs qui l'animent.
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" Bien sûr qu'on va vous relâcher, lance le guérillero en pansant ma blessure, et sur laquelle fond déjà une nuée de moucherons. - Mais quand ? - Impossible de le dire. Peut-être dans une semaine, un mois, un an. " Quand il reçoit son " kit d'otage " (brosse à dent, sac à dos, bottes en caoutchouc.), le journaliste français Roméo Langlois perd l'espoir d'une libération immédiate. Durant le combat qu'il a filmé, entre un commando antidrogue et des membres des Farc, plusieurs soldats sont morts. Lui-même gravement blessé au bras par un tir de AK 47, il a été capturé par les guérilleros. Déclarations incendiaires des dirigeants colombiens, mensonges des militaires, campagne présidentielle en France. En quelques jours, l'affaire se politise dangereusement. L'épreuve risque de durer. Après avoir couvert pendant dix ans le drame des otages, le journaliste est passé de l'autre côté du rideau d'arbres.
Finalement, il ne restera que 33 jours aux mains des Farc. Un mois de marches dans la jungle, de cabanes paysannes en campements clandestins, harcelé par les moustiques, l'oreille collée à une radio bon marché.
Dans ce récit, Langlois revient sur cette " petite éternité " traversée au coeur de la Colombie invisible : un immense maquis constellé de champs de coca, survolé nuit et jour par les avions et hélicoptères militaires, dont les pistes boueuses et les villages n'apparaissent pas sur les cartes. Qui sont les Farc ? Pourquoi, plus de vingt ans après la fin de la guerre froide, de jeunes paysans colombiens prennent-ils les armes au nom de l'idéologie communiste ? Comment ces hommes et ces femmes tapis dans la jungle ont-ils pu résister à la vaste campagne militaire menée par Bogotá et les États-Unis ? Une paix est-elle possible, dans ce pays ravagé par la corruption et l'économie de la drogue ?
L'auteur alterne le récit de sa détention, succession de situations critiques et d'échanges parfois cocasses avec ses geôliers, avec des réflexions sur le journalisme de guerre et une analyse du conflit fratricide qui, depuis 50 ans, déchire la Colombie.
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Le président de trop ; vertus de l'antisarkozysme, vice du présidentialisme
Edwy Plenel
- Don Quichotte
- 7 Avril 2011
- 9782359490336
Dans le Dorian Gray d'Oscar Wilde, un gentleman distingué se fait faire son portrait. Et voilà que le portrait se décompose, lui révélant sa propre corruption. Le sarkozysme et les mécanismes de pouvoir qu'il convoque, sa violence sociale, politique et symbolique, nous renvoie à notre responsabilité : comment avons-nous permis qu'un personnage si excessif multiplie les dérives - dont certaines préexistaient à son avènement : abus de pouvoir et bons plaisirs, passe-droits et conflits d'intérêts, confiscation oligarchique et privatisation partisane ?Ce livre veut faire le portrait du sarkozysme : le pouvoir de nomination du président de la République ; l'extension du domaine du secret ; la logique verticale du pouvoir exécutif ; la corruption du milieu journalistique ; les courtisans ; la façon, au fond, de ne pas aimer l'irruption de l'information irrévérencieuse, du désordre, de l'événement ; la corruption des interlocuteurs syndicaux que l'on flatte pour qu'ils rentrent dans l'agenda du pouvoir... Ces mécanismes qui existaient avant lui, Nicolas Sarkozy les exacerbe, aggravant les vices du présidentialisme français : il en ressort un pouvoir sans équilibre, portant en lui le risque d'un absolutisme.En cette époque troublée, il est urgent d'ouvrir les yeux sur la fragilité de notre République. Nous traversons une crise historique du capitalisme, vivons par le numérique une nouvelle révolution industrielle, voyons finir un cycle de domination de notre culture occidentale sur le monde. L'histoire du siècle précédent nous a appris combien ces périodes incertaines pouvaient mal tourner.Derrière le réquisitoire se posent des questions fondamentales : quel est le sens de ce pouvoir qui demande au peuple de sortir de sa servitude tous les cinq ans pour choisir son maître et, entre-temps, le contraint au silence et à la peur ? Le sarkozysme porte en germe le refus de la démocratie.