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Sciences humaines & sociales
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La valeur de l'information ; combat pour une presse libre
Edwy Plenel
- DON QUICHOTTE
- 8 Mars 2018
- 9782359497151
« La jeune et brève histoire de Mediapart fait partie de ces nombreuses volontés citoyennes résistant à la régression qui donne la main aux plus forts et aux plus riches, c'est-à-dire aux États qui surveillent et aux financiers qui spéculent. Si novatrice soit-elle, ce n'est sans doute qu'une contribution parmi d'autres. Mais j'ai voulu en tirer quelques enseignements utiles à celles et ceux qui cherchent les voies d'une refondation démocratique de l'écosystème médiatique en inventant des réponses nouvelles à la crise d'indépendance et de qualité de l'information.
Je me propose d'expliquer ce chemin de résistance, en m'attachant à toutes les dimensions du mot «valeur» qu'entraîne ce choix exigeant : valeur de la démocratie, valeur d'un métier, valeur du participatif, valeur d'un public, valeur d'une entreprise, etc. C'est en défendant la valeur de l'information que nous apporterons, face au choc de la révolution numérique, des solutions durables qui soient au service de l'intérêt général.
Mon seul souci est que nous soyons à la hauteur du défi que doivent affronter nos démocraties, qui, à force de se laisser dépérir, prennent le risque de se renier. Car la défaite du journalisme annonce toujours le recul de la liberté ».
Edwy Plenel.
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Dire nous ; contre les peurs et les haines, nos causes communes
Edwy Plenel
- DON QUICHOTTE
- 3 Mars 2016
- 9782359495478
Dire nous, c'est inventer tous ensemble le " oui " qui nous manque, celui d'un peuple réuni dans sa diversité et sa pluralité autour de l'urgence de l'essentiel : la dignité de l'homme, le souci du monde, la survie de la terre. Le " nous " de l'égalité, sans distinction d'origine, de condition, d'apparence, d'appartenance ou de croyance. Le " nous " des causes communes où s'invente concrètement l'espérance, là où nous vivons, là où nous travaillons, dans tous ces lieux où nous faisons déjà route ensemble.
Le " nous " des audaces démocratiques, sociales et écologiques sans lesquelles il n'est pas de confiance retrouvée dans un avenir partagé. Ce " nous ", seul capable d'enrayer la machine infernale qui met la France en guerre contre elle-même, en inventant des boucs émissaires. Ce " nous " qui fera enfin barrière aux divisions où, par la haine, le rejet et la peur, se perpétue la domination d'une minorité et la dépossession de la majorité.
Ce " nous " où s'inventera un espoir commun, dans la délibération collective, plutôt qu'une aventure personnelle, avec son cortège de déceptions et d'amertumes, tant le " je " présidentiel ruine la confiance démocratique en confisquant la volonté du peuple. Dire nous fait suite à Dire non, paru en 2014. L'alarme qui l'animait alors est, hélas, encore plus justifiée aujourd'hui. Les tenants du repli identitaire, du racisme banalisé, de la xénophobie assumée tiennent le haut du pavé médiatique tandis que nos gouvernants leur cèdent du terrain en nourrissant le terreau des peurs et des haines.
Leurs renoncements sociaux et leurs régressions démocratiques, leur manque de hauteur et leur absence de vision, leur soumission aux intérêts minoritaires de l'oligarchie financière sèment le désespoir et la colère. Prisonniers du court terme et obsédés par leur survie, ils ne mènent pas la bataille des idées. Pis, par frilosité, conformisme ou aveuglement, ils ne cessent de reculer face aux idéologies renaissantes de l'inégalité et de l'identité, destructrices de la promesse concrète d'une République démocratique et sociale.
Eux-mêmes gagnés par la peur devant l'inconnu et l'incertain, ils s'avèrent incapables de proposer un imaginaire rassembleur, réduisant la politique à l'économisme, sa vitalité à une statistique, son ambition à la gestion. Il est temps de dire " nous ", et de tracer une autre route, celle d'une civilisation du partage et de l'échange, de la délibération et de la relation, de l'égalité et de la solidarité.
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Résistances ; pour une Birmanie libre
Stéphane Hessel, Aung San suu kyi
- DON QUICHOTTE
- 5 Mai 2011
- 9782359490428
Pour Aung San Suu Kyi et Stéphane Hessel, la démocratie, patrimoine universel, ne s´arrête pas aux frontières du monde occidental.
La Birmanie, dictature militaire depuis le coup d'Etat de 1962, est-elle mûre pour la démocratie ? Pour certains analystes convaincus que les notions de démocratie et de droits de l´homme ne s´appliquent pas facilement à l´Asie, l´évolution de la Birmanie vers la démocratie n´a rien d´évident. Ce n´est pas l´avis d´Aung San Suu Kyi ni celui de Stéphane Hessel, pour qui les principes contenus dans la Déclaration des droits de l´homme ont valeur universelle.
Loin d´un apprentissage de la démocratie, c´est d´un soutien résolu du monde extérieur dont ont besoin celles et ceux qui n´ont attendu personne pour appeler à une autre Birmanie. Aux yeux de Stéphane Hessel, la Dame de Rangoon joue « un rôle extrêmement important (...) à un moment où, dans le monde entier, la question des résistances au despotisme prend une place privilégiée ». Le respect quasi unanime manifesté à l´endroit d´Aung San Suu Kyi n´a pourtant pas empêché différents observateurs de lui prêter leurs propres vues.
Journalistes, universitaires et autres consultants, convaincus qu´une levée des sanctions visant le régime militaire ne pouvait que favoriser son ouverture, ont ainsi affirmé à tort qu´Aung San Suu Kyi, favorable au maintien des mesures existantes, partageait leurs conceptions. Aung San Suu Kyi, surnommée la Dame de Rangoon, est une femme politique birmane, connue dans le monde entier. Elle incarne, depuis plus de trente années, la résistance non-violente à la dictature de son pays.
Elle a reçu en 1991 le prix Nobel de la paix.
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S'agissant des affaires publiques, la publicité doit être la règle et le secret l'exception. Rendre public ce qui est d'intérêt public est toujours légitime. Tout document qui concerne le sort des peuples, des nations et des sociétés mérite d'être connu de tous afin que chacun puisse juger sur pièces, choisir pour agir, influer sur la politique des gouvernements. Si, en démocratie, le peuple est souverain, alors la politique menée en son nom ne saurait être l'apanage d'experts et de spécialistes, d'élites et de professionnels, seuls destinataires des informations légitimes, et agissant comme des propriétaires privés d'un bien public. Preuve en est la diabolisation par les puissants de la « transparence » notamment revendiquée par Mediapart, comme si le journal réclamait un droit inquisitorial à percer les secrets alors que, au contraire, ses curiosités n'ont jamais porté que sur des sujets d'intérêt public (Karachi, Bettencourt, Kadhafi.).
Ce livre entend démontrer l'utilité de ce droit de savoir comme accélérateur de la prise en main de leur destinée par les peuples, alors que la crise en cours ne cesse de les en déposséder. Tandis que l'opacité et le secret protègent la corruption et l'injustice et que des murailles, y compris inconscientes, se dressent devant le légitime droit de savoir dès que les journalistes l'illustrent par des curiosités dérangeantes, l'information se révèle toujours un appel à la liberté.
Fondé sur l'expérience de Mediapart, Le Droit de savoir recense les obstacles qui se sont dressés en travers de son chemin pour empêcher l'information et les enquêtes ; le livre revient sur les filatures, les écoutes, les campagnes de diffamation, les plaintes de l'ancien gouvernement. Il analyse aussi les conséquences de ses révélations et les débats publics qu'elles ont provoqués.
Surtout, à l'heure de la révolution numérique, cet ouvrage constitue un plaidoyer pour une nouvelle loi fondamentale sur la liberté de l'information. Un droit qu'il faut étendre, consolider et renforcer.
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Le Rescapé et l'Exilé ; Israël-Palestine ; une exigence de justice
Stéphane Hessel, Elias Sanbar
- DON QUICHOTTE
- 29 Février 2012
- 9782359490596
Que peut-on dire de nouveau sur un conflit de plus de cinquante ans, dont les paramètres de solution sont aujourd'hui connus par la communauté internationale ? MM. Hessel et Sanbar se sont accordés sur une démarche originale : retracer et analyser le cours des événements qui ont conduit à l'actuelle impasse et s'interroger sur le rapport entre légalité internationale et justice historique. Tous deux reviennent, au cours de leur échange, et dans le même souci de combiner témoignages et réflexions, sur les grandes dates du conflit.
Elias Sanbar, né à Haïfa en 1947, s'est aussitôt retrouvé sur les routes de l'exil. Il parle du sentiment d'incompréhension et d'injustice qu'il partage avec son peuple. Stéphane Hessel, ancien résistant et déporté à Buchenwald, était diplomate à l'ONU lors de la création d'Israël, à laquelle il était favorable. Il avoue avoir des réserves depuis la guerre des Six Jours, où Israël ne peut plus justifier ses attaques par la légitime défense. Il pointe du doigt l'impunité du pays qui, en continuant la colonisation malgré les traités de paix, se place dans l'illégalité par rapport au droit international. Plus tard, ce sont ses liens avec des oligarchies financières du monde entier qui l'indignent.
En analysant les causes du conflit et les éléments qui ont empêché les négociations d'aboutir, MM. Hessel et Sanbar parviennent encore à trouver des raisons d'espérer. Sur la possibilité même d'un État palestinien, ils posent comme préalable le retrait des colonies en Cisjordanie. Ils préconisent de former une région forte, où Israël et la future Palestine pourraient vivre ensemble sereinement. Stéphane Hessel, lui, en appelle au réveil du peuple israélien, dans la lignée du printemps arabe. Les auteurs finissent par sortir le conflit de son caractère exceptionnel de bataille pour une terre sainte, trop lourd à porter, et prônent un retour à la banalité, condition sine qua non de la fin de l'impunité israélienne.
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Ce bien qui fait mal à l'âme ; la littérature comme expérience morale
Michel Terestchenko
- DON QUICHOTTE
- 4 Janvier 2018
- 9782359496598
Des Misérables aux Frères Karamazov, réflexion sur la générosité, l'amour et le bien dans la littérature, un bien bouleversant les êtres, qu'il les rende meilleurs ou qu'il les détruise.
Les traces qu'impriment en nous le prince Mychkine ou Aliocha Karamazov sont inoubliables, et la rédemption de Raskolnikov par quoi s'achève Crime et châtiment est une de ces expériences qui vous marquent pour longtemps.
De même, Jean Valjean, incrédule face au don insensé des chandeliers par l'évêque de Digne, est soudain arraché à la haine et se trouve, malgré lui, consacré à une vie de bonté et d'intégrité qui ne reculera pas devant les exigences de l'ultime sacrifice. Aucun roman ne révèle mieux que Les Misérables à quel point le bien peut faire « mal à l'âme », soit pour transfigurer un être soit pour le détruire. On le voit avec Javert que la générosité de Jean Valjean conduit au suicide.
Que la manifestation du bien puisse être insupportable, on le voit encore à l'envie destructrice qui anime John Claggart envers Billy Budd, le beau matelot, incarnation parfaite de l'innocence dans le roman de Melville.
Face au bien que ces personnages figurent, nul ne reste indifférent : ni les interlocuteurs auxquels ils s'adressent, ni le lecteur qui se trouve, à son tour, sommé de répondre à une expérience existentielle radicale. Telle est la puissance du bien que le nouvel ouvrage de Michel Terestchenko explore dans des exercices de lecture qui, loin de tout angélisme, nous invitent à nous tourner vers ce qui appelle l'humanité de l'homme à l'expérience la plus noble, la plus exigeante et parfois la plus impitoyable.
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La France ressemble ces temps-ci à un Titanic dont l'équipage dirigeant irait droit vers l'iceberg, le sachant et le voyant mais ne trouvant rien pour l'empêcher. Économique, sociale, démocratique, européenne, culturelle, écologique, etc. : les crises s'accumulent dans une confusion du sens et une perte de repère dont aucune force ne semble capable de dénouer les fils, à l'exception des tenants de la régression la plus obscure vers le plaisir de détester ensemble - les Roms, les Arabes, les Juifs, les étrangers, le monde, les autres, tous les autres.
Nous ne sommes pas condamnés à cette fatalité. Urbaine, diverse et mêlée, dynamique et inventive, la France telle qu'elle est et telle qu'elle vit n'est pas conforme à cette image de régression, de division et de repli. Mais, entre cette réalité vécue et la politique supposée la représenter, le gouffre ne cesse de se creuser. Aussi la crise française est-elle d'abord une crise politique, crise de représentation, crise des institutions, fin de régime. Celle d'une République épuisée, à bout de souffle, impuissante et illisible, condamnée à vivre dans l'instant sans que le passage de l'hystérie sarkozyste à l'apathie hollandaise change la donne.
Allons-nous subir ou réagir ? Ne nous revient-il pas, dans la diversité de nos attentes et de nos espoirs, de relever la France en réinventant sa République, une République enfin conforme à sa promesse de liberté étendue, d'égalité approfondie et de fraternité retrouvée ? Ne sommes-nous pas requis, sauf à définitivement accepter cette servitude volontaire des peuples qui ne savent plus dire " non " ? Dire non est cet appel au sursaut, un sursaut démocratique et social qui rassemble et conforte afin de trouer l'épais brouillard qui, aujourd'hui, voile l'espérance.
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L'urgence et l'essentiel ; dialogue
Claude-Henry Du Bord, Edgar Morin, Tariq Ramadan
- DON QUICHOTTE
- 5 Octobre 2017
- 9782359495591
Avec la collaboration de Claude-Henry du Bord.
Entre l'ancien résistant, penseur agnostique de la complexité, et le philosophe et théologien militant pour « une réforme radicale » de la pensée islamique, les divergences sont nombreuses. Elles ne sont pourtant pas causes de dissensions et elles fécondent leur dialogue sur les grandes questions de notre temps. Avec eux, nous retrouvons des raisons d'espérer pour l'humanité.
Explorant des pans du savoir humain, de l'économie à l'art, de la philosophie à l'histoire, de l'anthropologie aux sciences physiques, MM. Morin et Ramadan s'interrogent d'abord sur la foi. Le croyant en une religion révélée et le croyant en la fraternité se rejoignent sur un impératif : la spiritualité n'est pas l'apanage des religieux, mais relève de la vie intérieure, et comporte la conscience du mystère. Quel est le besoin de Dieu ? Quelle est la place des religions dans la cité ? Pourquoi et comment penser notre mort ? Les promesses d'immortalité du transhumanisme ne masquent-elles pas la divination de l'être humain ?
À partir de ces réflexions, ils abordent dans un second temps le monde tel qu'il devient, soumis à des périls croissants : guerres qui n'épargnent aucun continent, dégradation de la biosphère, inégalités grandissantes, régressions psychiques et affectives, fanatismes terroristes, post-démocraties autoritaires et post-vérités débiles, replis sur l'identité particulière dans l'inconscience de l'identité humaine commune. Ils reconnaissent que la diversité est le trésor de l'unité humaine comme l'unité le trésor de la diversité humaine. MM. Morin et Ramadan défendent une éthique dont les deux piliers sont les principes unis de solidarité et de responsabilité. Leur souci est de revivifier l'espérance.
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Le 29 octobre 1979, Robert Boulin, ministre du Travail du gouvernement Giscard d'Estaing, est retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet. Avant même que l'enquête ne commence, les autorités concluent à un suicide par noyade. Dans un premier temps, la famille Boulin leur fait confiance, mais elle s'interroge bientôt devant les incohérences accumulées : le cadavre gisant dans cinquante centimètres d'eau ; les traces de lien aux poignets ; le visage tuméfié, cabossé, et l'énorme hématome derrière le crâne ; les preuves du déplacement du corps après la mort ; sans compter la lettre " posthume " qui a toutes les apparences d'une grossière contrefaçon ; les témoins que l'on ne juge pas utile d'auditionner, ou encore les scellés qui, mystérieusement, disparaissent les uns après les autres quand la famille demande qu'ils soient analysés. Soixante-dix-sept anomalies, en tout, figurent au dossier pénal. Insuffisant aux yeux du procureur général de la cour d'appel de Paris qui annonce, en juin 2010, son refus de rouvrir l'enquête, et indique en même temps que des pièces capitales ont disparu du dossier, une fois de plus, une fois de trop. Après trente ans de combat, Fabienne Boulin a établi l'impossibilité du suicide. Ce livre est pour elle le seul moyen de dire la vérité interdite sur l'assassinat de son père. Crime d'Etat ? Tout porte à croire, en effet, que le ministre, qui en savait trop, devenait une menace pour certains milieux politiques. L'affaire Boulin, qui révèle la corruption de nos moeurs politiques, cache l'un des plus grands scandales de la Vème République.
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Le président de trop ; vertus de l'antisarkozysme, vice du présidentialisme
Edwy Plenel
- DON QUICHOTTE
- 7 Avril 2011
- 9782359490336
Dans le Dorian Gray d'Oscar Wilde, un gentleman distingué se fait faire son portrait. Et voilà que le portrait se décompose, lui révélant sa propre corruption. Le sarkozysme et les mécanismes de pouvoir qu'il convoque, sa violence sociale, politique et symbolique, nous renvoie à notre responsabilité : comment avons-nous permis qu'un personnage si excessif multiplie les dérives - dont certaines préexistaient à son avènement : abus de pouvoir et bons plaisirs, passe-droits et conflits d'intérêts, confiscation oligarchique et privatisation partisane ?Ce livre veut faire le portrait du sarkozysme : le pouvoir de nomination du président de la République ; l'extension du domaine du secret ; la logique verticale du pouvoir exécutif ; la corruption du milieu journalistique ; les courtisans ; la façon, au fond, de ne pas aimer l'irruption de l'information irrévérencieuse, du désordre, de l'événement ; la corruption des interlocuteurs syndicaux que l'on flatte pour qu'ils rentrent dans l'agenda du pouvoir... Ces mécanismes qui existaient avant lui, Nicolas Sarkozy les exacerbe, aggravant les vices du présidentialisme français : il en ressort un pouvoir sans équilibre, portant en lui le risque d'un absolutisme.En cette époque troublée, il est urgent d'ouvrir les yeux sur la fragilité de notre République. Nous traversons une crise historique du capitalisme, vivons par le numérique une nouvelle révolution industrielle, voyons finir un cycle de domination de notre culture occidentale sur le monde. L'histoire du siècle précédent nous a appris combien ces périodes incertaines pouvaient mal tourner.Derrière le réquisitoire se posent des questions fondamentales : quel est le sens de ce pouvoir qui demande au peuple de sortir de sa servitude tous les cinq ans pour choisir son maître et, entre-temps, le contraint au silence et à la peur ? Le sarkozysme porte en germe le refus de la démocratie.
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Un enfant est mort ; Netzarim, 30 septembre 2000
Charles Enderlin
- DON QUICHOTTE
- 7 Octobre 2010
- 9782359490268
Le 30 septembre 2000, Mohammed Al-Dura, un enfant palestinien, meurt sous les balles dans les bras de son père face à la position israélienne de Netzarim, à Gaza. Il est filmé par le caméraman de France 2. Diffusée le soir même sur la chaîne publique, avec un commentaire de Charles Enderlin, l'image fait aussitôt le tour du monde. Trois jours plus tard, un certain Yossef Doriel adresse une lettre au journal israélien Haaretz pour expliquer - sans en apporter la moindre preuve - que l'enfant a été tué par les Palestiniens eux-mêmes à des fins de propagande, quand le commentaire d'Enderlin affirmait que les tirs qui ont atteint Mohammed provenaient de la position israélienne. L'affaire du petit Mohammed est lancée. Que s'est-il vraiment passé le 30 septembre 2000 ? Comment la thèse du " complot palestinien " a-t-elle pu prospérer pendant dix ans contre toute vraisemblance ? Et quels objectifs s'agit-il finalement d'atteindre pour ses promoteurs ? Le récit est factuel, dépassionné, écrit à la manière des grandes enquêtes qui ont valu à Charles Enderlin, ici témoin et acteur, la réputation d'expert international du conflit israélo-palestinien.
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Zyed et Bouna
Adel Benna, Gwenael Bourdon, Siyakha Traoré
- DON QUICHOTTE
- 1 Octobre 2015
- 9782359495188
Ils ont couru à perdre haleine à travers le petit bois, un fouillis de buissons accrochant le bas des pantalons de jogging. Ils ont franchi le mur d'enceinte du cimetière, et progressent entre les tombes vers la sortie. Ils sont presque dans la rue, se pensent tirés d'affaire. Mais un crissement de pneus, la lueur d'un gyrophare leur coupent le souffle.
« Vite, par là ! » Les garçons rebroussent chemin, dévalent le talus et escaladent comme ils peuvent une haute clôture bordée d'arbres, derrière lesquels s'élève la silhouette inquiétante de pylônes d'acier.
[Dans le même temps.] « Ouais, les deux individus sont localisés. Ils sont en train d'enjamber pour aller sur le site, euh. le site EDF. Il faudrait cerner le coin.
- Réitérez la fin du message.
- Oui TN Livry, je pense qu'ils sont en train de s'introduire sur le site EDF. Donc il faudrait ramener du monde, qu'on puisse cerner le quartier, ils vont bien ressortir.
- Oui, c'est bien reçu.
- En même temps, s'ils rentrent sur le site EDF, je ne donne pas cher de leur peau ».
Dix ans après la mort tragique de Zyed Benna, 17 ans, Bouna Traoré, 15 ans, et les graves blessures subies par Muhittin Altun, 17 ans, le drame de Clichy-sous-Bois semble avoir trouvé son épilogue dans un procès qui laisse un goût amer aux familles des adolescents. La mort de ces deux gamins de banlieue avait déclenché trois semaines d'émeutes et un tourbillon médiatique sans précédent. Dans l'oil du cyclone, leurs parents, leurs frères et sours ont dû tout affronter : la douleur du deuil, le mensonge officiel autour des circonstances du drame et un parcours du combattant pour obtenir enfin le droit de voir deux policiers comparaître devant un tribunal pour « non-assistance à personne en danger ». avant d'être relaxés. Un parcours du combattant qui les a menés des couloirs de Matignon aux routes de France parcourues en minibus, qui les a fait passer du découragement à l'espoir, de la résignation à la révolte.
Journaliste au Parisien, Gwenael Bourdon a couvert les émeutes et suit l'affaire depuis ses tout débuts. Elle en connaît tous les ressorts, y compris inédits.
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Voici le manifeste du boycott civique de l'élection présidentielle de 2017. Depuis la Libération, la prétendue démocratie représentative n'a jamais produit autant de révolte des citoyens. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à se libérer d'un devoir de voter qui a viré à l'absurde. La rupture radicale avec ce rituel épuisé est un appel à l'action. Elle inaugure la reconquête de notre souveraineté.
Plus de 20 millions de non-votants.
Sur près de 45 millions d'inscrits, au moins 9 millions s'abstiendront résolument, consciencieusement et bruyamment, lors de l'élection présidentielle ; plus de 2 millions feront l'effort de déposer bulletins blancs ou nuls dans les urnes ; ils seront quelque 3 millions de non-inscrits et 6,5 millions de « mal-inscrits ». En 2012, déjà, François Hollande n'a été élu qu'avec 18 millions de voix, à comparer avec les plus de 20,5 millions de non-votants...
S'abstenir, un acte rationnel et volontaire.
Le boycott affirmé des urnes présidentielles sera fondé en raison, car les raisons de ne pas voter sont désormais indéniables. Les exposer est l'un des projets essentiels de ce livre où l'expérience du journaliste d'enquête sera autant mobilisée que les analyses savantes de notre monde.
Corruption, dislocation du patrimoine social, explosion des inégalités, dictature exécutive, violence sécuritaire incontrôlée, fermeture brutale des frontières... sont autant de malfaisances oligarchiques qui appellent l'abstention volontaire.
Instaurer la souveraineté populaire !
Sabotons donc la présidentielle du printemps 2017 par une désobéissance civile digne de Thoreau, de Gandhi et de Martin Luther King. Boycottons le train-fantôme d'un scrutin morbide organisé par les disciples de Louis XIV et de Napoléon le Petit, comme les démocrates américains boycottèrent, avec un succès mémorable, les bus ségrégationnistes de Montgomery.
En 1885, Elisée Reclus affirmait déjà : « Voter, c'est abdiquer, c'est renoncer à sa propre souveraineté. N'abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! » C'était un prophète.
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Les enfants cachés du général Pinochet ; précis de coups d'etats modernes et autres tentatives de déstabilisation
Maurice Lemoine
- DON QUICHOTTE
- 2 Avril 2015
- 9782359494068
Il paraît loin le temps où, en juin 1970, avant de contribuer au coup d'État qui renversa le président socialiste Salvador Allende et instaura la dictature du général Augusto Pinochet, Henry Kissinger déclarait à propos du Chili : « Je ne vois pas pourquoi nous devrions rester tranquilles quand un pays devient communiste à cause de l'irresponsabilité de son propre peuple. » Élaborée aux États-Unis, cette doctrine mortifère, chaque fois inaugurée par un golpe, a été mise en oeuvre par les militaires en Argentine, en Bolivie, au Brésil, au Paraguay, au Pérou, en Uruguay, et par les gardes prétoriennes d'Amérique centrale.
Après de longues années de régimes autoritaires, l'Amérique latine a paru choisir définitivement la voie de la démocratie. Mais, avec des résultats sociaux catastrophiques, une démocratie placée sous la coupe du marché. De sorte que, pendant toute la décennie quatre-vingt-dix, une question s'est posée : que se passera-t-il le jour où un gouvernement élu, considérant dévastateurs les effets d'un modèle présenté comme universel, remettra en cause les dogmes économiques du moment ?
On connaît désormais la réponse - ou on devrait. Alors qu'une vague de chefs d'État de gauche ou de centre gauche est arrivée au pouvoir depuis 1998, les golpes, putsch et autres tentatives de déstabilisation, parfois mis en échec, parfois réussis, ont affecté le Venezuela (2002), Haïti (2004), le Honduras (2009), la Bolivie (2010), l'Équateur (2011) et le Paraguay (2012).
Toutefois, les techniques ont évolué. Les secteurs conservateurs ayant appris que, face à l'opinion internationale, les méthodes sanglantes se révèlent contreproductives, les recettes aussi astucieuses que sophistiquées employées permettent à ces sinistres opérations de ne plus être qualifiées de. coups d'État.
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Pop corner ; la grande histoire de la pop culture 1920-2020
Hubert Artus
- DON QUICHOTTE
- 12 Janvier 2017
- 9782359495140
Pop Corner raconte le déferlement mondial de la pop, et dresse un panorama de ses déclinaisons : de la mode à la musique, du sport et de la littérature aux séries et au design, mais aussi de la politique au syndicalisme, de Marx à Batman.
La pop est aujourd'hui plus qu'un genre musical créé par les Anglais. C'est une véritable culture ayant explosé avec l'arrivée de la télévision et de l'industrie du cinéma dans les années 1950, et prenant ses racines dans la Révolution industrielle et la working class de la fin du XIXe siècle. Elle infuse aujourd'hui tous les pans de notre société.
La pop est partout : au « King of pop » Michael Jackson a succédé Lana del Rey, surnommée « The Queen of pop », Andy Warhol est le père d'un Pop Art désormais mondialisé, Marylin Monroe en est son effigie, les Comics et les histoires de super-héros ont le vent en poupe, Mai 68 a su créer des slogans et des affiches ancrés dans toutes les têtes cinquante ans après et, loin de l'image d'une contre-culture contestataire des « masses » contre « l'élite », elle correspond plutôt à une esthétique dominante, imposant ses canons et son style.
Depuis la révolution industrielle et l'élaboration d'une culture ouvrière, depuis les Pulps et la conscience des Noirs-américains jusqu'au rap actuel, la pop épouse l'histoire des rêves et des aspirations de populations marginales que personne n'écoutait, et qui se racontaient des histoires d'abord à elles-mêmes et entre elles.
La pop offre ainsi une autre histoire des peuples, prise entre entertainment et culture. Elle est faite de moments forts, de personnages emblématiques, réels ou imaginaires (Batman ou Russ Meyer), de villes mythiques (Londres et ses ouvriers, Détroit où naquirent la Motown et la techno, Manchester pour le pop-rock, le bar, la gouaille et la baston), de courants et de luttes diverses (féminisme, droit à la reconnaissance des Noirs et des Natives américains), irriguant le même mode de vie branché d'une génération X ultra-connectée, iPad à la main, portant des Stan Smith et regardant uniformément Game of Thrones, Star Wars et Breaking Bad partout dans le monde.
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La troisième équipe ; souvenirs de l'affaire Greenpeace
Edwy Plenel
- DON QUICHOTTE
- 11 Juin 2015
- 9782359494624
En septembre 1985, le ministre de la Défense et le patron de la DGSE furent contraints de démissionner sous l'effet de révélations de presse qui firent tomber le château de cartes du mensonge officiel.
Jeune journaliste au Monde - j'allais avoir, cet été-là, trente-trois ans -, je fus à l'origine de ces informations qui, soudain, firent surgir le journalisme d'enquête, ses révélations et ses tensions, à la Une du quotidien alors de référence, bible des élites politiques, étatiques et économiques du pays. Si j'ai écrit plusieurs livres, mêlant réflexion et témoignage, sur les réalités, et notamment les affaires, que j'ai eu à traiter durant près de quarante ans de journalisme, je n'ai jamais rien dit de cette histoire emblématique.
J'ai même longtemps choisi de me taire face à toutes les bêtises, approximations ou rumeurs, qui s'en sont emparées. Le journalisme conformiste, que j'aime appeler de gouvernement, n'est pas le dernier à nier les vérités qui dérangent. Et son commanditaire silencieux, l'État profond, dont les servitudes n'ont pas d'étiquette partisane, n'aime guère perdre face au désordre incarné par le journalisme sans fils à la patte, libre et indocile. Mais j'ai préféré laisser dire, respectant un délai de viduité qui était aussi une forme de respect pour les acteurs opérationnels d'une mission dont le pouvoir présidentiel d'alors, celui de François Mitterrand, était seul coupable et comptable.
C'est ce silence que j'ai décidé de rompre. D'abord parce que l'affaire Greenpeace est une leçon de choses journalistique, salutairement démystificatrice sur ce qu'est une enquête, son artisanat, son travail collectif, ses intuitions, ses tâtonnements, ses risques. Ensuite parce que ce scandale d'État éclaire d'une lumière aveuglante la réalité faiblement démocratique du présidentialisme français, ses abus de pouvoir potentiels et les risques qu'ils font courir à notre pays. Enfin, tout simplement, parce que l'acteur de cette histoire que je fus, en raison de l'effet politique des révélations du Monde, n'a plus envie que d'autres la malmènent ou la déforment.
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Ce qu'ils font est juste ; ils mettent la solidarité et l'hospitalité à l'honneur
Collectif
- DON QUICHOTTE
- 18 Mai 2017
- 9782359496277
L'étranger est par essence louche, suspect, imprévisible, retors, de taille à commettre des avanies, même s'il survit dans le plus profond dénuement, s'il souffre de la faim, du froid, qu'il n'a pas de toit pour se protéger. L'étranger, homme, femme ou enfant, représente toujours un danger, qu'il faut combattre à tout prix.
La loi dispose que « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d'un étranger en France » encourt jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
Cette sanction pénale est réservée aux « aidants » désintéressés, animés par le seul élan d'humanité et de dignité vis-à-vis d'eux-mêmes et de ceux voués à tout juste subsister. Ils ont choisi, en connaissance de cause, de commettre ce qu'on appelle le « délit de solidarité » ou « d'hospitalité ». Des expressions devenues familières, dans leur obscénité, depuis qu'on a vu traduits devant les tribunaux des « désobéissants », paysans, professeurs, élus municipaux, citoyens bienfaisants coupables d'avoir, sans contrepartie d'aucune sorte, secouru, protégé, rendu service à des hommes, femmes et enfants qui n'avaient pas l'autorisation de fouler la terre française.
Les élections présidentielle et législatives en France ont fourni l'occasion d'une chasse aux désobéissants, comme si la majorité des candidats s'étaient accordés pour rassurer l'opinion en la sommant de collaborer : la France ne laissera pas entrer chez elle des hordes de réfugiés, de migrants si menaçants. Chaque jour a apporté son nouveau délinquant, lequel n'a pas désarmé, il est entré en résistance. Il offre le gîte, le couvert, la circulation à des exilés miséreux, il est capturé par des policiers, punit par des magistrats... et il recommence, parce que l'hospitalité et la solidarité ne sont pas une faveur mais un droit, un devoir et qu'il aime accomplir ce devoir-là.
Des écrivains ont accepté avec enthousiasme d'écrire, à leur guise, dans une nouvelle, fiction ou rêverie, leur respect pour ces gens de bien, et leur inquiétude de voir agiter les spectres de graves menaces incarnés par des êtres humains réduits à peu de choses. Pas seulement : c'est aussi vers l'Autre que va leur curiosité, l'Autre qui gagne toujours à être connu et non chassé.
Enki Bilal dessine, des écrivains de talent s'expriment. Antoine Audouard, Kidi Bebey, Clément Caliari, Antonnella Cilento, Philippe Claudel, Fatou Diome, Jacques Jouet, Fabienne Kanor, Nathalie Kuperman, Jean-Marie Laclavetine, Christine Lapostolle, Gérard Lefort, Pascal Manoukian, Carole Martinez, Marta Morazzoni, Lucy Mushita, Nimrod, Serge Quadruppani, Serge Rezvani, Alain Schifres, Leïla Sebbar, François Taillandier, Ricardo Uztarroz, Anne Vallaeys, Angélique Villeneuve, Sigolène Vinson.
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Drogues store ; dictionnaire rock, historique et politique des drogues
Arnaud Aubron
- DON QUICHOTTE
- Dico Rock
- 8 Mars 2012
- 9782359490664
Qui sait que la noix de muscade est un hallucinogène puissant ? Que les services secrets américains ont trempé dans le deal d'héroïne pour financer leur guerre secrète au Vietnam ? Que Steve Jobs fut un grand amateur de pétards et d'acide ? Que l'État français a vendu de l'opium dans ses colonies pendant des décennies ? Que certains Indiens se shootent à la morsure de serpent ? Cannabis, alcool, cocaïne, caféine, tranquillisants... les drogues font partie de notre quotidien, qu'il s'agisse de nous divertir, de nous abrutir ou de nous guérir. Pourtant, notre connaissance en la matière est proche du néant. La drogue reste un tabou et le silence qui entoure sa consommation encourage clichés et préjugés. Qu'est-ce qu'une drogue ? Qu'est-ce qui différencie une drogue illicite d'une drogue licite ? Pourquoi se drogue-t-on ? Autant de questions auxquelles s'attaque sans angélisme ni catastrophisme ce dictionnaire à la fois drôle et érudit, mêlant petites et grandes histoires.De A comme Abstinence à Z comme Zoo, en passant par Boeing d'Air Cocaïne, Guerres de l'opium, Salles de shoot ou Poppers ou, plus surprenant, Urine, Cucaracha, Herbe du pendu, Mitterrand, Deux feuilles, Café, Pécho... ce dictionnaire rock historique et politique dresse un tableau complet de la planète drogues, aussi bien sous son aspect historique, que scientifique, politique ou philosophique.Après 40 ans d'une guerre mondiale à la drogue qui n'a empêché ni l'envol de la consommation ni la prospérité des mafias, des questions se posent au plus haut niveau. Faut-il considérer les consommateurs de drogues illicites comme des délinquants ? Les enfermer ? Ou les traiter comme des malades que la société doit protéger d'eux-mêmes ?Partout dans le monde, le débat fait rage, dépassant les clivages politiques traditionnels.
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Silence turquoise ; Rwanda, 1992-1994 ; responsabilités de l'Etat français dans le génocide des Tutsi
Thierry Prungnaud, Laure de Vulpian
- DON QUICHOTTE
- 5 Novembre 2012
- 9782359490923
Ce livre révèle la vérité sur l'opération " humanitaire " Turquoise, confiée à des militaires. Cette opération planifiée par les autorités françaises, contestée de toutes parts, commence douze jours seulement avant la chute de Kigali et la fin du génocide - douze jours entachés d'imposture militaire et politique et de choix très fautifs, selon Prungnaud. Cet ancien du GIGN sait de quoi il parle, il a fait Turquoise au sein du Commandement des forces spéciales. Acteur et témoin, il évoque un état-major français presque toujours pro-hutu, dévoile des zones d'ombre, effrayantes, notamment à Bisesero entre le 27 et le 30 juin 1994, où plus d'un millier de Tutsis ont été massacrés et alors que, à proximité, la hiérarchie connaissait le danger qui pesait sur eux. Elle n'a donné aucun ordre pour les protéger. Il y a quelques années, la justice a été saisie d'une plainte contre l'État français pour " complicité de génocide et de crimes contre l'humanité ". Depuis, le tribunal aux Armées instruit - mollement.L'enquête serrée de L. de Vulpian s'appuie sur le témoignage du sous-officier. Elle met en évidence les faiblesses de la Mission parlementaire Quilès, la campagne de désinformation orchestrée par une poignée de militaires et de politiques, notamment sous la plume de Péan, le positionnement très " idéologique " - anti-Tutsi - d'officiers supérieurs de Turquoise, ainsi que leurs mensonges.Cette enquête apporte des éclairages inédits sur des opérations d'exfiltration, nous amène sur le terrain politique franco-français, expose les difficultés de la justice à faire la vérité sur le rôle de l'État français. Elle parle aussi des militaires qui, voulant désobéir, ont outrepassé les ordres. Ils ont ainsi sauvé l'honneur sinon de la France, au moins des Français.
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Révélé par Un prophète de Jacques Audiard et Rengaine de Rachid Djaïdani, Slimane Dazi est devenu une « gueule » du cinéma français. Une forte gueule de titi parisien, une gueule de « métèque » aussi, comme il le dit lui-même. Sa fiche cinéma a beau le présenter comme un acteur français, né dans les Hauts-de-Seine en 1960, Slimane doit encore se battre pour être reconnu comme français.
En 2016, quand il tenait le haut de l'affiche avec Reda Kateb pour Les Derniers Parisiens, il passait des examens pour tenter d'obtenir l'intégration dans la nationalité française, une situation propre aux Algériens nés en France avant l'indépendance de leur pays en 1963. Toujours titulaire, à près de 60 ans, d'une carte de séjour et d'un passeport algérien, il vit une galère peu commune dès qu'il s'agit d'aller récolter un prix ou de tourner un film à l'étranger. Le chemin de l'intégration est pour lui, l'histoire d'une « désintégration » qu'il vit avec rage et douleur.
Indigène de la nation raconte les étapes de cette quête d'appartenance tourmentée en suivant le fil conducteur de l'examen qu'il lui a fallu passer pour prouver qu'il était français, les humiliations endurées quand on est un comédien aimé et reconnu, et qu'il faut prendre le métro que son père aida à bâtir, pour aller prouver qu'on maîtrise la langue et les usages de son pays. Pour quêter le droit d'être considéré comme Français.
Indigène de la nation raconte la vie hors du commun de cet enfant de la banlieue parisienne, né à Nanterre, du côté des bidonvilles et élevé à Arcueil quand les nouvelles cités portaient encore le rêve d'une vie meilleure. Dans le rôle de « grand frère », Slimane Dazi a vécu l'évolution des cités de l'intérieur, fréquenté les gangsters à l'ancienne, les « monte-en-l'air » avec lesquels il s'est rompu à l'art du cambriolage. Il a vu monter la violence et changer les drogues. Il a vu se cloisonner les communautés et disparaître les amis. Entre la tentation du retour en Algérie et la survie à Paris, il a multiplié les boulots et les aventures. Camelot, livreur, ventouseur, chauffeur de maître, il a sillonné en tous sens le Paris de la débrouille, le Paris de la nuit, un Paris bien à lui, noircissant des dizaines de carnets de notes qui font la matière de ce livre.
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« Je suis venu au Liban, voir ce qu'il en était de ces hordes de crevards qui prenaient d'assaut nos frontières, pour nous voler nos emplois et cramer nos allocs. J'ai décollé mon cul de mon divan, éteint ma télé après 59 mois passés à regarder le peuple syrien se faire écraser dans un silence vertigineux. J'ai vu la lumière au milieu de cette misère... ».
Un jour d'été 2015, après le choc éprouvé à la diffusion d'un documentaire sur les enfants d'Alep assiégée, Bernie décide de se rendre au Liban, avec une équipe de tournage, et d'aller à la rencontre des jeunes Syriennes et Syriens réfugiés au pays du Cèdre.
Dans les camps et les squats de fortunes où les exilés forcés survivent dans un dénuement extrême, le long de la frontière, il veut recueillir les mots d'une enfance volée par la guerre et le terrorisme, dont l'innocence anéantit tous les discours politiques. Là, il rencontre une génération sacrifiée à la maturité spectaculaire, le futur de la Syrie.
Marwan, 13 ans, réfugié dans un camp, ramasse des pommes de terre pour deux euros par jour, et nourrit sa famille dans un pays qui interdit aux adultes étrangers de travailler.
Sally, 12 ans, est sûre qu'une fois la guerre finie, elle deviendra la prochaine Rihanna ; ses pas de danse, d'une grâce irréelle, émeuvent Bernie aux larmes.
Chayma, du haut de ses 11 ans, écrit au secrétaire général de l'ONU : dans sa lettre, elle raconte comment on a détruit sa maison, tué ses amis, brûlé son école. Qu'elle a dû s'enfuir et tout laisser, comme tant d'autres êtres de chair, de sang, et non de simples chiffres au bas des rapports des puissances occidentales. Si on lui rend sa terre, assure-t-elle, elle nous laissera nos chiffres...
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Des vies en révolution ; ces destins saisis par Octobre-17
Collectif
- DON QUICHOTTE
- 5 Octobre 2017
- 9782359496512
La déflagration de Petrograd provoqua des destinées extrêmes. Des femmes et des hommes se jetèrent à corps perdu dans cette envie révolutionnaire, portant leurs engagements jusqu'à l'incandescence. Beaucoup s'y consumèrent. Voici quatorze portraits de destins exceptionnels, forgés dans la tourmente d'Octobre-17.
Ils ne sont pas tous acteurs de premier plan, mais chacun se saisit de l'événement pour l'amplifier ou pour se construire une vie nouvelle. La future diplomate Alexandra Kollontaï imposa à Lénine la libération des femmes. L'affairiste truand Naftali Frenkel participa à la construction du Goulag. Nestor Makhno organisa le premier grand soulèvement anarchiste. Yakov Blumkine, tout à la fois poète, espion, tueur et martyr de Staline. Jeanne Labourbe, l'institutrice française tuée à Odessa, Larissa Reisner, déesse guerrière de l'Armée rouge, Roman von Ungern-Sternberg, le baron fou de Sibérie, Isaac Babel, l'écrivain juif s'enrôlant comme soldat sur les conseils de Gorki, pour « courir le monde »...
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« Je sais que tu m'attendais... Mais tu n'auras que ma voix. Les images m'ont joué trop de mauvais tours. Pourquoi maintenant ? Parce que le pire, c'est d'être annexée par ceux-là mêmes qui m'ont persécutée. Et qui osent prétendre que mon martyre fut mon apothéose ! M'abandonner à mes vainqueurs, ce serait perpétuer mon bûcher. Vous n'allez pas me laisser à Le Pen ? ».
Sous la plume de Daniel Bensaïd, nous revient une figure familière, suspendue entre histoire et légende : Jeanne d'Arc. Du 8 mai, anniversaire de son triomphe, au 30 mai, anniversaire de son supplice, Jeanne s'en vient ainsi visiter notre époque incertaine où s'émoussent les convictions et renaissent les fanatismes. Vingt-trois nuits de dialogue complice et enchanteur, où s'entremêlent politique et philosophie, foi et hérésie, droit et force, guerre et paix. Vingt-trois, comme les heures d'une journée trop tôt interrompue d'une vie inachevée.
Magnifique lieu et enjeu de mémoire, où s'éprouvent inlassablement les passions de l'épopée nationale, Jeanne séduit parce qu'elle incarne ce principe de résistance universelle qui anime la grande fraternité des vaincus. En des temps tortueux, elle est toute droiture. En des temps de bavardage médiatique, toute justesse de parole.
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Macron & Cie ; enquête sur le nouveau président de la République
Collectif, Mathieu Magnaudeix
- DON QUICHOTTE
- 7 Septembre 2017
- 9782359496635
Le 7 mai 2017, l'ancien secrétaire général adjoint de l'Élysée de François Hollande est devenu, à 39 ans, le plus jeune président de la Cinquième République, le fruit d'une véritable OPA sur le pouvoir menée avec méthode, sur fond d'effondrement des partis. En coulisses, Emmanuel Macron a patiemment construit une machine électorale destinée à conquérir le pouvoir, transformant en cash machine les ramifications multiples d'un réseau accumulé au fil des ans dans le monde des affaires et le Tout-Paris. Loin du storytelling macronien, la rédaction de Mediapart a enquêté pendant plusieurs mois sur le « monde » de l'ancien banquier d'affaires, ses réseaux, ses donateurs, la façon dont l'ancien élève de Ricoeur a bricolé une pensée ultra-pragmatique collant au moment politique, son zigzag symbolique et opportuniste entre gauche et droite, la façon dont il s'est hissé au pouvoir.
Incarnation du « système » politique, l'énarque, ex-inspecteur des finances, jure qu'il saura au pouvoir se démarquer du « vieux monde » dont il est issu. À bonne distance de la communication et de la chronique des faits et gestes du nouveau président, Mediapart s'est penché sur les hommes et les femmes du nouveau pouvoir, le peuplement des cabinets ministériels, et raconte les coulisses des premiers mois d'une présidence inattendue.