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Kime
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La guerre du blé au XVIIIe siècle ; la critique populaire contre le libéralisme économique au XVIIIe siècle
Florence Gauthier, Guy-Robert Ikni
- Kime
- 14 Juin 2019
- 9782841749249
Par ses revendications et ses méthodes de lutte, l'action directe de la foule, au XVIIIe siècle, laisse entrevoir une conception d'ensemble des rapports sociaux. La saisie des convois de grain, la taxation populaire en Angleterre ou en France dans la Guerre des farines de 1775, le contrôle populaire du marché et la revendication du maximum des prix et des propriétés en 1793-1794, traduisent un projet qui, loin de s'enfermer dans un simple retour au paternalisme d'Ancien Régime, affirme le droit de la communauté à l'existence, cherche à garantir à tous les moyens de vivre, en bref, oppose au libéralisme économique des principes moraux et politiques qui culminent dans l'égalitarisme de l'An II.
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Égalitarisme jacobin et droits de l'homme (1793-1794)
Jean-pierre Gross
- Kime
- 12 Septembre 2016
- 9782841747627
Auteur d'une thèse sur Saint-Just, représentant en mission (1976), et de deux ouvrages consacrés aux enjeux socio-économiques de la Révolution française (1997 et 2000), Jean-Pierre Gross nous présente ici l'aboutissement de ses réflexions sur le libéralisme égalitaire hérité des Lumières, projet de société mettant en valeur la liberté au même titre que l'égalité, et qui fut mis à l'essai sous la première République. Implicites dans cette démarche, un constat : être pauvre, c'est non seulement manquer de pain, mais aussi être privé de liberté ; et une promesse, celle d'accéder à la capacité d'en jouir, grâce aux droits de l'homme et du citoyen.
Jean-Pierre Gross s'oppose dans ces pages à ceux qui voudraient faire croire que l'expérience jacobine soit le terreau sur lequel ont fleuri les totalitarismes du XXe siècle. Il nous montre, au contraire, que le projet politique avait pour objet non d'imposer l'égalité par la force, mais de réduire les inégalités dans une société soumise à l'économie de marché et attachée à la défense de la propriété privée. On a trop souvent oublié que Jean-Jacques Rousseau, dans son Contrat social, avait lui aussi privilégié la liberté comme « fin de tout système de législation ». Ainsi, les enjeux d'une époque révolue demeurent encore d'une étonnante actualité dans nos sociétés mondialisées vouées au néolibéralisme.
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La terreur des droits de l'homme ; le républicanisme de Thomas Paine et le moment thermidorien
Yannic Bosc
- Kime
- 11 Mars 2016
- 9782841747450
En 1795, les idées que Thomas Paine a exposées trois ans plus tôt dans Droits de l'homme, un de ses plus célèbres ouvrages, sont dénoncées par la Convention qui les jugent terroristes, anarchistes et démagogiques. Les mêmes principes qui valent à Paine la citoyenneté française et l'élection à la Convention en 1792 engendrent en 1795 l'opprobre de ses collègues. Entre ces deux dates le contexte a changé. Le gouvernement révolutionnaire a été institué, puis condamné, les robespierristes exécutés et les derniers Montagnards arrêtés.
En 1795, la Convention épurée de ses membres les plus radicaux, écarte désormais le suffrage universel dont elle est pourtant issue et cherche à confisquer la souveraineté afin de constituer la République sur une aristocratie du savoir et de la richesse. Au cours du moment thermidorien, les valeurs incarnées par Paine, auxquelles la Révolution française s'était identifiée depuis 1789, sont ainsi remises en cause par la Convention elle-même. Les principes du droit naturel - les droits de l'homme - ne sont en effet plus considérés comme les fondements de la liberté mais comme un arsenal pour les anarchistes et les niveleurs qui a produit la Terreur et la « tyrannie » de Robespierre.
Paine nous met sur la piste d'un changement de paradigme : en 1795, la philosophie du droit naturel placée au coeur du processus révolutionnaire, s'efface pour laisser place à d'autres dispositifs sur lesquels constituer la légitimité politique. Pour ceux qui leurs sont alors hostiles, les droits de l'homme ne forment pas, comme nous avons appris à le croire, le catalogue de l'individualisme bourgeois. Incarnés par Robespierre, ils sont au contraire la terreur des possédants et pour cette raison rejetés par des figures tutélaires du libéralisme économique naissant, comme Jean-Baptiste Say ou Jeremy Bentham. Les tribulations du « citoyen des deux mondes » au lendemain de thermidor nous engagent à reconsidérer l'interprétation commune de la Révolution française et nous aident ainsi à libérer les possibles que cette interprétation a entravés. Paine nous permet de regarder la Révolution française comme un organisme vivant et non comme une pièce de musée.