La ville et les chiens

Traduit de l'ESPAGNOL par BERNARD LESFARGUES

À propos

Au collège Leoncio Prado de Lima, au Pérou, les cadets ont fondé «le cercle», groupe secret de quatre garçons décidés à contrer la terrible discipline qui les écrase. Surnommés «les chiens», ces jeunes gens ont institué leurs propres règles. Brimades, vols, mensonges, voilà le monde sur lequel règne le plus fort d'entre eux, le Jaguar. Devenus hommes, les chiens tenteront de situer les frontières entre le bien et le mal, l'honneur et la trahison, le courage et la lâcheté. Le prix Blblioteca Breve et le Prix espagnol de la critique ont couronné ce roman qui peint l'exaspération sexuelle d'un groupe d'adolescents, contraints à la plus sévère éducation.


Rayons : Littérature > Romans & Nouvelles


  • Auteur(s)

    Mario Vargas Llosa

  • Traducteur

    BERNARD LESFARGUES

  • Éditeur

    Folio

  • Distributeur

    Sodis

  • Date de parution

    03/04/1981

  • Collection

    Folio

  • EAN

    9782070372713

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    544 Pages

  • Longueur

    17.8 cm

  • Largeur

    10.8 cm

  • Épaisseur

    2.1 cm

  • Poids

    323 g

  • Support principal

    Poche

Infos supplémentaires : Broché  

Mario Vargas Llosa

Les premiers romans de Mario Vargas Llosa, écrivain espagnol d'origine péruvienne né à Arequipa en 1936 - s'inspirent d'une jeunesse mouvementée : les relations difficiles avec son père, le collège militaire (« La ville et les chiens », le déménagement à Piura (« La maison verte »), la bohème à Lima (« Conversation à la Cathédrale »), la vie de journaliste (« La tante Julia et le scribouillard) trouvent des échos très présents dans ses romans. Réalité et fiction se trouvent si étroitement mêlées que lui-même avoue parfois douter de ce qui sépare l'une et l'autre. Au-delà de son expérience personnelle, l'oeuvre offre un panorama complet et saisissant de vérité concernant un pays, le Pérou, avec lequel il entretient des rapports passionnels souvent difficiles. Vargas Llosa ne se contente pas de parsemer de « petits faits vrais » la description de son pays de cette seconde moitié de siècle mais embrasse tous les aspects de la réalité. La détresse d'une grande partie de la population tient dans les descriptions hallucinantes de Lima et de ses bidonvilles ou dans ces épiques scènes de beuveries qui jalonnent « Lituma dans les Andes » où le pisco et la chicha soulagent les peines. Mario Vargas Llosa dresse un inventaire minutieux de l'ensemble d'hommes différents (Indiens quechuas ou d'Amazonie, Espagnols, Métis) par la langue, les coutumes et les traditions, dont le seul dénominateur commun est qu'ils ont été condamnés par l'histoire à vivre ensemble sans se connaître, sans s'apprécier. C'est probablement « Conversation à la Cathédrale » qui exprime le mieux son pessimisme politique à propos du Pérou où gouvernements « démocratiques » et régimes militaires se succèdent pour conduire le pays au désastre. L'espoir d'un avenir meilleur est mince là où la corruption et l'incurie des dirigeants n'a d'alternative que quelques groupuscules communistes (minorités éclairées censées guider la plèbe arriérée), modestes ancêtres du sinistrement illustre Sentier Lumineux.
Sans doute, est-ce la justification de son engagement dans la vie politique de son pays. Après avoir refusé le poste de Premier Ministre au début des années 80 dans le gouvernement de Terry Belaúnde, après de nombreuses prises de position idéologique, il se présente aux élections présidentielles de 1990. La campagne électorale se déroule dans un climat de violence, entretenu par les nombreux attentats terroristes du Sentier Lumineux avec de surcroît des attaques personnelles incessantes qui le présentent comme un pervers et un pornographe : « ...la preuve en était mon roman « Eloge de la marâtre », qui fut lu entièrement, à raison d'un chapitre par jour, sur Canal 7, chaîne publique, aux heures de plus grande écoute. Une présentatrice, en dramatisant sa voix, avertissait les maîtresses de maison et mères de famille d'avoir à écarter leurs enfants car elles allaient entendre des choses abominables. Un présentateur procédait alors, avec des inflexions mélodramatiques aux moments érotiques, à la lecture du chapitre. Puis l'on ouvrait le débat, où des psychologues, sexologues et sociologues apristes m'analysaient. » (« Un poisson dans l'eau ») Le programme politique, quant à lui, n'a rien de l'originalité de l'oeuvre littéraire, considérant qu'en politique il n'est d'autre remède que d'être réaliste, contrairement à la littérature, activité plus libre et plus durable. Il prône un libéralisme économique « made in Britannia » s'inspirant de l'exemple de Margaret Thatcher. Pour juguler l'inflation qui avoisinait les 3000%, pour venir à bout du manque de logements, de travail, d'assistance médicale, de transport, d'éducation, d'ordre, de sécurité, il fallait un « shock », une révolution libérale telle que l'avaient connue le Japon, Taiwan, la Corée du Sud et Singapour en choisissant le développement vers une industrialisation et une modernisation des plus rapides. Malgré des sondages favorables jusqu'à la veille des élections, il est battu par Alberto Fujimori. Inconnu des Péruviens quelques semaines plutôt, « l'ingénieur » a su profiter des points faibles de son adversaire. Plus encore que « l'antimilitarisme » ou « l'antinationalisme » dont on l'accuse, ce sont sa fortune et son athéisme que l'opposition politique exploite dans un pays où la misère est le lot quotidien.
Cette défaite et cet échec personnel cuisant ne lui enlèvent pas son franc-parler et sa propension à donner son avis sur tout. On le voit engager des polémiques avec de nombreux intellectuels tels que Günther Grass, Salman Rushdie et surtout Gabriel García Márquez. Il reproche à ce « courtisan de Fidel Castro » son adhésion à la Révolution cubaine qui « prend souvent l'allure de la bigoterie religieuse ou de l'adulation » (« Contre vents et marées ») alors que d'autres déclarations lui valent souvent des réactions dont le moins qu'on puisse dire est qu'elles sont passionnées. Mario Vargas Llosa ne laisse personne indifférent mais bien plus que l'hostilité que peuvent générer certaines de ses idées politiques - il tient toujours une chronique dans le quotidien espagnol « El país » -, c'est son talent d'écrivain qui suscite l'admiration. Son immense capacité d'évocation de la réalité lui permet de démonter les rouages de cette société péruvienne fondée sur le machisme et sur le mythe de la réussite sociale avec, toujours en contrepoint des situations tragiques du quotidien, l'humour et l'ironie qui aident à rendre l'horrible supportable.

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