Hegel Esthétique * * De la poésie mahométane à la technique de Giotto, de la signification de la symbolique hindoue aux interprétations de Schiller, le texte est impérial. [...] Cette Esthétique est, sans doute, la première oeuvre, dans l'histoire de la culture occidentale, à conjoindre une réflexion sur l'activité artistique dans sa relation avec l'oeuvre historique de l'homme en général, une définition du concept de beauté dans ses manifestations diverses et une histoire générale de l'art. [...] Jamais on n'était allé aussi profond dans la compréhension que les diverses sociétés se sont donnée de leurs productions artistiques. De cette profondeur, Elie Faure et André Malraux sont la progéniture.
François Châtelet.
Prononcé par Hegel (1770-1831) durant ses années berlinoises, entre 1818 et 1829, le cours d'esthétique s'est imposé comme une entreprise sans équivalent, que tout artiste ou tout philosophe doit lire pour comprendre ce qu'il en est du processus, mais aussi de l'histoire de la création et de l'art en général. Prenant appui sur la réflexion kantienne de la Critique du jugement, Hegel la dépasse sur deux points au moins. D'une part, il montre que l'unité qui se réalise dans l'art entre la liberté et la nécessité, entre l'universel et le particulier, entre le rationnel et le sensible, ne se rencontre pas seulement dans l'esprit du créateur de l'oeuvre d'art ou dans l'esprit de celui qui la contemple : cette unité se trouve aussi dans la réalité objective. De l'autre, en établissant que la fusion de l'idée et de son extériorisation sensible, à l'intérieur d'une libre totalité, ne peut s'accomplir que selon un mode historique, Hegel met en évidence que l'esthétique est indissolublement liée à l'histoire.
Traduction revue et augmentée, commentaires et notes par Benoît Timmermans et Paolo Zaccaria.