Dès avant l'invention du miroir, et pour ainsi dire depuis le premier reflet dans l'eau, le peintre n'a eu de cesse de se réfléchir au travers de sa peinture : réflexion de soi et sur soi, sur son image et son identité, sur la fabrique de son art. C'est cette mise en abyme, cette projection du peintre et de la peinture dans le tableau que ce livre entend explorer.
Cette autocélébration de l'art pictural est étudiée successivement à travers les allégories de la peinture (identifiables à ses attributs et à la mise en avant de ses défis illusionnistes), à travers la tradition de l'autoportrait du peintre représenté le plus souvent les outils de son art entre les mains (palettes, pinceau, chevalet), à travers également l'importance que revêt la signature comme signe d'authentification et comme posture vis-à-vis de la postérité, à travers enfin le représentation de l'atelier.
A quoi s'ajoute toute une dimension scopique (les rapports de l'imitation avec le reflet) de la célébration de la peinture qui relève de la métapeinture à la faveur de laquelle la réflexion narcissique du peintre se porte sur le statut ontologique du tableau. Les thèmes principaux de cette mise en abîme de la peinture sont la représentation du miroir comme symbole de l'imitation et de l'illusionnisme, celle du tableau dans le tableau et l'exaltation du trompe-l'oeil conçu comme autocitation du caractère matériel de la peinture (cadre, toile à nu, revers de tableau découvrant son châssis) ou comme témoin de l'artifice virtuose du pouvoir illusionniste de cette dernière (introduction de la mouche ou des accidents de fêlure des matériaux représentés dans la peinture).