Les deux dossiers que nous propose ce numéro de Politique étrangère ont sans doute pour point commun de décrire, dans des thématiques dissemblables, la fragilité de cette démocratie qu on s empressait de proclamer, dans la foulée de l effondrement soviétique, nouvel « horizon indépassable de notre temps »... La crise, certes, mais quelle crise ? On tente ici de la cerner, au moins sur un champ de bataille emblématique : l Europe. Crise monétaire, financière, économique et sans doute syst émique pour les économies du vieux continent. On s efforce d en décrire les divers niveaux, les enchaînements et d analyser les dysfonctionnements d une décision politique qui semble toujours « en réponse », en arrière ou sur les bas-côtés de l événement. Comment, depuis 2010, ont pu s enchaîner les difficultés, les mises en garde, les parades plus ou moins provisoires, et à quel terme est-il possible d organiser les réponses : bref, pour combien de temps sommes-nous condamnés aux bihebdomadaires sommets de la dernière chance ? Le premier anniversaire des soulèvements arabes est abordé dans un dossier riche de la diversité de leurs expériences : il ne décrit nul modèle. Les révolutions sont en elles-mêmes imprévisibles et ne sont porteuses d aucun régime. À terme, c est la nature même de la sociologie, de la culture des divers pays qui prévaut. Les dictatures savent parfois se défendre. Des acteurs neufs les réseaux sociaux peuvent s affirmer mais leur poids réel ne sera clarifié que par le temps, avec leur intégration dans le mouvement général des sociétés. Quant à la leçon la plus immédiate, elle est bien que les changements de régime internes entraînent d abord de profonds bouleversements des rapports de forces internationaux.